Aujourd'hui est une journée placée sous le signe ordinaire de la création. Je veux dire ma journée évidemment, je ne saurai avoir la prétention de régler la journée des autres. Quoique, le chaos en serait fortement diminué par mon ingérence. Quoi qu'il en soit aujourd'hui moi et mon ombre solitaire avons décidé de jeter notre dévolu sur la foule et les débordements mercantiles des galeries marchandes. Pourquoi ce choix si particulier, déjà parce qu'il est de saison, noël approchant la plèbe s’apprête a débourser billets pour satisfaire leur entourage. Mais cela ne serait suffisant a réclamer ma présence, autre chose m'attire. Le climat froid me pousse a sortir, malheureusement aucune neige établit son empire sur le sol. En hiver les perspectives sont chamboulées, la lumière se fait bien plus rare. Je peux alors sans jeu d'ombre distinguer et peindre les formes des bâtiments. Apprécier un angle de vue propice au dessin et m'atteler a la tache.
C'est pour cela que je suis venu. Dessiner une fresque de vie, une scène ordinaire d'achat de noël. J'aurai aimé avoir un autre sujet, mais je me contenterai de cela pour l'instant. C'est sans tergiverser que je pose mon matériel près de la fontaine centrale.
C'est un dessin spécial, il s'agit d'aquarelle. Pas de ligne droite cette fois ci, je m'adonne a un art aux contours flous. Chose qui la plupart du temps ne me plait guère. Pourquoi maintenant? Je ne sais pas d'ou m'ai venu cette envie subite. A vrai dire je n'ai aucune envie de creuser la question, j'ai juste envie de peindre.
Ma toile est prête et malgré le froid, mes mains sont prêtes a s'activer pour donner vie à cette toile. J'ai encore oublié mes gants, bah peu importe. Sur la pierre glacée je m'installe et pousse un long soupire voyant la galerie marchande défilée devant mes yeux. Un travail fou m'attends, mais le coeur à la tache demeure.
Passionné et amoureux de mon art, je ne vois pas les heures qui défilent et je remarque à peine la soirée s'installer progressivement. Néanmoins, l'oeuvre est achevée, on peut y apercevoir une galerie animée à la nuit tombée. De la neige tombe doucement, des personnes et leur pokemon semblent regarder émerveillé les vitrines s'offrant à leurs yeux. Ils semblent heureux, un moment de paix et d'harmonie, juste un instant.
Alors je regarde avec un oeil mélancolique ma toile. Un moment je mesure à quel point je suis seul. Je suis loin d'être comme cette petite fille et ce garçon, son frère sans doute. Ils ont une famille, ils ont un chez soi, un confort qui leur ai propre. Je suis loin d'éprouver ce genre de sentiment, moi et mon foutu cœur de glace. Ma toile me montre un monde que je ne pourrais posséder, un sol que je ne pourrais partager. C'est un dessin grotesque, que je n'aurai jamais dut dessiner. A quoi bon polluer son esprit d'un tel constat si accablant. Partagé entre colère et tristesse, j'hésite à porter la main sur ma création. Détruire cela me fera peut-être oublié cette sombre idée. Du moins c'est ce que stupidement je pensais.