La Battle Field résonnait d'une clameur inhabituelle pour l'heure très matinale. A cette heure-là, la majorité des élèves dormaient ou commençaient seulement à se lever. Mais pas Anya. Avant même que l'aurore ne pointe, elle était déjà là à s'entraîner. Bien sûr, se lever tôt ne lui avait pas posé de difficultés majeures ; ce n'était pas comme si elle avait été une grosse dormeuse, de toute manière. Peu d'heures de sommeil lui suffisaient, en général. Dormir longtemps, quelle perte de temps qui aurait pu être employé à faire quelque chose d'utile..Comme s'entraîner, par exemple. Ou s'avancer dans ses devoirs. Des choses de ce genre, quoi. Mais pourtant, ce matin-là, la réalité de son réveil prématuré était toute autre.

Anya n'avait pas dormi.

Les souvenirs de ses dernières captures la hantaient. Le Migalos, trop fort pour elle et ses pokémons ; le Poussifeu qui avait refusé la capture jusqu'au bout. Toute la nuit, elle avait eu en tête ces deux moments désagréables. Il était plus aisé de se rappeler des mauvaises choses que des bonnes ; dans le cas de la dresseuse, c'était parfaitement exact. Certes elle avait capturé Nirondelle ; celle-ci, par la suite, lui avait permis de battre Poussifeu ; mais il n'empêchait que ces deux affrontements avaient été globalement insatisfaisants. Elle essayait de comprendre ce qui s'était passé. Avait-elle été trop sûre d'elle? L'idée lui fit froncer les sourcils. A moins qu'elle n'ait sous-estimé ses adversaires? Ou au contraire surestimé les capacités de ses pokémons...Un peu des trois peut-être? En prise au doute, elle avait opté pour le seul remède qui lui convenait: un entraînement matinal, mais intensif. Le but était certes d'améliorer les performances de ses pokémons, mais pas que. Même si elle ne se l'avouait pas, elle voulait de nouveau avoir l'impression d'avoir tout sous contrôle, sans anicroche ; Anya haïssait l'imprévu. Elle aimait que les choses soient carrées, bien établies. L'improvisation, ce n'était pas pour elle. Certains y arrivaient très bien, cela dit ; mais pas elle.

La Narcissus recula d'un pas, observant Gobou. Il obéissait à chacun de ses ordres avec ardeur. Sa défaite l'avait rendu quelque peu amer ; il accueillait l'entraînement comme moyen de soulager sa colère. Il ne voulait plus se faire humilier comme il l'avait été récemment. Comme elle pouvait le comprendre. Et les Pistolet à O fusaient, puissants et précis. Même si cela ne faisait pas longtemps qu'il connaissait cette attaque, il la maîtrisait déjà parfaitement. Peut-être était-il assez mûr pour lui apprendre une attaque comme Surf ou Cascade ? S'il ne l'était pas encore, il lui semblait néanmoins déjà bien parti. On verrait bien. Dans l'immédiat, elle comptait retourner prochainement dans la cavité volcanique, pour permettre à Gobou de prendre sa revanche sur ce lieu qui l'avait vu tomber KO et aussi pour capturer un pokémon Feu, si elle en trouvait un intéressant..

A ce moment précis, la porte du Battle Field s'ouvrit.

Anya manqua de pousser un juron en se retournant à moitié pour voir qui venait d'entrer. Manqua, seulement. Parce que cette silhouette, elle la connaissait. Un peu plus grande qu'elle, aussi brune qu'elle-même était blonde, cette démarche assurée et digne ; il n'y avait pas cinquante personnes répondant à cette description. Un coup d'œil plus approfondi lui apprit qu'elle avait visé juste. Hestia Elwing, consœur Narcissus et également camarade de classe en master d'élevage. Donc a priori une personne digne de respect, même si elle ne la connaissait pas plus que ça.

Elle fit signe à Gobou d'arrêter et de venir à ses côtés. Inutile qu'il gaspille inutilement des forces. L'entraînement avait été un succès, et elle n'hésita pas à le signifier d'un «  C'est bien. Tu as fait du bon travail. ».

Puis elle se tourna tranquillement vers la brune, hocha la tête en signe de reconnaissance et dit simplement :

« Hestia.» 

Cela semblait n'être qu'un simple petit mot, sans réelle importance, mais pourtant, le message était lourd de signification : « J'accepte de dialoguer avec toi. »

La brune répondit à son salut – et respectueusement, par-dessus le marché. Juste assez de familiarité entre deux membres de la même maison , et pourtant une distance polie, puisque les deux dresseuses n'étaient au fond pas amies proches, tout au plus de simples connaissances. Non, il n'y avait définitivement rien à reprocher à la réponse d'Hestia. Comme quoi, le sens des convenances ne se perdait pas partout, contrairement à ce qu'on pouvait parfois croire. Mais au fond, c'était normal. Les Narcissus étaient l'élite de l'école, comme le prouvait leur position lors de la dernière session de la coupe des sabliers : en tête. Raison pour laquelle elle était assez satisfaite ces derniers temps. En surface seulement : car évidemment, si l'on creusait un peu, Anya avait toujours sa déconvenue récente en travers de la gorge.

Rien n'est jamais facile.

Elle hocha à nouveau la tête. Ainsi, Hestia reconnaissait la valeur des entraînements matinaux. Non pas qu'elle eut besoin de l'approbation de qui que ce soit – elle avait toujours agi comme elle l'entendait -, mais voir que quelqu'un partageait ses principes était toujours quelque chose de positif et d'agréable. Comme le regard plein d'intérêt que la brune portait sur Gobou. Il était vrai que Gobou n'était pas un pokémon que l'on rencontrait souvent sur le campus. Son tempérament devait jouer aussi : contrairement à la plupart des autres Gobou, on ne pouvait pas dire que le sien avait un caractère paisible. Bien au contraire. Il était avide de se mesurer à d'autres pokémons – parfois à ses frais-, fier et avide de devenir plus puissant. Il désirait ardemment l'évolution. Et à vrai dire, Anya souhaitait aussi le voir évoluer ; cela, elle le savait depuis longtemps. Elle voulait vite le voir acquérir le double-type Eau-Sol. Elle n'aurait plus ainsi plus rien à craindre des attaques électriques. Gobou ne ferait évidemment pas le poids face à un pokémon plante ; mais elle avait de quoi remédier à cette faiblesse. La brune désigna ensuite son Malosse :

«Je ne sais pas si je t'ai déjà présenté Astian...
-Non, c'est la première fois que je le vois...»

Pas de reproches, seulement une simple constatation. Ce n'était pas comme si la blonde avait tenté quelque chose pour instaurer le contact entre elles deux, après tout. Et face à quelqu'un qui se tenait un peu en dehors du monde comme Anya, il était évident qu'on n'avait pas forcément envie de l'approcher – ce qui était un peu le but, au fond. Éviter les gêneurs, autant qu'elle le pouvait ; néanmoins, si quelqu'un voulait vraiment lui parler et parvenait à supporter ses sarcasmes et son ironie parfois grinçante, elle se montrait généralement assez disposée à parler, comme c'était présentement le cas. Oh évidemment, elle n'allait pas se lancer dans de grandes déclarations -sauf elle était vraiment piquée au vif -, mais bon. Elle n'avait jamais été une grande bavarde et ne le serait sans doute jamais. Elle reprit ensuite la parole :

-Néanmoins, je dois dire que ton Malosse est un très beau spécimen.

Il fallait le dire : ce Malosse était impressionnant : de bonne taille, l'oeil vif, le poil luisant...Sa dresseuse prenait bien soin de lui et l'entraînait correctement, cela se voyait. Même si Gobou avait l'avantage du type, il lui donnerait sans doute du fil à retordre dans l'hypothèse d'un combat. Mais bon, il n'était pas encore question d'une hypothétique lutte entre les deux dresseuses et leurs pokémons. Sans façon. Elle ne cherchait pas la confrontation avec d'autres dresseurs. Pas encore, lui soufflait une petite voix mesquine. Mais en tout cas, elle se jugeait au-dessus de certains élèves passant leur temps à provoquer les autres en duel – c'était un gaspillage inutile de temps ou d'énergie. Ce qu'elle n'avait jamais compris, aussi, c'était cette tendance à régler des conflits personnels par un combat pokémon. Comme si le fait de gagner ou non un match suffisait à donner tort ou raison à quelqu'un. Une simple discussion constructive ne suffisait-elle pas? Visiblement non.

Mais voilà que la brune sautait du coq à l'âne.

«Je ne suis peut-être pas une experte en la matière, mais même le plus acharné des élèves ne se lève pas à l'aube pour s'entraîner sans une raison précise. Alors ? Qu'est-ce qui t'amène ici ? »

Ahem. Ce ne sont pas tes affaires, aurait-elle eu envie de répliquer sèchement. Sainte Patience, Très Sainte Patience. Mais comme elles étaient toutes deux des personnes civilisées, elle n'allait pas provoquer d'esclandre. Surtout dés le matin. Commencer une journée dans le conflit ne lui disait rien.

«Je n'arrivais pas à dormir. Et plutôt que de chercher un sommeil qui de toute façon ne viendra pas, j'ai décidé de venir ici. Autant occuper utilement mon temps en attendant le début des cours.»

En omettant évidemment de dire pourquoi le sommeil la fuyait. Ce qu'elle venait de prononcer n'était qu'une demi-réponse. Même pas, un tiers de réponse. Du coup, elle s'exposait certainement à un interrogatoire : plus on essayait de cacher quelque chose, plus les gens s'acharnaient à pointer du doigt ce qu'on cachait. Alors du coup, mieux valait s'en débarrasser par un bref résumé de la situation - elle ne répondrait même pas si Hestia essayait d'en savoir plus. Elle finit par lâcher :

« Et mes captures ne se passent pas aussi bien que je l'espérerais. »

En essayant toujours de faire bonne figure. C'est ça Anya. On te croit.

Et bien visiblement, elle n’était pas la seule à souffrir niveau capture. Ça avait un petit côté rassurant, au fond, même si leur problème était complètement différent. Hestia ne trouvait pas ce qu’elle voulait, tandis qu’Anya, elle, trouvait des pokémons intéressants sans pour autant réussir à mettre la main dessus. Et pourtant, elle en aurait eu envie. Mais non, le sort en avait décidé autrement. Alors elle s’acharnait encore et encore, pour se donner l’impression qu’elle pouvait encore tout contrôler dans sa vie. Même si tout partait dans tous les sens. Même si sa vie, pour le moment, ce n’était rien. Ou plutôt des ambitions trop grandes pour elle. Ou un monde qui tourne trop vite pour elle, peut-être. Le point de rupture était proche, mais ça, Anya ne le savait pas encore. Pour le moment, elle était encore à tendre désespérément le bras vers quelque chose qu’elle ne pouvait pas atteindre tant qu’elle ne s’en donnait pas les moyens. Tant qu’elle n’était pas dans le bon état d’esprit.

Mérite ta victoire.

Alors présentement, elle restait là, à analyser, à disséquer, à enregistrer chaque mot que lui disait sa camarade. Elle avait bonne mémoire quand elle voulait – si elle s’en donnait la peine. Un type plante, hein. Elle n’en avait pas encore croisé cette année. A vrai dire, à part Tortipouss qui, à son stade final d’évolution apprenait Séisme, ce n’était pas le type de pokémon qui l’attirait le plus. Beaucoup trop de faiblesses à son goût –mais qui pourtant aurait l’avantage sur son quadrupède aquatique. A propos de celui-ci…malgré sa fatigue évidente, il continuait à regarder le Malosse d’un sale œil. Elle n’aimait pas du tout, mais alors pas du tout cette expression. Il se croyait supérieur à cause de son type ? La bonne blague. Tant qu’elle ne connaissait pas le niveau de son interlocutrice, elle ne prendrait pas le risque d’une confrontation. Aussi lui lança-t-elle un simple regard, lui intimant de rester à sa place et ne pas titiller le chien de feu jusqu’à ce qu’ils en viennent à se combattre. Le message sembla passer. Encore heureux. Il ne manquerait plus qu’il lui fasse un sale coup de ce genre.

Dans tous les cas, c’était bien dommage pour la brune de ne pas trouver ce qu’elle cherchait. Ca devait être horriblement frustrant de partir en chasse pour rien. Bien sûr, cela faisait une occasion de s’entraîner, mais cela ne remplaçait pas la capture d’un pokémon. Toute à ses pensées, elle répondit d’un simple « Pourquoi pas ? » à la proposition de son interlocutrice. Elle était un peu curieuse de la connaître. Peut-être bien qu’elles avaient plus de points communs qu’elle ne le croyait. Tout lui semblait suggérer que oui. La question, en tout cas, méritait d’être creusée.

Au bout de quelques minutes, Anya reprit tranquillement la parole.

« J’y pensais, si tu veux, je pourrais essayer de trouver un pokémon plante intéressant. Ainsi, lorsque j’aurais trouvé un pokémon qui m’intéresse éventuellement, nous pourrons procéder à un échange. Qu’est-ce que tu en dis ? »

Entraide Narcissus, vous voyez. Malgré ses défauts, la blonde avait à cœur de garder sa maison à la tête du classement. Alors, si cela impliquait de ravaler momentanément sa fierté et essayer de sociabiliser, elle le ferait sans hésiter. Mais attention, il fallait bien qu’elle gagne quelque chose en échange. Elle n’était pas assez désintéressée et altruiste pour cela.

Spoiler:

Anya accueillit d’un petit sourire les remerciements de sa camarade. Un merci, ça faisait toujours plaisir. En tout cas, elle était ravie –intérieurement, bien sûr - de voir qu’Hestia était tout à fait d’accord avec sa proposition – et mieux, qu’elle lui offrait elle aussi de capturer un pokémon qu’elle, Anya, jugerait intéressant . C’était du donnant-donnant, et cela lui convenait parfaitement. Cela lui ferait gagner un peu de temps, en théorie, et lui épargnerait un voyage. Mais y avait-il un pokémon qu’elle voulait particulièrement ? La question méritait réflexion. Elle avait dans l’idée de capturer un pokémon électrique – c’était toujours utile, après tout -, mais elle voulait le capturer seule. Il fallait qu’elle parvienne à réussir une capture après ses petites mésaventures. C’était une question de fierté. Peut-être mal placée, elle en convenait, mais c’était comme ça. Elle avait besoin de se prouver qu’elle était capable de capturer un pokémon, que ce n’était qu’une mauvaise passe et rien de plus.

- Non, pour le moment, je n’en ai pas en vue. Cependant.( Anya sortit une feuille de son sac, griffonna son adresse e-mail et tendit le papier à la brune.) Au cas où.»

C’était histoire qu’elles puissent rester en contact. Certes, elles étaient ensemble en cours, mais les cours ne duraient pas toute la journée, n’est-ce pas. Et les deux Narcissus avaient autre chose à faire après les cours que de rester collées comme des siamoises. Se voir de temps en temps, pourquoi pas, maintenant qu’Anya commençait à mieux cerner et respecter la personne en face d’elle. Mais de là à ne pas se quitter, il y avait quand même une sacrée marge.

Elle manqua de grogner en voyant que la porte de leur salle de classe était fermée. Qu’est-ce que c’était que ce délire ? Leur professeur était en retard, ou il était absent ? Sérieusement. Déjà qu’elle n’était pas exactement de bonne humeur ces derniers temps, si en plus les profs commençaient à taper sur les nerfs, ça n’allait pas aller en s’arrangeant…Mais il semblait qu’elle allait être obligée de prendre son mal en patience…Oui, mais. Un gamin surexcité venait de marcher sur le pied d’ Hestia sans s’excuser. Celle-ci fit visiblement de gros efforts pour se contenir, ce qui était louable. Seulement, elle-même n’allait pas laisser passer ça. C’était une preuve de non-respect manifeste. Et accessoirement, cela lui permettrait de passer ses nerfs.

« Une petite minute, toi. »

Le gamin se figea. Ça devait être ça qu’on appelait l’autorité – et sans avoir à se forcer, en plus. Il lui suffisait juste de se laisser aller. Voix polaire, regard condescendant, port de tête fier, maintien bien droit.

« Excuse-toi. Maintenant. »

En appuyant bien sur chaque mot, pour être sûre de bien se faire comprendre. On ne savait jamais..

Le regard du gêneur passa d’elle à Hestia et d’Hestia à elle. Faisait-elle donc si peur, qu’il tente de regarder si sa comparse était moins terrible ?

Un silence pesant s’installa entre les trois protagonistes. La tension était presque palpable. Encore plus quand Hestia finit par lâcher un « J’attends.. ». Merci du soutien, son effort était remarqué ; elle n’avait donc pas fait tout ça pour rien. Il n’aurait plus manqué que, dans une scène affreusement clichée, la brune ne s’interpose et ne lui dise d’arrêter de «faire du mal » au gamin. Non, rien de tout cela. Juste des excuses, à peine audibles. Anya s’apprêtait à lui faire la remarque qu’elle n’avait rien entendu, mais Hestia en décida autrement et laissa partir le gêneur. Anya fronça les sourcils ; si ce n’avait tenu qu’à elle, elle aurait gardé un peu plus longtemps le coupable avec elle pour lui faire cracher de vraies excuses dignes de ce nom. Mais bon, Hestia avait été la victime, et si elle jugeait que le conflit avait été réglé, c’était sa décision. Et cette décision, elle devait la respecter. Mais au moins, on pouvait espérer que maintenant, ce genre d’incidents n’arriverait plus. Que le jeune dresseur ferait attention à là où il posait les pieds. On pouvait y croire.

Sur ces entrefaites, leur professeur arriva pour ouvrir la porte de la salle, au grand soulagement des deux Narcissus. Aussi purent-elles enfin prendre leur place et suivre le cours. Du moins, jusqu’à ce qu’elle reçoive un petit billet sur sa table. Discrètement, elle l’ouvrit – tout en ayant parfaitement l’air de suivre le cours. Aucun doute, ça devait être Hestia qui lui avait envoyé. Simple déduction : d’ordinaire, personne ne lui passait de billets en plein cours, et en plus, sa camarade était la dernière personne à qui elle avait parlé. Avec un intérêt poli, surprise, Anya relut une ou deux fois le billet pour être sûre qu’elle avait bien compris. Elle ne rêvait pas, elle lui proposait indirectement de se voir pour aller boire un verre ?

Elle griffonna ensuite sa réponse : « Je répondrais en disant que je reste très classique : le Red Light, un cocktail de jus de fruits. Je n’ai pas pour habitude de boire beaucoup d’alcool. P-S : Dois-je prendre cela pour une invitation ? »

Avant de profiter du premier moment de distraction qu'eut son professeur pour envoyer son billet à Hestia, et de reprendre son attitude d’élève attentive. A un détail près : un sourire en coin s’affichait désormais sur son visage.

Anya vit la brune ouvrir son petit mot, commencer à écrire...et finalement cacher le mot dans sa trousse. Elle avait raison, mieux ne valait pas jouer avec le feu une fois de plus : elles avaient déjà pris des risques en s’envoyant deux billets, essayer de renvoyer une nouvelle réponse eût été tenter le diable. La blonde ne tenait pas particulièrement à se faire repérer par son professeur et risquer une heure de colle ou elle ne savait quoi d’autre – même une simple remontrance ne l’attirait pas particulièrement, même si elle savait qu’elle aurait simplement soutenu le regard de son professeur sans manifester la moindre honte ou le moindre remords.

Alors elle attendit patiemment la fin du cours. Prenant ses notes comme d’habitude, même si leur professeur avait un potentiel soporifique certain. Et reléguant au second plan ses préoccupations concernant une éventuelle sortie. Du moins, essaya. Dès que l’enseignant marquait une pause dans son cours, l’esprit de la Narcissus y revenait. Autant dire, dans ces conditions, que la fin du cours sonna la fin d’une abominable torture. Mais ce ne fut pas pour autant qu’elle se dépêcha de ranger ses affaires : la plupart des étudiants s’étaient en effet rués dans les couloirs. Si c’était pour affronter un embouteillage, non merci.

Hestia vint vers elle, déposa un billet sur sa table alors qu’elle luttait avec la fermeture de son sac bien rempli, mais s’en alla en lui adressant un clin d’œil, avant qu’Anya ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Bon, tant pis. Impatiemment, elle déplia la nouvelle missive, et eut un nouveau sourire en coin. Surveiller ses mails, hein ?

Et l’instant d’après, elle reprenait tranquillement le chemin de son dortoir, l’esprit en paix.