« Le petit chaperon noir ? »
Thelma… Ah Thelma, où était-elle ? Que faisait-elle ? La jeune femme se réveilla en baillant. Ce bâillement d’ailleurs ressemblait plus à un mignon petit miaulement qu’autre chose, elle s’étira en se levant, l’air toujours endormie. Elle se mit devant la glace de sa chambre et put voir à quel point elle ne ressemblait à rien au réveil. Mais après tout cela importait vraiment peu, elle ne voulait plaire à personne, elle n’avait personne à impressionner avec une beauté hors du commun en toute circonstance.

La jeune Narcissus se coiffa tout de même et mit son ruban rouge avant de sortir de sa chambre et d’aller dehors. La seule raison qui la poussait à sortir était l’atmosphère étouffante de sa chambre, qu’allait-elle faire ? Elle-même l’ignorait. Jonglant avec ses deux pokéballs, la dresseuse se dirigea vers la sortie, en traversant le château très précieux néanmoins classieux du domaine des Narcissus. Poussant la grande porte, elle fut éblouie par un grand soleil transperçant les faibles nuages de cette froide matinée de janvier.

Une fois dehors, la médiocre vision de Thelma ne lui permettait pas de voir clairement à plus de dix mètres, une chose à laquelle elle était habituée depuis sa naissance, récemment elle utilisait Chaglam pour la guider mais aujourd’hui, il s’agissait de prendre l’air, sortir un pokémon pourrait être signe d’hostilité envers les autres. Bien que cette perspective ne la dérangeait pas, l’albinos n’avait aucun intérêt à provoquer du monde à Narcissus, elle n’en tirerait aucun profit. Alors elle continua à avancer seule dans ce monde flou, elle distingua une personne assise seule sur un banc. Une fille aux cheveux noirs… En s’approchant un peu plus Thelma eut la surprise de remarquer que c’était un garçon, d’ailleurs elle devait s’être approchée trop près pour savoir étant donnée le regard de ce garçon tout de noir vêtue. Gênée ? Non surement pas, Thelma jouait un rôle, elle se donnait une image toute autre, différente de ses vraies pensées.

Ainsi, remarquant l’insistance du regard du jeune homme elle mit le bout de ses doigts sur sa bouche et prit une inspiration choquée. Ce genre d’inspiration que l’on a quand on est surpris. Puis relâcha toute son inspiration dans un soupir soulagé. Posant ensuite la main sur la poitrine elle commença un discours plutôt étrange

« Oh, tu m’as surpris petit, j’ai cru que tu étais une petite fille perdue, de loin. Nyéhéhé désolé, désolé, la vision des chats de mon espèce n’est pas la meilleure du monde. Sinon que fais-tu petit humain vêtue de noir… Le petit chaperon noir ça sonne bien, nyéhéhé… Bref que miaules-tu dans le sombre domaine de Narcissus ? D’après ton nom, le petit chaperon noir, il semblerait que tu en fasse partie, tout comme moi, n’est-il pas ? »

Délurée, débile, en tout cas Thelma était comme ça avec les autres, surtout avec ces nouvelles rencontres au début. Moqueuse, supérieure et surtout extravagante et faussement enjouée. Son attitude contrastait bien avec l’atmosphère environnante mais c’était pour le mieux. Le petit chaperon noir, comme elle avait décidé qu’il s’appellerait, allait-il la prendre pour une folle ? Il aurait bien raison en tout cas.

«Même si je les hais »
Qu’est-ce qu’elle aimait bien cela ! A quel point son esprit était méchant et sadique. Méchante, oui, elle aimait bien torturer l’esprit de ses interlocuteurs. Sûrement devait-il se demander ce qu’il pourquoi était-il subitement devenue le petit chaperon noir, mais l’esprit des animaux provient d’une autre dimension, il a une autre façon de penser. En effet, elle était assez atteinte comme fille. Le petit se passa la main dans les cheveux pour vérifier s’il n’avait un quelconque vêtement pouvant justifier cette appellation de « chaperon noir ». Le garçon finit enfin par prendre la parole, il baissa la tête et d’une voix faible se présenta en tant que Menthae.

Oh… Quelle déception, l’ambiance et ses vêtements ne collaient plus avec la maison… Après un court silence, le jeune homme annonça son nom : Kuro Ad… Kuro ? La jeune fille à l’entente de ce nom se dit qu’elle avait bien choisi le nom de départ et semblait en retirer pas mal de fierté. C’était hilarant pour l’albinos. La suite de sa phrase insistait sur sa masculinité et comportait une question pour le moins étrange.

Son objectif… La réponse la plus franche serait : Tous détruire, empoisonner ce monde déjà malade, non dans ce cas c’est l’euthanasie… L’euthanasie de cette société était l’envie, non, l’utopie de Thelma. Son mépris envers le genre humain n’avait d’égal que sa capacité à dissimuler ce défaut. Mentir et tromper, c’était l’activité de la jeune fille, mais quel était son vrai objectif ? Elle-même avait du mal à définir ce qu’elle pouvait dire à cet enfant de treize ans.

« Nyéhéhé, mon nom est Thelma Einzbern, le chat arpentant les couloirs de Narcissus. Je ne m’excuserais pas de t’avoir confondu avec une fille mais saches que ce n’était pas pour te provoquer. Sinon tu me demandes mon objectif… Devenir la meilleure dresseuse ? Ou une banalité fade du genre… Naaaaaaaan moi je ne suis pas intéressée par ces choses si vide de sens, moi je n’aime quasiment rien, et surtout quasiment personnes » Déclara-t-elle avec un sourire angélique qui pouvait paraître terrifiant au vu de ses propos.

Elle se passa la main dans les cheveux et soupira un grand coup avant de reprendre son discours. « J’ai entendu dire que les Narcissus ne seraient pas des personnes trop fréquentables et tu tombes sur moi, quelle chanceuse que tu es, enfin… chanceux. Même si je vaux mieux que les autres pour des raisons qui t’échapperais, je ne me pavane pas avec dédain, les gens m’intéressent… Même si je les hais » Ce dernier bout de phrase fut prononcée avec un petit sourire diabolique et avec une voix quasi-inaudible, d’un côté elle voulait qu’il l’entende, mais elle voulait surtout qu’il entende le fait que sa voix a subitement changée de ton, passant d’enjouée malgré les propos à mesquin. Puis elle reprit l'air de rien son ton enjoué

"Sinon, toi qui parles d'objectif, quel est le tien petit chaperon noir ?"

« Le grand méchant chat »
Oh ! Lui aurait-elle fait peur ? Ah quelle tragédie, Thelma faisait peur, vraiment peur, aussi proche de la réalité qu’un schizophrène sous morphine la jeune femme écoutait ce petit garçon peinait à répondre. Elle pouvait sentir sa peur, son envie de s’enfuir, son regret d’avoir croisé la route du chat blanc et sang. Toutes ces émotions mêlées dans l’expression de son objectif. Devenir un dresseur… A l’évocation de ce but la jeune femme eut un petit soupir désespéré, une chose très gênante lors d’une conversation.

Le petit chaperon noir enchaîna sur une question quelque peu osé, ou suicidaire ça dépend du point de vue pris, il avait bien entendu la haine que portait Thelma envers le genre humain et osa s’aventurer sur ce sujet déplaisant pour la demoiselle. Le pourquoi ? En general les histoires sont peu intéressantes et assez graves. Des anecdotes tristes. Il n’y avait aucun moyen qu’elle puisse raconter une histoire où les gens prendraient pitié d’elle, elle avait de la fierté et du mérite de s’être retrouvée ici. La pitié, voilà un défaut qui rebute bien la dresseuse. Mais la suite de la phrase pouvait provoquer de biens pires réaction que cet air hautain et méprisant qu’elle venait involontairement de prendre. Sa posture et son regard devaient être vraiment terrifiants vu que le petit chaperon noir se cramponnait comme une moule à un rocher à ce banc.

La suite de sa phrase aurait pu avoir des conséquences diplomatiques sévères, déclencher une guerre nucléaire et provoquer la destruction de la terre entière ! Non en fait ça aurait juste pu l’énerver. Comment ça « tu en es bien une » ? Le poing de la jeune femme se crispa, non pas qu’elle eut envie de frapper le petit garçon, mais elle se retint de dire des choses qui dépasseraient sa pensée. Une seconde lui suffit à récupérer son calme et elle se mit à rire gentiment… en apparence

« Nyahaha, mais de quoi tu parles, ouvres-donc tes yeux je suis un chat. Il nous est normal de ne pas aimer les humains. Je ne te dirai qu’un mot, fais attention au grand méchant loup la prochaine fois… Ou plutôt au grand méchant chat, Nyahaha » Dit-elle en repartant sur sa route et laissant le chaperon seul, tétanisé. Des petits pas sautillants, sa longue chevelure blanche se balançant, l’étrangeté repartit vers d’autres endroits. ‘’Ouvres-donc tes yeux’’, Quel ironie mais Thelma n’était pas prête à ouvrir les siens et accepter la réalité.

« Je le sais... »
Elle sautillait, elle n’était pas plus heureuse que ça mais elle avançait. Dans quelle direction ? Si seulement elle pouvait lire les panneaux aux loin. Elle n’avait aucun remords à avoir ‘traumatisé’ en un sens un jeune élève de Menthae. Continuant son chemin elle attendait la voix de son précèdent interlocuteur. Sans se retourner, Thelma s’arrêta. Ces mots glacèrent le sang du chat. Bien que les premières phrases firent sourire la Narcissus, après qu’il ait accepté sa condition de petit chaperon noir. Il s’adressa au chat, à Thelma, la Thelma qui se voilait la face. Kuro déclara qu’elle non plus n’avait pas ouvert les yeux. Le poing de la jeune fille se crispa à nouveau et elle se mordit la lèvre. Comment osait-il ? Elle bouait de l’intérieur, comme on dit, pour les chats comme pour les humains, il n’y a que la vérité qui blesse. La jeune fille était fragile, instable. S’interdisant de se retourner elle se murmura à elle-même.

« Et tu crois que je ne le sais pas…. »

Il enchaina sur une de ses phrases que Thelma déteste : Le stéréotype de ‘’la vie n’est pas que noire, tu trouveras des personnes… nana ni nana na’’. Trouver des personnes gentilles, hein ? Thelma était une fille sociable mais ne voulait pas connaître ces personnes ‘’gentilles’’, derrière tout humain se cache le vice. Chez Thelma, le vice est caché derrière un chat… Toujours sans se retourner elle leva la main au ciel, espérant qu’il la regardait encore et lui fit signe de déguerpir, un balayement de la main. La Narcissus repartit ensuite s’isoler, mais se retrouva malencontreusement dans une forêt…