Comme à son habitude, Martha vadrouillait plus ou moins calmement dans les couloirs de l'académie. Bon certes, elle profitait toujours d'une maladresse pour agresser quelqu'un comme une vieille mégère en mal d'amour, mais elle se promenait plus ou moins normalement sans causer de réel gros problème. Elle se dirigeait à présent vers un de ses endroits préférés : la salle des trophées des Narcissus.
Certes il était dit que les membres de la Team Astria se sentaient au dessus des quatre maisons, mais Martha, dans sa grande mégalomanie, ne pouvait se résoudre à renier la maison à qui elle appartenait. Au final, ça reviendrait à se renier elle même, ce qu'elle n'était pas près de faire.

Mais le problème ne venait pas de là, bien au contraire. C'était presque la partie la plus facile de la balade ! A chaque fois qu'elle voyait la masse de trophées, le coeur de la fille aux cheveux roses se serrait par l'émotion. Une émotion tellement forte qu'il fallait bien qu'elle explose un jour ; et ce jour était aujourd'hui. Se croyant seule au milieu de la salle, la dixième membre de la Team Astria se mit à hurler de frustration. Elle aurait bien tout cassé si elle l'avait pu mais il n'était encore une fois pas question de toucher à toutes ces choses qui faisaient la fierté des Narcissus et par extrapolation : sa fierté.

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! POURQUOI EST-CE QU'IL Y EN A SI PEU ???!!!"

Le cri raisonna dans l'enceinte des murs de la salle. Elle était dans une colère noire et son visage était plus proche de celui d'un monstre que d'une jeune fille de vingt-et-un ans qui profitait pleinement de la fougue de la jeunesse pour s'amuser avec ses petits camarades sous la douce chaleur du soleil. Ah ça non ! Pas question de se prélasser quand la maison des Narcissus commençait à se dégrader ! Toutes ces vieilleries n'étaient que façade ! Peu de trophées étaient assez récents pour qu'elle se souvienne de leur obtention ! Il fallait trouver un moyen de remédier à ça, et vite !

La salle des trophées de la maison Narcissus. Je n'y allais que rarement. Mais bon, on venait de m'apprendre qu'il y avait eu d'installé les portraits des préfets Narcissus, actuels comme anciens. Cela avait piqué ma curiosité, et j'avais décidé d'aller jeter un oeil à ça... Je marchais tranquillement dans les couloirs, rejoignant la salle où étaient exposé nos trophées... Il y en avait un bon nombre, mais beaucoup étaient anciens et couverts de poussière... Je fis rapidement le tour de la pièce, observant un par un les trophées. Coupes, médailles, insignes... Il y avait un peu de tout...

Puis, je les vis. Ah... Ces chacals, ils l'avaient vraiment fait ! Ils avaient fait réaliser des portraits de nous et les avaient installés là... J'avais pourtant dit que j'aimais pas qu'on fasse de représentation de moi... Encore, une photo, passe encore, mais une peinture... Enfin, je devais m'estimer heureux, au moins, elle n'était pas ratée... Je soupirais et fixais les quelques portraits installés ici... Aux côtés du mien se situait celui de mon "collègue", Alexei.

Mais je fut sorti de ma réflexion par un cri. Je me retournais rapidement. Et moi qui pensais que j'étais seul ici... Martha. Une des notres, étant rentrée à Astria. La numéro dix si je ne m'abuse... Enfin, je me demandais pourquoi elle était si en colère...

Martha ? Mais... Mais... Mais pourquoi tant de haine ?

Tch. Cette question à la con que je venais pas de poser moi...

Un étrange type vint la perturber dans sa crise de colère journalière. Un rapide coup d'oeil vers l'individu lui permit de l'identifier approximativement. Il devait sans doute s'agir du type peint sous l'enseigne "Préfet des Narcissus", ou de son sosie, ce qui était tout à fait possible. Enfin bref,si elle avait su qu'il suffisait de demander de l'aide pour en avoir, elle l'aurait fait avant. Cependant, il ne fallait pas qu'elle se fasse berner. il aurait été naturel qu'un élève tente de copier le style du représentant des Narcissus, bien que cette personne soit alors la pire des sous-larve imaginable.

Mais il ne fallait pas qu'elle se perde encore dans ses médisances. Ca avait tendance à arriver un peu trop souvent et cela finirait par lui porter préjudice un jour ou l'autre. Il fallait qu'elle arrive à se mettre dans le crâne qu'il fallait répondre rapidement aux personnes qui lui posaient des questions plutôt que de les regarder bêtement avec un sourire niais au possible. C'est donc en désignant la salle d'un large mouvement circulaire du bras que la jeune femme aux cheveux roses illustra ses propos, ces derniers prononcer sur un ton qui inspirait tout sauf le calme. On sentait la colère palpable dans ses mots, sa voix était glaciale et sa langue acérée. On aurait pu penser qu'elle rejetait toute la faute sur le pauvre délégué.

"Ca ne te dit rien ça ? Dis moi ce que tu vois, sérieusement. Allez dis moi ! Moi je vois tout un tas de vieilleries dont même nos grands parents ne pourraient certifier l'origine. Je vois une mince poignée de gloire exposée comme un véritable coffre aux trésors ! Narcissus mérite mieux que ça ! Narcissus doit avoir mieux que ça ! Et c'est le devoir des préfets de remédier à ça !"

Sa voix n'était que hurlements, elle ne faisait même pas attention aux postillons qu'elle crachait sous l'effet de la colère. Ses exigences étaient à la hauteur de celles que son père avait eu à son égard durant toute sa jeunesse, bien que ne l'avouât jamais. En attendant, il fallait que le pauvre Crow tienne le coup...

Azy. encore une folle. Déjà qu'on avait Sphyrna, avec Martha... Elles faisaient la paire ces deux là. Il aurait fallu que quelqu'un les calme mais... J'arrivais déjà pas à calmer Sphyrna, alors Martha... Idem. Je levais un bras que je plaçais en opposition, afin de me protéger des postillons qui volaient un peu partout... J'attendais patiemment que la tempête se calme... Ah... Ca ne l'avait pas arrangée de rejoindre Astria... Je soupirais alors, et lorsqu'elle eut fini de hurler, je repris la parole.

Du calme, du calme... D'abord, ces trophées appartiennent aux anciens Narcissus, ils sont le témoignage de leur renommée. Après, c'est à nous de placer les notres ici. Seulement, on ne peut pas placer de symboles de notre gloire si nous n'avons aucune occasion d'en gagner... Enfin, le tournoi de l'académie nous permettra surement de ramener une coupe dans cette salle, mais sans occasions de briller, nous ne pouvons rien faire...

Je soupirais alors et allais m'asseoir à la table qui trônait au centre de la pièce, regardant autour de moi. Il était vrai que les étagères grouillaient de vieux trophées. Aucun de vraiment récent... Il fallait vraiment changer ça, elle avait relativement raison sur ce coup... Oui, pour une fois, elle avait raison ! Ca changeait de d'habitude... Enfin bref, je ne ferais pas de commentaire supllémentaire...

Merci capitaine Évidence ! Il pensait réellement lui apprendre quelque chose en lui annonçant à quoi servaient ces trophées et s'où ils venaient ? Bien sûr qu'il n'y avait pas eu beaucoup de raisons encore cette année de gagner quoi que ce soit d'officiel, mais ce n'était pas une raison ! Martha avait du mal à imaginer que leurs ancêtres Narcissus se soient contentés des célébrations officielles pour essayer d'obtenir des récompenses ! Était-il seulement possible que la grande maison ait pu chuter à ce point dans ses ambitions ? Non, elle ne pouvait le reconnaître sous aucun prétexte ! Les Narcissus ont toujours été les meilleurs et il était impossible que cela change d'une quelconque façon ! Même si elle devait y laisser ses cordes vocales, elle ferait comprendre la noble destinée des Narcissus à ce minable préfet se contentant de ce qu'il avait.
Hargneuse comme toujours, dans ses aboiements à présent habituels, la dixième représentant d'Astria s'époumonait pour faire entendre raison à ce pauvre fou. S'il ne perdait pas la raison, il risquait d'y perdre l'ouïe, ce qui pourrait être gênant au long terme.


"On ne peut rien faire... ON NE PEUT RIEN FAIRE ??!! Qui as tu soudoyé pour rentrer chez les Narcissus ? Un Narcissus fait tout pour parvenir à ses fins, il n'attend pas docilement qu'une occasion se présente sous son nez pour la saisir ! Nous sommes ambitieux, nous sommes courageux, nous sommes les meilleurs ! Narcissus aura des trophées, même s'il faut créer les situation adéquates nous même !"

Espérant qu'elle n'avait pas perdu son interlocuteur, un éclair de sobriété la ramena au calme. Souriant langoureusement tout en reprenant la parole d'une voix mielleuse, Martha se mit à tourner autour du préfet comme une hyène autour d'un cadavre.

"Si tu manques d'idées, je suis prête à t'en donner... Que dirais-tu de sauver un pauvre petit Spiraea d'une situation critique arrivée totalement par hasard, sans qu'un des nôtres ne soit à l'origine de ce triste drame. Au pire, s'il lui arrive pleinement malheur, l'école ne perdra rien de précieux et si tu réussi, nous gagnerons une médaille d'honneur pour sauvetage et aide à l'académie... Alors... Ça t'inspire ?"

Ton expression n'avait pas changé. Elle s'était contentée de s'arrêter à l'endroit où elle était à la fin de sa phrase pour se tourner vers son vis-à-vis, même si ce dernier ne la voyait pas. C'était une bonne occasion de tester la noblesse d'âme du garçon et d'étendre son emprise sur Narcissus. Il y avait de grandes chances que son plan marche, et même si ce n'était pas le cas, elle ne manquait pas de nouvelles idées...

Pfiou. Franchement, cette fille est dingue. Encore plus que moi. Nan, attendez. Eh ! Mais ! Je ne suis PAS dingue ! Quoique... Rah. Non. JE. NE. SUIS. PAS. DINGUE ! Bref. Je l'écoutais cracher son venin, attendant qu'elle se calme. Nan mais je la connaissais quand même un peu hein. Et qu'est-ce que je disais ? Elle venait de se calmer. Enfin. Je la vis reprendre un faciès souriant. Elle affichait encore ce sourire... Un sourire charmeur, mais vide. Je ne le savais que très bien. Je l'avais vu tant de fois...

Mais bon, je souriais légèrement en l'entendant changer de ton. Je fermais mon oeil valide et l'écoutais parler, me laissant porter par ce ton si mielleux et si doux. Je savais bien qu'il ne s'agissait que d'une façade, mais tant pis... Puis, je l'entendis exposer son plan. Je me raidis alors sur mon siège. C'était un plan dangereux mais... Il transpirait le danger. L'aventure. Et c'est ce genre de choses qui me plaisaient... Mais tout de même... Risquer la vie d'un élève... D'autant que j'avais des amis Spiraea... Je pensais d'ailleurs à Danny en revoyant les cheveux roses de Martha...

Je rouvris les yeux, sans bouger, réfléchissant. Merde. Reculer devant un danger, devant une aventure ? JAMAIS ! Ce serait jeter l'opprobe sur mon nom ! Mais tout de même, mettre une vie en danger... NON. Autant ne pas y penser. Au pire, je mettrais ma vie en danger si il le faut, mais je ne reculerais pas. Si il y a du danger, je répondrais présent. Je n'avais jamais dit non devant l'adversité, c'était une question d'honneur. Mon cousin m'avait inculqué ces règles, et j'allais les suivre... Mais il faut dire qu'en tant que mafioso, l'honneur était un point crucial pour ce cher Alejandro...

Oui, ça m'inspire... Je suis partant... A toi de me dire ce que tu compte organiser...

Je me levais alors, et me tournais vers elle, une expression de sérieux froid et de détermination sans faille sur le visage, malgré un léger sourire. J'étais prêt. J'étais excité. De l'aventure. De l'action. Comme au temps de ma fugue, où je courrais sur les routes pour échapper à mes parents et aux hommes qu'ils avaient lancés à mes trousses... J'allais pouvoir ressentir à nouveau cette adrénaline si particulière...

Le sourire de Martha s'élargit encore davantage, transformant son expression faussement amicale en véritable masque d'horreur. Tout son côté malsain semblait percer au travers de son visage, comme si enfin la première carapace qu'elle avait formé venait de s'écrouler. C'était déjà un bon début pour comprendre l'individu qu'elle était, mais malheureusement, personne n'avait le courage de creuser plus loin, loin dans le raisonnement d'une jeune fille folle préférant paraître pour ce qu'elle n'était pas dans le simple but de se protéger. Mais personne n'avait besoin de savoir la vérité. Personne ne voudrait la connaître de toute façon. Personne ne pouvait comprendre l'enfer qu'elle avait vécu durant ces vingts années. Et au delà de tout, elle ne voulait pas qu'ils sachent. Elle ne voulait pas repenser aux baffes de son père lorsqu'elle ne ramenait pas la meilleure note de la classe, ni les réflexion horribles de sa mère lorsqu'elle prenait un peu de poids. Non, elle ne voulait pas y repenser et encore moins en discuter avec les autres. Elle n'était plus la petite Martha fragile qui courbait l'échine. Elle était la grande Moon de la Team Astria, destinée à dominer le monde à sa manière, imposant ses propres lois à tous ces dresseurs en herbe !

Perdue dans ces délires, la jeune femme craqua sous la pression de ses souvenirs. Immobile, elle se mit à rire telle une démente, la gorge déployée. Son rire strident résonnait dans la salle comme un écho de folie croissant, ne laissant aucun doute sur l'état de santé du chewing-gum.
Une minute s'écoula avant que le rire ne s'arrête, laissant Martha essuyer discrètement le coin de ses yeux. Reprenant ensuite la discussion comme si rien ne s'était passé, elle ne donnait pas cher payé du pauvre préfet qui ne devait plus savoir où se mettre. Sa voix était redevenue mielleuse malgré ses joues rougies et son regard était encore plus vide que la tête d'une blonde.

"Alors voilà, écoute bien ce que je vais te proposer... Dans ce plan, je jouerai le mauvais rôle afin que la maison des Narcissus n'ait pas a payer le prix fort si la situation tourne mal ou que nous soyons découverts. Dans ce cas, tu n'auras qu'à tout mettre sur le dos de la Team Astria, notre réputation n'est plus à ça près. Nous opérerons à la fin des cours, dans une salle vide ou presque. Il nous faudra trouver une salle où un seul élève, une personne faible de préférence, restera, que ce soit pour réviser ou autre. Je m'occuperai de l'enfermer dans sa salle discrètement avant de redescendre pour causer le trouble en mettant le feu à la pièce."

Anticipant les questions de son vis-à-vis, elle fit signe avec sa main de s'arrêter afin de la laisser finir son monologue. C'est donc sans marquer de pause qu'elle enchaîna.

"Je t'enverrai le signal depuis l'extérieur avec l'aide d'un miroir qui réfléchira la lumière dans ta direction. Dès que je lancerai l'incendie, tu te dirigeras vers la salle, faussement alerté par l'odeur de la fumée qui n'aurait normalement pas le temps de se propager aussi vite. Tu sauves donc la personne en défonçant la porte précédemment verrouillée et éteins l'incendie avec un pokémon eau si tu en as un ou avec un extincteur que je mettrai à ta disposition lorsque nous aurons localisé la cible. Après ça, tu deviendras le héros de l'école sans aucun soucis je pense..."

Elle savait qu'elle creusait la réputation de la Team Astria en faisant ça, mais elle s'en moquait pas mal. La Team possédait l'influence nécessaire pour faire taire les commérages et dissuader les curieux. Elle laissa donc la parole au pauvre préfet, qui se retrouvait sans aucun doute mêlé à une affaire dont il ne mesurait pas encore tout à fait l'ampleur.

Pff. Complètement folle. Complètement. Son rire... C'était tellement... Dérangeant... Ca pourrait presque me faire froid dans le dos tiens... Mais... Quand je l'entendais m'exposer son plan, je me disait que c'était inquiétant. Elle était folle, mais elle savait aussi raisonner de façons tellement logique. Et ce avec une froideur et une aisance telles... Non, franchement, elle faisait froid dans le dos par moments... Je soupirais à nouveau avant de répondre.

Hum. Oui, ça devrait marcher. Mais il faudra bien choisir notre cible... Pourquoi pas un Spiraea tant que nous y sommes ?

Oui, quitte à mettre en danger une vie quelques instants, autant que ce soit un Spiraea. Si nous le perdions, ce ne serait pas une grande perte. Et puis, un Lychnis serait trop dur à coincer dans une salle de classe, tandis que sauver un Menthae... Voilà qui ne rapporterait aucun prestige... Non, un Spiraea serait la cible parfaite. Restait à trouver lequel...

Bref, est-ce que je te laisse tout planifier et organiser, ou est-ce que tu auras besoin d'aide ?

C'était là la question. Il valait mieux être prudents dans nos préparatifs pour ne pas attirer l'attention. Après tout, un tel plan devait être extrêmement bien préparé, et surtout, il devait l'être à l'avance...

Martha haussa un sourcil face aux propos du préfet. Sauver un Spiraea ? mais c'était exactement ce qu'elle lui avait proposé deux minutes plus tôt ? Mais il ne fallait pas s’énerver pour si peu, il était probable que ce soir la méthode de son camarade pour dire qu'il approuvait son plan ! Oui, ça devait sûrement être ça. Quant à l'organisation, Martha avait besoin de quelques secondes pour y réfléchir. Posant son menton dans sa main dans une pause de concentration, la jeune femme aux cheveux roses mis en place tous les aspects de son magnifique plan. Déjà, il était clair qu'il fallait commencer par identifier la victime. Pour cela, elle se chargerait d'épier discrètement toutes les salles de classe de l'académie tous les soirs de la semaine afin de vérifier s'il y avait des Spiraea un peu trop studieux qui pourraient être utiles. Elle se chargerait également d'envoyer le signal par un endroit situer face à la salle mais où on ne la verrait pas. Seul le faisceau du miroir devrait être visible. Auparavant, il faudrait qu'elle installe un dispositif d'extincteur à la sortie de la salle de classe. Elle ferait sûrement ça la nuit, lorsque personne ne passerait dans les couloirs. En calculant grossièrement le temps que tous les dispositifs soient mis en place, Martha en arriva à une conclusion qui ne l'égaya pas spécialement.

Grimaçant, elle répondit au préfet sur une voix quelque peu contrariée. Le regardant droit dans les yeux, elle lui annonça sa tâche. Après les trente secondes de silence, elle n'aurait pas spécialement parié que ses paroles soient d'un vrai réconfort.

"Je m'occupe de tout le sale boulot, tu n'auras théoriquement que deux choses à faire si tout se passe bien : attendre mon signal et sauver la demoiselle en détresse. Hmmm... En fait il faudrait aussi que tu essaies de ne pas trop attirer l'attention de la victime sur toi à partir du moment où j'aurai localisé la cible. Il faudra vraiment que tu aies l'air d'un preux chevalier sorti de nul part. Le jour où je te dirai qu'on agira, tu devras rester dans la salle de cours qui sera à côté de celle de la victime, faisant semblant de travailler. Tu seras du côté fenêtre et quand tu recevra le faisceau en pleine face, tu t'apprêteras à foncer vers la salle, et surtout pas avant ! Tu n'oublies pas l'extincteur surtout !"

Martha marchait de long en large dans la pièce, comme un général qui expliquerait un plan de bataille à ses troupes. Sans même marquer de pause, elle enchaîna ses ordres.

"Je te repréciserai au moment voulu les détails, mais globalement, la scène devrait se passer de la sorte : je ferme la salle de la victime, tu attends dans la salle d'à côté, je descends mettre en lace le système d'incendie puis retourne dans la cour t'envoyer le signal. Ensuite tu prends l'extincteur, défonce la porte et récupère tous les honneurs. Des questions ?"

Ca paraissait simple mais un point restait encore flou pour Martha. Le système pour mettre le feu à la pièce lui paraissait clair mais il faudrait qu'elle s'informe du système d'alimentation électrique de l'école pour être sûre que tout se passe bien. Elle avait maximum trois semaines pour tout faire, elle avait intérêt à se bouger, et plus vite que ça. Directement après cet entretien, elle se chargerait commencer le repérage.

Hum... Oui. C'était clair, net et précis. Je fronçais les sourcils et réfléchissait. Son plan était bon, mais il fallait arriver à tout mettre en place. Mais je lui faisais confiance. Même si elle était folle, je savais qu'elle pouvait faire preuve de bon sens lorsqu'elle le voulait. Bah, c'était Moon après tout... Mais elle avait l'air contrariée par le fait de devoir presque tout planifier elle même. J'aurais aimé l'aider, ne serait-ce qu'un peu, mais je ne savais absolument pas pour quoi...

Je pensais avoir une ou deux idées de victimes, mais. Ne pas me faire remarquer par notre future victime ? Tss. Moi qui pensait à Danny... Je ne sais pas... Ne pas me faire remarque impliquait que je l'ignore et que je l'évite... Et cela risquait de la faire tiquer... Oui, j'avais des amis Spiraea. Dont la demoiselle... Mais je la voyais toujours dans le plus grand secret. Elle préférait que l'on ne sache pas que nous trainions ensemble... Mais bon, je ne voyais pas qui d'autre pourrait faire l'affaire...

Hum... Non, pas de questions... Quand est-ce qu'on organise ça ? Et... Tu veux de l'aide pour le repérage ?

Ouais, je pouvais toujours proposer mais... Est-ce que ça ne paraitrait pas bizarre, deux élèves qui épient les salles de classes ? Nous prenions déjà suffisamment de risques comme ça...

"Non, tu ne fais rien d'autre que ce que je t'ai dit de faire. J'aimerais que le travail soit bien fait et je n'aurai pas l'esprit tranquille si je ne m'occupe pas moi même des étapes importantes. J'organise ça toute seule et je tenterai de te prévenir par Vokit tard dans la nuit pour être sûre que tu sois seul. Par contre, tu as intérêt à vraiment exécuter mes ordres à la lettre près. Si tu foires une seule des parties que je t'ai confié, tu mettras tellement la honte à Narcissus que je n'apprécierais même pas être à ta place pour le châtiment que tu vas subir. Je me demande s'ils préféreront t'humilier toute l'année à la moindre occasion ou au contraire te renier comme si tu valais moins qu'un Spiraea ? Dans tous les cas, si la faute te retombe dessus, je romps notre accord et ferais comme si nous n'avions jamais rien prévu ensemble. Compris ?"

Ca avait été clair, net et direct. Martha avait répondu de manière spontanée et sèche. Elle avait bien appâté le jeune homme en lui présentant les risques que la Team Astria encourait mais il était temps de le mettre au pied du mur avec ce que lui risquait. Il devait lui être reconnaissante de ne lui avoir attribué que quelques tâches en apparence simplettes. Mais comme souvent, ce qui parait le plus évident doit être le mieux réussi. Elle avait la partie la plus chargée mais c'était lui qui devrait convaincre le public en sauvant la victime ! L'avantage d'être celle qui travaillait dans l'ombre sciait très bien à Martha qui sourit en tournant le dos au préfet.

"Et tu ferais bien de travailler ton jeu d'acteur, j'attends de toi une entrée en scène fracassante digne des Narcissus. Ne manque pas à ton devoir et je ferai le mien avec toute l'assiduité convenue. Je suis impatiente d'y être mais en attendant, il va nous falloir de quoi nous joindre facilement. Je t'appellerai dans la soirée pour que tu aies mon numéro."

Et elle partit de la salle, majestueusement, laissant le jeune homme sur place. C'était théâtrale et parfait pour Elle, la Meilleure des Narcissus. Compatissant un instant pour lui, elle se dit qu'il n'avait qu'un mois à tenir.