Une semaine. Une semaine heure pour heure que la bombe avait explosé et tué tant d'innocents, tant d'élèves qui n'avaient rien demandé. Nayle repensait à tout cela en boucle, alors que ses blessures la faisaient souffrir et lui rappelaient incessamment les terribles évènements. Elle avait mal, oui. Mais plus que la douleur physique, celle mentale était bien plus importante. Cette catastrophe, ce crime, était une déchirure à l'âme et penser que des humains, des gens comme elle, des gens monsieur et madame tout le monde, ait pu faire exploser l'arène ... Cela la révulsait. Elle avait envie de pleurer tout le temps, lasse dans son petit lit, sans pouvoir esquisser le moindre geste ou se motiver d'une façon quelconque. Son Arcanin, son sauveur, prenait toute la place à côté d'elle et sa veille silencieuse la réconfortait comme du baume au coeur.

Mais ce jour là, pourtant, une vague de stimulation l'emporta et elle décida qu'il était temps d'arrêter de faire la larve, à ressasser encore et encore puisque de toute façon, cela ne ferait pas changer les choses. La fillette se surprit d'ailleurs elle-même, ne se sachant pas aussi positive par les temps qui courraient. Elle se glissa avec difficulté hors de la couette, gémissant doucement à chaque mouvement trop brusque. Sa peau la tirait horriblement, comme si l'on cherchait à l'écarteler. Elle était bien trop jeune pour souffrir ainsi, bien trop jeune pour porter tant de séquelles mais le destin l'avait placé à côté de la bombe et l'on ne change pas le cours de la providence comme l'on tourne les pages d'un livre.

Trente minutes et une bonne dose d'efforts plus tard, Nayle fut enfin prête. Le tissu de son t-shirt frottait sur ses blessures, à travers les pansements (qu'une infirmière venait d'ailleurs changer régulièrement) mais elle se devait de faire avec. Elle n'allait tout de même pas s'arrêter à la première difficulté, elle d'habitude si têtue, si obstinée ! Elle vérifia attentivement que ses trois pokéballs (Arcanin ne passait malheureusement pas par la porte et elle devait le remettre dans son réceptacle pour entrer et sortir) et elle prit la direction de l'extérieur des pavillons, descendant les escaliers avec difficulté. Une fois dehors, elle remit sa monture de feu en liberté et grimpa dessus tant bien que mal.

« Merci de m'aider, mon gros. ♥ ça te dirait d'aller à la petite clairière de la dernière fois ? »

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« Kyaaaaaah ! »

Nayle percuta durement le sol et roula plusieurs fois sur elle-même, un cri de douleur s'échappant de ses lèvres. Des larmes jaillirent de ses yeux alors qu'elle essayait vainement de se redresser pour faire face à son attaquant. Le pokémon sauvage avait expédié son Arcanin au tapis après un dur combat et sans que la fillette ait eu le temps de libérer ses autres pokémons, ce dernier l'avait brutalement chargée avant de s'enfuir en courant. Elle qui avait voulu prendre un moment de calme dans la forêt ... Elle tourna la tête vers son Arcanin et gémit en le voyant si mal en point. Elle se traîna jusqu'à lui du mieux qu'elle put, alors qu'elle sentait que ses blessures s'étaient remises à saigner et que l'hémoglobine imbibait ses pansements. Il fallait qu'elle rentre à l'académie, qu'elle se fasse soigner. Il fallait qu'elle réconforte son pokémon, qu'elle lui dise que ce n'était pas grave, que ce n'était pas sa faute. Il fallait qu'elle reste consciente, qu'elle ne s'évanouisse pas. Mais à peine eut-elle posé sa main sur la douce crinière de l'Arcanin qu'elle perdit pied et défaillit, sombrant dans les ténèbres paisibles du coma passager ...