Cette créature est intenable… Vraiment. En plus pour mal faire ce Pokémon s’avère être inépuisable. J’ai beau envoyer mon Salamèche à ses trousses, élaborer des plans plus ingénieux les uns des autres, cette vermine parvient toujours à s’enfuir.

Mon Piafabec est un fardeau, voilà. Ce n’est certainement pas le pokémon le plus difficile à élever, mais toutefois il se trouve être un véritable petit chenapan. Cette espèce de créature est reconnue comme étant haineuse, jalouse. Néanmoins, malgré sa nature le voulant incontrôlable, je parviens toutefois à trouver des qualités à cette petite bête aux ailes rouges et puissantes. Jack est définitivement un pokémon qui me surprend tous les jours. Même si par moments j’aimerais bien le voir rôtir sur une broche.

« Saleté, revient par ici ! Bon sang, il ne va donc jamais s’arrêter de voler celui-là… »


Leçon numéro #1 d’un bon dresseur de Pokémons de type vol : Toujours garder le visuel sur la cible en plein vol, quoiqu’il arrive. Ne jamais dévier le regard, même ne serai-ce que pour une fraction de secondes. Cela pourrait s’avérer être catastrophique. Cet abruti exécutait des plongeons hallucinants en direction des élèves qui se déplaçaient dans les couloirs, passant si près de leurs crânes que le déplacement de l’air venait dépeigner ces pauvres gens. En plus de cela, l’animal en question gueulait des « Pia-Pia! » stridents sans arrêt.

« Merdouille… Tout le monde me dévisage. Ils doivent se dire que je suis une piètre dresseuse… Et avec raison ! Si jamais mes parents apprenaient ça… Ils diraient que je mets l’avenir des Harrison en danger. »


Salir la réputation de ma digne famille ? Pas question. Il fallait que j’intervienne… Mais comment ? Au moment même où je réfléchissais à une solution, mon Piafabec se dirigea dangereusement et à une vitesse affolante en direction d’un jeune homme. Je n’eus à peine le temps de crier de toutes mes forces un « Attention » à l’endroit de l’individu.

« Je suis désolée… Ce Piafabec est vraiment dangereux. Je n’arrive malheureusement pas à le ramener dans sa Pokéball… Pourrais-tu me rendre un coup de main ? S’il te plait, je t’en serai entièrement reconnaissante. »


Je posai un regard autant insistant que désespéré sur le jeune homme en question. Faites qu’il accepte de m’aider.

JANYSS À LA RESCOUSSE!

J'entame une journée comme les autres. Les cours. Les pauses. La foule humaine qui me bouscule dans tous les sens dans ces couloirs étroits. Je la fends pourtant assez bien, compte tenu de cette carrure avantageuse. Je profite vivement de ce mètre quatre-vingt dont m'a gâtée la nature elle-même afin de parvenir à l'autre bout du couloir, vers des escaliers qui me mèneront lentement mais sûrement vers les dortoirs douillets des Narcissus. Même si l'envie ne me prend pas trop de rentrer tout de suite, mes pas m'y mènent instinctivement. Je vais déposer mes trucs et m'éclipser pour une petite pratique avec ce tout nouveau Pokémon déniché deux jours plus tôt dans la cavité volcanique. Un Poussifeu tout neuf. Tout beau. Tout propre. Le premier Pokémon que j'ai capturé de ma vie, mon Coupenotte et ma Yanma étant des cadeaux de ma mère et de l'école respectivement. Je me sens particulièrement fier. Et un peu ému. Je me souviens de ma première rencontre avec Janyss. Un sentiment semblable m'avait habité. Une sensation puissante et primitive, mais raffinée. Une joie telle qu'elle nous submerge et fait bomber notre torse de plaisir. Notre cage thoracique, ainsi libérée, s'emplit grandement de l'air pur de la vie. Une joie comme j'en ai rarement vécu dans ma vie, malgré les millions de mes parents et mon parcours facile. Rencontrer un nouveau Pokémon emmène cette émotion unique à son dresseur. Ajouté à cela le sentiment du devoir accompli. Avoir capturé une créature aussi rare dans l'obscurité étouffante du volcan... Tout un exploit! Je ne saurais pas m'en venter comme l'aurais fait un autre Narcissus. Par contre, je me sens satisfait de moi-même et libéré du terrible poids des études qui commençait réellement à assombrir mon humeur. Toute regagnée, je me sens d'attaque pour un nouveau moment à faire connaissance avec Elias le Poussifeu.

Un peu abîmé dans mes pensées, je mets du temps à remarquer une grande animation dans le couloir, derrière moi. Je me retourne pour en savoir plus. Je n'ai pas le temps d'esquiver. Une créature brune, noire et rouge me fonce en plein dedans, au centre de mon torse. Le bec s'y enfonce, une sensation particulièrement douloureuses. Je laisse échapper un petit cri de surprise et de douleur mêlés avant d'effectuer un mouvement de bras réflexe vers l'auteur de cette bousculade, un Piafabec en perdition. Celui-ci évite mon coup avant de s'envoler plus loin. J'effectue une petite grimace en me massant à l'endroit où l'oiseau est en entré en collision. Heureusement, il ne m'a pas percé mon T-shirt, sinon je l'aurais plumé celui-là! Je remarque qu'une fille se dirige vers moi en courant. Mon cerveau, pourtant ralenti par une longue journée de cours, effectue le calcul. Il s'agit de la dresseuse de ce Piafabec. Et, en même temps, une déesse grecque à la chevelure rousse et à l'air d'une jeune femme en détresse. Je relâche ma poitrine sitôt elle s'approche et me parle de son Pokémon. Plus mal du tout voyons! Je la vois souvent à l'école, mais n'ai jamais osé lui parler, à cause de ma culpabilité surtout. Il m'arrive de faire des rêves bien chauds avec elle pour une raison que j'ignore. Hé, je ne contrôle pas le contenu de mes rêveries nocturnes!

«Bien sûr...» je réponds, un peu décontenancé par ses grands yeux verts.

Je me reprends bien vite en lui adressant un chaleureux pour la rassurer. Je glisse ma main dans ma poche et en ressort une Poké Bal, bien heureux de vivre un peu d'action en cette journée morne. J'en ressors Janyss qui se met à virevolter autour de ma tête. Elle se pose ensuite sur mon épaule.

«Janyss, tu penses qu'on pourrait aider cette fille à retrouver son Piafabec?»

L'insecte décolle à nouveau et fait signe que oui. Elle ne prend pas la peine de nous dire quoi que ce soit. Elle s'élance à travers les couloirs à une hauteur sécuritaire de la tête des passants.

«Ça ira plus vite ainsi. Suivons-la!»