Martha aurait presque pu créer son propre livre éducatif "Apprendre la conjugaison avec la météo", mais elle était trop énervée pour ça. En effet, la journée était passée de "il fait beau" à "il pleut", annonçant très vite "il tonnera". Ca aurait pu presque de pas la déranger, si elle n'avait pas prévu de faire un pique-nique en solitaire dans la forêt lors de la phase "beau temps" qui était censée caractériser l'été ! Mais non, voilà, au bout de vingts minutes, alors qu'elle était en train de déballer soigneusement ses affaires suite à une traversée de la forêt sans soucis, elle avait été dérangée par une goutte d'eau se posant juste dans sa nuque. Vous à qui c'est déjà arrivé, vous savez à quel point c'est énervant. Il n'en avait pas fallu moins pour que la jeune femme grogne de frustration, tape dans un cailloux, jette une branche contre un arbre pour finalement remballer son baluchon, son sandwich au poulet et son soda cool. Franchement, c'était chiant. D'autant plus que qui dit goutte d'eau en été dit souvent douche de pluie en été, ce qui allait encore à l'encontre de la volonté de Martha qui courait désormais pour se trouver un abris.

Abris qu'elle trouva non sans mal. Trempée de la tête aux pieds, Martha ne tarda pas à pousser la porte d'une maisonnette en bois apparemment abandonnée. Ou pas vu le contenu qu'elle y vit. N'oubliant pas les règles de politesse et consciente d'avoir mis les pieds dans le domaine de quelqu'un, elle ne tarda pas à annoncer sa présence d'une voix qu'elle voulait ferme.

"Excusez moi de mon intrusion ! Je suis Martha Ludwig et je souhaiterais profiter de votre hospitalité le temps que la pluie..."

L'apparence du lieux lui fit soudain prendre conscience de l'endroit où elle se trouvait. Une maison paumée au milieu des bois avec des centaines et des centaines de documents entassés comme si personne ne souhaitait jamais les revoir. La dixième représentante d'Astria se tut dans sa présentation. pas besoin de s'annoncer en fait, elle avait encore tous les droits sur cette propriété. Ennuyée, elle ébouriffa ses cheveux trempés avant d'ôter son uniforme inconfortable. peu importe s'il y avait quelqu'un, porter des vêtements mouillés était vraiment une chose horrible. Elle repartirait quand tout serait sec mais en attendant... Pique-nique ! Elle déballa de nouveau son baluchon après avoir suspendu ses affaires sur le rebord d'une fenêtre proche. Il n'y avait pas eu trop de dégâts et elle fut ravie d'avoir pensé à tout stocker dans des boites étanches. D'un geste ravi, elle s'empara d'une petite salade de saison et commença à picorer dedans avec une fourchette en plastique.

S'il y avait quelqu'un avec elle ? Hum.. Tant pis.

Mais oui ! Mais oui ! J'ai bien vu un 'Rominet ! Ou quelque chose du genre. Ca avait un corps, une tête, plus ou moins cinq membres, une touffe de poils et une fourrure détrempée qui puait la mort. Bref, c'était un jeune homme qui s'était aussi pris l'averse malgré ses douloureux coups de soleils apparents. Mais le plus douloureux n'était pas celui qui était caché justement ? Pas le temps de s'attarder dessus, il se trouvait effectivement qu'elle était en sous-vêtement trempés face à un homme sans aucun doute très mal à l'aise. Le contraire aurait été étonnant après tout. C'est vrai, depuis quand Martha ne se promène pas en sous-vêtements ?

Se tournant vers l'inconnue, feignant d'ignorer le ridicule de la situation, Martha entama la conversation comme s'il s'agissait d'une rencontre tout à fait normale dans un cadre s'y prêtant. Après tout, il n'était pas rare de pique-niquer en maillot de bain sur la plage ! Pourquoi tant de pudeur dans ce monde de fous ? Il était de son devoir d'inviter courtoisement un de ses camarades d'Alcea Rosea à une collation tout à fait normale. De toute façon il pleuvait et ils n'avaient rien d'autre à faire dans cette cabane moisie qui sentait le papier et l'encre trop vieille. La voix de Martha était claire et presque douce à vrai dire.

"Bonjour ! Allez, enlève moi tout ça et viens te poser avec moi le temps que tout ça sèche. Tu veux du poulet ?"

Elle montra à la suite ses vêtements et son petit festin. S'il voulait manger avec elle, il avait intérêt à virer ses serpillières rapidement ! Pas question qu'elle reçoive une seule goutte d'eau de plus !