Des glissements sur le parquet. Des bruits de balles qui rebondissent. Quelques cris d'essoufflement. Le gymnase, à son habitude calme à cette heure ici, était anormalement empli de bruits et de voix. Violette qui aimait faire le tour de l'établissement lorsque celui-ci arrivait aux heures calmes, restait intriguée face à la grande porte massive du gymnase. Rares sont ceux qui prenaient la peine de s'entrainer physiquement et les quelques personnes qui entretenaient leurs corps régulièrement avaient pris l'habitude de le faire tôt dans la matinée, aux brises encore fraîches de l'été. Ce n'était certainement pas non plus les professeurs, ils étaient sûrement en train de dîner, en même temps que les élèves. En quêtes de mystères et de savoir, Violette s'empressa d'aller voir qui pouvait bien se trouver actuellement dans le grand bâtiment de sports. S'éclipsant aux derniers rayons du soleil, elle s'enfonça dans le couloir semi-éclairé par les lumières intérieures de la salle et se tenait maintenant juste devant la porte, main sur la poignée de fer. Prête à pénétrer à l'intérieur, elle hésita un moment. Peut-être était-ce déplacé d'entrer inopinément. Elle risquerait de perturber le bon déroulement de l'entrainement. Mais la curiosité de la jeune fille était sans pareil, elle décida donc de jeter un coup d'oeil au travers des grandes vitres de la bâtisse. Elle rebroussa chemin et, sur la pointe des pieds, essaya d'atteindre les grandes baies vitrées placées en hauteur. Rien n'y fait. La Spiraea, du haut de ses un mètre cinquante-sept, ne pouvait arriver à entrevoir l'intérieur du gymnase. Résolue à découvrir ce qui se cachait à l'intérieur, Violette retourna devant la porte d'entrée. Sa première idée était la bonne. Mais elle ne voulait pas passer non plus pour quelqu'un d'impolie. Un regard, juste un. Puis elle repartait. Elle ne risquait pas de déranger. Et puis, si ça tournait mal, elle n'aurait qu'à s'excuser et repartir aussi vite qu'elle était arrivée.


Elle poussa donc la lourde porte qui la séparait du mystérieux inconnu. Au mouvement de celle-ci, un languissant vent glacial fit déployé la longue chevelure de la Spirae, si joliment emmitouflée entre de petites broches et résonna dans l'immense salle, aux allures de terrain vague. A peine eu-t-elle le temps de déblayée son visage des mèches de jade qui gênaient sa vue, qu'elle ferma les yeux instinctivement à la vu d'une balle qui, de justesse, faillit la heurter. Un bref regard devant elle, puis elle posa les yeux sur le projectile. Un ballon de volley. Bien dense et bien dur. Il faut le dire, ce n'est pas passé loin. Puis ses yeux dérivèrent vers le lanceur. Une lanceuse, en l'occurence. Un chignon sur la tête, en tenu de sport, des baskets aux pieds. Et deux petits pokémons. La jeune fille qui s'avançait en courant vers Violette paraissait tellement sûre d'elle. Téméraire, avec force. A coup d'oeil, elle était plus jeune de une ou deux années. Mais sur ce terrain, elle dégageait une telle prestance qu'elle en paraissait cinq de plus. On voyait de suite qu'elle était à l'aise. Qu'elle cultivait ses lieux. Elle accouru vers Violette, constata les dégâts et s'empressa de demander :

- " Tout va bien ? Tu n'as rien ? "

Violette ramassa la balle, sans un mot. Elle la confia entre les mains de la jeune brune et se dirigea vers les pokémons qui regardaient la scène, les yeux bien ouverts. Elle s'agenouilla et leur caressa la tête, comme s'ils étaient siens. Puis, elle se redressa. Se retourna vers la jeune inconnue :

- " Tu t'entraines souvent toute seule, avec tes pokémons ? C'est la première fois que je te vois ici. "

Elle esquissa un sourire.

- " Je peux te servir de partenaire, si ça te convient. J'ai une bonne endurance et mes pokémons pourront jouer avec les tiens le temps de notre entraînement. "

Un clin d'oeil. Puis elle sorti ses pokémons de leurs pokéballs. Et se dirigea vers l'autre côté du terrain. Elle se recoiffa rapidement et retroussa les manches de son pull acajou. A mi-chemin, elle se retourna une nouvelle fois :

" Moi c'est Violette. Et toi, quel est ton prénom ? "

L'aura qu'avait dégagé la jeune élève avait emplie Violette d'une confiance intarissable. Elle s'était obstiné de faire de la jeune fille solitaire qui s'entraînait le soir, à l'abri des regards, une amie chère à ses yeux.