Je suis nul en sport et c'est pas vraiment nouveau. Plus que nul, je suis maladroit : je suis tout mince et je bouge partout quand je cours, alors parfois je m’emmêle les jambe et tombe par terre. Du coup, j'ai encore fini à l'infirmerie. On avait volley-ball, et v'la t'y pas que j'ai été pris d'une soudaine virulence et j'ai essayé de sauter pour faire un smash -comme ils font tous à la télé dans les animes, avec des noms de super-pouvoir hypra classes ; pour ma part j'ai baptisé mon coup spécial "Super Rainbow Smash à Ailes de Coxy Flashy!"-, mais j'ai du faire un faux mouvement de jambe, j'ai trébuché en avant, ait rebondi sur le filet, suis tombé sur la nuque avant de faire un galipette arrière et là j'ai du tomber K.O, comme c’est la dernière chose dont je me souviens.

Je suis allongé dans un lit, toujours en tenue de sport, une elève de mon cours vient me voir et m'explique brièvement la situation, non pas sans cacher l'amusement qu'elle avait eu à la vue de ma dégringolade. Je souris aussi, j'en rirais surement si je me revoyais de l'extérieur, a vrai dire. Elle finit par prendre congé, me signalant que le médecin scolaire ne devrait plus tarder et me laisse me reposer. Je dois bien m'en être sorti, comme je ne suis pas à l'hopital, j'avais bien entendu un truc craquer pourtant. Brrr. Enfin, je vais bien, tout va bien! Et comme je suis là, je n'ai pas envie de me lever. Acro' qui m'avait suivi et regardé pendant le cours m'avait bien sur rejoint à l'infirmerie et roupillait au bout du lit. Il s'inquiète vraiment pas lui!

Je retourne en position allongée, le mains sous la nuque, en me massant un peu, comme pour me rassurer en vérifiant que toutes mes cervicales sont bien en places. J'essaie de fermer les yeux pour piquer un somme comme on me l'aurait recommandé, mais il fait grand jour, et je sais que Morphée n'osera s'approcher de moi aussi tôt. Je me retourne sur le ventre et enfouit ma tête dans l'oreiller en lâchant un gros soupir. Il serait plus prudent d'attendre le médecin, mais je ne tiens pas en place, et me lève assez doucement pour ne rien endommager, puis j'observe la suite des matches par la fenêtre, ne manquant pas de lâcher quelques encouragements débiles, et inaudibles car la fenêtre derrière laquelle je suis ne peut pas s'ouvrir.

Lancé dans mon élan, je n'avais pas pensé que d'autres gens pouvaient être aussi en train de se reposer. Et j'aurais surement dû, penser un peu plus aux autres sur le coup. J'ai du reveiller toute l'infirmerie car un rideau s'ouvre sur la couchette à côté de la mienne, et un garçon, à peu près de mon age apparait. Je l'observe brièvement, persuadé que je suis sur le point de me recevoir une grosse engueulade, il a le teint plutôt pâle, les traits fins, des cheveux noirs de geais, un peu le contraire de moi avec toutes mes couleurs. Enfin, ce n'est pas parce que je suis un Pijako causeur que lui est un Corboss lugubre, il n'est pas non plus dans mes habitudes de juger les gens sur leur apparence. Je le fixe avec de grands yeux, prêt à recevoir des reproches, mais plutôt que de me rabrouer, il préfère s'inquiéter de mon état. Oui, c'est vrai que gigoter comme ça après ma gamelle ce n'était pas l'idéal!

Je lui adresse un sourire doux, sincère et lui réponds, avec un certaine gêne dans la voix "Oh-oh, non, t'en fais pas pour moi! Mais j'ai dû reveiller toute l'infirmerie, j'suis désolé si je t'ai dérangé!" Je m'éloigne de la fenêtre pour me rassoir sur ma couchette, résigné à ne plus trop bouger avant l'arrivée du médecin. Les conseils de l'inconnu étaient sages, je décidais de les suivre pour le moment. Une fois là, j'aperçois un pokémon à ses côtés, un Anchwatt. Comme le silence s'est installé, je m'enquis de son état "Ton Anchwatt s'est blessé? Vous avez du faire face à un pokémon sauvage méga fort pour vous retrouver ici tous les deux. Enfin, l'essentiel c’est que vous alliez bien! Vous prendrez votre revanche, héhéhé!"
Alors que je remets à parler comme un Pijako, je m'aperçois que j'ai oublié l'essentiel, me présenter. Je lui laisse un peu de temps pour répondre puis enchaine directement en lui attrapant sa main libre pour la lui serrer frénétiquement, comme le bon vivant que je suis. "Emilio! Et toi?"