Alcea Rosea ♣
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 ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.

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Spiraea
Sawyer S. Smith
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Spiraea

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MessageSujet: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeLun 29 Oct 2012 - 17:54

❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Fausti10
❝ je perds tout ce que je tiens, je suis seul dans mon royaume. j'aimerais lui soulever la main mais, je ne suis qu'un fantôme.
Sa main tourna la poignée, ferma la fenêtre alors que son corps frissonnait, sa peau avait froid et tira les rideaux d'un geste sec pour éclair la salle. La lumière ambrée remplit le vide, douce et chatoyante mais, glacée alors que le soleil déclinait derrière l'horizon lointain dans sa chute pastelle. Les voix sont mortes, derrière les vitres, des quelques silhouettes encore présentes dans la cour de l'établissement. Pas un bruit dans les couloirs comme vidés de leur vie, abandonnés et étouffés sous le silence presque total. Juste les bruits de l'horloge, le tic tac de ses aiguilles et l'air qui s'engouffre ou s'échappe de la gorge de l'adossent osent timidement briser ce mutisme.

Sawyer Smith remonta la fermeture de sa veste, lentement, se laissant tomber sur l'un des bureaux du premier rang en se mouvement avec une lenteur ensommeillée, presque maladroite. Le dos courbé, sa longue silhouetter tassée sur elle-même dans son attitude presque indolente habituelle, les lèvres pendant mollement comme soudain fainéantes et le front légèrement plissé avec cette habitude qui lui donnera des rides avant l'âge. Ses mains sont ramenées sous ses épaules entre ses jambes, sur le bord branlant du bureau, la tête relevée vers le tableau plus vert que noir aux multiples traces blanches. Et il attendait. Il attendait l'aventure et l'espoir, il attendait les folies, il attendait les jolis mots, il attendait on ne savait trop quoi, peut-être juste le bonheur dont tout le monde parle, dont sa mère le baratinait depuis tout gamin, juste derrière la porte, qui le guette.

C'est une drôle de chose quand même, le bonheur. Est-ce que c'était simplement se sentir heureux ? Pourtant, le gamin Smith ne se sentait pas envahi d'une insouciante exaltation chaque seconde de sa vie : il y avait toujours quelque chose qui clochait, aussi minuscule que puisse être ce détail. Il pleut trop fort, il fait trop beau, il fait froid, il fait chaud, il s'ennuie, il n'a rien envie de faire, c'est trop facile, trop difficile, on lui parle trop mais, pas assez. La vie n'est pas facile, on passe son temps à se battre contre nos propres contradictions, la vie n'est pas belle avec pleins de paillettes, il y a tellement de choses qui ne tournent pas rond. Il pensait trop, il pensait beaucoup trop et pourtant, tellement de fois, il aurait dû réfléchir plus longtemps au lieu de foncer.

La vie est mal faite.

Comme aujourd'hui, quand dés le matin, on avait annoncé qu'il serait de corvée de ménage après les heures de cours et qu'il aiderait une camarade, puisqu'il avait été repris pour avoir frappé un autre étudiant. Affalé sur son bureau, encore somnolent, il avait à peine levé la tête en entendant son nom, plus par réflexe qu'autre chose avant de retourner à son état amorphe. Après, bien sûr, il avait serré les dents, rechigné et il ne cessait de pester un peu trop fortement contre cette décision, contre la stupidité de l'administration, l'injustice dont il lui semblait être victime. « Tu cherches les problèmes Sawyer », on lui répétait souvent en soupirant comme désespéré mais, l'adolescent ne changeait pas. C'était à se demander s'il écoutait vraiment ou s'il attendait juste que le temps passe, jusqu'à ce qu'on le libère, jusqu'à la prochaine fois. Sûrement la deuxième option.

Et il se demanda encore une nouvelle fois : bon dieu mais, pourquoi lui ? Il se sentait irrité ou plutôt irritable, d'humeur maussade et sensible, il se sentait dans un de ces jours où l'on n'a rien envie de faire, pas même de se lever. Et si la journée pouvait passer, jusqu'au lendemain matin, pour nous laisser le temps d'amasser un peu de courage pour repartir en guerre. Parce qu'on aurait dit que Saw, il se battait chaque jour contre le monde, tout seul, à porter un poids qu'il n'avait pas à subir et qu'il ne pouvait pas supporter sur ses épaules, même de géants. Comme si un jour, dans un de ses élans fatalistes, il avait décider que toute la peine du monde devait être porté par un seul homme et qu'il serait cet homme. C'est que, trop souvent, il en oubliait que tout n'était pas tout noir et gris.

La porte s'ouvrit timidement, le garçon tourna la tête avec une lenteur poussive vers le, en l'occurrence la, nouvelle arrivante. Il la fixa, sa mine d'éternel désabusé sur le visage, l'expression de celui qu'on est sur le point d'exécuter, qui n'a plus rien à perdre. Sans enthousiaste, Sawyer se redressa, se grandissant et reprenant son perchoir habituel, celui où il regarde le monde d'en haut.

« Les balais sont là. » Son doigt pointa deux balais abandonnés contre le mur, soutenus par un sac, le sien. Sa voix toujours aussi rauque. Agacé, il traversa la distance les séparant en quelques enjambés, son pas est lourd mais son pas rapide. Il lui laisse à peine le temps de réagir, la bouscule en lui tendant un balais avec toute sa rudesse d'ours. Il baissa les yeux, vu de près, elle semblait encore plus petite, minuscule : on aurait dit une gamine.

« T'veux t'occuper du fond ou de devant ? » Il soupira. Il est comme ça, le fils Smith, il ne laisse pas du temps aux gens, il les malmène, un peu sans le vouloir.
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Menthae
Nia Antonelli
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Menthae

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MessageSujet: Re: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeMar 30 Oct 2012 - 11:55


❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. 121030110923214100
Dans tous les cas on en fera des ratures
Et là on sera grand.
Assise sur un banc du parc d'Alcea Rosea, Nia avait l'impression d'avoir oublié quelque chose. C'était la fin des cours, la fin de la journée, le soleil se couchait loin, très très loin d'elle. Et ses mains minuscules posées sur ses genoux, le dos droit, elle passait en revue tout ce qu'elle aurait pu avoir à faire.
Ses devoirs étaient terminés, elle avait dit bonjour à tout le monde, elle était même allée entraîner son Chinchidou pour qu'il cesse de se cacher sous son pull dès qu'il sortait de sa pokéball. Sa chambre était rangée. Sa veste d'uniforme repassée pour le jour suivant. Oui, elle avait tout fait. Absolument tout. Elle aurait dû être satisfaite. Elle aurait dû être fière d'elle, pouvoir rentrer jusqu'à son dortoir et s'écrouler sur son lit pour attendre le lendemain matin.
Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si, par hasard, il n'y aurait pas AUTRE CHOSE qu'elle n'avait pas fait.
Ça lui torturait l'esprit, lui bousculait les méninges. Un peu embêtée, elle plissa le nez. Pourquoi est-ce que...

« Eh, Nia ! Qu'est-ce que tu fais là ? T'es pas de corvée de ménage, aujourd'hui ? »

Pendant quelques secondes, la Terre s'arrêta de tourner.
Lentement, la jeune fille tourna la tête vers la blondinette de sa classe venant de l'interpeller. Celle-ci avait l'air sincèrement surprise. Elle ne plaisantait pas. En un clin d’œil, Nia vit sa matinée défiler devant ses yeux. Son réveil, son levé, la préparation de ses affaires, son départ pour la salle de cours. Le tirage au sort pour le nettoyage de la pièce. Son nom, écrit en petit sur le papier blanc.
Son regard se fit immense.

« Je. J'ai. Oublié. Je. Hiii, merci, je suis navrée ! »

Épouvantée, Nia posa son sac sur sa petite épaule et partit en courant. Comment avait-elle pu laisser passer une chose pareille mon Dieu ?! Ses pas claquèrent contre le parquet du hall, les marches valsèrent sous ses yeux. Elle se sentait si lente, si lente. Elle n'était pas douée en sport. Elle ne brillait en rien, de toute façon. Et même quand on avait besoin d'elle, elle parvenait à l'oublier.
Inutile.
Elle était inutile.
Dans un élan désespéré, elle tenta d’accélérer. N'arriva qu'à se ramasser au milieu du couloir dans un bruit sourd. Silence. Dire qu'il ne restait que quelques mètres... Et voilà qu'elle avait le nez et les genoux tout éraflés. En plus sa jupe était plissée-froissée au lieu d'être plissé-lisse maintenant. C'était n'importe quoi. N'importe quoi. Les larmes aux yeux, elle avança jusqu'à la porte de sa salle de classe et l'ouvrit. Elle allait vite vite finir le ménage et retourner dans le quartier des Menthaes. Aujourd'hui était une mauvaise journée de toute façon. Elle en avait déjà assez. Elle n'avait pour habitude de beaucoup se plaindre, ou même de se rebeller, mais là. Elle s'énervait toute seule. Pourquoi n'arrivait-elle pas simplement à être normale ? Une jeune fille ouverte et gentille et.
Elle s'arrêta net en remarquant la personne se dressant à l'autre bout de la pièce.

« Les balais sont là. »

Elle eut un petit hoquet de surprise. Un géant. Il y avait un géant dans la salle. Il était vraiment vraiment immense. De grandes mains, de grands bras, de grandes jambes, une grande tête, de grands cheveux, tout tout en grand ! Et des yeux agacés.
Nia le connaissait. De vue. Elle ne savait plus son nom, mais elle se rappelait qu'il s'était déjà battu plusieurs fois, et qu'il était vu comme un garçon très dangereux par les filles de sa classe. Elles disaient qu'il faisait peur. Et c'est vrai qu'il faisait peur. Tandis qu'il s'approchait d'elle, la petite demoiselle se sentit rétrécir davantage. Son souffle se stoppa quand, dans un mouvement brusque, le garçon lui tendit un des balais, manquant la renverser. Et baissa son regard sur elle.

« T'veux t'occuper du fond ou de devant ? »

A ce moment-là, Nia aurait dû être terrifiée. Oui, elle aurait dû être morte de peur. Un garçon, avec elle, dans la même pièce. Un garçon qualifié de dangereux, en plus ! Vous imaginez ? Mais étrangement. Étrangement, ça allait. Elle avait un peu mal au nez, elle se disait que ce jeune homme était particulièrement bizarre et imposant. Elle tremblait légèrement. Mais à aucun instant elle ne songea à aller se cacher sous un bureau ou derrière une chaise ou dans un placard. Non. Elle se contenta d'essayer de soutenir son regard, les mains crispées sur son balai. Puis de répondre, avec sa voix de petite gosse.

« Comme vous préférez, monsieur. »

Il y eut un silence. Et puis elle constata qu'elle n'avait pas cessé un seul instant de le fixer avec son air calme, et se souvint que c'était très impoli, alors elle rougit violemment avant de détourner la tête. Grand Dieu. Elle devait passer pour une folle.

« Enfin, je. Je pense que je vais commencer par nettoyer le tableau, il y a beaucoup de traces de craies. Si ça ne vous dérange pas... »

Gênée, elle posa son balai contre le mur le plus proche et entreprit d'amener le seau d'eau et l'éponge jusqu'au tableau, peinant à avancer. Elle n'avait pas de muscle, c'était impossible ! Elle se sentait tellement idiote... Le regard du garçon lui brûlait le dos. Avec un léger soupir de soulagement, elle posa son fardeau devant la surface pleine de craies. Se racla un peu la gorge comme pour retrouver un semblant de dignité. Essaya d'atteindre le haut du tableau.
Bras trop courts.
Elle se mit sur la pointe des pieds.
Toujours pas.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Aujourd'hui était un jour apocalyptique. Aujourd'hui, elle avait l'impression d'être Poucelina, devant un géant des montagnes. Une Poucelina dansant des claquettes en tutu.

Dans un acte de dernier secours, les joues écarlates, elle commença à nettoyer le bas du tableau.


Dernière édition par Nia Antonelli le Sam 17 Nov 2012 - 17:35, édité 1 fois
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Spiraea
Sawyer S. Smith
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MessageSujet: Re: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeJeu 1 Nov 2012 - 16:18

❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Tumblr_mcj0itSFVz1qivo51o1_500
❝ on est peut-être à court de sang, on est peut-être en fin d'artère. les couteaux, je te les rends. je te laisse mes faux airs.
« Comme vous préférez, monsieur. » Sawyer fut un poil surpris d'être désigné par quelque chose d'aussi formel que monsieur, prononcé de son ton si poli et aimable, le regardant dans les yeux alors qu'il faisait bien deux têtes de plus qu'elle au moins. Il ne cilla pas, on aurai dit une poussière qu'il aurait pu écarter d'un mouvement, se sentant encore plus grand que d'habitude. Immense. Beaucoup, beaucoup trop. Elle détourna rapidement la tête d'un coup, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi.

« Enfin, je. Je pense que je vais commencer par nettoyer le tableau, il y a beaucoup de traces de craies. Si ça ne vous dérange pas... » L'adolescent ne répondit pas, acquiesçant à peine d'un grognement, avant de prendre son balais et se dirigea vers le fond de la classe. D'un mouvement mécanique, il commença à balayer le sol en maudissant les élèves d'être si négligents, maudissant la malchance et son professeur, maudissant intérieurement le monde en se posant une énième fois la même question : mais pourquoi cela avait dû tomber sur lui ? Il n'en avait ni l'envie, ni la motivation et seul perdurait le sentiment que sa journée faisait tout pour s'éterniser. Elle était interminable. Sans fin, sans fin.

Le gamin Smith eut l'œil attiré par la minuscule silhouette qui portait, peinait sous le poids de son seau rempli d'eau et on aurait dit plus d'une fois qu'elle allait s'écrouler dessous. Il la fixait se battre, avec désespoir, avant de finalement le poser. Et, finalement étendre le bras, se mettre sur la pointe des pieds avec toute sa volonté pour essayer d'atteindre les sommets du tableau qu'il touchait en levant à peine le bras du haut de ses échasses. Il aurait pût la laisser, continuer à la regarder et la laisser se résigner.

Il aurait pu mais, il avait déjà lâché son balais dans un soupir agacé. Foutue conscience, foutue bienveillance. Mais, il ne pouvait s'empêcher de vouloir l'aider, cette minuscule poupée, cette gamine a qui on avait dit qu'elle en avait dix-sept, avec ses grands yeux noirs, ses joues roses et ses longs cheveux noirs jais. Alors, un peu brutalement, Saw avait attrapé l'éponge des mains de la jeune fille sans lui laisser le temps de protester. Il l'avait replongé dans l'eau, essoré et il avait commencé à essuyer le haut du tableau d'un geste rapide, nerveux en détournant la tête, les joues soudain en feu.

Le géant n'avait jamais doué dans les relations sociales avec son air d'éternel boudeur, râlant pour tout et rien : là encore, il ne faisait que râler intérieurement d'être tombé sur une camarade aussi petite qui semblait plus maladroite qu'un éléphant. Il pestait contre son air de gamine qui lui donnait cette envie de l'aider, cet appel qui résonnait malgré lui dés qu'il voyait quelque chose peinait, une petite chose se débattre devant lui. Avec ses grands mains, il ne pouvait pas s'empêcher de lui donner un coup de main, même en tirant une tête de vingt mètre de long. Et d'avoir la désagréable impression que le temps passait incroyablement lentement, bon dieu.

« Tiens. » Sawyer lui tendait l'éponge pressée jusqu'à plus d'eau dans sa gêne par ses grands doigts, d'un geste sec, en évitant soigneusement de croiser son regard.

Et après ? Après, il se sentit bien con, aussi con que ses pieds. Il avait agi sans réfléchir et maintenant, maintenant qu'est-ce qu'il était supposé faire ? Pouvait-il simplement se détourner d'un pas rapide sans lui laisser un regard de plus en se maudissant de toujours agir aussi vite quand il ne fallait pas, de lancer les actions du tact au tact comme on balance des répliques cinglantes. Alors, les joues toujours aussi rouges, avec son rude, rendu encore plus maladroit par sa gêne, par son manque de savoir faire, il lança en lui fourrant presque l'éponge dans les mains : « Et évite d'en mettre partout. »

Non, Saw n'était pas méchant, il n'était pas aussi terrible que ce que l'on voulait bien croire à son sujet avec sa rudesse, son manque de délicatesse qui était, au fond, plus de la maladresse qu'autre chose. Il ne savait juste pas s'y prendre avec les autres, c'était tellement compliqué. C'était juste un gamin qui essayait de se faire une place dans le monde, le monde des grands, le monde tout court, sans savoir comment faire. Mais, il avait encore toute la vie pour trouver, des années alors s'il avançait lentement, ce n'était pas bien grave. Il finirait par apprendre.

L'adolescent lui tourna le dos pour retourner balayer d'un geste nerveux, les joues toujours en feu.

(ça m'a fait penser à deux boulets, je te laisse deviner qui 8D)(mais on peut y voir Saw désespéré aussi )

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Menthae
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MessageSujet: Re: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 13:26


❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. 121104111204413509
You pulled my chair out and helped me in
And you don't know how nice that is but I do.
A aucun moment de sa vie, Nia n'avait eu autant honte de sa petite taille. C'était ridicule, d'ailleurs. Elle n'aurait pas dû avoir les joues rouges comme ça, ce n'était pas de sa faute si elle était aussi minuscule, et puis la génétique ça ne se commande pas, elle avait eu un cours très intéressant là-dessus la semaine d'avant d'ailleurs, et elle en avait conclu qu'elle ne grandirait probablement plus jamais vu la taille de ses parents, peut-être même qu'elle allait finir par rapetisser et qu'à la fin de sa vie on n'arriverait plus à la distinguer mon Dieu quelle horreur c'était terrifiant elle en tremblait même et.
Bref.
C'était idiot. C'est pourquoi, nettoyant avec application le bas du tableau, la jeune fille essayait de se calmer autant que possible. La situation n'était pas si terrible. Au fond, qu'est-ce qui l'attendait ? Elle allait terminer d'ôter la craie blanche à sa portée, et puis elle irait chercher une chaise, voilà tout. Ensuite elle prendrait son balai et entreprendrait de chasser la poussière de sous les tables. Et puis elle dirait au revoir au drôle de géant poliment avant de quitter les lieux sans un bruit. Facile. Aisé. Terriblement simple, même.

Et c'est dans cette simplicité que cette fin d'après-midi ce serait passée. S'il n'était pas venu l'aider.
Avec de grands yeux surpris, Nia laissa l'immense jeune homme lui prendre l'éponge des mains et nettoyer le haut du tableau, cette chose inaccessible pour ses mains de gosse. Sa bouche s'entrouvrit légèrement, comme un poisson hors de l'eau. Il. Il tirait une tête de six pieds de long. Et il paraissait un peu agacé, avec ses gestes saccadés. Mais. Mais il était là. Alors qu'il aurait pu la laisser toute seule dans sa galère de naine. Et Nia, qui n'avait pas l'habitude des attentions ou quoi que ce soit d'autre à son égard de petit truc timide et même pas si joli que ça, ça lui fit comme une petite bombe dans le cœur.

« Tiens. »

Nouvelle détonation, alors qu'il lui tendait l'éponge dans un mouvement vif. Une éponge asséchée, pleine de craie. Que la jeune fille fixa sans rien faire. Elle aurait peut-être dû l'attraper, la prendre des mains de ce grand garçon qui la rendait fébrile. Elle aurait peut-être dû. Mais elle n'y arrivait pas. Elle ne comprenait pas. Elle ne le connaissait même pas vraiment, ce géant, alors comment arrivait-il à la perturber autant ? Elle ne savait pas, elle ne savait pas. Et Nia n'avait pas pour habitude de sécher sur une question. Ça la rendait un peu folle.

« Et évite d'en mettre partout. »

D'un seul coup, l'éponge se retrouva entre ses mains, et ça la fit sursauter comme une idiote. Puis plus rien. A peine un souffle de sa part.
Ses doigts. Elle avait sentit ses doigts, contre les siens.
Juste un instant, une seconde, une demi-seconde peut-être. Ça avait suffit à la figer. Elle avait la gorge sèche, ses yeux clignaient dans le vide, ne parvenant pas à chasser le flou devant son regard ébène. Son dos était parcouru de frissons qui lui donnait envie de rougir. Il fallait qu'elle se ressaisisse. Tout de suite. Maintenant. Lentement, elle sentit ses mains se refermer d'elles-même sur l'éponge. Puis au prix d'un nouvel effort, sa respiration reprit, désorganisée. Puis elle tourna la tête doucement, comme si son cou était en cristal, prêt à se briser. Elle tourna la tête jusqu'à apercevoir le dos de son accompagnateur de corvée. Elle l'observa un moment sans rien dire. La trotteuse de la pendule murale égrenait les secondes, infiniment lentes. Ses petites mains serraient l'éponge de plus en plus fort, faisant crisser ses articulations, comme pour lui assurer que tout ceci était bien vrai. Comme pour lui montrer qu'elle ne vivait pas un drôle de rêve ou qu'elle n'était pas rendue dans un Univers parallèle. Enfin elle ouvrit la bouche. Sa langue était pâteuse. Elle allait avoir du mal à articuler. Tant pis.

« Merci. »

Sa voix se perdit dans le silence de la classe. Elle n'avait pas parlé très fort, mais elle savait qu'il l'avait entendu. Il devait l'avoir entendu. N'est-ce pas ? Elle avait eu tellement de mal à sortir ce petit mot. Dans le doute, elle toussota un peu et reprit en essayant de se prononcer distinctement, regroupant tout son courage pour s'adresser à son interlocuteur en faisant des phrases correctes.

« Merci beaucoup pour le tableau. Je ne suis pas très grande, alors... Votre aide a été la bienvenue. Vraiment. »

Et elle sentait plus gênée que jamais, tordant l'éponge dans tous les sens. C'était idiot, si idiot. Elle ne comprenait décidément pas ce qui lui arrivait. Voilà la tête qui lui tournait. Le cœur battant à toute vitesse, elle plongea l'éponge dans le seau d'eau et l'essora avant de passer un dernier coup sur le tableau déjà impeccable. Peut-être développait-elle une sorte de maniaquerie ? Oui, ça devait être ça, il fallait qu'elle fasse attention. Elle n'était pas du tout stressée, pourquoi le serait-elle ? Abandonnant l'idée de déplacer une seconde fois le seau, elle s'avança vers son balai, l'attendant à l'autre bout de la pièce. Avant de se stopper net, en se souvenant. En se souvenant qu'elle avait oublié quelque chose d'important, pour la seconde fois aujourd'hui. (elle développait peut-être aussi Alzheimer, grand Dieu...) Dans un mouvement rotatif presque parfait -elle se prit le pied d'une table dans le tibias avec un couinement de souris particulièrement comique -, elle entreprit de marcher jusqu'au géant. De lever les yeux vers lui – fichtre qu'il lui paraissait haut. Et de tendre sa main de gamine en avant, bien droite.

« Navrée, j'ai omis de me présenter correctement... Je m'appelle Nia. Nia Antonelli. Et. Et vous êtes... ? »

Elle n'aurait pas dû être aussi fébrile. Elle n'aurait pas dû avoir autant l'impression d'être dans un livre. Elle n'aurait pas dû avoir cette irrépressible envie d'être près de lui. Elle n'aurait pas dû se sentir aussi impatiente de savoir un simple nom.
Enfin, elle ne pouvait pas continuer à passer sa vie en l’appelant « le géant », n'est-ce pas ?
Mais oui, Nia.

Si ce n'était que ça.


Dernière édition par Nia Antonelli le Sam 17 Nov 2012 - 17:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 20:59

❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Couple-love-boy-girl-kiss-Favim.com-470441
❝ je pars pour l’aventure car ici la vie m’ennuie. recompter les blessures, recompter l’infini, parcourir le monde, y déployer mes ailes.
« Merci. » Petit, minuscule et timide prononcé par sa voix de gamine qui résonna dans son dos. L'adolescent ne détourna pas le regard, continuant à balayer de son geste devenu saccadé et les joues ardentes. Il n'osait, il n'osait pas se retourner parce qu'il se sentait idiot, aussi rouge qu'une tomate et que c'était l'une des nombreuses situations où il ne savait pas réagir. Devait-il simplement se retourner, lui sourire comme dans les films en lui disant quelque chose de bateau comme « ce n'est rien » ou « de rien » ?

« Merci beaucoup pour le tableau. Je ne suis pas très grande, alors... Votre aide a été la bienvenue. Vraiment. » Sawyer se força à ne pas tourner le dos, encore plus démuni face aux généreux remerciements de la jeune fille pour quelques stupides coups d'éponge dictés par la bêtise de sa bonne conscience. Il n'avait pas l'habitude de se faire aussi chaudement remercié et il aurait voulu lui rétorquer que ce qu'il avait fait ne méritait pas tant de merci, que la grande majorité des gens auraient réagi exactement de la même façon avec le sourire en plus et plus doucement. Ses lèvres restèrent pourtant closes, serrées alors que ses doigts s'étaient légèrement crispés sur le balais.

Le gamin Smith entendit un couinement de douleur derrière lui et à peine eut-il le courage de se retourner que la môme se tenait devant lui, paraissant toujours aussi minuscule, la main tendue et aussi droite qu'un soldat de tel façon qu'on aurait presque dit qu'elle saluait quelqu'un d'aussi important qu'un ministre. Et lui, il avait juste envie de lui répondre qu'il pas quelqu'un d'exceptionnel qu'on pouvait admirer, quelqu'un qui méritait tant de manières et qu'il était même plutôt un idiot dans le fond, qu'il n'avait pas un comportement glorieux et qu'il ne faisait rien pour changer, qu'il n'était pas ce type-là qu'on aurait pu admirer pour une quelconque raison. Lui, il n'était même pas celui qui se pliait à ce qu'on attendait de lui : il avait un comportement dit violent, il faisait fuir ses semblables et il avait la fâcheuse manie de tirer la tête à toutes les heures de la journée. Alors, il avait juste envie de lui dire qu'elle n'avait pas à faire tout ça, que c'était le surestimer.

« Navrée, j'ai omis de me présenter correctement... Je m'appelle Nia. Nia Antonelli. Et. Et vous êtes... ? » Sa voix était tremblante, ses mots si sophistiqués et recherché qu'il se sentait benêt à côté avec ses phrases courtes et rapides, ses mots parfois vulgaires et plus blessants que ce qu'il aurait souhaité alors qu'elle semblait aussi bien élevée qu'une princesse. C'était peut-être une princesse après tout. Nia. Il avait cru que c'était Nina ou quelque chose comme ça, écoutant comme d'habitude d'une oreille distraite et peu attentive, retenant l'information en diagonale.

« Sawyer Smith. » Il omit volontaire de préciser son second prénom qui était à l'opposé de sa personnalité de grand dadet blasé au tempérament explosif et qui, de plus, faisait de ces initiales un triple S, ce qui était sûrement une petite blague de sa génitrice qui s'ennuyait à la maternité. Elle était à peine plus vieille que lui quand elle l'avait eu et même aujourd'hui, à l'âge d'environ trente-cinq ans, elle restait une enfant. L'adolescent toussota, se raclant la gorge avec gêne, si elle ne l'avait pas reconnu, il ne doutait pas des bruits de couloir qui informait sur chacun dans l'établissement sur tout et n'importe quoi. Et la sienne, de réputation, ne devait pas être glorieuse. Il devait déjà être classé dans la case « à éviter » (en même temps, il faisait presque tout pour à s'emporte aussi vite et à passer son temps à broyer du noir).

L'adolescent eut une hésitation avant de timidement serrer sa main d'enfant, qui semblait encore plu minuscule comparée à la sienne, se sentant extrêmement ridicule et se demandant ce qu'il était censé faire ensuite. Elle n'avait pas l'air méchante, du tout et elle devait même inspirer l'envie de la protéger à la plupart des gens qu'elle rencontrait. Mais, lui n'était pas doué pour tisser des liens ou pour s'intéresser aux autres. Il se retrouvait démuni, en proie à la panique à chaque interaction sociale sans trop savoir la marche à suivre. Il n'avait jamais compris le code social, alors l'appliquer. Et ça, ce devait être à cause du laxisme et sûrement de la légèreté maternelle. Ou d'un quelconque problème qui, de toutes façons, venait de lui.

« On...Devrait finir. » Dans un élan de sociabilité, Saw tenta de ne pas se faire aussi rugueux qu'à l'accoutumé, ne désirant pas froisser la poupée de verre d'un geste déplacé ou trop brusque. Et dans son désespoir, il tentait aussi de mettre fin à cette situation gênante pour lui avant de commettre une énième erreur comme un ton trop sec ou des mots trop brutes. Elle s'opposait à lui aussi bien par sa petitesse et sa fragilité apparente que par la délicatesse et la douceur de sa personne (de ce qu'il avait pu en voir du moins) ce qui ne rendait que la chose plus terrible, le rendant craintif du moindre faux pas et totalement déstabilisé.

« Enchanté. » Grogna-t-il dans un murmure boudeur avant de tourner rapidement sur lui-même avant qu'elle ne remarque le rouge sur ses joues et que sa voix ne fasse des siennes en le mettant plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Et Dieu seul savait à quel point il pouvait se sentir gêné et maladroit en ce moment.

C'était risible après tout, l'éléphant effrayé par la souris.

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Menthae
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MessageSujet: Re: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeVen 30 Nov 2012 - 21:27


❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. 121130074143298875
eight o' clock in the morning, to hard to give, to hard to live
i can't stop dreaming, do you know what i'm in
you make up your angry eyes, you stay hidden but i see you smile
i wanna stay inside your arms, i want to feel fine.
« Sawyer Smith. »

Deux mots, un peu secs, claquant dans l'air. Et puis sa main contre la sienne, immense en comparaison. Nia ne s'était décidément probablement jamais sentie aussi minuscule de sa vie. Qu'il était grand, qu'il était grand. Plus grand que n'importe qui à sa connaissance. Il l'intriguait, avec sa trentaine de centimètres de plus qu'elle. Il la rendait curieuse, avec son air bougon, sa mine renfrognée. Ce n'est pas bien beau la curiosité, pourtant. Mais bon. Elle n'y pouvait rien. En plus il avait un joli prénom.
Sawyer.
Le géant s'appelait Sawyer.
Ça résonnait dans ses oreilles, ça valsait dans son esprit. Ça faisait des tourbillons et des demi-vrilles, des boum et des bang, ça partait dans tous les sens. Son cœur lui semblait gigantesque d'un seul coup. Il cognait contre sa poitrine, demandait à sortir, il n'avait pas assez de place dans ce corps ridicule. Il fallait qu'il décolle, qu'il aille voir les étoiles, si elles étaient plus belles de plus près. Il fallait qu'il s'en aille, maintenant, tout de suite. Mais il ne trouvait pas la porte de sortie. Il était bloqué, ce cœur. Perdu en territoire inconnu.

« On...Devrait finir. »

La brunette cligna des yeux une ou deux fois, avant de réaliser. Mais que faisait-elle donc ? Elle devait l'embarrasser terriblement, avec ses manières ! Parce qu'au fond, qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à faire, d'elle ? Elle était tellement différente de lui. La gamine et le titan. Quelle imbécile était-elle, au juste, pour ne serait-ce qu'essayer de devenir amie avec ce garçon ?
La gorge un peu sèche, elle retira sa main de la poignée qui s'éternisait.
Se remit à fixer ses pieds.
Quand on chasse le naturel...

« Enchanté. »

Un grognement, avant qu'il ne se retourne vers d'autres horizons, balayant la salle de classe par petits coups saccadés. L'adolescente osa vaguement relever les yeux pour le regarder un peu. Il avait l'air pressé de partir. Il devait sûrement avoir des choses très très importantes à faire. Peut-être que ses amis l'attendaient. Oui, peut-être. Elle ne voulait pas le déranger. Oh non, surtout pas. Ce n'était pas son genre, de s'imposer, où que ce soit. Elle préférait s'effacer. Et attendre qu'on vienne à elle. Aujourd'hui avait été une exception. Une étrange exception. Voilà tout.

« Moi de même. »

Elle toussota un peu, ne sachant que dire d'autre, avant de décider qu'il était peut-être préférable de ne rien dire du tout. Alors elle tourna les talons et alla chercher son balai, comme elle aurait dû le faire auparavant. Il était plus grand qu'elle lui aussi ; tant pis. Elle devait balayer. Elle balaya. Passa derrière les chaises, sous les tables. Elle se dit qu'elle se coucherait tôt ce soir, après ça. Elle se dit qu'elle aurait besoin de repasser sa jupe qui était toujours mal froissée, et puis qu'après elle lirait un livre, parce qu'avec un peu de chance elle parviendrait à s'occuper ainsi jusqu'au sommeil. Elle se dit que le lendemain serait une longue journée. Elle se souvint de cette lassitude qui l'avait prise ce matin là, cette inhabituelle lassitude, de celle qui ne vous lâche pas. Elle se demanda si elle serait encore là quand elle se réveillerait ou si elle aurait disparu. Elle se demanda d'où elle venait.
Elle avait pourtant une vie sans soucis.
Elle avait peur, elle ne savait pas parler aux autres correctement, elle n'était pas très jolie. Mais à part ça. A part ça. Tout allait bien. Elle avait de bonnes notes, rangeait sa chambre, se tenait droite, disait bonjour, disait s'il vous plaît, disait merci, disait au revoir. Sa vie était complète, n'est-ce pas ?
Alors pourquoi se sentait-elle aussi désabusée, soudainement ?
La veille tout allait pourtant bien.

Logée bien au chaud dans ses pensées, elle entreprit de classer les livres par couleur sur l'étagère du fond, parce qu'elle trouvait ça plus agréable que l'ordre alphabétique ou l'ordre de grandeur. Elle fredonna une bonne partie de son répertoire musical, constitué entre autres de vieilles chansons démodées qui lui plaisait comme à une grand-mère ressassant ses souvenirs, pour se donner un courage dont elle n'avait pas besoin. Elle était lancée, on ne pouvait plus l'arrêter. Elle passa le chiffon à poussières sur les bureaux, vida la petite corbeille dans le grand carton à ordures, remit de l'ordre dans les craies de toutes les tailles. Elle tourna, tourna et tourna, encore et encore.
Jusqu'à s'arrêter dans un petit soupir.
Fini, terminé. Il n'y avait plus rien à faire. Elle ne pouvait plus rien y faire.
Lentement, elle tourna la tête jusqu'au géant. Jusqu'à Sawyer. Essaya d'empêcher son cœur de refaire des siennes. Pas moyen. Soit. Elle apprendrait à vivre avec.

« Il me semble que c'est achevé. Je. Je vais y aller. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à venir m'en parler. Je serais ravie de vous aider monsieur Sawyer. »

Oui, c'est ça. Du haut de son mètre cinquante-trois, elle lui proposait son aide. C'était vraiment du grand n'importe quoi, le monde à l'envers. Mais tant pis. Elle s'en fichait, maintenant. Elle en avait assez des conventions. Elle voulait voir plus loin, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Devenir plus grande. Voir comment ça faisait.

Elle eut un léger sourire. Son sourire de minuscule jeune fille au cœur battant à trois cent à l'heure. Et puis elle hocha la tête comme pour dire au revoir, avant de passer la porte de la salle de classe et de la fermer derrière elle sans un bruit.
Elle avait une jupe à repasser, après tout. Et des sentiments à remettre en ordre. Beaucoup beaucoup de sentiments. Tous chamboulés par ce nom, gravé en elle comme on grave les serments dans le marbre. Ce nom qu'elle n'avait entendu qu'une fois, au cours de cette entrevue si courte, si courte. Au cours de cette entrevue si banale.
Pourtant tout bonnement inoubliable.

Sawyer.
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Spiraea
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MessageSujet: Re: ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire.   ❝ on devrait pouvoir en rire, on devrait pouvoir se taire. Icon_minitimeDim 30 Déc 2012 - 10:19

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❝ let's say you made a deal with me and i got your name and your home address and you're all trashed up with your big red belt.
Un coup de balais nerveux.

« Moi de même. » Retentit dans son dos entre deux coup de balais. Les doigts de l'adolescent se crispèrent sur le balais légèrement, la petite voix timide, ténue qui s'envole dans les air lui rappèle encore son geste, son aide à cette fille pas plus haute que trois pommes, à cette fragile gamine qu'il n'avait jamais vraiment remarqué dans la masse des élèves. Sawyer avait toujours été quelqu'un de particulièrement hésitant à s'ouvrir aux autres, il avait déjà de problèmes qui remplissaient sa tête de gosse pour simplement se soucier des autres bien qu'on puisse lui répéter un millier de fois que tout allait pour le mieux, que tout ne pouvait qu'aller bien. Il sentait que parfois, derrière les grands sourires rassurants, il avait cette expression inquiète qu'on tentait de lui cacher, il avait toujours senti que tout n'allait pas aussi bien que ce qu'on voulait bien lui dire, que la vie ce n'était pas aussi facile que de faire un pas après l'autre, que souvent c'était même beaucoup plus compliqué. C'était quelque chose d'énorme, d'immense qui l'écrasait, déferlait sur lui, qui le dépassait complètement. Et puis, l'enfant Smith avait toujours eu ce caractère plus réservé, plus discret sur ses propres sentiments, il avait toujours eu cette retenue ancrée dans sa nature qui avait rendu le contact avec ses semblables plus difficiles.

Il ne pouvait pourtant pas s'empêcher, à chaque fois, de secourir ce qui semblait l'appeler à l'aide, lui le géant, lui qui semblait si fort et se chargeait depuis toujours de ce désir d'aider, de protéger, de sauver, s'incombant de poids qui n'étaient pas toujours les siens. Et à chaque fois, il se mordait les lèvres nerveusement en se maudissant d'être si faible, si humain parfois et si peu posé, malgré son apparence assez abrupte qui laissait courir certains suppositions sur son compte. Ainsi Saw vacillait, dansait d'un pied sur l'autre entre sa compassion humaine d'un enfant qui avait finalement connu assez d'amour pour pouvoir avoir envie de le partager et cette peur, au creux du ventre, de contact avec ses semblables qu'il peinait à comprendre, approcher, parfois même supporter.

Le jeune Spiraea tourna timidement la tête vers sa comparse d'infortune qui semblait à présent totalement absorbée dans leur tâche ingrate : elle astiqua, frotta, fit briller, essuya, tria, rangea, traversant la pièce de ses petits pas légers, tournoyant sur elle-même comme une danseuse en chantonnant des chansons qui lui semblait d'un autre temps, qui contrastait avec le visage juvénile de l'adolescente. Elle était étrange : c'était comme si elle était déjà vieille à l'aube de sa vie, qu'elle se comportait comme une adulte sans en être réellement une, oscillant entre l'enfance et la vieillesse. Il suivit encore quelques instants sa silhouette menue se faufiler avec aisance entre les bureaux, là où il avait un peu plus de mal, et voltiger sur le parquet grinçant avec son petit air concentré comme si rien ne pouvait la déconcentrer de sa tâche.

Sawyer ne fit que passer le balais, plus maladroit et beaucoup moins habile dans les arts ménagers : il avait bien tenté d'apprendre, ce qui avait fait rire aux éclats sa génitrice, qui ne le prenait pas au sérieux du haut de son mètre quarante, ce qui l'avait assez offusqué pour qu'il se montre plus récitent. Elle ne l'avait jamais vu comme un adulte, même quand il faisait deux têtes de plus qu'elle avec sa voix grave : c'était resté son bébé qui ne devait pas grandir trop vite. C'était resté le gamin a l'air grognon avec quelques muscles et quelques centimètres en plus, c'était resté celui qui avait besoin d'elle pour tout alors que lui, se sentait le devoir de s'occuper de cette insouciante trentenaire un peu trop candide. Alors, il avait toujours cherché à grandir plus vite pour qu'elle le regarde enfin comme un adulte, à parfois en oublier les choses plus importantes.

« Il me semble que c'est achevé. Je. Je vais y aller. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à venir m'en parler. Je serais ravie de vous aider monsieur Sawyer. » Le fils Smith tourna lentement la tête vers la jeune Antonelli, les lèvres boudeuses et les sourcils froncés, sceptique. Il n'était pas sûr si c'était le soulagement de voir la corvée terminée plus rapidement que redoutée, le fait que la fragile môme lui propose son aide alors qu'il aurait pu la jeter par la fenêtre si l'envie le prenait soudain ou bien encore le Monsieur Sawyer auquel, décidément, il lui était difficile de s'accoutumer. Elle lui adressa un petit sourire, minuscule, timide, hésitant sur ses lèvres roses mais, elle semblait sérieuse, tout à fait sérieuse dans sa proposition. Alors, il lui sourit, un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'à autre chose, un petit sourire un peu maladroit comme s'il ne savait plus comment faire et il garda pour lui son scepticisme, ses réflexions intérieures. Il fit comme si, finalement, ils n'avaient jamais existés.

Nia hocha la tête dans un signe sûrement d'au revoir et disparut derrière de la porte de la classe, sans un bruit, se perdant dans l'immensité de l'établissement. Saw eut à peine le temps de lui faire un vague geste de la main, un peu gêné. Il s'essuya le visage du revers de sa main dans un profond soupir épuisé : c'était comme si son cerveau s'était déconnecté de son corps pendant tout ce temps et qu'il ressentait enfin toute la lourdeur de ses muscles endoloris, pesants qui le tiraient en avant, vers le sol. Son regard s'attarda sur l'extérieur : le soleil avait disparu dans l'horizon, dans l'obscurité on pouvait distinguer quelques lumières de réverbères et dans le lointain, celles du pokévillage endormi.

L'adolescent s'attarda encore un peu avant de finalement s'étirer et quitter les lieux jusqu'à son dortoir, mains dans les poches, tête enfoncée entre ses épaules et un étrange sentiment au fond de la gorge de cette pourtant si banale rencontre.
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