Cette fois il avait vraiment crû qu'il pourrait être seul. Il s'était installé sur une table bien avant la foule, en ayant préparé sa sortie hors de classe bien avant que la sonnerie retentisse, se retrouvant donc en compagnie d'hommes invisible. De plus Rozenn avait eu autre chose à faire, alors il pensait que plus personne n'aurait le pouvoir de le déranger et d'humeur assez joviale, il commença à s'attaquer à son plateau plein à de délicieux plats. Cette fois il avait opté pour un bol de riz et un magnifique steak de 500 grammes, sans oublier deux oranges qui s'étaient ballotées jusqu'au deux extrémités du plateau à cause d'une dispute futile. Toutefois, il était presque certain qu'il n'allait pas tout finir et à cette pensée il soupira, voyant qu'il aurait à se forcer pour tout avaler. Il savait que Rozenn fouillerait sans doute ses poches pour être sûr qu'il s'achète un véritable repas, alors il n'avait pas d'autre moyen que d'acheter trop, quitte à en jeter la moité. Il avait toujours été un petit mangeur et aussi longtemps qu'il s'en souvienne c'était sa grande sœur qui finissait son assiette. Mais même s'il avait toujours râlé, il avait toujours fait en sorte de prendre trop, peut-être parce qu'il avait aimé la voir sourire. Le visage de l'adolescent s'assombrit, sa fourchette tenant un morceau de viande justeux. Cela faisait tant d'années qu'il n'avait pas vu sa tête d'idiote... Est-ce qu'elle pensait encore à sa famille avec sa trépidante vie de dresseuse ? Le jeune garçon le souhaitait un tout petit peu, même s'il y avait peu d'espoir avec cette rêveuse en puissance...

Un grincement de chaise l'extirpa de ses pensées et ce fut avec une mine déconfite qu'il vit Jay s'assoir juste à sa droite. Que lui voulait bien cet idiot cette fois ? A en juger son air gêné, il allait probablement lui demander un service, comme ses gens hypocrites qui font semblants d'être vos amis pour avoir un esclave à porté de main. Toutefois il savait bien que le jeune homme était bien trop attardé pour penser à l'exploiter, alors il écouta sa requête les yeux mis-clos. Des pièces ? Will pencha la tête, se demandant bien ce que son aîné allait pouvoir bien faire avec de l'argent. Soudain il nota l'absence de plateau devant la ventouse et il prit un visage épuisé ,comprenant la situation. Il était vraiment pauvre au point de ne pas pouvoir se payer quelque chose ? C'était vraiment sidérant. Il songea à lui dire qu'il n'avait plus un sous, mais voilà, cela l'embêtait qu'il ne puisse rien manger juste pour une histoire de monnaie. Il allait surement le regretter, mais ce n'était pas dans son habitude de laisser quelqu'un dans le besoin...

D'un mouvement lent, il coupa la viande en petits morceaux et fit tomber la moitié de son riz dans l'assiette. Il récupéra une partie des cubes de chair dans son bol et il posa l'assiette devant son squatteur en lui tendant une cuillère. D'un air dur, il fixa les yeux chocolats de son camarade et il pesta, agacé :

«  Essaie de ne pas trop parler sinon je changerait d'avis. Et puis la prochaine fois n'oublie pas ton argent, je ne suis pas ta réserve de nourriture quand même... »

Il posa l'instrument sur le rebord de porcelaine et il reprit le cours de son repas. Le connaissant il allait exploser de joie et l'ennuyer jusqu'à la reprise des cours, mais il n'avait pas voulu le laisser dans la misère. Il prit un air las, songeant à ce moment de quiétude qui s'était envolé d'un battement d'ailes...

Quelquefois, Will se demandait s'il n'avait pas un penchant suicidaire. Il pourrait bien être méchant, plus froid qu'une glace Chez Picard, ainsi il aurait pu sans doute trouver son paradis de repos. Mais voilà, le jeune brun avait beau se retrouver dans des situations où il pouvait rompre tout contact, il ne pouvait pas le faire à cause de cette stupide conscience. Il était un peu comme un voleur qui se retrouvait toujours à prendre le rôle de chevalier à cause d'une malédiction d'une méchante sorcière. Mais peut-être que la vérité était plus simple, qu'il ne voulait peut-être pas vraiment manger tout seul, comme ces sinistres repas peu après le départ de sa sœur, ou peut-être qu'il faisait partie de ses personnes fondamentalement gentilles mais qui ne voulaient qu'on les manipule telle une vulgaire marionnette. Mais il est vrai que laisser cette pile vivante s'assoir à côté de lui était la pire erreur qu'il avait commis...

A peine son jeune camarade avait-il commencé de manger qu'il était déjà décoré de riz. Will le fixa d'un air neutre, se demandant comment il faisait pour se trouver déjà aussi fin qu'un enfant de cinq ans. Même son Caninos mangeait plus proprement que lui. Il rit trois millisecondes à cause de cette image assez hilarante de Fi mangeant avec une cuillère, mais réalisant son geste, il se ressaisit instantanément, presque certain que si cet idiot avait remarqué son rire il en profiterait pour faire la chose la plus stupide de son existence : de discuter sur l'absence de bonne humeur du dresseur. Il n'avait vraiment pas besoin qu'on lui rappelle ce détail, ce n'était pas comme si c'était simple de s'enchanter avec des camarades aussi brillants.

Hélas le silence ne dura pas longtemps, mais au moins Will devait avouer que son camarade avait fait tout les efforts du monde pour faire des phrases aussi cohérentes. Il en fit d'ailleurs tombé sa fourchette dans le bol. Ne lui avait-il pas dit qu'il ne devait pas trop parler ? Cet hurluberlu avait vraiment une mémoire de poisson rouge... Un léger tic nerveux apparut sur son visage et agacé il commença d'un ton froid :

«  Voici les réponses à tes questions : Non, Rozenn a d'autres choses à faire, oui, je n'aime pas la neige c'est trop froid alors c'est une mauvaise chose. Je refuse de passer une après-midi avec un idiot comme toi, alors une fête il n'en est même pas question. Je ne vois même pas pourquoi je devrai aller dans un lieu aussi bruyant avec surement des clone de toi Jay . Ce n'est que de riz blanc et je viens de Johto. Par contre je ne vois pas l'intérêt de me demander si je veux une blague si tu finis par la raconter au final, bien qu'elle soit un peu drôle !... Maintenant tu ne peux pas manger en me laissant tranquille ? Ce serait agréable ! »

Lorsqu'il eut finit son discours, l'adolescent reprit son souffle, comme épuisé de ce flot de paroles continues. Il lui était difficile de parler aussi rapidement, surtout en gardant des yeux froids tout au long du discours. C'était peut-être méchant, mais il ne supportait pas quand on lui lançait trop d'informations sans qu'il ait le temps de répondre. Il avala une bouchée de viande, mais pris de remords pour lui avoir crié dessus, il reprit d'un air monotone, fixant son bol :

« … Au fait, je ne sais même pas d'où tu viens non plus ... »

Bon cela ne ressemblait pas à grands choses, mais le cadet espérait secrètement que cela réduira le débit de son ainé, car sinon il finirait vraiment pas mourir devant cette trop grande source d'énergie...

Il avait bien vu la mine de son aîné s'assombrir après ces paroles, pourtant Will était loin d'être une mauvaise personne. C'était juste un adolescent qui essayait tant bien que mal de ne pas trop se faire marcher sur les pieds, même s'il perdait toujours à ce petit jeu. Il était même quelqu'un qui aimait voir les autres sourire, toutefois il ne supportait pas qu'on l'embarque dans les délires aussi étranges qu'il avait été habitué par sa grande sœur. C'était là qu'était née cette aversion pour l'agitation, simplement parce qu'il ne voulait pas vivre comme ces personnes qui ne voyaient pas qu'on les utilisait. Il avait toujours regardé les autres et avait bien vu comment les naïfs se faisaient manipuler comme des marionnettes. Alors il avait décidé de ne pas suivre leur chemin et de devenir un véritable spectateur du monde. Il avait crée un quotidien reposant, une vie sans excentricité pour se protéger de la menace de se faire utiliser, ce qui ne marchait pas très bien il fallait l'avouer . C'était pour cela qu'il haïssait autant cette crédulité et cette énergie que faisaient preuve Jay. Ne voyait-il pas que c'était parce qu'il était aussi idiot qu'on n'arrêtait de lui demander des services ? Comment pouvait-il être heureux ainsi ? Notre dresseur n'avait pas de réponses, mais paradoxalement il enviait un peu cette innocence. Lui ne voyait pas le plan machiavélique du Destin pour le faire souffrir à chaque fois que quelqu'un lui dit bonjour...

Il piqua un autre morceau de steak et le déchiqueta avec ses canines, se demandant si finalement son camarade allait lui répondre. Ce n'était pas qu'il était impatient de ce qu'il allait pouvoir dire, mais il savait trop bien que ces moments de paix ne durerait pas . Sa prière fut hélas exaucée et il avoua malgré une mine contrarié sa ville d'origine. Quelque peu pensif, il se tourna vers Jay, légèrement perplexe. Unys donc ? Pourtant il ne connaissait pas la ville citée preuve de sa nullité en géographie. Il aurait bien aimé l'interroger à ce sujet, hélas la ventouse repris sur sa blague. Will grimaça, légèrement embarrassé. Il n'aurait jamais pensé qu'il aurait compris et le voilà maintenant obligé de répondre de ces mots. Il aurait mieux fait de se taire. Il le regarda droit dans les yeux et finissant sa ration, il déclara d'un air fatigué :

«  C'est juste parce qu'elles sont tellement ridicules que tes blagues sont drôles, donc je suppose que oui... C'est comme si on te demande ce qui est vert et qui vit sous la mer et qu'on te répond un choux marin : on rit parce que c'est pas vraiment quelque chose qui devrait faire rire...»

Il soupira, comme désespéré par ce qu'il avait prononcé. Il se montrait bien trop bavard, cela allait nuire à ce calme relatif qui régnait dans la cafétéria. Il ne supportait pas non plus le voir avec une tête de chien battu, c'était tout simplement douloureux. A croire que son destin était de subir les divagations de tout les cas de la Terre... Cependant il reprit de nouveau la parole, comme pour tendre le bâton pour se faire battre, mais cette fois il s'agissait de quelque choses qu'il le turlupinait véritablement.

«… Arabella, c'est près de Frimapic ?»

Question stupide mais existentiel. Il n'avait que ce repère là, alors peut-être qu'il visualiserait mieux ensuite. Peut-être.

Le rire de son aîné retentit dans ses oreilles et ,bien que peu dérangeant par rapport à ses habituelles réactions, Will ne put s'empêcher de paraître désespéré. En même temps, il avait simplement voulu lui montrer que ses blagues n'étaient justement pas faites pour être hilarantes, d'où cette impression qu'il se moquait simplement de son effort à ne pas être méprisant. Mais Jay était trop idiot pour être aussi mesquin, alors le spiraea l'excusa en partie, même s'il savait qu'il le regrettait très rapidement. A chaque fois qu'il laissait passer quelque chose, son karma lui rendait toujours cette preuve d'éducation par un mauvais tour. Le tout était de savoir quand cette vengeance céleste allait se produire...

Il avalait sa dernière bouchée de chair quand le préfet le répondit à sa question de relativité spatiale. Lui non plus n'avait aucune idée d'où se trouvait Arabella , du moins par rapport au petit village où il avait vécu pendant un an. Les yeux noisettes du lycéen ne lâchèrent pas son camarade du regard, soufflant un « Oh » qui se voulait naturel malgré l'expression blasée que le jeune homme affichait. Finalement il n'était pas le seul à ne pas savoir placer une ville sur une carte. Will avait une très bonne connaissance de la région de Johto, d'une part parce que c'était sa région natale et de l'autre parce qu'il avait essayé de suivre le périple de sa grande sœur durant les premières années. Mais quand il était arrivé à Frimatic, le choc fut telle qu'il avait eu l'impression d'arriver dans un monde parallèle. En même temps entre la ville en pleine forêt et le petit village isolé par la neige, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il y avait beaucoup de similitudes . Alors il avait rejeté la région, comme un gosse à qui l'on forçait à manger tout les jours de la purée de petit pois, au point qu'il n'eut jamais la basse d'apprendre les principales villes de la régions. Alors il préférait se faire discret pour ce sujet là, d'où peut-être la raison qui lui fit dire avec le plus grand sérieux du monde.

«  Je viens de la Lune, c'est un chouette endroit, surtout il n'y a pas de sons pour nous déranger...»

Oui, il avait essayer de faire de l'humour, même si cela servait surtout à lui dire qu'il parlait trop. Si son aîné avait fait attention, il aurait sans doute remarqué qu'il avait déjà répondu en partie à son interrogation dans sa tirade. Mais avouons qu'il avait aussi envie de voir si Jay mordrait à l'hameçon, au moins il aurait la preuve qu'il était vraiment incapable de se montrer calculateur avec cette aura d'être inoffensif qui émanait de lui...

Il rangea les couverts et la porcelaine sur son plateau maintenant que les mets furent avalés et il se leva de son siège alors qu'on le remercia encore une fois du plus beau repas du monde. Il avait du mal à croire qu'il était sincère, mais peut-être était-ce sa manière de le remercier de lui être venu en aide. Un très léger sourire se dessina sur les lèvres de notre adolescent et il se permit d'ajouter :

«La prochaine fois essaie quand même d'avoir ton argent, tu pourras au moins acheter quelque chose qui te plait vraiment. Toutefois tu me dois un pain au chocolat maintenant...»

Bien entendu il n'était pas sérieux, faire payer des attardés était contre ses principes, mais c'était sa manière à lui de dire qu'il n'avait pas intérêt à retenter de lui demander l'aumône. Surtout qu'il savait qu'il ne pourrait pas résister à une nouvelle supplication de ce candide...

Finalement il regrettait presque son expérience sur le pauvre Jay. Il ne pensait pas qu'il mordrait à l'hameçon avec cette histoire d'alien,d'ailleurs qui pourrait y croire ne serait-ce qu'un seul instant ? Mais il fallait croire que la seule neurone de son camarade n'était pas suffisant pour lui faire comprendre ce qu'était le mensonge, du moins ce fut les constatations de Will à la vue de l’engouement que possédait le Lychnis. Il se retint de soupirer, mais quelque chose dans son regard pétillait furtivement, comme une certaine exaltation devant cette naïveté presque irréelle. Et s'il continuait dans la lancée ? On ne lui en voudrait pas de vouloir pimenter un tout petit peu son existence, et puis vu son décalage avec les mœurs des autres élèves, on pouvait dire que ce n'était qu'un demi-mensonge. Il savait bien que cela lui retomberait dessus, mais au moins cela avait le mérite d'être divertissant...

Les questions fusèrent et notre fraichement lunarien avait bien du mal à saisir toutes les interrogations de son aîné. Des fois il se demandait comment ce cerveau de malade pourrait traiter autant d'information alors qu'il était incapable de faire la différence entre la vérité et le mensonge le plus basique. Toutefois il se prenait au jeu et en regardant pas la fenêtre, il déclara avec une légère mélancolie :


«  On a fui la Lune à cause de la guerre sur la face cachée, puis tu sais les pokémons viennent de là-bas donc cela ne change pas trop... Enfin faut pas croire la télé, les hommes verts ce sont les Martiens, les lunariens étaient il y a très longtemps des terriens, sauf que maintenant il mange les enfants pas sages... »

Cherchait-il simplement à se moquer de lui, simplement pour communiquer son mécontentement ? Il était difficile de savoir, mais à en juger ce sourire en coin de lèvres la réponse devenait évidente. C'était un peu étrange pour un être d'habitude aussi austère se laisse envoûter par ce genre de plaisanteries, mais il tentait, vainement probablement, de se rapprocher de ses persécuteurs. Mais ce n'était un rôle qu'il lui allait, loin de là. Will savait pertinemment qu'il craquerait à l'instant où le presque adulte reprendrait son air pitoyable...

Exactement celui qu'il prit alors qu'il accepta le marché bidon que le Spiraea avait proposé. A cet instant notre adolescent trouvait que Jay ressemblait à Fi après avoir faire tomber quelque chose de fragile, à force de se cogner partout. Comment pouvait-il rester indifférent devant un être si vulnérable ? Les traits du lycéen se ternirent, réalisant qu'il n'avait pas pensé une seule seconde que peut-être le préfet lui avait quémandé de l'argent pour une autre raison qu'un oubli ridicule. En même temps c'était la solution la plus probable avec un tel phénomène, mais quelque chose dans son regard lui souffla que ce n'était pas le cas. Finalement il ne savait presque rien sur le pot colle malgré sa présence indésirable. Il remit en place sa mèche rebelle qu'il l'embêtait et en soulevant le plateau, sa voix monotone retentit tranquillement pour prononcer ses mots qui se voulaient être agacé :

« Je plaisantais, tu ne me dois rien. Les lunariens savent se contenter des efforts des idiots dans ton genre. Puisque tu as été assez calme pour une fois on est quitte... »

Sincèrement, il ne comprenait pas des fois pourquoi il était aussi gentil. Il ne pourrait pas faire taire cette foutue conscience au lieu d'inciter le poulpe à revenir le squatter ? Mais on ne peut pas se refaire comme on dit et Will Stratos n'échappait pas à la règle...

Peut-être c'était son aîné qui venait d'une autre planète tout compte fait. Même lui ne semblait pas convaincu de ce qu'il racontait, voyant des failles très simples dans son discours, pourtant Jay n'avait pas semblé tiquer un seul instant de la bizarrerie de la situation. Ce n'était pas que cela n'amusait pas notre Will, mais sa conscience commençait à le titiller un peu. N'était-ce pas immorale de jouer des idiots irrécupérables ? Assez pour que sa gorge se serre, mais ce n'était pas suffisant pour qu'il se décide à rectifier le tir. Il n'avait pas vraiment envie de se retaper une ribambelle de question en plus. Déjà ses oreilles sifflaient affreusement à cause de la curiosité de son aîné. Un instant le lycéen sembla fixer un fantôme au loin de son air las, cherchant quelque chose qui pourrait le faire sortir de ce dialogue sans avoir à créer une explication tout aussi fatigante qu'inutile. Il entrouvrit ses lèvres, murmurant à lui même :


«  J'aurai dû lui faire croire que j'étais une noisette mutante, c'était moins compliqué à justifier... »

Car au moins il aurait pu feindre l'ignorance. Comme quoi il manquait de temps à autre de jugeote quand il essayait de tenter quelque chose. Toutefois quelque chose l’intriguait dans les paroles du jeune garçon, c'était cette Alice. Il avait beau chercher dans ses souvenirs et les brides de conversation qu'il avait eu avec le préfet, mais aucune demoiselle de ce nom devait y figurer. C'était ça de ne pas écouter avec attention ce qu'il pouvait dire, mais en même temps trois quarts des discours de Jay n'avait vraiment aucun intérêt. Toutefois l'inconnue était quelqu'un de sa famille, peut-être sa sœur ou une cousine, rien n'en était moins sûr. Alors autant faire semblant de savoir qui elle était.

«  Désolé mais c'est secret défense, on ne veut pas que notre technologie soit découverte par les humains... Mais je peux te dire que c'était dur de déplacer les Onyx … Mais je doute que tu sois un lunariens, nous avons les souvenirs de nos ancêtres à la naissance, donc à moins d'être amnésique bah... »

Mais avant il ne put qu'hocher la tête devant la détermination du Lynchi pour le rembourser. Au moins maintenant il ne lui donnerait pas d'argent, mais il ne savait pas s'il devrait vraiment se réjouir de la situation. Jay n'avait plus l'air peiné, mais Will se demandait s'il n'avait pas cherché à le côtoyer pour éponger sa tête. C'était un peu paranoïaque de sa part, mais il s'agissait bien du même gars qu'il l'avait invité à une soirée alors que c'était bien le dernière endroit où notre jeune brun voudrait se trouver. Alors tout était possible avec lui. Alors, soulevant son plateau pour s'en aller de la cafétéria, il lâcha mécaniquement :

«  Bien, à plus tard alors. »

Sans en rajouter d'avantage il tourna les talons, marchant tranquillement vers la zone de dépôt. C'était sa limite, il avait déjà trop parlé en sa compagnie. S'il continuait d'avantage même Jay aurait compris qu'il ne pouvait pas résister à la détresse d'autrui malgré sa mauvaise langue. Mais mieux valait ne pas se retourner tout de suite, il avait trop peur de se retrouver nez à nez avec son aîné, et puis tant qu'il ne le voyait pas il pouvait croire naïvement qu'il était tranquille non ?