Droit dans le mille! Elle ne faisait pas partie de la maison des Spiraea comme tu l'avais pressenti. De toute façon, tu connais à peu près tout le monde dans cette maison, du moins, tous ceux qui méritent d'être connus. Même le jeune Lukas qui idolâtrait un peu trop les Astria cheminait quelque part dans ton réseau de connaissances. Cependant, bien qu'elle t'avait énoncé son appartenance à une autre famille (ce qui n'avait pas d'importance pour toi, encore moins à deux heures du matin), elle n'avait répondu qu'à la première partie de ton questionnement, que tu ne te retins pas de lui dire, d'ailleurs.

-Il me semblait, aussi. Toutefois, ce n'est malheureusement pas la partie qui m'intéresse. Qu'est-ce qui pousse une jeune femme provenant d'une famille qui m'est inconnue et dont je ne spéculerai pas fait dans les thermes mixtes à deux heures du matin. Je doute que ce soit les sensations fortes qui t'attirent ici, mais je peux bien me tromper.

Car à ton sens, pour avoir des sensations fortes, il y avait bien d'autres moyens d'y arriver et de manière beaucoup plus gratifiante. Mais peut-être était-ce la rivalité avec les Narcissus qui parlait un peu trop pour toi à ce moment. Elle mentionna que des deux elle ne serait pas la plus touchée s'ils se faisaient prendre, ce à quoi tu répondis, sortant la tête de l'eau.

-N'en sois pas si sûre. Même si j'étais assez altruiste pour vouloir prendre le blâme pour toi, je doute que ta réputation en reste indemne. Et bien franchement, rien ne me ferait agir de la sorte en ce moment.

C'était vrai que tu n'allais pas la laisser s'en sortir si trouble il y avait. Tu lui sortis la langue en guise de provocation, ses charmes féminins qui n'étaient pas bien reflétés par l'obscurité jouaient en sa défaveur, en ce moment, tant mieux pour toi. Déviant un peu ton attention sur elle, elle te rappela franchement bien vite à l'ordre lorsqu'à son tour, elle supposa que tu n'étais pas étranger à l'endroit, trouvant l'attention de vouloir se plier à ton petit jeu très douce, encore plus lorsque tu savais qu'elle venait de viser dans le mille.

-On pourrait jouer à ce petit jeu bien longtemps. Mais oui, tu as raison. Dans l'espoir de pouvoir rencontrer une fille, je viens aux thermes tous les soirs au beau milieu de la nuit!

Ça sonnait tellement faux à la base que le rire que tu laissas échapper pour désamorcer la situation n'eut que très peu d'effet. Mais à la base, tu n'étais pas là pour faire de tumultueuses rencontres, alors il t'étais bien gré d'agir comme tu l'entendais. Contrairement à d'habitude, les gens ne venaient pas à une heure pareille. Déjà qu'elle soit là, elle, était assez surprenant, mais d'entendre la porte glisser souleva un frisson d'horreur chez toi et comme seule réaction physique de venir attraper la jeune femme assise un peu plus loin et de la tirer vers toi, une main sur sa bouche pour l'intimer au silence. Tapis dans l'ombre, vous devriez vous en tirer. Tu lui murmuras doucement, la délivrant de ton emprise.

-Peut-être que j'avais l'air plutôt détaché par rapport aux conséquences d'une éventuelle capture par un prof ou un membre du personnel, mais c'était seulement un scénario hypothétique. Maintenant, on est vraiment dans la merde si on se fait prendre.

Surtout dans cette position. Dans un coin, à l'ombre et même si tu l'avais relâché, elle restait néanmoins presque assise sur toi. Heureusement, tu n'aurais aucune réaction, malgré l'éclat soudain de ses formes et de son bikini, le stress de la situation inhibant tes moeurs fragiles. Trois élèves étaient sortis, apparemment. Deux garçons et une fille ou deux filles et un garçon, tu n'arrivais pas à très bien distinguer. Malgré leur présence, ils n'avaient pas l'air bien dangereux. Leur nombre, toutefois, ne t'inciterais pas à jouer les héros.Tu lui chuchota:

-Si t'as une idée, c'est maintenant. Si tu veux que je te sauve, c'est le temps de me faire changer d'idée aussi.

Cette fois, même toi tu ne te trouvais pas drôle.

-C'est une blague, hein.

Une image à préserver valait plus que l'inconfort et le potentiel danger de se faire surprendre. Mais, une chose restait certaine, c'était que peu importe ce que les trois adolescents allaient faire, si tu attendais ne serait-ce que quelques minutes, tu aurais certainement du matériel contre eux également. Tu n'étais pas encore préfet que ta réputation menaçait déjà d'être entaché. Alors qu'elle rive ses yeux brûlant d'animosité vers toi, tu chuchotes doucement à son égard.

-Je sais que ça va un peu vite pour un premier rendez-vous, mais tu devrais me remercier de t'avoir tiré de là au lieu de te livrer à eux comme du bétail. Car peu importe ce que tu crois, s'ils sont ici précisément, à une heure pareille, c'est sûrement pas pour jouer aux jeunes délinquants en manque de sensations fortes.

Alors que tu cherchais à regarder un peu ce qui se passait plus loin -ta sécurité étant étrangement reliée aux personnes de l'autre côté-, tu te disais que tu aurais vraiment bien fait d'apporter tes lunettes. Car oui, même si personne n'avait pu prétendre t'avoir vu avec, tu étais bel et bien myope, mais par orgueil tu vivais avec ton léger handicap. Tu lui chuchotes alors, voulant t'enquérir de la situation.

-Hey, hey! Tu sais ce qu'ils font? Moi j'arrive pas à voir est-ce qu'ils sont nus?

Après ce qui semblait être une éternité, ils se mirent à ouvrir leurs sacs avant de jeter le contenu dans l'eau des thermes. Déjà après quelques secondes, une odeur nauséabonde se répandit dans tout l'endroit, soulevant un haut le coeur chez toi qui, heureusement, n'arriva pas à termes. Sans même reprendre leurs sacs, ils partirent en riant, fiers de leur coup. Malgré l'odeur, tu eus un moment de détente en les voyant partir, mais ton nouveau soucis était à présent de savoir ce qui semblait teinter l'eau d'une couleur plus foncé et l'odeur métallique et désagréable qui emplissait l'endroit.

-C'est quoi ça...?

-Haha, tu rigoles, hein? Qui ferait un truc pareil, d'abord...

Puis, les noms se mirent à fuser dans ta tête de gens qui, selon toi, seraient plus que capable de commettre une connerie de la sorte. L'hypothèse éventuelle qu'il s'agisse des viscères éparpillées dans la therme ne t'effraie pas, c'est surtout de savoir ce qu'ils sont prêts à faire par la suite dans la grande lignée de leurs conneries envers les Spiraea. Voilà ce que tu envisageais. Encore, tu croyais peut-être à tort qu'il s'agissait de Narcissus, mais bon, qui est assez zélé pour faire une farce pareille au beau milieu de la nuit. C'est à ce moment là que tu voyais qu'Halloween approchait, laissant place aux coups les plus sordides.

Tu la sens glisser sur toi un peu, un bref sentiment d'inconfort te prend et tu trouves l'eau plus froide qu'elle ne l'était tout à l'heure. Tu avances la main toi aussi vers la mare sombre qui se répand, l'épicentre étant la source de l'odeur désagréable. Tu regardes ta main viciée, mais n'arrive à faire un constat clair. Tu la renifles un peu avant de pousser dans un élan d'inconfort.

-Sors de l'eau. Maintenant.

Sans même prendre le temps de lui laisser le premier mouvement, tu bougeas de sous elle, sortant de l'eau pour observer de tes propres yeux déficients l'horreur de la situation. Dans l'eau, faiblement éclairé par la lumière blafarde de la bâtisse principale, des viscères -animales ou humaines- cela t'importais peu, baignait dans un flot carmin d'origine tout aussi inconnue. Ton coeur de Spiraea se durcit un peu en voyant ce qui se tramait. Un long soupir de désapprobation alors que tu passais tes mains dans tes cheveux, comme si tout ce qui se passait devant toi était irréel. Puis, tout d'un coup, cette joie enfantine et moqueuse se dissipa sur ton visage, ne laissant place qu'à un visage sans expression, mais qui bouillait de rage à l'intérieur. Tu lui répondis, sans même la regarder.

-Vaut mieux partir. Si jamais on te surprend ici, je te laisse imaginer le genre de conséquences. J'te paye le café, si tu veux. C'est rare les fois où une fille s'assoit sur moi sans même se présenter.

Même si c'était dit à la blague, rien dans l'intonation ni l'expression faciale ne le laissait deviner. Tu n'entendais pas à rire, en ce moment.

Tu n'en revenais toujours pas que quelqu'un ait osé s'en prendre comme ça aux thermes, propriété des Spiraea alors qu'eux-mêmes étaient en droit de s'en servir. Tu étais prêt à mettre ta main au feu qu'il s'agissait de Narcissus (même si tu n'oserais pas mettre le bout de ton doigt dans ce feu pour ceux-là) et cette même première supposition était aussi indélogeable qu'un regard posé sur la plus belle fille de l'établissement. Les idées embrouillées par l'heure tardive, tu décidas judicieusement de remettre cette chasse à la sorcière au lendemain, lorsque tu serais au moins en mesure d'émettre des constats clairs, même si tu savais pertinemment que de blâmer les Narcissus resterait l'option la plus probante.

La jeune femme -qui n'est pas Spiraea-, préférant la solitude au commun des mortels se dirige à présent vers les vestiaires, ce qui doit être la pire idée depuis...celle de verser du sang frais dans les thermes chaudes. Décidément, cette nuit ne portait sans doute pas conseil. Agacé, tapotant du pied, tu hésites à livrer la pauvre fille à son destin, mais quelque chose te retient, soit ta quasi nudité apparente et l'air frais du matin. Tandis qu'elle est dans le vestiaire, tu vas rechercher tes vêtements un peu plus loin et lui lance, lui recommandant de se dépêcher.

-Fais vite, j'ai pas envie de me faire prendre sur les lieux tandis que mademoiselle se pomponne sous la douche.

Alors que tu te délestais de l'unique protection conservant ta pudeur aux yeux du monde, tu enfiles ton sous-vêtement de rechange et rajoute, pour revenir sur son affirmation précédente.

-Tout de même, je comprends pas pourquoi tu préfères le confort sécuritaire de ta chambre alors que tu peux vivre ce genre de moments uniques. Avec moi, de surcroît...

Ah, que la douce saveur du sarcasme mélangé à l'air frais était désagréable, même pour toi, fervent sarcastique. La situation ne t'amusais vraiment pas et malgré les vaines tentatives de te faire croire le contraire se heurtaient lamentablement sur le mur de l'intolérance face à ce genre de gestes insipides et franchement répugnants. Le pire, c'est que cela paraissait dans ta façon de parler. Le ton était acide, jugeant à tort les coupables. Mais au fond, étais-tu à blâmer? On s'attaquait à ta maison, après tout.

Soupirant d'une lassitude qui pris le dessus sur l'agacement, tu te réserves le droit d'entrer dans le vestiaire des filles, utilisant la longue rangé d'éviers comme siège improvisé. Plus doucement cette fois, tu réitères ton offre.

-Et oui, tu peux me prendre au mot. L'offre tiens toujours. Quoi que des somnifères seraient peut-être plus appropriés si on veut oublier cette histoire à dormir debout. Quoi qu'il en soit, fais vite. Si jamais on nous surprend, je leur dis qu'on faisait l'amour et que c'était la semaine maudite pour toi.

Malheureusement, ça aurait sans doute plus de crédibilité que l'autre option, soit un coup d'une bande d'énergumènes. Tu termines de t'habiller et tu attends qu'elle finisse sa toilette. Suite à ce manque d'inhibition de ta part, tu attends une réponse. Mais c'est long. Alors tu décides de voir si elle n'est pas morte dans la douche. Car ça, c'est moins facile à expliquer. C'est dans les moments comme ceux-ci, à une heure pareille, que ton esprit arrive à divaguer au point de te faire croire quelque chose. Ainsi, tu profites de ta supériorité aérienne pour jeter un coup d'oeil discret. Ça va, tu remarques quelques mouvements flous, ta myopie t'empêchant de discerner avec précision quoi que ce soit. Juste avant qu'elle ne se retourne, tu réintègres ta position initiale évitant ainsi de te rincer l'oeil et d'être poursuivit pour voyeurisme.

-D'ailleurs mademoiselle l'ermite. Comment tu t'appelles? Pas que ça m'intéresse...mais en fait oui. Je tiens pas non plus à te trouver des surnoms dérisoires à tout bout de champ.

Comme quoi, tu n'étais pas totalement inconnu, même par les élèves des autres maisons. Si, pour toi, cette personne était une première rencontre, il semblerait que ton nom soit facilement associé à ton visage. Pourtant, tu n'avais pas le souvenir de lui avoir dit ou quoi que ce soit. À cette réflexion, un sourcil s'arqua alors que tu la dévisageais, cette jeune fraîchement lavée et à l'odeur sans doute plus agréable, d'un air presque condescendant.

-Mais d'où connais-tu...Enfin bref, c'est pas important! Enchanté également, Sayuri.

Tu marques une pause, profitant de celle-ci pour lever ton postérieur de ton perchoir improvisé pour poser pied sur le carrelage froid, les deux mains en appui sur les éviers. D'ailleurs, l'envie de partir se faisant toujours plus grande, tu lui indiques le chemin, tel un gentilhomme, ce qui ne t'es pourtant pas habituel. Du moment que tu pouvais foutre le camp de l'endroit.

-Par ici, mademosielle.

Tu la guidas ainsi, d'un air sûr vers l'autre partie de la bâtisse où il y avait les dortoirs. Ben oui, le réfectoire était fermé depuis longtemps maintenant et le seul endroit disponible était l'unique machine distributrice tant convoitée par les étudiants Spiraea. Bien que ce ne serait pas le rendez-vous idéal, la simplicité du geste serait sans doute propice pour la situation qui venait de se dérouler. Tandis que tu déambulais à travers les sentiers orientaux, tu trouvas enfin quoi lui répondre sur ton affirmation précédente.

-Bien sûr qu'on aurait plongé tous les deux. Mais selon toi, qu'est-ce est pire entre le fait qu'on se trouve sur les lieux d'un déversement de sang quelconque, ou bien que...tes problèmes de femme ont surgis au mauvais moment. À la limite, on se serait fait taper sur les doigts pour être là à une heure pareille.

Bien que dans ta tête, le tout faisait du sens, il était certains que le tout se serait forcément déroulé autrement que dans ton scénario utopique. Enfin, après quelques moments, le grand dortoir se dévoilait sous tes yeux, invitant la demoiselle à entrer dans ce lieu de convoitise... Enfin, ça dépendait pour qui.

Une fois à l'intérieur, la machine à café se présentait comme le sauveur de cette soirée. Sortant la monnaie de ta poche, tu commenças ton laïus:

-Alors, alors, voilà ce que je te propose.

Tu insères la monnaie dans la machine.

-Premièrement, comme convenu, je t'offre le café. Bon, je te l'accorde, ça a rien de bien spectaculaire, mais on va faire avec ce qu'on a. Tu prends quoi, d'ailleurs?

Tu marques une pause, puis reprend.

-Ensuite, on se dirige dans ma chambre, parce que je sais pas si tu as remarqué, mais il doit bien être trois heures du matin. Puis, je t'offre l'asile politique pour la nuit. Je sais pas où est ton dortoir, mais ça va être long pour y retourner. T'en fait pas, mon plancher est confortable.

Toussotement.

-Je rigole, j'vais dormir par terre.

Bah oui, ce serait un peu bête de la faire dormir sur le sol. Mais généralement, c'est pas le genre de chose qui t'arrêtes. Alors, c'est quoi? Peut-être l'ombre d'une alliée face aux Narcissus, qui sait? Du moins, ceux que tu crois être des Narcissus.

Sur ta montre, l'heure dépassait à présent les trois heures et demi. Tandis que tu attendais que le café noir tombe mollement dans le verre en carton, éclaboussant un peu lors de sa descente, tu espérais de un, que l'on ne vous surprenne pas debout à une heure pareille. Tandis que tu sors la boisson chaude, tu commandes à ton tour. Vu l'heure, se serait un peu bête de devoir prendre un café avant d'essayer de dormir, sachant que dans à peu près cinq heure, tu serais en session de test. un chocolat chaud ferait l'affaire, alors. Tu lui tends alors son café, gracieuseté de la maison.

-Voilà pour mademoiselle.

Tandis que tu attends ton breuvage, tu te retournes vers elle, camouflant un bâillement de fatigue qui n'était nullement causé par elle. Alors que tu prenais à ton tour ton breuvage, tu te tournes vers elle, surpris qu'elle accepte ta proposition. tu la mets tout de même en garde, histoire qu'elle n'ait pas de mauvaise surprise.

-Je t'avertis, y'a des Pokémons en liberté dans cette chambre. Je garantis rien pour les mauvaises surprises.

Portant le gobelet à tes lèvres, tu avales de force le liquide brûlant, sans pouvoir retenir cette grimace de douleur sur ton visage causé par les ravages du chocolat sur ta langue et dans ta gorge. Tu tousses un moment, cherchant à dissiper cette douleur du mieux que tu peux. Lorsqu'elle mentionne l'événement de la soirée, un sourire entendu s'afficha sur ton visage. Elle avait vu juste. Maintenant, ce serait un peu bête de lui cacher ce que tu croyais être la vérité. Ainsi, avant d'aller t'asseoir à ses côtés tu lui dis, doucement:

-Jolie ET perspicace. C'est tout à ton honneur.

Tu prends une nouvelle gorgée de ton chocolat, faisant cette fois attention à ne pas empirer ta brûlure et poursuit, ne désirant pas lui cacher ce que tu croyais être juste.

-Je...crois en effet connaître les coupables. Tu n'es pas sans savoir qu'entre les Narcissus et les Spiraea, c'est tout sauf joli. Dans leur grandeur et pseudo-intellectualité, ils cherchent à nous rabaisser sans aucune raison. Ce genre de coups pendables, c'est bien leur genre. Donc oui, j'ose prétendre sans preuve qu'il s'agit d'un de leurs coups. Mais... je ne suis pas stupide au point d'aller le crier sur tous les toits non plus.

Un nouveau soupir de lassitude face à cette guerre stupide. Bien sûr, tu n'avais pas cru judicieux de mentionner ce que les Spiraea faisaient en retour à ceux saccager le territoire des rouges. Heureusement. Après quelques instants à ruminer en silence, tu te lèves brusquement, songeant qu'il valait mieux ne pas trop traîner dans les couloirs à une telle heure. D'ailleurs, tu te considérais énormément chanceux de ne pas avoir été repéré plus tôt.

-Allez, viens. je te conduis jusqu'à ta loge.

C'était à l'étage du dessus, tout juste devant une autre machine distributrice devant laquelle tu passais le plus clair de ton temps. Tu ouvres la porte doucement, sans faire de bruit. Puis, l'horreur.

Apparemment, tout le monde n'avait pas compris la consigne de dormir. Tout le monde sauf Gordon, l'étourvol qui, niché sur le rebord de la fenêtre, tentait de dormir tandis que sur ton lit, Cornetto le Sabelette et Masa le Chimpenfeu y allait d'une guerre de coussins...et de tout autre objet leur tombant sous la main, en fait. Loin de cette guerre territoriale, Zap le Statitik avait trouvé le réconfort dans la caisse de ta guitare acoustique.

-Ahem...

Tout le monde arrête. Gordon se tourne vers toi, Cornetto et Masa font les anges sur les vestiges de ton lit et Zap sort de ta guitare, comme si de rien n'était. Bref, c'était le bordel.

Sans faire quoi que ce soit, tes Pokémons avaient compris qu'ils étaient dans le tort. Le faux air piteux dont ils s'étaient dotés n'allaient pas les sauver cette fois. Tandis que tu t'avançais dans le bordel qu'étais ta chambre, ils se raidirent, comprenant que cette fois, tu n'entendais pas à rire. Alors que tu t'avanças, l'air sévère, ceux-ci eurent la brillante idée de te sauter dessus, soulevant un cri de surprise et e mécontentement chez ta personne.

-Arrêtez, bande de petits voyous!

Ils savaient que tu n'allais pas les punir réellement, encore moins en venir aux sévices physiques. Jamais tu ne les avais maltraiter et eux, tels de petits enfants rois, en profitaient pour en ajouter lorsque tu tentais de reprendre les contrôle. Même la petite araignée se joint à la partie, trouvant le tour d'entrer sous ton chandail, sous tes grognements. Une fois las de ce petit jeu, tu arrêtas toute résistance annonça doucement, d'un sérieux calme.

-Ça suffit.

C'était là la magie de la chose. Tu avais beau hurler, jamais ils n'obéiraient. Seulement lorsque tu émettais un ordre clair, net et précis qu'ils obéissaient, comprenant qu'ils avaient intérêt à le faire, surtout. Replaçant tes draps en un amoncellement sur ton lit, tu pus enfin te tourner vers ton invitée qui, elle, semblait trouver le tout plutôt drôle. Arquant un sourcil, un sourire forcé s'afficha sur tes lèvres à ton tour, tandis que dans la chambre, tout revenait au calme. Du moins, ce qu'on pouvait appeler le calme dans un endroit pareil. D'un ton faussement agacé, tu lui dis, comme pour justifier cette situation:

-Tu trouves ça drôle, hein? Je te verrais bien moi, composer avec des petits monstres dans le genre!

Ton sourire trahissais ton manque de sérieux alors que faisant de la place sur ton lit, tu y pris place, invitant Sayuri à y entrer et prendre place...où elle le désirait. Cornetto vint s'installer sur tes genoux, comme pour se faire pardonner son attitude de tout à l'heure. Comme pour rompre le silence, tu décidas de faire les présentations.

-Donc, je crois que des présentations ne seront pas nécessaires... Lui sur mes genoux c'est Cornetto, Le Chimpenfeu, c'est Masa, l'araignée se nomme Zap et le plus tranquille sur le rebord de la fenêtre c'est Gordon. Bon, je sais que ça paraît étrange de présenter ses pokémons, mais c'est un peu ma famille, en somme.

S'il y avait une chose avec laquelle tu n'est pas gêné ou timide, c'était de montrer à quel point tu pouvais aimer et apprécier tes pokémons. Car oui, il s'agissait bien de famille pour toi, celle que tu n'avais jamais eu et bien franchement, il s'avérait souvent de meilleure compagnie que les êtres humains. Avec eux, pas de besoin de parler, on pouvait se comprendre autrement et même s'ils aimaient faire la fête un peu tout le temps, ils étaient compréhensif et gentils. Pour faire plus sérieux, tu en revins au sujet qui t'intéressais, soit les Narcissus.

-Sinon, pour en revenir à ce que tu me disais tout à l'heure, j'ose croire que tu as eu des problèmes avec des Narcissus toi aussi? Récemment, ou bien?...

Tu laissas la question en suspens. Sans le remarquer, tu étais passé du vouvoiement au tutoiement, comme si vous étiez suffisamment intimes à présent pour vous permettre ce genre de folie.

-Sinon, pour le moment, il ne vaut mieux pas s'emporter sur la situation. Après tout, on est pas supposé le savoir. Mais c'est sûr et certain que les Spiraea vont réagir face à cela. C'est la justice même qui parle.

Un sourire s'afficha sur ton visage. Le bien remportait toujours sur le mal, après tout. Les vertueux contre les corrompus. C'était l'ordre naturel des choses. Sortant de tes rêveries, tu fais signe à Sayuri.

-Fais comme chez toi!

Le bon coupable? Y avait-il seulement un bon coupable? Bien sûr, tu jouais avec les mots mais il n'y existait aucun bon coupable. Seulement des fautifs. Tu savais pertinemment qu'il y en avait parmi tes rangs, des gens qui attaquent à la moindre occasion. Même si tu t'efforçais de leur montrer à ne pas agir sans raison, tu avais idée qu'ils n'obéiraient à ce bâillonnement en règle. Tu préférais répliquer, la vengeance étant pour toi la seule réaction justifiable à tes yeux. Pour garder la balance. Faire uniquement la paix, très peu pour toi. Autant te soumettre à l'autorité de la petite bourgeoisie de l'académie.

Tu écoutas la voix de la raison. Peut-être était-ce d'autres personnes à l'esprit fertile qui aurait pu commettre ce genre de bêtises. Tu serais bien fou de venir nier cette hypothèse. C'est pourquoi, en attente d'une confirmation, tu ne ferais rien. Du moins, pas par toi-même. Tu laisserais les autres agir par eux-mêmes. Après tout, tu étais loin d'être un maître de la pensée. Puis, tu avais la satanée manie d'ignorer tous les événements qui ne t'affectaient pas directement. Comme les propres vendettas que ta maison menait. Oui, c'était très partial comme façon de voir les choses, mais cela t'étais égal. Parce qu'au moins, pour une fois dans ta vie, tu ferais comme tu l'entends.

-Des divergences d'opinions? À moins d'être né dans un berceau en or, je doute que l'on puisse avoir la même opinion qu'eux sur quoi que ce soit.

Une pointe de colère se hérissa dans ton timbre de voix. Cela faisait longtemps que tu étais passé au-dessus des fades insultes des Narcissus, mais la seule idée de savoir qu'ils pouvaient se servir de cette richesse pour juger les gens te rendait agressif. Après tout, toi qui étais né dans la classe moyenne, ouvrière et qui a vécu comme quasi-orphelin toute ta vie.

-Même si je crois dur comme fer encore qu'il s'agit de leur oeuvre, je suis conscient qu'il peut s'agir de quelqu'un d'autre. Après tout, il n'y avait pas de signature ni quoi que ce soit.

Gordon se délogea alors de son perchoir, lui pourtant distant, généralement pour venir te rejoindre, sur tes genoux, sentant sans doute cette animosité qui t'habitais. Tu le gratifia de caresses sous la gorge, ce dont il raffolait, lorsque l'envie de câlins le prenait et ajouta, faisant mention de ce qu'elle avait dit plus tôt.

-Tu sais, moi j'ai encore tendance à croire que les Pokémons valent plus que les humains...

Puis, tu te tournes vers elle. Allongée sur ton lit, elle semblait dormir ou du moins, n'était pas très active. Un sourire paisible s'afficha sur tes lèvres. Rassuré du fait qu'elle ne faisait pas partie des Narcissus (du moins, elle ne semblait pas l'être et tu croirais en cette hypothèse jusqu'à preuve du contraire), tu fis signe à Gordon de retourner sur son perchoir et à Cornetto de débarquer de sur ses genoux. Apaisé par cette scène, tu commenças à fermer les lumières et venir poser une couverture sur elle, de façon presque bienveillante, du moins, beaucoup plus que n'importe quel garçon de ton âge devant de la chair féminine couchée sur leur lit. Après tout, le dortoir n'était pas réputé pour son isolation à toute épreuve. Tu lui enlevas son café, histoire qu'elle ne se le renverse pas dessus ou pire, qu'elle tache ton lit avec et le posa sur ton bureau adjacent au lit. Tu pris un oreiller, une autre couverture dans ton garde-robe et t'allongeas sur le sol froid, comme convenu. Jetant un rapide coup d'oeil à ton réveil matin, tu vis l'heure et avec une moue agacé, tu finis par t'endormir, tes Pokémons venant te rejoindre, contents de cette scène inusité pour eux.

Quelques heures plus tard, tu te réveillas avant elle, comme tu le pensais. Ton examen n'était plus dans bien longtemps et tu devais faire vite, mais en silence. Tes Pokémons réintégrèrent vite fait leur pokéballs et tu t'habillas tentant de ne pas réveiller la douce toujours assoupie sur ton lit. Sur une note, tu lui écris un petit quelque chose avant de lui coller sur le front avec délicatesse, sans la réveiller. Puis, tu filas à ton examen, conscient de la note moyenne qui s'en suivrait.

Sur la note était écrit:

Désolé de devoir te faire faux bond si vite, mais comme nous sommes en fin d'année, les examens n'attendront pas, eux. Enfin. J'ai bu ton café froid, désolé. Je t'en paierai un autre et ce, dans de meilleures conditions. Ah oui, n'oublie pas de barrer la porte si tu pars avant que je ne revienne.

Bonne journée,
Yano.