Quand vous étudiez à Alcea Rosea, vous vous rendez rapidement compte que les dresseurs qui gardent leurs acolytes de jeu dans leurs pokéballs se comptent sur les doigts de la main. Hiroshi Mitomiya, lui, faisait dans la tradition : il avait besoin de contrôler la liberté de ses pokémons. Et plus encore à l'encontre de son nouvel ami, un Bulbizarre, qui vagabondait un peu trop à son goût. Aujourd'hui était un de ces jours, justement, où il l'avait sorti sans raison pour profiter du climat, en étant convaincu que tout irait bien, pour « renforcer nos liens ou une connerie du genre » .

C'est peut-être l'appel d'un pokémon sauvage qui l'a conduit à s'échapper par une voie détournée ou un rivage de fleurs où l'air semblait bon, dieu seul le sait. Il était en colère, oui. En colère contre lui-même, parce que ce n'était pas la première fois qu'il perdait la trace du pokémon plante (incompétent au combat mais pour disparaître, c'était le meilleur celui-là !), et inquiet, car le trio visitait rarement la forêt. Y'en a toujours un pour foutre mon planning en l'air, pensait-il parfois entre les fouilles de buissons et d'excavations (il s'était cassé la voix à force de crier). C'est, un peu fatigué, qu'il percuta malencontreusement quelqu'un :

« Désolé, je ne regardais pas où j'allais. » Lui non plus, mais il ne présenta pas immédiatement ses excuses. 'bref, j'ai quelque chose à retrouver, moi. Il poursuivi sa route quand il l'entendit rire doucement dans son dos : « Vous cherchez aussi un de vos pokémons ? » Comment savait-elle ? C'était monnaie courante par ici ? Sans un mot, il s'arrêta. Puis, il se retourna, curieux, vers la jeune fille aux cheveux roses : « Toi aussi ? » Peut-être qu'elle pourrait l'aider, tiens..

Un Évoli ? Comment pouvait-on perdre de vue un pokémon si rare ? Enfin, il était mal placé pour lui faire la leçon. Il haussa les épaules et dit : « Non, désolé. »

Il prit plus de temps pour observer le physique atypique de son allocutaire. Peut-être qu'il n'y avait pas lieu d'être surpris. Après tout, il y avait beaucoup de profils différents à l'académie. Elle lui demanda ce qu'il recherchait. Il répondit simplement qu'il s'agissait d'un Bulbizarre qui s'aventurait pour la première fois dans les forêts et se retint d'exprimer son ressenti vis-à-vis de la créature. Puis, elle lui proposa de faire équipe à deux pour augmenter leurs chances de retrouver leurs partenaires respectifs. Une proposition sensé.

« Pourquoi pas ! Je n'ai rien à perdre. » Aussitôt cette alliance conclue entre les deux dresseurs, un buisson fit bruit à leurs côtés. « J'ai entendu quelque chose.. » Peut-être que c'était un pokémon sauvage ? Peu importe. Il décida de faire sortir son Moustillon. Son odorat était bien plus développé que le sien et peut-être que son instinct les guiderait sur la bonne voie. « Bien, dépêchons nous ! » déclara-t-il d'une voix enjoué. Il n'avait pas envie d'y passer toute la journée non plus !

« Par là ! »
« Et c'est où « par là » ?! »

Son sens de l'orientation était des plus fragmentaires et plus ils s'enfonçaient, plus il perdait patience. Suite à l'exclamation de sa coéquipière, il se contenta de la suivre à distance, en grommelant parfois des mots incompréhensibles. Après une course qui lui parut interminable, il reprit son souffle, ses poumons meurtris par le manque d'oxygène. Les deux adolescents découvrirent une étendue plus ou moins grand dégarni d'arbres dans la forêt.

« Il n'y a rien ici ! » s'agaça-t-il en faisant mine de s'arracher les cheveux. « Ils jouent avec nos nerfs ou quoi ? »

Bulbizarre était faible comme un moineau quand acculé par la peur de son maître mais prenait en assurance s'il se sentait en sécurité auprès d'un autre. Dans ce cas, il n'y avait qu'une seule solution.

« Tu m'entends ou pas, le bulbe ! Arrête de faire chier le monde, ou je te laisse croupir ici ! »

Avant qu'on l'accuse de quoi que ce soit, il tenait à prendre sa défense. Il n'y pensait pas sérieusement ! Mais au moins, cette menace, qui avait le mérite d'être clair, l'atteindrait profondément. Il avait autant peur de son dresseur qu'il redoutait d'être abandonné par celui-ci : c'était le premier humain qui le dressait et être jeté comme un moins que rien serait une véritable tragédie psychologique.

Le pokémon plante sortit d'un buisson suivi par un Evoli au pas hésitant. Il voulait probablement embêter davantage sa maîtresse avec son nouvel ami.

« Ah, pas trop tôt ! » Un grand sourire illumina la mine du spiraea qui rappela son pokémon dans sa pokéball. « 'faut parfois être dur pour se faire entendre de ses pokémons, ha ! » Ce qu'en pensait la jeune fille, il s'en fichait un peu. « Et lui, c'est ton pokémon, non ? C'est super rare. » Réflexe : il sortit son pokédex pour enregistrer la bestiole dans sa base d'informations.