Le vent souffle dans tes cheveux ébènes qui flottent derrière toi. Tes foulées sont longues et régulières, mais tu ne vas pas vite. Ce n'est pas ton objectif. Ton souffle s’accélère progressivement, mais tu ne t’arrêtes pas. Tu ne veux pas. Tu veux continuer jusqu’à ce que tes jambes cèdent sous ton corps, jusqu’à ce que ton esprit s’arrête de fonctionner. Tu veux juste te dépasser. Dépasser tes limites. Au bout d’un moment, tu débouches dans une clairière. La clairière. Tu ralentis pour finir en marche rapide puis ralentit progressivement. Tu sens que tu as de plus en plus chaud, et tu essais de réguler ta respiration pour éviter l’hyper ventilation. Tu es fière d’avoir tenu le rythme. Tu es sure que ton professeur de sport de ton ancien collège serait fier de toi. En pensant à cela, tu souris. Il serait fier, mais toi, tu l’es encore plus. Tu t’es dépassée et voilà les fruits de ta persévérance. Autour de toi, seul le chant des oiseaux arrive jusqu’à tes oreilles, bien que tu tentes d’entendre autre chose. Tu fais plusieurs tours sur toi même avant de penser à un Malosse qui tente d'attraper sa queue. Cette simple pensée te fais fondre en larme de rire. Tu t'arrêtes de rire laissant place à un énorme bâillement que tu couvre de la manche de ta veste.

Plus loin, un arbre croise ton regard. Tu n’hésites pas, et te laisse tomber sur le sol puis appuies ton dos contre le tronc. Tu repenses à la raison de ta venue. Tu as couru jusqu’ici juste pour t’amuser et maintenant, tu te reposes juste un instant, simplement pour reprendre ton souffle. Doucement, ton regard qui jusqu’à présent était fixe devient de plus en plus trouble. Tu tentes de résister au sommeil qui t’envahit peu à peu, mais la fatigue prend le dessus. Tu ne la contrôle plus. Ton souffle est comme une berceuse. Il te rappel vaguement une mélodie de ton enfance. Celle qui t’accompagnais dans tes plus beaux rêves d'enfants. De nouveau calme et sereine, tu ne bouge plus. Tu ne résistes plus. Désormais seule dans la clairière, ton silence est ton seul ami. Et ce dernier a choisi de te calmer un peu avant de rentrer. Doucement, tes paupières se ferment, ta tête bascule sur ton épaule, et bientôt, tu t’endors au pied de l’arbre auprès duquel tu t’étais affalée, un instant au paravent, en pleine forme.

Tu sens quelques petites tapes sur ta joue. Tu penses rêver, mais ce que tu ressens est réel. Tu ouvres doucement tes yeux quand une personne te demande de te lever. Bien sur avant d’avoir grogné pour te lever, tu avais souris au mot : belle. Même si tu savais pertinemment que c’était juste un mot comme ça, c’était l’attention qui comptait pour toi. Lorsque ta vue devint plus nette et que tu vis que la personne en face de toi était Grey, tu ouvris de grands yeux. Tu te relevas d’un grand bon en criant : « Je suis réveillée ! ». Tu époussetas du mieux que tu le pouvais tes vêtements et coiffa rapidement du bout des doigts tes cheveux bruns. Chose qui ne fut pas aisé à cause de leur longueur. Tu dus te contenter d’un bref démêlage de cheveux n’ayant surement pas une grande efficacité. Puis, une fois que tu as fini, tu t’arrête et fixe du regard le Menthae.

Sans attendre une permission, tu lui sautes dans les bras pour lui faire un gros câlin, puis en te dégageant, tu lui ébouriffes les cheveux. Tu aimes bien lui faire ça pour l’énerver de temps en temps. Tu souris, tu sais que ça marche à tous les coups. Puis, comme d’habitude, tu es de nature curieuse. Et bien sur, tu tentes de savoir pourquoi Grey se trouve ici, et surtout à cette heure là. Tu penches la tête sur le côté avant de poursuivre.

« - Dis, qu’est ce que tu fais ici à cette heure là ? Amusée, tu tentes une petite vanne à son attention. Tu ne pouvais plus te passer de moi ? »

Ah tu aimes bien le taquiner ton petit Grey. Il est toujours là pour te détendre. Et là, tu en as bien besoin après la longue course que tu viens de faire. Tu souris de toutes tes dents comme à ton habitude et tu attends sa réponse.

Il éclate de rire devant toi, et tu souris de plus belle. Puis, tu tends ta joue et la tapote du bout du doigt. Ensuite, Grey y pose un petit bisou de salutation. Tu le regardes les yeux pétillants. Tu aimes bien sa compagnie. Depuis que tu l’as rencontré, tu l’as toujours apprécié. Toujours présent pour toi, il est auprès de toi à tout moment ou tu as besoin de lui. Autant dire souvent car tu n’aimes pas t’ennuyer et être toute seule. Sa dernière phrase te fait éclater de rire. Tu es sure que tu aurais des crampes à la mâchoire à la fin de la journée, mais tu t’en contre fiche. Faillis mourir contre un chenipan en colère. L’inverse serait plus vrai. Surtout qu’avec son Mini Draco, il ne devait pas avoir de grand problème à se défendre tout seul. Tu lui donne un petit coup de point sur l’épaule.

« - Tu parles, c’est lui qui a faillis mourir ! Mais bon, tu es pardonnée pour m’avoir cherché. »

Tu souris. Tu aimes bien ces petits moments comme ça. Des petites blagues, des bourrades, c’est moment, tu les savoure. Tu les adore, tu les privilégies car tu les trouve exceptionnel. Tu as beaucoup d’amis, ou de personne qui t’apprécie, certes, mais tu n’en a pas beaucoup qui connaissent tout de toi. Et Grey, lui, fait partit de la deuxième catégorie. Ceux qui sont toujours là, et qui savent ce qu’il y a avant que tu ouvres la bouche. Ensuite, la question fatidique. Ce qu’elle faisait là. Et bien, elle n’allait tout de même pas répondre : « Euh et bien, tu vois, je courais, puis pouf, j’ai atterris ici comme par magie ! » Non, elle ne pouvait vraiment pas dire ça. Il n’y avait pas une once de crédibilité dans cette phrase. Enfin, surtout pour la personne qui t’écoutes. Tu le sais par expérience. Tu te décides enfin à lui répondre. Après tout, il te connaît alors il saura si tu mens.

« - Tu te moques pas, hein ? »

Tu es un peu gêné. On l’est toujours lorsque l’on a l’air ridicule, non ? Oui, elle l’était souvent, mais tout de même, au bout d’un moment, cela t’embarrassais. Après tout, tu n’as pas un cœur de pierre, tu es comme tout être humain. Plus de la catégorie des fous, mais tu es tout de même une humaine.

« - Je suis sortie de l’académie, et j’ai voulu courir. Et comme par magie, je me suis retrouvé là. Mais j’ai pas vraiment choisi. »

Il fait semblant d’être touché. Tu arques un sourcil. Il dit qu’il a mal. Quel piète acteur ! Son jeu de scène est abominable et en plus, il se trompe d’épaule. Tu sais qu’il le fait exprès, mais tout de même ! Un minimum d’effort aurait été bien accueillit. Tu soupires. Etais tu aussi fainéante que lui pour que vous soyez amis ? Tu soupires. Décidément, il faudra tout lui apprendre à ce jeune homme. Malgré tout, il te sourit. Tu ne le bouderas pas, il est tellement kawai quand il est comme ça. Heureusement pour lui. Tu l’aurais déjà boudé sinon. Tu lui fais une toute petite explication.

« - Alors, quand on joue un homme blessé, on ne se tient pas la mauvaise épaule, et puis, on ne sourit pas voyons ! Cela rend le jeu complètement … nul ? Fin bon, hein, je dis ça, mais je dis rien, hein !»

Cependant, il te réconforte tout de même en t’expliquant que tout le monde peut se perdre sans le vouloir. Mais bon, tu es tout de même sceptique. Il faut être tellement doué pour se perdre sans que l’on s’en rende compte ! Un niveau d’idiotie très élevé. Tu n’es vraiment pas attentive à ton environnement, et tu te dis qu’un jour, cela te coûtera très cher. Peut être même de ta vie. Il te fait un câlin puis un bisou qui te réconforte plus que tu ne le laisse paraître. Tu souris. Il sait toujours quoi faire pour t’aider dans tes petits moments de bluzz. Parfois, tu te demandes ce que tu ferais sans lui. Il te demande l’heure. Tu ne sais pas, mais l’après midi doit déjà être très avancée. Comme pour lui répondre, ton estomac gargouille. Mais pas un petit peu. Très fort. Tu es sure que toutes les personnes environnantes ont pu l’entendre. Par réflexe, tu poses les mains sur ton ventre et rougis violemment. C’est gênant. Très gênant. Même quand tu connais les personnes.

« - Hum… Oui, j’ai faim… Oh mais … »

Tu farfouilles dans les poches de ta sacoche et dedans, tu y trouves deux barres chocolatées. Tu les sors, et les montre à Grey. Tu commences à déchirer le papier et à avaler un petit bout de la première barre. Ensuite, tu regardes le Menthae et lui sourit. C’étais très plaisant cette situation.

« - Oh, c’est super bon ces trucs dis donc ! T’en auras si tu es sage. »

Tu pouffes un petit coup, puis lui temps la barre. Comment pourrais tu laisser ce pauvre garçon mourir de faim ?