La justice a beau suivre son cours, elle n'est jamais assez instruite. [Première Année - Eric][Fini]

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La salle se remplissait par vague, les élèves arrivaient de façon désordonné. On leur avait ouvert la salle pour qu'il puisse s’installer tranquillement, en avance. Les premiers sur place étaient, et c'était assez facile à prévoir, les Menthae ainsi qu'un petit Narcissus croisé dans le couloir par certains élèves et traîné de force sous le prétexte qu'il ne fallait surtout pas être en retard. Parmi eux, et derniers arrivants du groupe, le petit Lock s'était assis à l'arrière, les premières places étant prise. Son retard sur l'avance des autres était du à une lecture un peu trop passionné d'un livre dans un coin lumineux de la bibliothèque.
Il était partit si précipitamment qu'il en avait oublié de regarder de quel cours il s'agissait. Il s'était contenté de chercher la salle et l'avait trouvé grâce aux indications de quelques élèves croisés sur sa route. C'était la sa plus grande inquiétude : ne pas trouver la salle. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il s'était autant inquiété de l'heure, il lui fallait prendre de la marge pour ne point être en retard. C'était sa mère qui lui avait appris, à force de le voir se perdre dans divers endroit.

Il pu donc enfin s'asseoir à sa table et sortit un cahier et quelques stylo de couleur, tentant de dissimuler au mieux monsieur Lapin dans son sac. Il ne savait pas vraiment s'il avait le droit de l'amener en cours mais comme il ne s'en séparait jamais, il n'avait su se résigner à le laisser dans sa chambre pour la journée.
Les derniers élèves désireux d'assister au cours pénétrèrent dans la salle et l'un d'eux repéra l’oreille rose qui dépassait du petit sac. Quelques murmures et rires plus loin, un jeune garçon s'approcha de lui et lâcha d'un ton moqueur :

« Ça veut devenir maître Pokemon et ça amène son doudou ! A moins que tu ne soit perdu le bébé ! Ici c'est Alcea Rosea ! Pas une école de bébé ! »
Il tenta de s'emparer de la peluche mais Lock se leva d'un bond et saisit son sac pour le protéger. Certes ce n'était guère impressionnant de par sa taille mais sa réaction avait été assez rapide pour empêcher l'inconnu de toucher sa peluche. Les rires reprirent de plus belles avant de s’éteindre presque tous au même moment. Le professeur venait d'entrer dans la salle...

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Tel un argonaute parcourant les méandres de la spiritualité, je déambulais dans les couloirs de l'académie ivre de joie et ivre tout court. À la différence des argonautes cherchant la toison d'or, j'étais en ce moment-même à la recherche de ce que l'on pouvait appelé « Le Grand Tout ». D'après ce que j'en savais, il pouvait être n'importe où et en n'importe qui. Il s'agissait d'une force pure, qui ne ressemblait à rien d'autre. En outre, cette puissance était fragile, parfois acquise puis perdue sans que l'on s'en rende compte. Elle était très difficilement décelable mais bien existante. Elle apparaîtrait à l'élu telle lumière tamisée apparaît et brille dans l'obscurité. Encore fallait-il la trouver, encore fallait-il le chercher... Vous l'aurez donc compris, aujourd'hui mon but était de découvrir cet inconnu que représentait le Grand Tout. Sous quelle forme pouvait-il bien être ? Je n'en avais strictement aucune idée. Toujours est-il que le Grand Tout devait avoir la classe puisque j'avais lu un bouquin sur lui à la bibliothèque et que ledit livre se trouvait sur l'étagère consacrée aux ouvrages philosophique. L'auteur de celui-ci n'avait malheureusement pas eu le génie de dire ce qu'il considérait comme étant le « Grand Tout »... À croire qu'on devait le trouver par nous-même. À moins que le Grand Tout soit donné à la fin du livre, fin que je n'avais pas pu lire puisque des gamins s'étaient, semble-t-il, amusé à déchirer les cinq dernières pages. En tout cas, le Grand Tout tout le long du bouquin était qualifié comme une force naturelle et évidente. Ainsi, il était évident que si je le voyais, je me rendrai instantanément compte qu'il s'agissait du fameux, du sublime, du « Grand Tout ». Bref, cherchant cette précieuse relique qui n'était probablement rien de plus qu'un fantasme, je sillonnais les couloirs quand soudainement une sonnerie retentit. Misère ! Ce bruit affreux m'obligeait à retourner en cours afin d'assurer les leçons de ces première année. Et dire que le Grand Tout était peut-être là, à quelques centimètres de moi. Et dire que j'allais sûrement rater l'occasion de l'apercevoir, de le sentir, de le toucher.

Dans tout les cas, je devais me résigner. Ma recherche de la force suprême allait devoir attendre. En effet, comme tout adulte qui se respecte, j'avais des devoirs. Personnellement mon « devoir », si on peut appeler ça ainsi, était d'assurer un minimum de cours pour que ces gamins puissent sortir de l'académie avec un bon bagages de connaissances. De fait, ne dérogeant pas à mes devoirs, je me mis en route pour la salle où allait avoir lieu les cours. Comme à mon habitude, j'arrivai en retard d'une bonne dizaine de minutes mais rien de bien grave. Ils avaient l'habitude si bien que venir dix minutes en retard signifiait maintenant pour eux, arriver cinquante minutes en avance. Et oui, encore un autre concept philosophique passionnant, celui du verre à moitié plein qui se transforme en verre à moitié vide...Ou l'inverse. Enfin bref, trop de philosophie tue la philosophie ! Revenons à la terre ferme, tournant la poignée de la porte, je pénétrai dans la salle de classe où se firent entendre de dehors des rires hilares dignes de babouins ou de hyènes au choix. Ne vous méprenez pas, je n'ai rien contre les babouins et les hyènes cependant disons que ce ne sont pas à ces espèces là que j'étais censé faire cours. Par ailleurs, ma curiosité légendaire me poussait à chercher la cause de ce tintamarre. Mon envie de percer ce mystère devint alors plus grand lorsque je n'entendis plus un bruit une fois que mes élèves m'avaient vu. Les bougres se marraient derrière mon dos hein ! Il devait sûrement se moquer de ma barbe ou de mon chapeau pensais-je avec ironie. Les sales gosses ! En guise d'ouverture de cours, je m'exclamai de la sorte, amusé :

« Allez, moi aussi j'ai envie de rire. Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? Vous avez vu un clown ? »

Il n'y avait là aucune insistance dans ma phrase. Car oui, je m'en moquais en réalité qu'ils me disent ou non ce qui le faisait autant sourire. Scrutant successivement les diverses rangées de la classe, je n'entendis aucune réaction de la part de mes étudiants. Cependant il y avait à l'arrière...Un garçonnet debout avec son sac dans les mains ? Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Le blondinet souhaitait-il quitter mon cours alors que ce dernier venait à peine de commencer ? Peut-être bien. À moins que...Hum, oui j'ai trouvé ! Ça devait forcément être cela. M'éclaircissant la voix afin de me donner un air plus solennel, je prononçai ces quelques mots non sans un certain amusement :

« Vous, qu'y a-t-il dans votre sac ? »

Un sourire sur mon visage, je sentis que je venais de taper dans le mille.

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Il oulait rire lui aussi ? Se moquer de monsieur Lapin ! Non, il ne le laisserait pas faire, il n'était pas un clown, il était juste un élève qui ramenait son meilleur ami en classe. Il avait le droit, non ? Il ne faisait de mal à personne ! Il le rangeait même dans son sac... Il faillit s'emporter mais se calma sans peine en voyant que le professeur n'insistait pas. Il n'avait dit cela que pour avoir le calme. Après tout, il était peut être grand et ressemblait à un Polagriffe noir avec sa barbe mais cela ne voulait pas dire qu'il était méchant. Monsieur Majordome aussi était grand ! Et monsieur Jayyy aussi, enfin, un peu moins quand même. Et puis, les Polagriffe c'était tout blanc... Ou tout bleu parfois mais c'était plus rare. Donc il devait être gentil. Quoiqu'il existait des Polagriffe gentil... Raison de plus non ?

Pas de doute, c'était certainement un très gentil Pola... Professeur ! Même si le garçon ne savait plus ce qu'il enseignait. Enfin, ce grand monsieur avait calmé la classe et le cour allait pouvoir commencer. C'est ce que ce dit Lock en voulant s'asseoir avec un grand sourire, content d'être tiré d'affaire. Mais la question de l'Ours Noir interrompit son geste. Ce qu'il avait dans son sac ? Rien du tout ! Son sourire disparu, laissant place à l'embarras et il tenta de dissimuler l'objet derrière son dos, répondant d'une voix tremblante :

« Rien du tout, juste mes cours et mes pokemons...
- C'est pas vrai ! Il a ramené sa peluche, le bébé ! »
Le même garçon l'interrompait encore, ce sale garnement, comme aurait dit sa maman. Il ne l'aimait pas, il avait envie d'utiliser teleport pour envoyer sa peluche dans sa chambre et le ridiculiser. Mais aucun de ses pokemons ne connaissait cette attaque. Alors il baissa la tête et ouvrit son sac, dévoilant le lapin rose, déclenchant une nouvelle vague de rire. D'une voix faible et intimidé, il s'excusa :

« Je suis désolé, mais je vous promets que ça ne m’empêcheras pas de suivre votre cours ! »
Il garda la tête baissé, craignant la réaction de l'Ours Noir, espérant qu'il ne lui dirait rien de méchant et surtout, qu'il lui laisserait sa peluche. Les rires des autres, ce n'était pas grave. Mais monsieur Lapin avait toujours été son seul amis, alors il ne voulait pas s'en séparer...

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Rien du tout ? M'ouai...Soit, j'avais du mal à avaler le mensonge de ce jeune garçon mais passons pour cette fois. Je n'étais pas du genre à insister. S'il ne voulait pas que je sache ce qu'il y avait alors, soit. Soudainement, un autre étudiant sorti d'on ne sait trop où s'exclama que le dénommé Lock mentait et qu'il avait amené avec lui une peluche...Hein ? Attendez, il avait amené quoi ? Une peluche ? Était-ce une blague ? Et bien non. Lock avait bel et bien amené une peluche en cours mais pas n'importe quel peluche, il avait amené avec lui, un lapin rose. Et oui, je ne blague pas, un lapin. En tout cas, cette peluche avait eu un effet très étrange sur ma personne. En effet, à peine l'avais-je vu sortie du sac que mon esprit fit tilt. Je vis alors défiler toute ma vie en une fraction de seconde. Non je n'étais pas mort de rire ni même en passe de mourir cependant j'avais bel et bien revu tout le fil de mon histoire à travers ce lapin. Ma jeunesse, ô ma jeunesse perdue ! Je l'avais revu, touché de près, effleuré comme on effleure un doux rêve. Cette ridicule peluche avait eu le don de réveiller mon âme d'enfant. Et si c'était cela dont le philosophe parlait ? Cette force que l'on a tous mais qui se perd au fil du temps ? Celle qui est réputé fragile et éphémère. Celle qu'il appelait le « Grand Tout » n'était peut-être que la jeunesse et la pureté que celle-ci apporte ? Aujourd'hui j'avais eu la capacité et la chance de revoir à travers ce marmot au cœur purs un peu de cette force que moi aussi je pouvais avoir autrefois. En tout cas, ce « Tout » m'était apparu par bribe sous la forme de cette peluche et de cet enfant pur. Certes il n'avait pas surgit à travers l'obscurité ou je ne sais trop quoi comme le disait le bouquin mais tout de même ! On ne peut pas tout avoir dans la vie. Plus sérieusement ce flash, cette illumination m'avait surpris. À tel point que j'en étais totalement bouche bée. Et pour cause ! Qui aurait pu croire que c'est ici, alors que je n'osais même pas espérer la trouver que je ferai la rencontre du « Grand Tout » !

Bref, la bouche grande ouverte et les yeux gros comme des ballons, je mitraillais du regard ce pauvre lapin rose pendant que le gamin au cheveux d'or, l'air confus, s'excusa. D'après ses dires, la présence du lapin n'allait en rien gêner son attention en classe. Dans tout les cas, qu'il écoute ou non, qu'il soit distrait par quelque chose que ce soit n'était en rien mon affaire. Il était à mon sens assez grand pour se débrouiller tout seul. De fait, s'il désirait conserver avec lui son animal en peluche, il avait le droit au même titre que les garnements de septième année se trimballait sans cesse avec leur portable en cours. Étant plutôt cool sur ces points-là, je n'allais rien faire concernant sa peluche. Cependant... Elle m'intriguait. Oui, je devais l'avouer, ce jouet attisait ma curiosité à tel point que c'en était presque obsessionnel. Il fallait que je le vois, que j'en sache plus sur celui – ou plutôt ce qui – m'avait montré la voie du Grand Tout. Était-ce simplement l'effet de l'alcool ou bien y avait-il une raison plus spirituelle à ma vision ? Il fallait que je le sache. M'avançant vers le garçonnet, je jetais un regard quasi scientifique sur la « chose ». Composition ? Sûrement un haut pourcentage de coton, d'acrylique, de plastoc ou de je ne sais trop quoi encore. Toujours est-il que j'avais beau et regarder et regarder encore, je ne perçais pas le mystère. N'y avait-il donc qu'une raison spirituelle ? Ou alors était-ce là le fruit d'une vision due à ma trop haute consommation de vodka ? À vous de choisir, personnellement, j'avais déjà ma petite idée là dessus. Mais bref ; Revenons sur terre et faisons ce que je faisais de mieux : Sortir des blagues vaseuses.

« Jolie lapin. Personnellement à ton âge, j'avais un cochon en peluche. Il avait la classe ! Bref, ranges ça et on va enfin commencer le cours. Ah et vous viendrez toi et ton lapin à la fin de l'heure. J'ai à vous parler »

Je disais cela avec un tel sérieux. « J'ai à vous parler »...Comme si le lapin en peluche était une personne à part entière. À croire que la vision que son apparition avait provoqué chez moi m'avait réellement traumatiser mais ne pensons plus à cela ! Le cours allait reprendre de quoi me laisser le temps de me remettre de mes émotions. J'allais en avoir besoin car après cette heure-ci, je comptais bien parler avec ce cher Lock et surtout avec son lapin !

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Spoiler:

L'Ours Noir ne dit rien, il resta à fixer la peluche, visiblement stupéfait. Lock ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose et il commença à afficher une mine perplexe. Était ce si mal que ça d'avoir apporté sa peluche ? Peut être était ce en fait un horrible crime et il allait être terriblement puni ! Non, il n'avait rien vu la dessus dans le règlement. A moins qu'il n'ait sauté une ligne ? C'était un catastrophe !
Non, il fallait rester calme, il l'avait lu trois fois ce règlement, il ne pouvait pas l'avoir manqué. A moins que son esprit ne fasse une abstraction du mot peluche ? Ou que ce ne soit pas écrit explicitement ? Non, si c'était implicite, ce n'était pas grave. N'est ce pas ?

Ou alors c'était l'Ours Noir qui détestait les lapins ! Ou pire, les peluches ! Dans ce cas, il allait peut être lui confisquer et le faire brûler dans un feu de cheminé ? Ou alors le découdre fil par fil pour s'occuper dans une longue soirée d'hiver ?! Non, il était hors de question qu'il le laisse faire. On ne faisait pas de mal à monsieur Lapin ! Monsieur Lapin protégeait Lock et Lock protégeait monsieur Lapin ! Et monsieur Majordome leur courait après car il s'inquiétait... D'ailleurs, il ne devrait pas. Les deux compères étaient assez grand pour se défendre, Non ?

Mais ce n'était pas le sujet. Présentement, il devait savoir ce que pensait son professeur. D'autant plus que ce dernier s'avança, un air effrayant sur le visage. Lock tenta de reculer et se cogna à la chaise, faisant asseoir son petit popotin sur celle ci. Il n'en menait pas large et il faut dire qu'avec un Ours Noir professeur qui fixait votre lapin en peluche avec un air quasiment psychopathe, vous n'auriez pas fait le fier non plus. Tremblant presque il faillit sursauter quand le grand homme ouvrit la bouche.

Un cochon... En peluche ? Oh ! Peut être que monsieur Lapin et monsieur Cochon aurait pu être ami ! Cette pensée idiote et inutile passé, il répondit d'un petit « D'accord » intimidé et rangea rapidement la peluche dans son sac. Il s'attendait à de nouveau rire mais il fallait croire que le comportement du professeur en avait calmé plus d'un. Il remit donc bien ses affaires, dérangées par ses mouvements précipités de protection, et se prépara à suivre le cours. Cependant, une question demeurait : que pouvait bien lui vouloir son professeur si la présence du lapin avait été accepté... Il chercha un instant en vain puis chassa le tourment de son esprit pour écouter attentivement le cours qui suivrait. Le stylo prêt à prendre des notes, déjà passionné par un cours qui n'avait même pas encore commencé.

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Et c'est reparti pour un cours ! Ou pour un tour, cela dépend de comment vous voyez les choses – oui, je sais mes jeux de mots sont pourris merci de ne pas m'en vouloir – de nouveau, je ressors à mes élèves de la théorie, des mots compliqués, des notions compliquées. Bref, plein de chose barbantes à apprendre. Tout cela fera bien évidemment l'objet d'un devoir d'ici deux à trois semaines mais, disons-le clairement, j'en avais strictement rien à faire pour l'instant. En effet, je me contentais simplement de dicter à mes élèves le cours qu'ils allaient devoir apprendre tout en faisant de temps à autre la démonstration de mon propos. Une leçon bateau, dites-vous ? Et bien oui, c'était exactement cela. De toute façon, je n'avais pas l'envie d'improviser, comme je le faisais souvent, un jeu ou quelque chose d'original pour amuser mes élèves ou bien leur faire comprendre de manière ludique le « Pourquoi du comment ». Pourquoi ? Et bien car j'étais bien trop occupé à penser à monsieur Lapin pardi ! Cette maudite peluche, j'étais totalement obnubilé par un vulgaire jouet pour enfant. À tel point que j'avais hâte que la sonnerie retentisse. Certes, j'ai toujours hâte que la fin des cours sonne néanmoins cette fois-ci mon envie était bien plus grande que la normale. Et dieu sait que c'était difficile à faire puis initialement mon envie de ne pas aller en cours était déjà impressionnante.

Finalement, la sonnerie retentit, libérant ainsi les élèves de la classe et moi-même. De fait, la première pensée qui me vint à l'esprit en entendant ce son strident fut : « Youhou ! C'est les vacances ! Je suis libre ... » Et bien malheureusement, non ! Je devais encore m'occuper du Grand Tout et du mystère qui entourait ce dernier. En somme je devais m'occuper de ce cher Lock et de son lapin rose grâce auquel j'avais eu cette vision. Une fois tout les étudiants sortis de la salle, je me mis à mon bureau tout en faisant signe au blondinet de s'approcher. Étant bien décidé à percer les mystères du Grand Tout, je me raclai la gorge afin de me donner un air plus solennel. Toujours dans cette optique, je me grattais doucement la barbe. Ayant la pose du parfait mafieux et prenant la voix la plus sérieuse possible, je pouvais entamer l'interrogatoire du garçonnet aux yeux noisettes.

« Tu sais, ça ne me dérange pas que tu amènes ton lapin. Cependant si ça continu de créer autant d'animation en classe, je vais devoir te demander de le laisser chez toi. Tu comprends bien que je n'ai pas forcément envie que tout les cours commencent par un brouhaha monstrueux. Enfin bref. Je suis assez curieux de savoir comment as-tu obtenu cette peluche ? Elle est spéciale, n'est-ce pas ? »

Oh que oui elle l'était ! À tout les coups cette peluche avait une spécificité qui la rendait unique, j'en étais sûr ! Il y avait sans aucun doute possible un Magirève planqué dedans ou un truc dans le genre. Ah, tient c'était une bonne supposition ça. Si ça se trouve, il y avait ce pokémon mystique qui, allez savoir par quelle prouesse, était capable de faire ressentir des sentiments nouveaux aux personnes qu'il rencontrait. Peut-être qu'en autopsiant le suspect, c'est-à-dire monsieur lapin, j'allais trouver la cause de ce flash ? …Mon dieu qu'est-ce que j'étais ridicule. Me voilà en train de vouloir ouvrir la peluche d'un gosse pour vérifier une hypothèse fumeuse. J'étais tout bonnement pitoyable.

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La pointe du stylo grattait rapidement le papier tandis que Lock transcrivait son cours. Il ne ratait pas un mot, pas une notion, conscient que tant qu'il aurait le nom exact les livres et les encyclopédie de la bibliothèque le sauverait de l'ignorance. Il se moquait bien de savoir si son professeur faisait un cours correct ou non, en première année, il n'y avait pas d'inquiétude à avoir. Les feuilles se contentait d'être noircies par des phrases et des explications qu'il connaissait pour la plupart déjà. Elles étaient juste plus approfondies, et donc toujours plus importants pour ce jeune garçon, absorbé par le cours, bien inconscient de la prise de pouvoir que monsieur Lapin, bien qu'enfermé dans son sac, mettait en place dans la tête de l'Ours Noir.
La peluche maléfique avançait dans sa conquête du monde !

Les derniers mots du professeur finirent d'être retranscrit en jolie délié peu avant que ne retentisse la sonnerie, si libératrice pour certains et ignoble pour d'autre. Comme convenu, Lock resta assis sur sa chaise, attendant que tous sortes. Quand ce fut fait, il répondit au signe de son professeur en s'approchant, son sac en bandoulière, du bureau de l'Ours Noir tant redouté. Entre son raclement de gorge et son réflexe de se gratter les poils, il ressemblait de plus en plus à un ours sauvage et mécontent de voir un intrus sur son territoire. Pas rassuré, il écouta les sage questions de maître Ours Noir.

Il ne voulait pas lui, créer tout ces problèmes, ça n'était jamais arrivé jusque la. Il faut dire qu'avant d'entrer à Alcea Rosea, il n'était jamais allé à l'école. Comme ses parents voyageaient beaucoup, et lui avec, il recevait ces leçons de monsieur Majordome. A présent, il allait devoir trouver un moyen de très bien dissimulé monsieur Lapin, ou alors la pauvre peluche serait obligé de passer ses journées dans la chambre du Menthae... En attendant de devoir y réfléchir, il répondit d'une voix intimidé à son professeur, un peu intrigué par les questions qu'on lui posait.

« Ce sont mes parents qui me l'ont offert... Tout ce que je sais c'est qu'elle vient sûrement d'une grande fabrique de jouet. Après, pour moi, elle est très importante, et maman m'a dit qu'elle me protégerai des monstres ! »
Il ne rougit même pas, et pour cause, il y croyait dur comme fer. Pour lui, monsieur Lapin était invincible, monsieur Lapin avait un radar à monstre et monsieur Lapin ferait tout pour le protéger.

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Les rôles étaient totalement inversés. Tel un enfant, je buvais les paroles du blondinet aux prunelles noisettes. Hochant la tête à chacun de ses mots, j'essayais de faire le tri, par ordre d'importance, de toutes les informations qu'il me donnait. Si je résumais bien, son lapin en peluche lui avait été offert par son et par sa mère pour une raison qui m'était encore inconnue. Par ailleurs, d'après lui « Monsieur Lapin » venait tout droit d'une grande chaîne de jouet. En somme, il ne valait pas grand chose pécuniairement parlant. De la même façon, il n'avait été en aucun cas tissé par un grand maître exorciste, pratiquant vaudou ou je ne sais trop quoi encore d'assez étrange et surnaturel pour expliquer ma vision. Après m'avoir donc expliqué comment il l'avait eu cette peluche l'enfant me raconta ce que cette dernière représentait pour lui. Si nous reprenions ses mots, nous pouvions dire que Monsieur Lapin était « très important » et qu'il « protégeait des monstres »...Attend là ? QUOI ? Il fait quoi ce fichu Lapin ? Il protège des monstres ?! Comment ? Pourquoi ? Tant de questions fluaient et refluaient dans mon esprit à l'écoute de la fin de sa phrase que j'en eus mal à la tête. Il y avait là tant d'interrogation sans réponse qui s'entrechoquaient. Comment diable un pauvre lapin en peluche issu d'une simple chaîne de production pouvait protéger des monstres ? Je n'en avais strictement aucune idée. C'est donc dans l'espoir que le garçonnet éclaire ma lanterne que je repris ses mots au moment où il acheva sa déclaration.

« ...Des monstres dis-tu ? »

Ma petite réplique montrait là à quel point j'étais intrigué par cette peluche. Déjà avant même qu'il ne me parle de sa capacité à éloigner les mauvais esprits, cette peluche éveillait ma curiosité alors maintenant...C'est dire si j'étais curieux d'en apprendre plus à son sujet. Soit dit en passant, ma gestuel trahissait certain de mes sentiments. En effet, mes deux mains étaient plaquées l'une contre l'autre et mon menton était posé sur celles-ci. Mes sourcils étaient froncés et mes traits plus durs que la normale. Soudainement, une pensée vint à moi. Et si cette peluche protégeait réellement des monstres ? Et si le monstre, c'était moi ? Et si pour protéger ce cher Lock, Monsieur Lapin m'avait envoyé des ondes me faisant avoir des visions de mon enfance afin de m'attendrir et de ne pas me moquer du garçonnet ? Et si...Oh et puis cessons les spéculations ! De toute les façons, il y avait tellement de possibilités que c'était impossible de déterminer laquelle était la plus probable. Dans tout les cas, je devais garder mes suppositions en tête pour plus tard. Passons à la suite !

Ne laissant aucun temps de pause – ou presque – à mon interlocuteur pour répondre, je continuais là où je m'étais volontairement arrêté quelques instants auparavant afin d'appuyer mon propos. J'allais être un peu plus « direct » avec lui.

« Et ta peluche n'aurait pas certaines propriétés spécifiques par hasard ? Comme celle de...Je ne sais pas par exemple...Pouvoir donner des visions ou rappeler des souvenirs à des gens qui croisent son regard ? »

Ça y'est, c'est fait. Je viens de ruiner ma réputation et de passer pour un fou auprès d'un gosse de dix ans. Au fond je m'en moquais un peu mais bon...Après Nayle ça allait être au tour de Lock d'avoir de moi, l'image d'un homme farfelu – ce que j'étais il faut l'avouer –. Mon dieu que j'étais ridicule. M'enfin bon...Les mots étaient sortis de ma bouche, je ne pouvais plus réellement faire marche arrière. Qui sait, j'étais peut-être était-ce tout simplement le hasard ? Non, ça ne pouvait pas être le hasard. Car comme je le dis souvent, derrière le néant se trouve une part de talent et de providence. Ah ? Tient...Si au fond c'était tout simplement ça qui m'avait permis de trouver le « Grand Tout » ? La providence... Et si ce lapin n'était qu'une allégorie m'ayant permis de trouver ce « Grand Tout »
Affaire à suivre.

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Quand Lock se tut, il remarqua le regard de son professeur, son attention. Un mélange de fierté et de gêne monta en lui mais il le refréna en se disant qu'il était possible qu'il se moque de lui. Après tout, c'était juste une histoire de lapin en peluche. Non, de monsieur Lapin, le protecteur ! Une autre hypothèse germa à la réplique de son professeur, il ne le croyait pas. Ou du moins, il ne croyait pas monsieur Lapin capable d'affronter les monstres. Pourtant c'était vrai, depuis que Lock avait cette peluche, il ne s'était plus jamais fait attaquer par un monstre ! Elle n'avait pas seulement la capacité de les battre, elle les faisait fuir ! Cette peluche, ce monsieur Lapin, était la protection que lui avait offert sa mère après qu'il se soit fait attaquer par un monstre au fond de son jardin un soir de pleine lune ! Alors elle pouvait le protéger des monstres !

Alors il hocha vigoureusement la tête pour appuyer ses dires. Oui, des monstres ! L'air de maître Ours Noir était sérieux, concentré, mais l'enfant n'arrivait pas à déterminer s'il jouait la comédie ou non. Cela l'angoissait un peu. Être pris pour un fou ou un imbécile, cela n'avait guère d'importance. Mais il craignait pour monsieur Lapin, si cet homme lui voulait du mal, il ferait tout pour le protéger.
Encore une fois, les questions qui suivirent l'interloquèrent mais il finit par décider de prendre le partit de faire confiance à l'Ours Noir. Alors il regarda sa peluche, réfléchis un instant, cherchant dans sa mémoire, et répondit :

« Je ne l'ai jamais vu faire, mais je ne suis pas dans la tête des gens... Et puis monsieur Lapin est gentil, alors il ne fera de mal à personne... Il faudrait le lui demander, mais comme c'est une peluche... Il ne réponds pas beaucoup... »
Il baissa la tête, déçu de ne pouvoir renseigner son professeur d'avantage aux sujets de la peluche. Celle ci se fit poser sur le bureau par les mains du garçon, soucieux de savoir si son professeur voulait la regarder de plus prés. Ainsi le lapin maléfique se retrouva près de celui qu'il avait envouté, en position de force... et de faiblesse.

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Il n'était pas méchant ? M'ouai...Bon, en vérité Lock n'en savait strictement rien. Le recours qu'il me proposa pour avoir ou non une réponse à mes questions était de poser les interrogations directement au principale concerné c'est à dire à la peluche elle-même. Non mais vous y croyais vous ? Moi, le grand Eric Leak en train de faire la discutions à un lapin sorti tout droit d'une industrie. J'étais certes un peu foufou dans ma tête mais pas encore assez pour converser avec une peluche. Je tenais encore un peu à ma fierté, moi. En outre, être interné dans un hôpital psychiatrique à l'âge de trente quatre ans n'était pas réellement mon but. Et puis, il ne fallait pas rêver. Ce lapin ne risquait pas de me répondre. En effet il y avait autant de chance que le jouet daigne parler, qu'un homme puisse un jour résoudre une équation de Navier Stokes. Pour en revenir au sujet, le lapin fut posé sur la table par mon élève à la crinière blonde. J'avais ainsi le possibilité d'observer ce qui était, j'en étais persuadé, la cause de ma vision. Étrangement, j'avais beau le regarder avec la même intensité que tout à l'heure, rien ne se produisit. Foutu lapin ! Il se payait ma tête à tout les coups avec son pelage rose et son petit sourire de Lapin...Oh mon dieu. Voilà que je mets à insulter une peluche, mais bon sang quel âge avais-je ? Tout à l'heure je voulais le disséquer et maintenant je proférais des injures à l'égard de ce pauvre Monsieur Lapin. Tient d'ailleurs en parlant de dissection. Il était à porté de main le lapin... Bon ok, j'arrête !

Plongeant mon regard une nouvelle fois dans celui de la peluche pour tirer de quelconques informations, je me mis à sourire bêtement. Rien. Je n'avais rien. Aucun flash, aucune vision, le néant total en somme. En même temps, je me doutais bien que le Grand Tout n'allait pas réapparaitre à ma guise. Me levant de mon siège, je saisis mon porte document afin de rentrer chez moi. Oui, j'allais quitter la salle et laisser le blondinet partir avec son jouet. Je n'avais plus rien à faire dans cette maudite salle et rester plus longtemps à interroger un gamin de dix ans et son lapin relevait du ridicule. C'est pourquoi j'allais abandonner la trace du « Grand Tout ». Après tout, j'avais eu ce que je voulais. J'avais découvert ce que représentait cette figure abstraite. Certes je n'étais plus en mesure de reconquérir cette force toutefois j'avais eu le plaisir de la revoir aujourd'hui à travers un de mes étudiants. M'avançant vers la porte, je me saisis de la poignée puis tournai cette dernière. La porte désormais ouverte, je fis un signe de main ayant pour fonction d'inciter Lock à rentrer dans ses quartiers. J'avais suffisamment abusé de son temps pour aujourd'hui, le pauvre avait sûrement autre chose à faire que répondre aux questions d'un vieux professeur à moitié sénile. Avant que l'enfant ne franchisse le seuil de la porte, je ne pus m'empêcher de lui adresser quelques paroles pleines de sagesse – pour une fois – il s'agissait là de mon petit commentaire personnel à propos de ce qu'il s'était passé tout à l'heure.

« Ah et pour ta peluche...N'écoutes pas les autres. Eux ont perdu quelque chose qu'ils ne retrouveront certainement jamais. Ils font les fiers aujourd'hui mais crois-moi, ils le regretteront à un moment de leur vie. Peut-être pas aujourd'hui, peut-être pas demain ni après demain mais un jours viendra où ils comprendront à coté de quoi ils sont passés... »

Je crois que pour une fois dans ma vie, je ne déblatérais pas des absurdités. Et oui ! Si on regardait bien j'avais réussi la prouesse de ne pas sortir de vannes vaseuses, de mauvais jeux de mots, de débilités le long d'une phrase entière. À croire que je commençais à m'assagir. Je savais que ça avait du bon de me laisser pousser la barbe ! Enfin bref, revenons-en à notre étudiant aux yeux noisettes. Celui-ci quittait la salle sous mes yeux envieux. Oui je n'avais pas honte de l'avouer, j'enviais ce jeune homme. Alors qu'il était déjà loin de la salle où je me trouvais, je ne pus m'empêcher de soupirer, d'une voix à peine audible :

« Ne grandis pas trop vite Lock... »

Ceci dit, je pris la direction opposée à celle de l'étudiant d'Alcea Rosea. Direction une autre salle de cours où je faisais la leçon à des septième année.

**Invité** Invité

Le silence ce fit entre les deux êtres. Ou plutôt les trois, puisque l'on pouvait presque considérer la peluche comme un être à part entière. Une partie de la conversation, tellement observé qu'elle en était presque doté d'une âme. Puis sans un mot, maître Ours Noir prit son sac et se leva. Il ouvrit la porte et lui fit signe de s'en aller. Le garçon s'empara précipitamment de monsieur Lapin et passa devant son professeur, écoutant ses mots. Il ne comprit pas. Les phrases, les mots, c'était simple à comprendre, mais le sens lui échappa. Dans sa petite tête d'enfant, aucune idée claire ne se formait...

Ou peut être une. Une seule, l'impression que son professeur était soudain très triste. Alors, comme pour lui remonter le moral, sans savoir si ce serait efficace, l'enfant lui sourit. De son plus beau sourire avant de se retourner et de partir se perdre dans les couloirs inconnus. Il espérait que maître Ours Noir retrouve la joie, qu'au prochain cours il serait en pleine forme... Peut être qu'il devrait... Oui, il faudrait qu'il en parle à ses parents, qu'il sache où ils avaient acheté monsieur Lapin. Comme ça, il pourrait redonner le sourire à l'Ours Noir et ce serait très bien !

Cette idée en tête, il avança, sans vraiment savoir où il allait. Comme toujours en somme. Peut être ferait il une rencontre ? Certainement.

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La justice a beau suivre son cours, elle n'est jamais assez instruite. [Première Année - Eric][Fini]

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