Dring Dring. L'horloge sonna enfin la fin des cours. Mes élèves rangèrent donc leurs affaires et quittèrent en toute hâte la salle où ils venaient de passer toute l'heure à m'entendre raconter mes salades...Ou plutôt devrais-je dire mes cours. Bref, voyant qu'il n'y avait plus aucun académiciens dans ladite salle, je me mis moi aussi à ranger mes papiers dans mon porte document tout en m'exclamant :

« Youpi. La journée est terminée ! »

Vous l'aurez donc compris, j'étais moi aussi heureux d'avoir terminé mon travail. Non pas qu'il eut été véritablement épuisant, loin de là mais tout de même. Ça me faisait toujours quelques chose de finir les cours. En effet au même titre que mes élèves, j'éprouvais une sensation de satisfaction et de bien-être immense une fois sortis de ma salle de classe. Toutefois aujourd'hui en plus de sentir ces deux sentiments mon nez repéra autre chose. Une odeur qu'il avait l'habitude de sentir en des lieux ô combien différent d'Alcea Rosea. Oui, je sentais une odeur d'alcool, de vodka même pour être précis. Ne me regardez pas comme ça je n'y étais pour rien ! Je bois très fréquemment, certes mais je n'enfreins pas les règles, moi ! Je tenais bien trop à mon travail pour passer outre le règlement de l'école qui stipulait formellement que l'alcool, la cigarette ou tout autre produit de ce type étaient totalement prohibés dans l'enceinte de l'établissement. Revenons-en donc à nos moutons. Quelqu'un buvait ou au moins avait bu par ici. D'ailleurs, l'odeur semblait provenir d'une poubelle non loin de là. M'avançant vers elle, je plongeais mon humble dextre dans cet amas de merde – oui, ne nous glorifions pas la crasse – quand soudainement j'entendis la porte de la salle de classe voisine de la mienne s'ouvrir. Je vis alors ce cher Dante Hopefull, prof à l'académie tout comme moi. Toujours en train de trifouiller la poubelle, un sourire gêné se peint sur mon visage pâle. C'était là une scène assez embarrassante néanmoins je devais en avoir le cœur net. Après quelques longues secondes de solitude, je sortis le saint Graal de la boîte à ordure. Le brandissant fièrement devant mon collègue qui devait certainement se demander ce que je fichais la main dans la poubelle.

« Vise un peu ça l'ami. Il faut croire que quelqu'un s'amuse bien par ici. »

Pour sûr qu'il s'amusait bien puisque ce que je venais de sortir du récipient à ordure n'était autre qu'une bouteille de vodka pure. De la pure je vous dis ! Croyez-en mon œil expert le bougre avait bon goût...Certes, ce qu'il faisait était interdit et très clairement réprimandable mais toujours est-il qu'il avait le chic pour trouver de la bonne boisson. Bref, trêve de plaisanteries, je devais trouver à qui appartenait cette bouteille. Pas pour le punir, non, ce n'était mon genre. Je voulais simplement qu'il m'en donne un petit verre...
Hum hum ! Plus sérieusement, la seule chose que je désirais faire était de lui passer un petit savon, tout simplement. Pas de grands mots, de grand discours ni même de grand sermon. Après tout j'étais très mal placé pour en dire. En revanche j'étais assez bien placé pour dire à la personne concernée qu'il transgressait les lois en vigueurs et que, de ce fait, il risquait gros, très gros même. À l'aide de ma main propre – c'est à dire celle qui n'avait pas plongé dans la mouise – je remis mon haut de forme correctement puis souris d'un air presque carnassier à mon collègue de travail. Quelques mots sortirent alors de ma bouche d'un air faussement mielleux.

« Tu trouves pas que j'ai un air de détective comme ça ? Moi je pense que oui. En tout cas une chose est sûre, j'ai du flair et je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin. Ça te dirait une petite chasse au buveur clandestin ? »

L'invitation était lancée. S'il le désirait et si, tout comme moi, la curiosité le tiraillait il pouvait m'accompagner dans ma folle enquête.

Une journée rempli d'un calme tellement reposant, durant toute la journée j'avais dû donner quelques cours à certains moments mais les dernières heures de la journée ne m'était pas les plus durs à mes yeux, c'était même celle où les élèves pouvaient se montrer le plus attentif étant donné que leurs esprits étaient sorti du coma dû à leur réveil, ce n'était pas plus mal à mes yeux. Entendant alors la sonnerie retentir, je voyais les élèves partir alors les saluant d'un signe de la main ou de la tête, reprenant simplement mon sac à dos, une sorte de sac qui tenait par une corde et que je prenais pour mes documents et mes cours, c'était mieux qu'un porte-document souvent trop frigide à mes yeux.

- Ah bah c'pas plus mal que ça soit fini, au moins, vais pouvoir glander un peu moi !

Me laissant alors vaguer en direction de la porte de sortie de la salle, je laissais ma main glisser hors de ma poche, ouvrant lentement la porte qui était le dernier rempart entre moi et la liberté, oui j'aimais exagérer mes pensées, cela était la plupart du temps très amusant, bon dorénavant revenons en à nos moutons, j'ouvrais finalement la porte et postant mon regard sur la droite, j'arquais un sourcil, me retrouvant devant une situation assez surprenante. Voyant mon collègue la main dans une poubelle, je réfléchissais quelques instants me demandant réellement ce qu'il pouvait faire là dedans, ce n'était pas comme si c'était habituel de voir un prof la main dans une poubelle, en plus qu'une odeur assez importante se faisait sentir tout de même, une odeur d'alcool. Finalement, je vis une bouteille de vodka sortir de cette dite poubelle et le regardais comme incompréhensible, il était peut être du genre à boire mais certainement plus discrètement, c'était un homme assez sympathique, je l'avais vu quelques fois mais à chaque fois il avait été sympathique. Soufflant et me frottant les yeux très rapidement, je réfléchissais à ce que je me devais de faire sans être pour autant trop dur ni d'un ennui incomparable.

Le voyant alors brandir la bouteille de Vodka comme si c'était un trophée, j'utilisais mes narines et me retournais à demi, voyant un élève partir alors non loin de notre position, j’eus un large sourire quand je vis ça, ne voulant pas trop déranger et surtout ne pas le faire perdre son envie de s'amuser, surtout ce prof haut en couleur qu'il y avait avec moi, j'avais l'habitude d'être à cette place mais voir quelqu'un s'amuser ainsi autant me mettait en joie. Ne le coupant pas dans son envie d'être un détective, je le voyais me sourire alors et mettais mes mains dans ma nuque, le regardant toujours un large sourire amusé sur le visage, est ce que je me devais de lui dire ce que j'avais vu pendant qu'il cherchait avec cette bouteille des indices ou fallait il que j'attende de rendre ce petit jeu encore un peu plus amusant et surtout distrayant pour nous tous. Finalement, je me laissais aller dans ce petit jeu et cherchant dans mon manteau, je trouvais une paire de lunettes de soleil et les mettais sur mon nez, me disant que ça faisait plutôt Men In Black maintenant.

- Si tu cherches ta cible, tu l'as raté durant ta commémoration, elle est partie, dans cette direction.

Yeah quand on a envie d'avoir le rythme dans la peau, on l'a tout bonnement, c'était alors en lui pointant de l'index l'endroit où j'avais vu l'élève partir, détallant comme un lapin il avait certainement peur de se faire engueuler, pour ma part c'était plutôt une façon de m'amuser, commençant alors à marcher dans la direction souhaitée, il fallait vite se décider.

- Enfin je ne sais pas ce que tu en dis mais on dirait que Watson est plus attentif que Sherlock cette fois ci !

Rigolant alors, ayant l'envie de m'amuser, je continuais ma marche, vaguant dans le couloir tel le vent ce n'était pas dans mes habitues d'engueuler les élèves et cette fois ci, je pense que ça n'allait pas déroger à la règle surtout que maintenant il n'y avait plus cours donc les élèves se faisaient de moins en moins groupés dans l'académie. Cet endroit se faisait réellement de plus en plus intéressant.

Mon collègue et ami, Dante sortit de son vêtement une paire de lunettes noires qu'il enfila avec classe. Je devais avouer que le bougre « dégoulinait de swagg » comme le disent les jeunes de nos jours. Certes, il avait un style tout à fait différent du mien – le mien étant plus axé « détective du siècle dernier » – mais un style tout de même ! Une fois ses binocles mises, le jeune professeur me fit part de certaines informations qu'il avait obtenues concernant notre suspect. D'après ses dire, il avait vu la « cible » s'échapper. Le bougre avait donc détallé avant même que je ne puisse mettre lui mettre main la main dessus. Pointant la direction où ce dernier se dirigeait, Dante me fit remarquer qu'il avait été bien plus observateur que moi via une petite comparaison bien sympathique. Évoquer Watson et Sherlock Holmes...Pas mal, pas mal pensais-je. Toujours est-il que je ne comptais pas le laisser me voler la vedette de la sorte. Nous étions certes bon camarades cependant je ne comptais pas être le Hastings de cette enquête. Que ça lui plaise ou non, le grand détective dans cette histoire, ça allait être moi ! Et pour preuve, j'étais le seul apte à tenir ce rôle. Pourquoi cela ? Et bien tout simplement car ici, j'étais le seul à porter un chapeau et une barbe. Ces deux signes étant la marque de fabrique des parfaits enquêteurs.

Enfin, ne nous perdons pas en tergiversations et agissons vite. Après tout, l'académicien n'allait pas m'attendre indéfiniment... En réalité, le vicieux n'allait pas m'attendre du tout ! Je devais donc trouver quelques chose pour le retenir. Quoi ? Comment ça « courir pour le rattraper » ? Vous m'avez vu ? Je suis vieux, j'ai de la barbe, je fume et vous voulez me voir courir ? Non mais vous souhaitez carrément que je fasse une crise cardiaque ou quoi ? Aussi sûr que je m'appelle Eric, je n'allais pas courir. C'était mort, méga mort même ! Pour rien au monde je ne me mettrais à courser ce jeune homme en pleine santé, pour rien si ce n'est un bon cigare. Quoique... Maintenant que j'y pense, même pour une clope je me voyais difficilement faire un effort physique. En effet, comme le disait si bien un grand homme de notre monde : « Des cigares, du whisky et surtout pas de sport. Voilà le secret d'une bonne santé. » C'est donc dans l'optique de suivre au mieux cette philosophie, qu'en un laps de temps très court je tâchais de dénicher un stratagème pouvant faire s'arrêter l'étudiant. Soudainement, un éclair de génie ! À ma grande surprise, mes cellules grises avaient bien fonctionnées. Je savais désormais quoi faire.

Suivant la direction indiquée par Dante, je me mis à courir quelques mètres. L'alcoolique était là, à quelques mètres de moi. Si près et pourtant si loin. De dos je ne pouvais pas savoir qui il était et ça, c'était problématique. Alors que l'académicien ne daignait s'arrêter, je continuais ma course effrénée à la manière d'un marathonien quand soudainement : PAF ! Un grand bruit retentit et pour cause, je venais de m'écraser au sol, faisant mine de trébucher accidentellement. Étant bon comédien, j'eus aussi l'idée de m'écrier de douleur dès que mon corps eut touché le sol. Bon, inutile de mentir ; Soyons franc. En réalité le cri n'était en rien préparé. Certes, j'avais fais exprès de tomber pour attirer l'attention du fugitif toutefois je m'étais réellement fait mal en m'écrasant de la sorte. Jamais je n'aurai cru que chuter sur ce sol me ferait aussi mal. Effectivement, j'avais sentis mon épaule gauche claquer. Je vous rassure tout de suite, je ne m'étais fais aucune blessure grave. Ni fracture, ni déboitement, ni quoi que ce soit de musculaire. Malgré cela, je devais avouer que sur le coup, j'avais pris cher, très cher même ! Bref peu importe. Ce sont les risques du métier je suppose – et oui, le métier de prof comprend aussi celui de courser les élèves –. Dans tout les cas, j'espérais que ma manœuvre allait fonctionner. Avec un peu de chance, le jeune homme allait s'arrêter, voire même se retourner ce qui me permettrait de voir son visage. Qui sait, dans un élan de bonté peut-être allait qu'il même rebrousser chemin pour porter secours au vieil homme que j'étais ! Oui, en ce début de soirée, j'étais d'humeur à croire encore un peu en l'être humain et en sa générosité. Démagogue, moi ? Absolument pas. D'accoutumé, je ne faisais vraiment pas parti de ces gens optimistes qui s'attendent à ce qu'on leur tende la main dès qu'ils croisent une difficulté néanmoins là, le contexte était différent. J'étais leur prof à ces bougres d'ânes, ils se devaient donc de m'aider en cas de problème ou au minimum de s'intéresser à mon malheur. En me voyant – ou au minimum en m'entendant – souffrir le jeune homme allait-il rester de marbre et continuer sa course ? Je n'en avais aucune idée mais une chose était certaine, j'allais bien vite voir quel comportement ce dernier allait adopter.

Spoiler:

Ah ah. Trop bon trop con comme on dit chez moi. Il s'était retourné le bougre ! Je l'avais ! Mon stratagème avait donc fonctionné. Mieux que je ne l'avais pensé, même. Il s'était approché de moi. Oh, c'était mignon de sa part ! Voilà un bon enfant. Grâce à lui, je repris quelque peu espoir en la race humaine – je dis cela mais ne vous méprenez pas je n'étais absolument pas misanthrope, loin de là – Mais...Mais...Attendez, ce mec ! Il s'agissait d'un Menthae. Il était un de mes élèves en somme. Si mes souvenirs n'étaient pas totalement altérés par le temps, il n'était ni plus ni moins qu'un des gosses de cinquième année à qui j'enseignais les bases de la capture et du dressage : Mikuo Ama je sais plus quoi ! Oui, pour sûr ! C'était lui ! Il n'y en avait pas deux personnes en ce bas monde qui pouvaient se vanter de posséder une telle coupe de cheveux et une telle dégaine ! Ah le bougre ! Il picole dans l'établissement. Et c'est pas de la vinasse qu'il boit, hein ! Mais de la vodka. Rien que ça ! Non mais je vous jure, à son âge moi je, je …Je ...Euh. Oui bon en fait on va éviter tout commentaire sur ce que je pouvais bien faire à son âge. Tout ça pour dire que ce qu'il faisait été mal. Très mal m'voyez. Parce que l'alcool c'est pas bien. Parce que l'alcool c'est mauvais et parce que l'alcool à quinze ans, c'est mal ! Quoi ? Comment ça je me répète ? Ah possible. Dans tout les cas, il fallait qu'il arrête. Non, je n'attendais pas de lui qu'il cesse de boire, c'était tout bonnement impossible – après tout quand on a goûté à la vodka, jamais on ne s'arrête – néanmoins je pouvais espérer de lui qu'il agisse de manière plus subtil que ce qu'il avait fait auparavant. Cela ne paraît pas comme ça mais déposer des bouteilles vides avec marquées en gros « Vodka » dessus, c'est un peu risqué quand on sait que les femmes de ménages ne passent qu'une fois par jour pour vider les poubelles. Bref, le gosses aux cheveux argentés étant figé au sol, je me levai d'un bond et le pris par le T-Shirt tout en m'écriant à Dante.

« Je l'ai attrapé ! J'ai capturé le Pokémon...Euh je veux dire l'élève en fuite. »

À ces dires, Dante s'approcha de nous deux – vu qu'il était lui aussi en course, cela semble évident néanmoins je préfère préciser –, cependant je comptais bien régler cette affaire seul. N'y voyez là aucune méchanceté ni quoi que ce soit mais il s'agissait d'un des élèves étant sous ma responsabilité alors je préférais que le professeur référent des Lychnis n'interfère pas. Qui plus est, étant grand consommateur d'alcool moi aussi, j'étais sûrement le plus à même de réprimander – ou féliciter au choix – notre jeune alcoolique.

« Tu peux me laisser avec lui, s'il te plait. Désolé mais il s'agit d'un Menthae. Je pense que, seul, je peux m'en charger. »

Et sans plus attendre, Dante détala. Il n'y a pas à dire, j'ai un pouvoir de persuasion à couper le souffle ! Bon, il faut dire en même temps qu'il avait pas trop le choix. Vous savez, c'était un peu comme dans ces vieux jeux vidéos où les PNJ sont obligés d'agir selon la volonté du vrai joueur. Bah, là c'était pareil ! Dante était un PNJ ! Un super PNJ ! Bref, tout ça pour dire qu'il quitta les lieux et rentra chez lui. Nous laissant ainsi entre Menthae. Du moins, si nous pouvions considérer que j'étais un Menthae comme les autres. Anxieux, mes yeux se posèrent à droite puis à gauche, c'est bon. Nous étions bien seuls. Je pouvais donc y aller avec ce gosse.

« Je dois avouer que tu cours vite et que tu as de bon goût. De la vodka quand même. T'es fort. Je peux savoir où tu te procures ça ? Non pas que je sois intéressé mais un peu quand même ! »

...Mon dieu. Voilà que je demande à un gamin, mineur de surcroit, où il se procure de la boisson alors qu'en tant que parfait petit prof, je me devais de lui tenir un discours moralisateur du style : « L'alcool, c'est mal m'voyez. »