Un bon changement d'air, pas de doute là-dessus. Les Machoc qui arrivaient sans arrêt t'avais lassé très vite et ce pokémon peu commun t'offrais un peu de répits, mais au final, cela revenait au même. Tu n'étais pas désireux de l'affronter et comme la fatigue commençait à te gagner, la laisser en paix te semblais une décision plus juste que de l'attaquer sans aucune raison. Puis, tu trouvais que ton Ouisticram avait suffisament souffert de ses combats et comme Sabelette n'avait pas l'avantage sur ce pokémon, il était inutile de provoquer le destin, te disais-tu, passant à côté, toujours à la recherche de traces de civilisations qui se dessinaient à présent au loin, une vision aussi rassurante qu'inquiétante. Une journée où tu n'avais pas été là. Une journée où les gens se sont serrés les coudes pour faire du terrain de l'académie un peu moins un enfer. Peut-être avaient-ils trouvés d'autres victimes, défigurées et encore vivantes, comme tu avais vu. Cette scène si grotesque, tu la voyais sans cesse.

Lorsqu'ils t'ont sorti des décombres, ils ont remarqué la pauvre, meurtrie qui attendait probablement son repos. Ironiquement, la réaction a été semblable à la tienne. Un profond dégoût envers cet amas de chair prisonnier du fer tordu et brûlant. C'était flou, mais l'équipe médicale est arrivée, un peu trop tard. Ils t'ont demandé comment tu avais pu sortir indemne, bien qu'ébranlé. Tu avais répondu "par chance", tout simplement. Cette chance que l'autre n'avait pas eu, un prétexte pour excuser l'aide que tu n'avais pas fournie. Cette culpabilité que tu t'auto-attribuais cherchait à camoufler quelque chose de plus profond. Quelqu'un était mort par ta faute. Pourtant, au fond de toi, c'était mieux ainsi.

Prisonnier de ses pensées, tu en oublies l'Étourvol sauvage, déterminé à rentrer à l'académie. Mais encore, tout ne se passerait pas sans rencontre supplémentaire.

Encore lui? Mais qu'est-ce qu'il avait à te suivre comme ça, celui-là? Peut-être est-ce que la faim tenaillait ce pauvre rapace, ce qui pourrait d'ailleurs expliquer sa présence tardive dans la clairière qui te semblais pourtant désertique à une heure pareille. Mais quelque chose te disais qu'une autre raison poussait le volatile à te suivre immanquablement. Tes yeux acclimatés à cette pénombre qui faisait lentement place au soleil qui se levait à l'horizon lisaient ceux du rapace. Il cherchait à t'affronter, mais tu ne savais toujours pas pourquoi. Peut-être est-ce que le fait de l'ignorer avait blessé sa confiance ou quelque chose dans le genre, tu n'en savais trop rien et d'ailleurs, cela t'étais bien égal. Mais en revanche, tu savais également que si tu l'ignorais, il te suivrait sans doute jusqu'à l'académie, chose que tu voulais éviter.

Regardant tes pokéballs, les trois à ta ceinture te tentaient, mais tu savais que Sabelette ne ferait pas le poids contre ce pokémon, malgré la nouvelle technique qu'il avait développé précédemment. La troisième pokéball, elle, tu savais qu'elle n'était pas prête à entrer en action. Un seul choix s'offrait à toi, envoyer Ouisticram, pour un troisième affrontement. Tu savais le singe de flammes fatigué, mais prêt à se battre quand même. Ton pokémon passe-partout en somme, il était ta chance d'en finir avec le Staravia sauvage.

"Masa, tâte le terrain avec flammèches, maintenant!"