Le jardin japonais avec ses ponts de bois, ses allées d'azalées, de chrysanthèmes, de camélias, et ses berges de galets qui s'accumulaient dans les lits des cours d'eau, invitaient à la relaxation dans une ambiance vivifiante et décontracte. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce n'était pas pour se reposer qu'il s'est aventuré dans les jardins nippons. Le Bulbizarre que la direction de l'académie lui avait remis avait pris la fuite dans cette direction, car il avait été un peu brusque au premier échange ( « t'es aussi fin qu'une bûche, ma parole ... ») .

« 'fallait pas le prendre aussi mal ! » Pour ceux qui n'avait pas l'habitude de subir sa rudesse naïve, c'était malheureusement difficile. Cependant, il voulait rarement heurter de front autrui. Puis, comment leur alliance fonctionnerait-elle si le petit quadrupède vert prenait la poudre d'escampette à la première parole de travers ? « Bulbizarre ! »

Entre-temps, Moustillon nageait avec les carpes koï, vedettes insolites des bassins.

Après un quart d'heure de fouille intensive, Hiroshi tomba nez-à-nez sur la créature. Il dormait paisiblement sous un sakura, comme si rien au monde n’était plus normal. Il haussa les sourcils, visiblement perplexe, mais ne dit mot. Une esquisse de sourire se dessinait sur ses lèvres. « T'es pas sérieux là. » Il soupira et passa la main dans ses cheveux. « Tu m'excuses pour tout à l'heure, bonhomme ? »

Il s'installa à côté du pokémon bulbe le plus silencieusement possible pour ne pas le réveiller et à son tour, s'allongea dans le lit vert. Le soleil dominait le ciel, si clair que seul un nuage solitaire avait osé s'y perdre. La loutre flottait paisiblement dans l'eau, profitant de cet instant inédit de baignade et le doux vent qui soufflait eut raison à son tour du dresseur qui s'endormit.

Il avait des jours où l’ennui était un frein à toute activité. Il ne vous arrivait pas de vous lasser alors que vous ne faisiez rien, de vous allonger en disant que vous devriez tirer vos fesses de là, de penser que si vous bougiez votre état de larve ne changera pas ? Hé bien ce fut le cas pour Diane Yato Pham, cette marmotte, représentante de la maison Lychnis. Elle était là dans sa chambre à se demander ce qu’elle devait faire pour quitter cette torpeur. Elle se releva en tailleur et se dit qu’il fallait qu’elle marche un peu pour garder la forme. Elle soupira et s’étira tout en quittant son lit. Pachirisu sortit de sa pokeball, content de voir sa dresseuse vouloir se promener. Diane lui sourit et s’accroupit pour que la femelle écureuil puisse grimper sur son épaule. Elle prépara un petit sac et son ombelle et sortit de la pièce en ayant choisi où aller.

« - Les jardins nippons, qu’en penses-tu Pachi ? »

Le pokemon électrique acquiesça, tout guilleret. La rouquine comprit pourquoi. Alors qu’elle parcourait les couloirs pour rejoindre la sortie des bâtiments, elle se mit à s’imaginer les lieux qu’elle n’avait pu visiter car étant une Lychnis. Elle avait déjà squatté les thermes par effraction alors il valait mieux qu’elle évite d’attirer l’attention sur elle… Mais aujourd’hui, elle voulait respirer un peu, contempler la végétation ambiante et caractéristique des jardins des Spiraea. Ce fut d’un pas plus allègre qu’elle parcourut l’académie à la recherche de l’Eden. Elle demanda à ses autres pokemons à travers leur pokeball s’ils voulaient sortir, seul Tylton répondit à l’appel, Evoli semblait roupiller.

« - Hé bien ça fait du bien de l’air frais, hein Lyn ? »

L’oiseau émit un petit de contentement et fila à toute vitesse vers le jardin. Sa dresseuse le poursuivit avec un sourire avec une Pachirisu tentant de bien s’agripper à l’épaule de la rouquine. Une fois arrivée à au portail, les trois compagnons levèrent la tête et eurent la même réaction d’émerveillement. Tout était structuré, construit pour rendre l’atmosphère apaisante. Diane s’y sentit bien de suite. Elle décida d’aller chercher un coin sous un arbre pou pouvoir paresser et s’amuser avec ses amis. Son ennui s’était évaporé. Puis elle se rendit compte que Pachirisu était descendue de son perchoir et avait disparu. Elle pesta et fut accompagné de Tylton qui fut l’éclaireur.

« - On sent que cette petite peste veut que je me bouge… Ah la voilà… Mais qu’est-ce que tu clampines ? » hurla Diane quand elle vit la scène qui se déroulait sous ses yeux.

L’écureuil électrique s’approchait d’un jeune homme et de son Bulbizarre les joues chargées et lumineuses. La Lychnis se frappa le front et sut qu’elle n’aurait jamais le temps d’empêcher le crime se produire. Lyn essaya de voler vers son amie mais eut comme cadeau de recevoirlui aussi une décharge électrique, inoffensive mais qui ressemblait tout de même à une pichenette… Diane se rapprocha du lieu du drame, la mine penaude, elle qui voulait être tranquille… Elle jeta un regard noir à Pachirisu qui lui tira la langue, contente de son méfait. Lyn, lui aussi faché, agrippa l’écureuil et d’un coup d’ailes la plaça devant Bulbizarre et l’inconnu. Il la relâcha et Diane en profita pour poser son pied sur sa tête pour l’obliger à s’incliner en signe d’excuse :

« - Pardon pour cet incident, Pachi est du genre emmerdeuse. En compensation, je veux bien vous offrir un petit encas. Ah je m’appelle Diane.»

Il bravait le froid polaire mordant de l'hiver piquant, rejoint par ses féroces alliés. Un imposant quadrupède laissait exploser sa hargne contre le vent et la neige ; d'autres le protégèrent. Au sommet de la montagne, la silhouette d'un dresseur se dessina peu à peu. Il était prêt à l'affronter au meilleur de sa forme ─ « ?!? »

Sans surprise, il s'agissait d'un rêve (prémonitoire ? il aurait juré avoir reconnu quelque chose) brusquement interrompu après réception d'une décharge électrique. L'attaque l'avait secoué plutôt violemment et sa coupe insolente témoignait visiblement à la place des mots. Il était toujours sous le coup de la surprise, en essayant de se replacer dans le contexte, quand une jeune femme avec une ombrelle lui présenta ses excuses. « Pardon pour cet incident, Pachi est du genre emmerdeuse. En compensation, je veux bien vous offrir un petit encas. Ah je m’appelle Diane. » Elle ne perdait pas son temps, au moins, et lui, à présent, avait l'esprit un peu plus clair.

« J'ai connu mieux comme réveil, » grommela-t-il. « Je m'appelle Hiroshi. »

Bulbizarre s'était réfugié derrière un arbre, examinait les nouveaux venus. L'étrange graine est né il y a deux semaines, dans une pension misérable, avant d'être confié aux services sociaux puis à l'académie, destiné à être un cadeau. Il se plaisait à rêvasser dans ces jardins qu'un jour, une dresseuse de talent le prendrait en charge et qu'ensemble, ils iraient jusqu'à la ligue. La désillusion fut grande.
Le garçon n'avait peut-être pas mauvais fond mais c'était totalement le type à chercher des noises à tout le monde. Regardez, il ne se trompait jamais : un Pachirisu, sans aucune raison, venait tout juste de l'électrocuter (et lui avec) !

Hiroshi ne lisait pas dans les pensées mais du regard noir que son pokémon lui jetait, il en déduit qu'il leur faudrait un peu de temps à tous les deux pour se faire confiance. « J'suis pas contre une petite compensation pour l'autre là-bas. » Soupir. « 'lui en tenez pas rigueur s'il se tient si loin de nous, il est pas du genre à faire facilement confiance. » dit-il, lui-même perplexe.

Au moins, le jeune homme qui se nomma ne semblait pas rancunier. Ce fut un soulagement, Diane ne voulait pas de prise de tête alors qu’elle daignait enfin sortir dehors. Mais elle fronça un peu des sourcils voyant le Bulbizarre se réfugier derrière le ginkgo près duquel son dresseur et lui se reposaient. Elle ignora le regard de dernier pour écraser davantage son amie électrique pour la punir. Elle claqua des mains devant le pokemon plante sans pour autant s’en approcher, cligna d’un œil et s’inclina, signe d’excuses. Puis elle se baissa les mains toujours plaquées l’une contre l’autre et jeta un regard à Pachirisu qui comprit la leçon et fit de même avec une mine boudeuse.

La Lychnis écouta ensuite Hiroshi , contente qu’il accepte sa proposition. Elle lui adressa un sourire sincère avant de croiser les bras, en faisant attention à son ombelle pour réfléchir à une solution. Lyn avait pris les devants, voleta vers Bulbizarre et atterrit en demeurant prudent et laissant une trentaine de centimètres de distance. L’oiseau fouilla dans ses ailes de coton et sortit une petite baie fraive, qu’il tendit au pokemon graine. La rouquine avait tout vu et espérait que cela se passa bien. Elle reporta son attention sur Hiroshi et proposa alors qu’une voix claire :

« - J’ai des encas mais j’ai aussi croisé une roulette où se vendait des crêpes. Bah tiens la voilà ! »

Diane héla un homme qui tenait un stand mobile, qui la salua d’un signe de main. Il se rapprocha d’eux. Il devait se situer à quelques mètres d’eux. Pachi, boudeuse, quant à elle une fois libérée, s’était refugiée dans l’arbre aux feuilles très caractéristiques et préférait jouer aux acrobates. La jeune femme se retourna vers son jeune camarade en attendant l’arrivée du vendeur et répondit enfin à la remarque du dresseur :

« - Tu peux me tutoyer, tu sais. Et pour ton ami pokemon, je ne lui en veux pas. La confiance viendra. D’ailleurs…»

Elle se pencha sur le côté pour jeter un coup d’œil à son Tylton et au concerné. Pourvu que Lyn n’avait pas été trop entreprenante… Pendant son mouvement, elle en avait profité pour préciser quelques détails en plus, après tout elle l’avait dérangé autant lui offrir à lui aussi quelque chose. Cela arrangeait Diane en plus. Elle commençait à avoir faim… En plus, le stand sur roues arrivait près d’eux.

« - Pour Bulbizarre j’ai des biscuits pokemon. Je t’offre aussi quelque chose si tu veux. »

Méfiant comme un renard mais gourmand comme un chat, la timide créature, attirée par les superbes couleurs de la baie, s'en accapara promptement. Peu habitué à la compagnie des hommes, celle-ci le mettait dans l'embarras, mais il se comportait plutôt familièrement avec ses frères, constata son dresseur, qui regardait la scène de loin. J'vais devoir m'y prendre avec plus de douceur. Ce n'était pas son fort, mais bon.

L'inconnue, elle, était d'une nature sympathique et courtoise : son regard et son attitude reflétait un âge sage (il la situait vers ses vingt ans) malgré ses traits juvéniles. C'était peut-être sa première rencontre depuis son admission ici, avec un personnage qui respirait autant la bienveillance (après, on ne devait pas toujours se fier aux apparences). « J’ai des encas mais j’ai aussi croisé une roulette où se vendait des crêpes. Bah tiens la voilà ! » Il n'avait pas faim du tout, mais la bonne odeur des crêpes lui mettait l'eau à la bouche. Et je parie qu'il y en a un qui va revenir avec l'estomac criard.

« Tu peux me tutoyer, tu sais. Et pour ton ami pokemon, je ne lui en veux pas. La confiance viendra. D’ailleurs… » Elle reporta son attention sur leurs pokémons : les deux échangeaient peu mais semblaient bien s'entendre - l'un mangeait gaiement la baie qu'on venait de lui offrir et l'autre volait silencieusement autour. « Pour Bulbizarre j’ai des biscuits pokemon. Je t’offre aussi quelque chose si tu veux. »

Toutes ces attentions le gênaient presque, au final ! « J'te remercie bien, mais j'ai besoin de rien, moi. » Oh. Il avait été un peu sec, non ? Ce n'était pas dans ses intentions. C'est juste que ça allait un peu vite, tout ça ─ on aurait presque pu croire qu'elle le gardait ! « Merci pour les biscuits. J'achèterai peut-être quelque chose pour mon Moustillon. » Celui-ci n'était pas prêt de retourner auprès de son maître : il avait assisté à la décharge électrique de Pachirisu et en conséquence, préférait garder ses distances avec le petit groupe. « Où il est passé, d'ailleurs...

Diane leva un sourcil lorsqu’elle se rendit compte du ton de son camarade Spiraea mais ne fit aucun commentaire, l’appel du ventre était le plus fort. Et oui, on ne changeait pas les vieilles habitudes… En plus, elle préférait ne pas trop s’attarder dans une conversation banale. Si jamais elle vous posait l’ultime question à propos du temps, cela montrerait que votre compagnie l’ennuyait profondément et ce ne fut pas le cas d’Hiroshi. La Lychnis ne savait pas pourquoi mais elle l’avait l’impression de le connaître un peu. Où avait-elle vu ce regard déterminé ? La jeune femme ne réfléchit pas longtemps et hocha de la tête quand elle entendit le dresseur la remercia. Elle balaya sa réplique d’un mouvement de main pour expliquer que cela lui faisait plaisir.

Le stand mobile s’arrêta auprès d’eux alors que le Bulbizarre et Tylton semblaient toujours bien discutés. Pachirisu sentit l’odeur alléchante des crêpes et sauta de son perchoir pour atterir lourdement sur la tête de Diane, qui parvint à se maintenir debout. Elle massa sa nuque et grogna. Le vendeur esquissa un sourire amusé et laissa ses futurs clients se servir. La rouquine ne s’attarda pas trop commanda une crêpe à la sauce kinder avec des morceaux de banane et poire dedans. L’homme s’attela à la tâche avec Pachirisu comme spectatrice. Diane quand à elle jeta un coup d’œil vers Hiroshi. Ce dernier semblait chercher quelque chose ou un ami. Sans savoir quel était le but de sa recherche, Diane se mit à regarder les alentours. Elle vit alors un Moustillon les observer de loin mais de très loin. Elle tapota l’épaule d’Hiroshi et montra le pokemon :

« - Ca m’étonnerait qu’il soit sauvage, à qui crois-tu qu’il appartient ? »

Elle attendit la réponse jusqu’à ce qu’elle entendit qu’une voix masculine l’interpelait. Le vendeur tenait le saint graal des encas et Diane se précipita vers lui. Il lui fallut juste une enjambée pour payer l’homme et dévorer des yeux la crêpe encore chaude qu’elle tenait dans ses mains. On aurait presque une enfant mordant avec gourmandise un simple mets. Elle se retourna vers le Spiraea et lui sourit en faisant attention de ne pas se retrouver avec une moustache de sauce :

« - Alors tu as retrouvé ce que tu cherchais ? »

« Ça m’étonnerait qu’il soit sauvage, à qui crois-tu qu’il appartient ? »

Apeuré comme un oiseau sans lumière, le pokémon loutre refusait de répondre à l'appel de son dresseur et celui-ci comprit rapidement pourquoi. Il n'avait jamais surmonté sa plus grande phobie : l'électricité. Comme il comptait un jour constituer une équipe équilibrée, cette peur était leur faiblesse, mais pour le moment, rien ne pressait.
Pendant ce temps, Diane goûtait avec gourmandise.
Éventuellement, elle lui demanda :

« Alors tu as retrouvé ce que tu cherchais ? »

D'une expression neutre mais d'un ton qui se voulait tout de même reconnaissant, le jeune adolescent répondit à son aînée en haussant les épaules.
Il hésitait entre lui expliquer la situation avec son pokémon et ne rien lui dire : « Ouais, merci » et opta finalement pour la première solution.

Il commanderait bien un petit quelque chose mais son Moustillon risquait de fuir à tout instant. Il était dur, mais ne prenait pas volontairement plaisir à provoquer la souffrance chez autrui : et puis, par un si beau temps, finir dans sa pokéball révélerait sans doute plus d'une punition qu'une protection.
Il lui épargnerait la compagnie d'un pokémon électrique.
Aujourd'hui, en tout cas. « J'te laisse, Diane. C'est un plaisir d'avoir fait ta connaissance. » Ils se croiseraient bien un jour dans les couloirs de l'académie, non ? Peut-être que quand il serait un peu plus fort, il la défierait aussi, qui sait ! Bulbizarre, récalcitrant, dit au revoir au Tylton et une fois la petite famille au complet, les trois se dirigèrent sans plus attendre vers les terrains pour découvrir les compétences de chacun.