La routine s'installe à Alcea Rosea. Dodo, entraînement, boulot et redodo. Sans oublier bien entendu les habituelles pauses cafés, clopes et bien entendu, toilettes. La journée d'aujourd'hui allait visiblement suivre ce schéma à la lettre. Soit dit en passant, maintenant que j'y pense, seules quelques journées avaient dérogées à la règle citée précédemment. Bref. Reprenons. Je m'étais levé, avais pris un café court – pour ne pas changer – puis m'étais dirigé vers la forêt – toujours pour ne pas changer – à partir de là, je fis ce que je faisais quasiment tout les jours depuis plus de trois semaines quand enfin, j'eus mes premières heures de cours à assurer. Retour donc à l'académie, douche et compagnie pour finalement me retrouver dans une salle de classe remplis d'élèves de septième année surexcités à l'idée de passer en master l'an prochain. Car oui, cela n'avait échappé à personne, c'était bientôt les vacances d'été et par la même occasion, la fin des cours. Si certains tentaient d'assurer lors de cette dernière ligne droite, d'autre – pour ne pas dire « la grande majorité » – s'en fichaient complètement et désiraient juste profiter des derniers instants avec les copains et copines, ce que je pouvais comprendre. Il faut dire que moi aussi, j'avais hâte que cela se termine, que les gosses partent en voyage et que je puisse rentrer dans mon vieux village paumé histoire d'y retrouver ma génitrice. Oui, vous avez bien entendu, pour une fois je n'allais pas participer au voyage scolaire de fin d'année. Il faut dire que j'avais autre chose à faire. Et puis...Ça faisait tout de même trois ans que je n'étais pas revenu voir ma vieille alors bon. Mais attendez...Pourquoi est-ce que je vous parle de ma vie privée à vous, hein ? Comment en ai-je pu arriver là ? Bon, à la limite on s'en fiche. Vrillons totalement de sujet et revenons en aux faits. Les cours avaient été assurés de manière quelque peu bancale – bien que je gardais un minimum d'autorité hein –, fin d'année oblige. Toutefois cela ne me dérangeait pas plus que ça. Comme quoi, je méritais bien ma réputation de prof laxiste. Toujours est-il que lorsque les cours furent terminés, c'est à dire vers midi. Je quittais la salle après avoir rangés mes affaires dans mon porte document et après avoir tiré de mon paquet de clope, une de mes petites chéries. Non non, je ne suis pas totalement fou, disons juste que j'appelais les clopes mes chéries. Ayant la flemme de vous expliquer le pourquoi du comment, je vais d'ores et déjà passer ce point et directement enchaîner sur ma sortie. Je venais donc, comme dit précédemment, de quitter la salle de classe. Puis, dans le but de fumer une petite clopinette, je me dirigeais sortis d'Alcea Rosea. Enfin...Sortir...C'est un bien grand mot. Si officiellement nous sortions en allant là-bas – ce qui permettait donc de fumer sans avoir peur de se faire réprimander puisque nous n'étions plus sous la juridiction de l'académie – en réalité, nous étions toujours dans le même type de lieu. Un endroit bruyant, où grouillent une centaine de dresseurs étudiants et de profs. Car oui les professeurs fumeurs ne se comptent pas sur les doigts d'une main, ici.

Une fois arrivé dans ladite zone fumeur, je mis le petit objet que je tenais fièrement entre mes doigts dans ma bouche. Allez ! Faisons comme tout les jours. Prenons une clope ! Plongeant ma main dans la poche intérieur droite de ma veste, je pris mon magnifique briquet à l'effigie d'un Dracaufeu. Parce que ça a la classe de se faire allumer sa clope par un Dracaufeu portatif ! Vous imaginez pas à quel point c'est jouissif d'utiliser ce truc. Vous appuyez sur sa queux et bam, il vous crache des flammes ! (Je tiens à noter, afin qu'il n'y ait aucune confusion, qu'il n'y a absolument AUCUNE connotation sexuelle là-dedans.) Ah ah. Une parfaite imitation de l'attaque Lance Flamme en somme. Le mieux dans cette histoire étant que je n'avais même pas acheté ce porte clef. Je l'avais trouvé par terre. De nos jours, on jette vraiment n'importe quoi n'importe où. Jeter une telle babiole, non mais je vous jure ! Enfin bref. Cessons de nous plaindre et allumons ma cigarette, ma belle cigarette...Quoique...Attendez cinq secondes, qui est ce gamin qui avance vers moi, là ? Que me veut-il ? Hum. Étrangement, son visage ne m'était pas inconnu. Bien au contraire, il m'était même familier. Un étudiant ? Oui, c'était sans doute cela. Ah ! Voilà ! Je me disais bien que ses iris émeraudes et sa morphologie me disaient quelque chose. Je l'avais eu en cours l'heure d'avant. Si je ne me trompais pas, il était en septième année et...Euh. Bah c'est à peu près tout ce que je savais sur lui : Il était en septième année. Pour le reste, j'avais un trou. Comment s'appelait-il, d'où venait-il, et surtout ; Que me voulait-il ? Il y avait là tant de questions qui fluaient et refluaient dans mon petit esprit que j'en oubliais même d'allumer ma cigarette.

Le voilà qui arrive. Il m'interpelle. Bizarrement, je la sens mal cette histoire. Très mal. Il connaissait mon nom et n'était donc pas venu vers moi par hasard. Il se présente. Oulah...Ça commence vraiment à sentir mauvais là. Espérons qu'il ne veuille pas de cours particulier ou je ne sais trop quoi parce que quoiqu'il advienne, c'était non. Et d'ailleurs, pourquoi il vient me gêner alors que je m'apprête à fumer hein ? Qu'ai-je fais aux dieux pour que ces derniers m'envoient ce gêneur. Diantre ! Ne peut-on plus fumer tranquille dans ce bas monde ? Ah. Le voilà qui embraye sur le fait qu'il ait assisté à mon cours tout à l'heure. Là c'est sûr. Il va me demander quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais il va me demander un truc. C'est sûr. C'est certain même. À tout les coups il allait me demander une faveur. Peut-être de l'argent, les corrections de devoir ou je ne sais trop quoi encore. En définitive, il n'y avait pas à dire. Ça sentait mauvais pour moi. Presque aussi mauvais qu'un Moufflair. Et dieu sait que ce truc ne sent pas la rose. Le futur étudiant en master s'arrêta et reprit de plus belle pour une nouvelle phrase. Phrase où il marqua une belle coupure via un fantastique « J'aimerai savoir... » là, c'est sûr. Il va me demander un truc. Vérifions bien tout. Mon porte monnaie ? Je l'avais laissé chez moi exprès histoire de pouvoir dire aux mendiants du coin « J'ai pas d'argent, désolé », mes tickets restaurants ? Pareil. Mes paquets de clinex – car oui mine de rien on se fait assez souvent raquetter des mouchoirs en classe – ? Pareil ! Mon portable ? Bha...J'en avais pas. Bref, c'était simple. Quoiqu'il puisse me demander, je ne l'avais pas et j'étais bien entendu « désolé » de ne pas pouvoir l'aider plus que ça.

Mais alors qu'il termina sa phrase, deux mots me choquèrent. D'une, le mot « dépanner ». Il a cru que j'étais qui ce mec ? La banque d'Alcea Rosea ? Je dépanne rien moi ! Je prête pas ! Je ne fais pas crédit et ce à qui que ce soit. Non mais oh ! À tout les coups, le bougre allait me sucrer mon salaire. Qu'on se le dise, je suis au moins tout aussi avare qu'un crabe rouge qui chante et qui danse sous l'océan. Deuxième mot « choquant » le mot « cigarette ». En soi, ça n'avait rien de dérangeant qu'il parle de tabac. C'est vrai, nous étions dans un coin fumeur et nous voulions tous faire à peu près la même chose – non, nous ne voulions pas jouer au scrabble au cas où vous ne l'auriez pas encore compris – de ce fait, qu'il parle de cigarette pouvait être tout à fait normal. Toutefois, le second mot coupler au premier donnait à peu près ceci dans mon étroit esprit : « Moi devoir dépanner cigarette à étudiant sorti de soixante quatorzième dimension » et ça, c'était tout simplement mort. Vous m'entendez ? Mort. Méga mort même. En supposant que je sois le chef de ce monde, cet acte aurait pu être jugé comme un cas pendable, à n'en pas douter. D'une il voulait que je lui prête une clope assurant qu'il allait me la rendre. Mais me prenait-il pour un âne ? Hein ? HEIN ?! Comment allait-il pouvoir payer sa dette sachant que nous étions à la fin de l'année et que sous peu, il allait partir en voyage scolaire et moi dans mon village natal hein ? Ma foi, cela était mathématiquement impossible. Aussi sûr que un et un font trois, ce gosse n'allait pas me rembourser. Quoi comment ça un et un ne font pas trois ? Ne jouez pas au plus malin avec moi, non c'est non.

« Ah. Et bien je t'en donnerai bien une mais malheureusement je crois que la clope que j'ai dans ma bouche est la dernière de mon paquet. Je suis vraiment désolé. »

Un air de chien battu, triste de ne pas avoir pu aider un de ses élèves. Une moue gênée. Il n'y avait pas à dire, je jouais parfaitement bien la comédie. Enfin bref. Faisons ce que nous aurions dû faire depuis quelques secondes déjà et allumons cette cigarette. Exerçant une pression sur la queux du Dracaufeu – pervers et autres esprits déplacés, s'abstenir s'il vous plait – j'attendis avec impatience que le bougre de dragon crache ses flammes cependant, rien. Il ne crachait rien, que dalle. J'avais beau réitéré le mouvement plusieurs fois, rien y faisait. Le briquet n'était pas en mesure de produire la moindre étincelles. Misère. Croyez-moi, si nous n'étions pas en présence d'autant d'élèves ici, j'aurai sûrement vociféré un tas de jurons à l'heure qu'il est.

Non mais je rêve. Il me traite de menteur. Il affirme que moi, Eric Leak, je mens. Ô mon dieu. Autant de calomnie, de méchanceté, d'audace, d'ignominie. Je me permets de me questionner – sans mauvais jeu de mot – s'il avait fumé quelque chose de grave avant de parler de moi de cette façon. C'est vrai quoi ; Comment quelqu'un ici peut se permettre de me traiter, moi, de menteur ? Voyons c'est impossible. Il n'y a rien ici bas de plus généreux, de plus doux, de plus agneaux que moi. Pourquoi riez-vous ? Je vous prierai de vous tenir à carreau, le moment comique n'était pas encore arrivé. Je risquerai vraiment de le prendre mal si vous continuez de rire maintenant.

Bref, tout ça pour dire que j'étais outré par autant d'impertinence. Sous entendre que je suis un radin. Quel affront. Quoi ? Comment ça il a raison ? Bien sûr que non ! Je ne suis pas radin. Pourquoi insistez vous ? Je vous dis que je ne suis pas radin, bon sang ! ...Je suis juste un peu avare...J'ai juste quelque difficulté à prêter de l'argent ou quoi que ce soit qui a une quelconque valeur. Bon, ok je suis un crevars et alors, hein ? J'ai le droit de l'être et j'assume. Jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas être un crime d'être économe. De plus, il n'y avait pas écrit banque, ici. Je les connais moi les jeunes. Ça commence par une petite clope, demain c'est le paquet tout entier et dans cinq jours ils viendront carrément vous demander votre maison ! Il faut sévir, je vous le dis et refuser catégoriquement dès la première demande. Les jeunes, ce sont comme les Goinfrex. Vous leur donner un doigt et ils vous mangent le bras. (Oui vous remarquerez que je viens de traiter Kay ainsi que quatre vingt quinze pour cent d'Alcea Rosea de Goinfrex).

Kay, en plus d'affirmer que je mentais, voulut jouer un peu. Concrètement, j'étais censé lui passer ma clope pour qu'il l'allume sans briquet ne rien, juste avec ses petits doigts. Je n'étais pas très doué en physique ni même en chimie mais à chaud comme ça, cela me paraissait tout simplement impossible. Et puis...Si on pouvait réellement allumer une cigarette comme ça, cela ferait longtemps que les vendeurs de briquets seraient en faillite, non ? Alors ou bien il ment, ou bien il a un tour, une astuce lui permettant d'allumer la clope. S'il ment, c'est sans aucun doute pour se tirer avec ma clope. S'il ne ment pas c'est ...Euh...Pour faire le malin ? Certainement. Dans tout les cas, ce n'était pas comme si j'avais grand chose à perdre. Mon briquet Dracaufeu ne marchant pas et aillant la flemme d'aller taxer du feu à un gamin, je pouvais toujours le laisser faire son petit tour de passe-passe. En sachant bien entendu que si cela ne fonctionnait pas, je pouvais toujours reprendre ma clope. Dans le cas où il tentait de s'enfuir avec ma clope et bien je n'hésiterai pas à lui mettre deux ou trois heures de colle. Oui, je vous vois sourire. Moi, mettre des heures de colle ? Moi qui à tout casser avait dû en mettre trois dans toute l'année scolaire ? Et bien ouai ! Les clopes c'est sacré donc s'il tente quoi que ce soit avec une des miennes, c'est direction la colle jusqu'à la fin de l'année et privation de sorti. Voilà qui devait dissuader le petit malin. Alors qu'il déblatèrerait ses conneries, je lâchai la clope de ma bouche. Allez, laissons l'artiste s'exprimer. Je pris ma clope et la tendis au jeunot.

« Mentir ? Moi ? Je suis outré par des paroles si ...Outrageuses ? … VOYONS ! Je n'oserai pas, disais-je d'un ton qui laissait voir une once d'ironie. Allez, tient. Tu peux faire joujou. Ça peut être drôle. »

À ces mots, je lui filai ladite cigarette. Il était censé l'allumer avec ses doigts. J'étais un peu sceptique quand à ses capacités à réaliser cet exploit mais après tout, je n'avais rien à perdre. Si ce n'est du temps. Mais...Le temps c'est de l'argent, non ? Donc perdre du temps revient à perdre de l'argent ? Diantre. Je n'aurai pas du lui filer ma cigarette. Pour sûr il allait me faire perdre du temps et de l'argent de surcroit. Aalalah. Je suis bien trop gentil avec ces Goinfrex, moi.

« Il se prend pour qui le guignol là ? » Voilà à peu de chose près ce que je pensais de lui en voyant ses gestes. Il était tout simplement ridicule. C'en était presque exaspérant. Je lui avais demandé d'allumer une clope ; pas de faire le malin avec. Et ...Ah ! Misère ! Le voilà qui met ladite cigarette dans sa bouche. Mais il est complètement dégueulasse cet élève ! Hors de question que je fume une clope dont l'embout à été sali par la bave d'autrui. Qui plus est, il fallait qu'on m'explique une chose : Kay jouait à Charlie Chaplin avec ma cigarette, tout ça pour l'allumer ? Il était obligé de faire ça pour que cela marche ou bien c'était juste histoire de frimer ? Non parce que moi, je voulais ma clope allumée et en vitesse. En outre, je n'étais pas une jeune demoiselle de son âge fascinée par ses tours de passe-passe. Qu'il fasse mumuse de la sorte était donc tout simplement inutile. Si son petit jeu marchait avec les filles de l'académie, avec moi il ne réussissait qu'à m'agacer. D'autant qu'il passait un peu pour un abruti à faire cela devant tout le monde. Espérons qu'il réussisse son coup sans quoi il allait être la risée d'Alcea Rosea pour un bon bout de temps.

Après quelques secondes de mîmes toutes plus nulles et plus stéréotypées les unes que les autres, il finit enfin par faire quelque chose d'intéressant. Quelques mouvements auquel je ne prêtai pas attention et...OH ! MON DIEU ! Des étincelles. Et voilà que du feu sort d'on ne sait trop où. Il l'a allumé ! Sans briquet, sans allumettes, sans feu en somme. Épatant.

Je devais absolument apprendre à faire ça ! D'une parce que ça avait la classe – oui, hormis sa gestuelle digne d'un malade mental sorti récemment d'un hopital psychatrique , le tour en soi était sympathique – et de deux car cela me ferai faire des économies ! Si si ! C'est mathématiquement prouvé. En supposant qu'un briquet coûte quatre pokédollars et que ce dernier est en mesure d'allumer l'équivalent de cinq paquet de cigarette alors – vu ma consommation de clopes – il serait vite rentable d'apprendre ce petit tour. Car cela ne paraît pas comme ça mais le paquet étant à huit pokédollars, deux briquets économisés me permettaient d'acheter de nouveau des clopinettes. Ah ça oui ! C'était un bon investissement. Il était primordiale pour moi – et pour mon porte-feuille – d'apprendre ce tour ô combien utile !
Alors que Kay me rendit la cigarette allumée et tourna les talons, je me permis de l'interpeller de la façon suivante :

« Hé, reviens ! Tu peux la prendre. Je ne fume pas ce truc que t'as mis dans ta bouche. C'est pas hygiénique. Et puis de toute façon j'en ai d'autres. »

Sarcasme, ironie ? Non. Humour tout simplement. Je pouvais bien lui passer une cigarette. Après tout s'il m'apprenait son tour, il aurait vite fait de me rembourser. Oui, je sais ce que vous êtes en train de vous dire au moment où je vous parle : « Ce mec ne pense qu'à l'argent » et bien à cela je répondrai simplement que OUI. Je ne pense qu'au blé. Est-ce un crime ? À ce que je sache, non alors laissez faire l'artiste. Tendant la clope à l'étudiant de septième année. Un petit rictus se peint sur mon visage. Allait-il acquiescer à ma demande ou non ? Si tel n'était pas le cas, je pouvais toujours m'amuser à le menacer de colle...C'est une blague bien entendu.

«  Tu m'apprends ton truc ? Sans la chorégraphie bien évidemment. Faire le malin auprès des filles ne m'intéresse pas vraiment. Disons que j'ai passé l'âge. C'est plus le coté utile de la chose que j'aimerai comprendre et savoir reproduire à l'avenir. »

Oui, le coté utile qui permet d'économiser jusqu'à quatre pokédollars par semaine. Non vous ne rêvez pas, cela veut bien dire que je fume environs cinq paquets tout les sept jours.

Kay avait pris la cigarette. Celle-ci s'étant éteinte, il la ralluma en réutilisant son petit mouvement expert. Intéressant. Voir le tour n'allait peut-être pas me permettre de le reproduire en un rien de temps cependant je savais désormais à peu de choses près comment il faisait pour allumer une clope sans feu. La zone où mettre la taffe, le type de mouvement qu'il faisait avec ses doigts. Voilà ce que j'avais pu apprendre en observant. Comme dit précédemment, cela n'empêchait pas le fait que j'allais avoir besoin de son aide. Néanmoins c'était déjà ça de prit dans le cas où il ne désirait pas m'apprendre « le truc ».

D'ailleurs, d'après ses dires, ils étaient peu à connaître l'astuce et le premier pequenot n'était pas forcément en capacité de comprendre et donc de réussir le tour. Ma foi, je m'en fiche ! Je voulais essayer d'apprendre le tour, tout de même. Hein ? Comment ça il veut une raison ? Une raison valable pour quoi ? Pour apprendre à allumer une maudite clope ? Il est sérieux là ? Le dresseur croit que c'est le tour du siècle ou quoi ? Non mais je vous jure, il devait juste m'apprendre à taper correctement sur une cigarette pour que cette dernière s'allume d'elle-même, rien de plus. Il n'était pas question là qu'il me délivre le code pour enclencher la bombe atomique ou quoi que ce soit de ce genre. Kay connaissait une simple astuce, certes, bien sympathique et utile mais qui n'avait aucun véritable poids sur une vie entière. L'étudiant pouvait donc bien délivrer son « secret », non ? Et bien semble-t-il que non. Pour des raisons qui m'échappaient totalement, le gosse prenait ça très à cœur. Selon lui, il me fallait une vraie bonne raison pour apprendre son tour de passe-passe sans quoi il n'allait pas m'aider. Afin de trouver le meilleur argument, je me mis à réfléchir tout en me grattant la barbe. Après quelques micro secondes de réflexion – oui, je réfléchis vite – j'eus enfin une idée. Ah non ! Voilà que j'en ai une seconde. Puis un troisième. Et enfin une quatrième ! Bien donnons-lui tout nos arguments. Il fera le tri. Après tout, je devais au moins lui en donner un de convenable, non ? Si tel était le cas et s'il tenait sa parole alors parmi mes quatre arguments, nous pouvions espérer qu'au moins un fasse mouche.

« Une bonne raison ? J'en ai au moins trois, vois-tu ! La première étant que je viens de te passer une clope, et que donc tu me dois quelque chose. La seconde est que ce petit tour pourrait être sympa à réaliser sachant que j'oublie très souvent mon briquet. Pour preuve, l'autre jour j'ai dû aller accoster un étudiant pour qu'il me prête du feu. Un certain Crow, je crois. Bref. La dernière, et sûrement la meilleure des raisons, étant que cela me permettrait de faire des économies. C'est mathématiquement prouvé ! En supposant que le coût moyen d'un briquet est de quatre Pokédollars et, qu'admettons, je sois dans l'obligation d'en acheter un toute les semaines. Sachant qu'il y'a environ cinquante deux semaines en un an, cela voudrait dire qu'en une année j'aurai dépensé environ deux cent huit Pokédollars pour de vulgaires briquets. Tu trouves pas ça scandaleux, toi ? Deux cent huit Pokédollars...Continuons dans le chiffrage ; Un paquet de cigarette équivaut à quoi hein ? Sept ou huit pokédollars maximum. En une année, nous autres consommateurs lambda, nous nous faisons voler l'équivalent d'une trentaine de paquet en une seule année. Imagine maintenant ce que ça donne sur du long terme. Ta « technique » est donc avantageuse financièrement car, comme le disait si bien mon père, l'argent c'est important. »

C'est faux. Mon père n'avait jamais dis ça. C'est moi et moi seul qui avait inventé cette vieille phrase idiote. Bref. Dans tout les cas, voilà trois arguments tous plus nazes les uns que les autres. Espérons cependant que cela suffisse. Dans le cas échéant, je pouvais toujours apprendre par moi-même à faire son machin. Ça ne devait pas être trop compliqué. Que dites-vous ? Le quatrième argument ? Quel quatrième argument ? Ah oui ! Ça me revient maintenant. En effet, j'avais un quatrième argument...Celui de le coller. Ah ah. Plus sérieusement, cette raison n'était pas réalisable pour simple et bonne cause que j'avais un quota de colle à mettre – ou plutôt à ne pas mettre – si je voulais rester le prof le plus laxiste du bahut. Et croyez-moi, j'y tenais à ce quota. D'autant que Dante, le professeur référent des Lychnis, me faisait sérieusement concurrence. Enfin, revenons-en au sujet. J'avais énoncé mes différents arguments. À lui de voir si oui ou non, ils lui convenaient.