La serre. Cela faisait bien longtemps qu’Anya n’y avait pas mis les pieds, et elle se demandait bien pourquoi. C’était un endroit calme, apaisant. Un petit coin de paradis à l’intérieur de l’académie, seulement peuplé par quelques pokémons plante. Il n’y avait pas énormément de monde qui y allait, aussi. Raison de plus pour qu’elle y aille. Au moins elle serait au calme pour son planning du jour.

Anya jeta un petit coup d’œil à sa Lixy, qui trottinait paisiblement à côté d’elle. Elle venait juste de la capturer, mais déjà elle remarquait certains traits de caractère. Par exemple, elle avait vu dès sa capture qu’elle était un peu peureuse et timide, malgré sa bonne volonté. C’était pour ça qu’elle se promenait aujourd’hui avec elle. De une , cela lui permettrait de la connaître un peu mieux en observant ses réactions à l’extérieur, et de deux, c’était un moyen moins agressif que de l’envoyer au combat sans prévenir. Pour le moment, tout se passait bien. Le petit pokémon électrique semblait fasciné par toutes les plantes autour de lui et ne tentait pas de s’enfuir. Quand Anya et sa nouvelle équipière s’arrêtaient, la Lixy se posait toujours à côté d’elle, frottant parfois sa tête contre sa jambe , ce qui lui attirait invariablement un sourire et une petite caresse. Et la petite lionne bleue en redemandait. Cela laissait présager un tempérament doux et affectueux. Quelle différence avec Gobou, qui n’était pas vraiment câlin et plutôt du genre solitaire. Il n’aimait pas tellement les caresses, mais était plutôt sensible aux félicitations vocales. Un « C’est bien », et il était satisfait. Mais qu’elle essaye de le caressait, et il se tortillait comme une anguille. C’était une première.

Alors qu’elle passait une allée de plantes, elle entendit distinctement :

« Qui va là ? »

Oups. Elle qui se pensait seule. Lixy manqua de sursauter. Elle chuchota un « Du calme. Il n’y a rien à craindre. »,ce qui sembla la calmer un peu, même si le pokémon électrique restait sur ses gardes.
L’ennui avec ce genre de questions, c’est qu’elle ne savait pas quoi répondre sans avoir l’air stupide. Alors elle se rapprocha, jusqu’à arriver en face de la personne interpellée – du moins, elle était partie dans la bonne direction -, demanda à Lixy de faire un peu de lumière – il faisait sombre -, et eut un temps de pause.

Whoah.

Son interlocutrice était…verte. Ses cheveux étaient verts, ses yeux étaient verts. Ses vêtements, eux, étaient très colorés. Contraste avec la robe bleue sombre de la jeune femme, qui était d’une simplicité frappante, sans motif ni broderie. La personne en face d’elle tenait un calepin et un crayon ; Anya ne pensait pas trop s’avancer en disant qu’elle venait de faire des croquis des plantes présentes dans la serre. Autre signe remarquable, un adorable Evoli se tenait à ses côtés. La Narcissus sentit ses papilles d’éleveuse s’éveiller.

Cependant, Lixy fit une chose à laquelle sa dresseuse ne s’attendait pas : elle s’avança d’une démarche un peu hésitante, pour aller examiner l’Evoli et faire connaissance.

Re-Whoah.

Visiblement, elle était tombée sur une amoureuse des plantes, au vu de la manière dont la fille aux cheveux verts s’enflammait. En soi, ce n’était pas un problème, chacun était libre d’avoir ses propres centres d’intérêt. C’était même plutôt agréable en face de soi quelqu’un de réellement passionné. La plupart des gens n’aimaient les choses qu’en surface, de façon occasionnelle ; les vrais passionnés, ceux qui se dévouaient vraiment à une cause, les vrais spécialistes, eux, se faisaient rares. Et nul doute, pour la Narcissus, que son interlocutrice appartenait à cette dernière catégorie. Le seul problème étant son ton qui se faisait légèrement agressif. Rien de très engageant. Rien qui ne puisse pousser la blonde à faire des efforts pour rendre son propre ton plus engageant.

« Inutile de s’énerver comme ça » lança-t-elle d’un ton sec. « Je préfère simplement savoir à qui j’ai affaire lorsque j’ai quelqu’un en face de moi. »

Du moins physiquement ; il était assez frustrant de ne pas voir son interlocuteur ou son interlocutrice. En parlant d’identité, Anya était sûre et certaine que cette jeune inconnue n’appartenait pas à la maison Narcissus ; elle l’aurait croisée sur le domaine, si cela avait été le cas. Et si elle l’avait croisé, il était évident qu’elle s’en serait rappelée, vu qu’on ne pouvait pas vraiment dire que son interlocutrice passait inaperçue… Ses cheveux verts, pour ne citer que ça, ne pouvaient pas être décemment qualifiés de discrets. Conclusion : elle n’avait pas une Narcissus en face d’elle.

Timidement, l’Evoli et la Lixy se reniflèrent. Au moins le pokémon Evolutif ne semblait pas du genre agressif et prompt à mordre. En règle générale, les Evoli étaient de toute façon des pokémons assez doux et câlins. De son œil aiguisé d’élève en master d’élevage, Anya pouvait dire que celui-ci était bien traité et semblait très heureux. Un bon point pour l’inconnue. Celle-ci, visiblement attendrie par la scène, s’accroupit et gratouilla le haut du crâne de Lixy ; Anya faillit grincer des dents, n’appréciant guère qu’on touche à ses pokémons sans sa permission. Le pokémon électrique se laissa faire en ronronnant presque d’aise. Elle était affectueuse, la petite, malgré sa timidité. Et comme elle n’avait pas eu peur ou réagi violemment, c’était plutôt bon signe. La méfiance de la Narcissus baissa d’un cran – encore plus lorsque la fille aux cheveux verts complimenta son pokémon.

« C’est une femelle, en fait. Mais merci du compliment. »

Manière comme une autre de détendre la situation, avant de souffler à Lixy qu’il n’y avait plus besoin de lumière ; l’obscurité tomba d’un coup sur la serre. Et visiblement, elle ne s’était pas trompée : son interlocutrice aimait les plantes, mais aussi les pokémon plante. Elle aurait dû s’en douter.Bon, essayons –presque – d’être diplomate. Elle n’aimait pas les conflits.

« Je n’ai pas pour habitude d’utiliser de pokémons plante dans mon équipe, mais j’avoue que Tortipouss et sa famille d’évolution sont plutôt intéressants. »

Intéressants. Le mot était faible. Elle adorerait en avoir un, oui.