Hestia savait que son malosse n'avait pas marché depuis un moment et une bonne promenade lui ferait sûrement du bien. Elle avait entendu beaucoup de compliments sur les jardins nippons du domaine des Spirea, et malgré la guégerre qu'ils se livraient apparemment avec les Narcissus, c'est avec une démarche fière qu'elle pénétrait sur leur territoire. On ne se refait pas...

Les yeux grands ouverts, Astian étudiait l'environnement, comme à son habitude. Comme si un dingue pouvait sauter sur sa dresseuse à tout moment. Elle ne put s'empêcher de sourire. Cet instinct de sur-protection était touchant malgré tout ce qu'il impliquait et elle savait qu'elle ne pouvait pas faire plus plaisir à son pokémon qu'en le laissant faire. Peu à peu, elle s'était habituée à ce comportement et n'y faisait presque plus attention.

Cependant, aujourd'hui, elle vit Astian sursauter pour la première fois depuis bien longtemps. Son corps se fit tout raide et il humait l'air avec intensité.

- Astian ? Qu'est-ce que tu as ?

Sans répondre, le malosse avança de quelques pas. Puis encore un peu, avant de s'écrier :

- Malosse !

Et il partit à toute allure sans se retourner, comme s'il avait enfin la certitude de ce qu'il cherchait.

- Attends !

Elle lui courut après, mais il était bien plus rapide et elle le perdit rapidement de vue. Elle tourna en rond pendant plusieurs minutes avant d'enfin remettre la main dessus. Et c'est avec stupeur qu'elle ne découvrit pas un, mais bien deux malosses !


C'était incroyable ! Astian était face à un deuxième chiot et tout deux de touchaient amicalement la truffe et respirait le poil de l'autre pour se connaître. Visiblement le courant passait bien entre les deux là. Mais à qui pouvait bien appartenir ce malosse là ?

Et non, aujourd'hui, je ne sèche pas ! Avoir des heures de trous ça existe aussi mais je préfère les passer dehors, au cas où j'aurais des problèmes avec un surveillant. Parce que bon, j'ai bien mon emploi du temps comme preuve mais certaines personnes peuvent se montre sadiques, très sadiques même. Ayant un peu marre de traîner près des Lychnis, j'avais décidé d'aller un peu exploré l'environnement des Spirae. Là-bas, je ne risquerais pas de rencontrer des gens désagréables, dû moins je l'espère.

C'était donc en compagnie de Malosse et Kabuto, pour ne pas changer, que je me promenais dans les jardins nippons. C'était typiquement un endroit qui caractérisait le Japon, avec toute cette végétation typiquement asiatique. Ca avait le mérite d'être apaisant au moins. Mes deux compagnons semblaient s'y plaire assez bien et pour une fois ils ne se chamaillaient pas ! Ca relèverait presque du miracle. C'était sûrement l'environnement qui les calmait. Je devrais venir plus souvent pour le coup.

Alors que nous continuions notre petite marche silencieuse, Malosse commença tout d'un coup à s'agiter. Elle regardait un peu partout en agitant sa queue, la bouche ouverte. On aurait presque dit une gogole, c'était assez amusant. C'est alors qu'un autre Malosse surgit d'on ne sait où et commença à faire "copain-copain" avec ma Malosse. Cette derrière ne semblait pas mécontente de rencontrer un de ses congères et ne se fit pas priée pour appliquer les règles de présentations. Une jeune arriva ensuite derrière lui, légèrement essoufflée et apparemment surprise de la scène qui s'offrait à elle. C'était sûrement la dresseuse de ce deuxième Malosse.

-C'est ton Malosse ? C'est fou ! J'm'attendais pas à croiser quelqu'un ayant le même pokémon que moi ! M'enfin il y a tellement d'élèves ici aussi que ça ne doit pas être si rare que ça. Je m'appelle Anda et toi ?

Je m'avançais légèrement vers elle en souriant tandis que Malosse vint vers moi après avoir finit de renifler son congénère. Bien qu'heureuse, elle semblait tout de même réticente, comme d'habitude. Par contre, Kabuto s'était un peu rapproché de nous, comme pour se joindre à la conversation. Ce n'était pas trop dans ses habitudes mais après tout, si il veut se socialiser, je ne vais pas l'en empêcher.

-Excuse le comportement de Malosse, elle est toujours méfiante face aux inconnus, ça lui passera.

Alors, Hestia découvrit une jeune dresseuse accompagnée d'un beau Kabuto. Visiblement, ce Malosse lui appartenait. Ou plutôt CETTE Malosse. Astian ne la lâchait plus d'une semelle, ce qui était loin d'être dans ses habitudes. Lui qui ne s'éloignait jamais d'elle et qui craignait tous ceux qu'il ne connaissait pas, voila qu'il poussait sa congénère du bout du museau en émettant de petits jappements amicaux comme s'il voulait jouer.

Hestia regarda avec étonnement les deux chiots pendant quelques secondes avant de répondre à Anda :

- Hestia Elwing.

Alors elle sortit enfin de ses nuages, et, se rendant compte de sa froideur en ne disant que son nom, elle se hâta de rajouter en levant enfin les yeux sur la jeune fille qui lui faisait face :

- En... Enchantée de te connaître. Et... Je te présente Astian c'est... C'est un Malosse... Enfin je... Tu le sais déjà mais...

Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place, mais voir son pokémon comme ça l'avait bouleversée. Depuis qu'elle l'avait rencontré, Astian n'avait jamais semblé apprécier quelqu'un d'autre que sa dresseuse. Et même si elle en était flattée, elle s'inquiétait pour lui. Les contacts amicaux avec d'autres pokémons étaient importants ; du moins, elle en était intimement persuadée. Et elle venait de rencontrer un pokémon qui semblait lui plaire après toutes ces années passées ensembles. Et ça, c'était quelque chose qu'elle de très fort. Si Anda n'était pas là, elle aurait peut-être versé sa petite larme. Mais bon, fallait pas abuser non plus. Hestia retrouva son visage plus fermé.

- L'appel de la meute... C'est impressionnant. Tout ce qu'il avait senti c'était un pokémon de la même espèce que lui. Astian est du genre à se méfier énormément du monde qui l'entoure depuis qu'il est petit. Ta Malosse semble l'intéresser !

Elle les regardait encore attendrie.

- Il faudra qu'elle fasse avec, je crois que c'est le coup de foudre.

Même si Hestia n'aimait pas le monde, elle se devait de faire des efforts avec cette dresseuse car son Malosse semblait apprécier ses pokémons. Aussi, elle tenta de créer des liens, ce qu'elle n'avait pas du tout l'habitude de faire.

- Je viens d'entrer en Master 1. Je prépare une spécialisation dans l'élevage. Qu'est-ce que tu prépares ici, toi ?

La dresseuse du Malosse se présenta sous le nom de Hestia. Prénom assez original selon moi, je ne savais même pas qu'il existait pour être honnête. Enfin je ne devrais pas être surprise, cette école regorgeait d'élèves de toutes origines donc bon. Elle semblait être une jeune fille bien agréable bien que son comportement était un peu bizarre. Elle semblait surprise et préoccupée, sûrement dû au comportement de son pokémon. D'après elle, il avait toujours été réservé jusqu'à lors. Décidément, elle faisait fondre tout le monde ma Malosse ! Telle maîtresse, tel pokémon ! Bah quoi ? Moi aussi je fais fondre tout le monde non mais !

Elle me raconta un peu la raison pour laquelle elle était venue dans cet établissement. Je me sentais un peu bête en pensant à la réponse que j'allais lui donner. Mais, après tout, ce n'étais en rien de ma faute mais plutôt de celle de mes parents. Il faudra que je pense à leur envoyer un mail pour leur redire ce que je pense de leur choix d'ailleurs.

-Hm ben moi, je n'ai pas choisis de venir ici. Mes parents sont tous deux des passionnés de pokémons et ils ont voulu me transmettre en m'envoyant dans cette école de force. Je veux juste devenir journaliste, pas genre maître pokémon et tout le tintouin. Mais dis-moi, c'est pas trop dur d'étudier les pokémons et tout ?

Bien que je n'étais pas tellement intéressé par ça, il fallait bien que je me montre sociable en lui posant des questions qui me feront apprendre plus d'elle. Et puis apparemment, c'était quelque chose qui lui tenait à coeur, il n'y avait pas de risque qu'elle chôme.

-Franchement, moi les cours ça me gave trop. Si j'avais un but en rapport avec les pokémons, d'accord mais là c'est juste pas possible quoi. En plus ça va me faire perdre une année pour rien, mes parents me ramèneront jamais à la maison avant d'avoir passer un an ici.

Maintenant que j'y pensais, c'était la première fois que je me plaignais de ma condition à quelqu'un. C'est bizarre, me connaissant j'en aurais déjà parler à ceux que j'avais déjà rencontré. Peut-être que je n'avais sûrement pas envie d'y repenser, c'est déjà assez embêtant alors bon. N'empêche, j'aurais pu aller me plaindre à quelqu'un que je connaissais plus aussi, quelle cruche !

-Enfin je te dis ça mais je suis pas du genre à me plaindre à tout bout de champ hein lançais-je afin de rectifier le tir tout en riant légèrement.

Cette jeune dresseuse était pour le moins pas banale : elle devait être une des seules à ne pas avoir eu le rêve d'intégrer cette école. Qui plus est, devenir un grand dresseur pokémons était une aspiration que partageaient beaucoup de jeune de son âge. Ce trait de caractère intéressa beaucoup la Narcissus qui voyait en cette fille une personne peut-être enfin intéressante, du moins chez les féminines de cette école.

Hestia n'avait jamais aimé les ambiances de filles, depuis toute petite. Les ragots, les moqueries dans le dos des gens et les murmures une fois le dos tourné étaient des choses auxquelles elle n'avait jamais adhéré. Coté garçon manqué ? Peut-être bien... Toujours est-il qu'elle était plutôt du genre à dire ce qu'elle pensait et que, comme avec la plupart des garçons, ceux qu'elle aimait comme ceux qu'elle détestait le savaient en général.

Avec Anda, elle avait peut-être rencontré une fille qui lui ressemblait un peu car elle aussi ne semblait pas mâcher ses mots.

- Il vaut mieux des parents qui s'inquiètent un peu trop que l'inverse...

Ces paroles avaient un peu d'amertume en elles qu'elle n'arrivait pas à cacher autant qu'elle l'aurait voulu.

- Ils te font tester tout ce qui pourrait te plaire avant de te laisser partir seule dans l'inconnu. Au fond, ils auraient pu choisir pire comme punition que de t'envoyer dans une des meilleures écoles du pays, tu ne crois pas ?

Ses mots avaient presque un ton de reproche, mais ce n'était pas tout à fait ce qu'elle avait en tête. Hestia comprenait la frustration d'Anda, mais elle tenait à lui rappeler que des centaines d'enfants se seraient damnés pour être à sa place et que pour ça, elle devait quand même s'estimer un minimum plus chanceuse que ce qu'elle avait l'air de penser.

- Au pire, comme tu le dis, tu ne resteras qu'un an. Dis toi que c'est seulement pour leur faire plaisir.

Rien ne semblait trop lui plaire ici, certainement parce qu'elle avait décidé de ne pas venir ici et qu'il en avait été autrement. Ainsi, elle était devenue incapable d'être objective, ce que la Narci parvenait aisément à comprendre.

- Les cours, c'est comme tout. Si c'est quelque chose qui te branche, ça rentre sans trop d'efforts. Je sais ce que je veux, et je sais ce que je suis prête à faire pour y arriver. Alors forcément, les études ici sont bien plus qu'une chance pour moi. Et ce ne sera jamais plus difficile que ce que j'ai vécu jusque là.

Elle en avait vu des choses. Elle en avait connu des misères. Alors est-ce qu'étudier dans une école pour dresseurs d'élite était difficile ? Jamais de la vie !

Et alors, comme pour qu'elle ne se fasse pas de mauvaises idées sur elle, Anda rajouta un peu maladroitement à quel point son comportement était inhabituel, ce qui ne put empêcher Hestia d'avoir un rictus sur le coin des lèvres :

- Disons que j'attendrai encore une ou deux rencontres avant de me faire une idée sur toi... Tout dépend de toi...

C'était limite dit sur un ton de défi mais ses yeux retournèrent sur les deux Malosses alors qu'elle avait entendu un couinement aigu. Astian s'amusait à sauter sur sa congénère et à lui mordiller les oreilles. Ne voulant pas d'incident diplomatique avec Anda, elle se hâta de lancer :

- Hey, Astian ! Doucement, tu veux ?

Le Malosse se calma aussitôt et joua plus calmement, se contentant de pousser l'autre du museau et de lui lécher le dos.

Elle avait sans doute raison, j'aurais pu avoir pire comme punition. Je devrais réfléchir un peu plus avant de parler, surtout que le sujet semblait la toucher personnellement pour je-ne-sais quelle raison. D'ailleurs, je ressentais presque comme de la froideur dans ses réponses. Je n'aimais pas que des discussions tournent dans ce sens là du fait que j'avais tendance à vite prendre mal les choses, qui au fond ne sont en aucun cas blessantes.

D'après ce qu'elle me disait, elle semblait avoir vécue des choses pas très joyeuses. J'avais bien envie de la questionner dessus mais elle ne risquerait pas de tout me balancer comme ça et son comportement m'en dissuada. Elle pourrait très bien le prendre mal ou alors me reprocher de poser ce genre de questions. Comme quoi, être curieux n'a pas que des avantages.

Je ne relevais pas sa dernière phrase, jugeant qu'elle avait le droit de penser ce qu'elle voulait. C'est sûr qu'on ne peut pas se faire une idée parfaite de quelqu'un dés la première rencontre et, qu'au fond, je l'avais bien cherché à me plaindre. Néanmoins, ce n'est pas ça qui me fera changer d'avis sur mon arrivée ici, cela reste toujours une plaie, qu'importe que ce soit une école des plus prestigieuses.

-Oui, je comprend ton point de vue. C'est sûr que quand on a un but, on va tout saisir pour l'atteindre.

Je ne pouvais pas savoir ce qu'elle avait vécue par le passé alors je n'allais pas m'étaler sur le sujet de peur de faire un faux pas. Surtout que je ne savais pas comment elle pouvait réagir à telle ou telle chose alors mieux valait ne pas entrée en terrain glissant. Elle réprimanda son Malosse qui semblait jouer un peu trop énergiquement avec la mienne à son goût. D'ailleurs, ma Malosse semblait s'être prise au jeu et taquinait à son tour son congénère. C'était une bonne chose qu'elle se trouve un compagnon de jeu, elle sera moins indépendante de moi par la suite. Non pas que je cherche à me débarrasser d'elle mais elle n'allait tout de même pas passer son temps collée à mes baskets.

-Oh non mais t'inquiète pas, ton Malosse peut jouer comme il veut, ça n'a pas l'air de déranger la mienne. Elle semble s'être prise au jeu.

C'est en regardant les deux amis jouer que je remarquais que Kabuto s'était niché près de mes pieds et nous observait attentivement depuis tout à l'heure, avec son calme habituel. Peut-être que Hestia l'intriguait.

-Au fait, tu connaissais déjà cet endroit ou tu l'as trouvé par hasard ? C'est plutôt apaisant ici, ça change du brouhaha constant qu'il y a dans les couloirs.

Je ne savais pas trop quoi lui raconter alors bon. Ses précédentes réponses m'avaient quelque peu refroidie du coup le bavardage n'était plus trop de mise.

La réaction d'Anda fut celle qu'elle espérait. Plutôt que de regarder Astian comme une brute qui pourrait faire mal à sa petite chérie, elle ne les voyait que comme deux chiots assez grands pour se mettre sur la truffe si l'autre lui prenait un peu trop la tête, et ça ça lui plaisait !

D'un regard affectueux et avec un geste discret du menton, elle encouragea le Malosse à continuer de jouer et il repartit de plus belle. Hestia était heureuse et même si elle ne connaissait rien sur Anda, elle tenait à la remercier... Ben d'avoir un Malosse quoi !

Tentant de laisser sa froideur de coté, son visage s'illumina un peu et sa voix se fit tout de suite plus chaleureuse.

- Je ne suis pas là depuis bien plus longtemps que toi.Je peux même te dire que nous sommes arrivées en même temps. Les Spiraea se vantent souvent de leurs "magnifiques" jardins nippons, alors je suis venir voir ça de mes propres yeux. Je dois dire qu'ils n'ont pas vraiment menti...

Il fallait être franche de temps en temps quand même. Et il était vrai que cet endroit était superbe. Alors, il fallait qu'ils s'attendent à la voir débarquer dans le coin souvent maintenant.

Remarquant le petit Kabuto tapis près de sa dresseuse, Hestia s'accroupit et lui lança d'un air maternel qu'elle n'avait jamais eu qu'avec les pokémons :

- Et toi, mon beau ? Tu ne dis rien ?

Elle fit un sourire doux mais n'approcha pas sa main de lui, bien que l'envie était forte. Elle ne voulait pas le brusquer, s'il voulait venir, il viendrait. Mais sa main alla chercher une deuxième pokéball.

- C'est vrai qu'entre ces deux là, tu peux certainement te sentir un peu de trop. Je vais te présenter un autre petit gars comme toi...

Alors, la pokéball s'ouvrit et son poisson barjo en sortit, surexcité comme toujours.

- Je te présente Ace.

- Remoraid ! 'raid ! 'raid ! Remoraid !

Le Remoraid commença à sauter partout, ravi de rencontrer de nouvelles têtes. Il regardait le Kabuto comme s'il le connaissait déjà depuis des mois et lui donnait des amicaux coups de nageoires, parfois un peu plus brutaux qu'il le voulait... Mais bon, il était comme ça : irrécupérable !