Leonel Stone, c’était ce gamin passe-partout. L’invisible. Celui qui, dans un film, décrocherait, sans aucun problème, le rôle de figurant, tellement il était passif. Parce qu’à Alcea, rien ne l’intéressait vraiment ou presque. Certes, l’Académie ne s’agissait pas d’une perte de temps; il avait eu la chance de faire maintes rencontres. Des intéressantes, comme des moins. Par exemple, Charlie, une adorable gamine d’à peu près son âge, avec qui manger était une vraie joie. Il y avait Hestia, une vraie folle, maniaque, hystérique, dont il s’était promis de ne plus jamais croiser. Bref, Alcea, il s’agissait-plus de l’aspect sociale de la vie, même si paradoxalement, Stone était un véritable handicapé social.
Ah oui. Alcea Rosea n’était pas une école comme les autres; c’était une école d’élite. Construite dans l’unique but de créer la crème de la crème, parmi ceux qui côtoie les pokémons. Le problème dans tout ça : Leonel Stone était une bouse en tout ce qui concernait nos amis les pokémons et compagnie. Il n’y portait pas un grand intérêt, car il n’en voyait pas l’utilité. Mais. Il ne les maltraitait pas.
Et lorsqu’on rassemblait toutes ces raisons; un truc clochait.
Le spiraea fixait, de ses grands yeux bleus, la porte qui lui faisait face. Une porte donnant vers l’inconnue. Mais cette phrase était fausse, car Stone savait fort bien ce qu’il y avait derrière : Joyce King. Pour Leonel, cette jeune femme représentait la secrétaire atypique. Il la saluait de temps à autre lorsqu’il avait la chance de la croiser. Elle faisait partie des gens qui tentaient tant bien que mal de le motiver.
Lorsqu’il avait quitté Akarie sur la Battlefield, pour une étrange raison, c’était cette jeune femme qui lui était apparue. Dernièrement, il avait le sentiment d’être un fardeau et d’anéantir tous efforts de la jeune dame et quelque part, bien au fond de lui, un petit sentiment de culpabilité s’était formé. Tenant son marill entre ses mains, il regarda à gauche, puis à droite, à la recherche d’un courage invisible. Les mains occupées, Stone avait pensé cogner à la porte avec la tête de son pokémon, mais plus il y réfléchissait, plus il se disait que l’idée était plus que mauvaise. Tapant avec ses pieds, à la place, il éleva la voix, rien de trop fort :
▬ Euhm, madame Joyce? Il attendit. Aucune réponse. Sûrement ne parlait-il pas assez fort. Madaaaame Jooooooyce?
Rien. Il fallait avouer que vocalement, il ne faisait aucun effort pour se faire entendre et que la seule façon dont la jeune femme pouvait se douter d’une présence derrière sa porte était que le faible bruit de coups de pied.
▬ J’ai, euhm, une chose à vous montrer…