Initiation en fanfare. [Pv : Skye]

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Cher frère chère sœur. En ce jour béni, un nouveau préfet a été nommé préfet ! Ce nouveau responsable sera chargé des affaires concernant la maison des Lychnis en coopération avec le premier préfet déjà en place – qui pour d’obscures raisons est encore à son poste et a été reconduit –, je veux bien entendu parler de Jay. Pour aider ce dernier dans la lourde tâche qui l’incombe a donc été nommée une élève de septième année. Quel était son nom ? Et bien euh… Euh… Oui bon, on s’en fiche de son nom ! Ah, en fait non. Ça me revient, il s’agissait d’une fille nommée Skye. Toujours est-il qu’elle a été élue préfet et qu’à ce titre, je vais devoir la briffer sur les droits que lui apportent cette fonction mais aussi sur ses futurs devoirs. Là, si vous n’êtes pas totalement idiot, vous devez normalement vous poser une question, ma foi très importante ; Pourquoi est-ce moi qui me charge de cela ? Et bien à cette question très intéressante, je n’avais pas de réponse à donner. Et oui ! Il faut croire que c’est comme ça et pas autrement. La logique aurait pourtant voulut que ce soit Dante, le professeur référent des Lychnis qui s’occupe de cela mais allez savoir pourquoi on m’avait chargé de le faire. A croire que je n’avais pas d’autres occupations qu’aller briffer les gamins sur leur rôle, moi. Vous avez besoin de quelqu’un pour faire des réunions ? Eric est là. Vous avez besoin de quelqu’un pour faire un briefing ? Eric est là. Votre baby sitter a un empêchement et vous ne pouvez pas sortir au cinéma sous peine de laisser votre enfant seul ? PAS GRAVE. Parce qu’Eric est là ! Peu importe ce que vous désirez, je suis en mesure de le faire. Là en l’occurrence, je devais improviser un rôle que je ne maîtrisais absolument pas. M’enfin, ils étaient gentils à l’administration et avaient tout préparés. Et quand je dis tout, c’est tout ! Rien n’avait été laissé au hasard. D’une, on m’avait donné une feuille avec inscrit tout les droits et devoirs des préfets. Car cela paraît pas comme ça, mais elle est vachement longue cette fichue liste. Et dire qu’avant de la lire, je pensais que les préfets étaient juste là pour faire jolie. Maintenant je me rends compte qu’effectivement : Ils sont là pour faire jolie. Bref, évitons tout commentaire déplacé sur le rôle ô combien important des préfets et suivons le plan. Normalement, nous devions faire ça dans les règles. Le préfet fraîchement élu arrive dans une salle de l’administration. Je lui lis le bout de papier, je l’aide un peu, je le briffe et hop, c’est bon, on rentre à la maison pépère. Oui mais voilà, aujourd’hui cela n’allait pas se passer de la sorte. Non mais sincèrement… Il fallait faire les choses en grand ! Déjà, on évite de faire ça à l’administration. De deux, on prépare des gadgets bien sympathiques pour fêter cela. Une fois tout le matos prêt, je quittai la salle où devait avoir lieu l’entretien pour me diriger au dortoir des Lychnis. Vous l’avez compris ce n’était pas elle qui allait venir à moi mais bien l’inverse. Une chose était certaine, on allait se marrer. Enfin, j’allais me marrer. Elle, en revanche c’était moins sûr.

Une fois arrivé au quartier des Lychnis, j’eus le réflexe quasi instantané de regarder ma montre. Bien, j’avais deux bonnes heures d’avance sur le rendez-vous. Skye était sans aucun doute en train de se préparer, de s’habiller ou même de se remettre d’une fête un peu trop arrosée la veille. Dans tout les cas, j’avais hâte de la voir. J’avais amené avec moi tout un tas d’objet. Espérons que cette gamine ait de l’humour sans quoi je risquais vraiment de passer pour un gamin – ce qui n’est pas si grave que ça puisque tôt ou tard, elle aurait remarqué mon âge mental peu avancé –, avançant à travers les grandes chambres du dortoir à sac à la main, je m’arrêtai après avoir vu le numéro de chambre où résidait le nouveau préfet. Sur la porte était inscrits, en plus des numéros, les différents noms des personnes dormants dans cette chambre. Je remarquais donc que la fameuse Skye portait un nom qui me semblait bien familier. Celui de Tanner. Où avais-bien pu entendre ce patronyme ? Je n’en avais aucune idée. En tout cas, ce nom ne m’était pas inconnu. J’en étais sûr. Ah, et pour changer totalement de sujet. Vous remarquerez, soit dit en passant, qu’on a pas les moyens d’avoir une chambre chacun à Alcea Rosea. Cependant on a les moyens d’avoir : Un Planétarium, des jardins, des piscines, des stades et j’en passe. Ceci dit, je pouvais entrer. C’est donc avec toute la délicatesse qui me caractérisait que je frappais tel un bûcheron sur cette maudite porte.
Il était sept heure trente, du matin bien entendu. Sinon c’est pas drôle.

A peine avais-je entendu le bruit de serrure prouvant que quelqu’un avait déverrouiller la porte que je posai ma grosse main sur cette dernière, exerçant ainsi une forte pression qui me permit d’ouvrir ladite porte, ou plutôt de la faire claquer (espérons que personne ne soit derrière sans quoi ça risquait de faire mal pour elle). De l’autre main, soit la gauche. Je pris un petit objet bien sympathique qui fait du bruit. Vous savez, cet objet plus communément appelé, serpentin. Et dans un élan de stupidité, je soufflais dedans puis m’exclamai :

« Youhou ! On a un nouveau préfet. C’est la fête ! Bonne année ! Bonne santé ! »

… Ah mince. Ce n’était pas ça que je devais dire, n’est-ce pas ? Non en effet… Bwargh ! Pas grave ! Hé mais elle est où Skye là ? Je ne la voyais pas. On m’avait donné son signalement et rien ici n’y ressemblait de près ou de loin. C’est seulement après quelques minutes que je compris qu’en réalité, la chambre de Skye était celle d’à coté. Ah ah. Tient d’ailleurs, voilà la porte de ladite chambre qui s’ouvre – comme toutes les autres portes du couloirs d’ailleurs – il faut dire que j’avais fais un de ces boucan. De quoi vous réveiller un Ronflex !

J'suis préfète. Assise sur son lit, les jambes fouettant l'air à un rythme régulier, Skye fixait d'un air ahuri l'insigne argenté posé au creux de sa main. Il s'agissait d'une petite étoile, faite sur-mesure, fièrement estampillée de la lettre "P" en italique et destinée à être épinglée au niveau de la poitrine de son propriétaire. Depuis qu'un coursier personnalisé lui avait gentiment offert ce présent le veille, peu après qu'elle eût appris La nouvelle, son regard brun n'avait pu se détacher des courbes brillantes de l'objet, comme l'aurait fait un Cornèbre attiré par le moindre reflet doré. Aux yeux d'une personne externe, la scène aurait pu paraître comique ; mais, à contrario, elle prenait un sens on ne peut plus sérieux lorsqu'on s'aventurait dans les méandres de l'esprit perturbé de la Tanner. Elle était devenue préfète. Elle, gamine irresponsable incapable de marcher droit sans s'étaler lamentablement au sol, avait maintenant sous une des maisons les plus fréquentées d'Alcea Rosea. Logique, quoi ; les membres de l'administration avaient dû vider une bouteille de vodka avant de prendre leur décision. Ou peut-être même deux. Voire trois, soyons fous. Toujours était-il que le destin, allié à quelques grammes d'alcool, avait promu la brune à un poste qu'elle ne pourrait assumer seule. Elle était bien-entendu épaulée par Jay, son meilleur ami, préfet depuis longtemps déjà ; mais quand était-il de son apprentissage, ses devoirs — les bases de sa nouvelle casquette, en somme ? L'administration, entre deux verres de whisky, avaient pensé à tout, même à ce détail signifiant : un professeur, Eric Leak, avait été désigné pour lui apprendre les moindres ficelles sur son job. Skye ne connaissait cet homme que de réputation : on le disait louche, bizarre, amateur d'humour sans queue ni tête mais néanmoins sympathique et attachant. Ne restait plus qu'elle se fasse elle-aussi une opinion sur ce drôle de personnage.

Pour être honnête, elle n'avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Ses compagnonnes de chambrée étaient sorties tard dans la nuit et n'étaient toujours pas revenues ; elles avaient, certes, tentées de faire venir la nouvelle préfète avec elles, pour "fêter sa promotion", mais n'étaient parvenues qu'à lui faire lâcher un long soupir, sans pour autant la faire bouger du moindre centimètre ; elles n'étaient toujours pas rentrée, d'ailleurs. En gros ? Elle avait passé la soirée et même toute la nuit dans cette position, à contempler son insigne flamant neuf d'un air rêveur. Autant dire que cette nouvelle l'avait totalement déconnectée du monde. Skye était néanmoins parvenue à garder un œil discret sur l'heure, qui tournait inlassablement ; le professeur Leak devait arriver vers neuf heures trente, et son réveil indiquait qu'il n'était que sept heures. Bah, elle avait deux bonnes heures pour sortir de son état de larvage extrême, se laver et adopter une tenue digne de ce nom — elle portait actuellement un de ses sweets du dimanche et un short en jean déchiqueté. Après dix bonnes minutes d'auto-motivation intenses, elle consentit à se remettre sur pieds et glissa son Précieux dans la poche de son haut. Après quoi, elle se glissa dans la salle de bain, fin prête pour prendre une bonne douche réparatrice ...

Alors que la Tanner sortait satisfaite de la salle d'eau, seulement entourée d'une serviette, un bruit dans le couloir alerta ses sens. Il y eut un braillement grave, précédé par le bruit significatif d'un bon vieux serpentin. Guidée par sa curiosité, elle se rhabilla rapidement avec les vêtements qu'elle portait depuis la fin de soirée — elle n'allait pas vraiment le temps de fouiller dans ses affaires, n'est-ce pas ? — et ouvrit la porte de la chambre, qui donnait directement dans le corridor du dortoir des filles. Elle regarda à gauche, puis à droite, et se retrouva nez à nez avec sa voisine, terrifiée, et un homme d'une trentaine d'années possédant une imposante barbe noire. Elle bugua quelques instants à la vue de l'inconnu, afficha une moue étonnée, puis enfin se souvint : ce truc ... c'était le type qu'elle devait rencontrer ! La surprise lui fait amplifier son air abruti — si c'était possible — et elle ne trouva comme seule chose à faire que de se poster droite comme un piquet et d'exécuter un salut militaire digne d'un des meilleurs soldats du pays. Pour faire bonne figure, elle s'empara même de son cher insigne et l'attacha précautionneusement sur son cher sweet escargot. Tout en gardant sa pose de fidèle mercenaire, elle se racla la gorge et prit la parole.

« Skye Fable Tanner, nouvelle préfète des Lychnis, au rapport ! Vous devez être monsieur Leak, le professeur qui doit m'initier. Enchantée ! »

En plus d'avoir lâché ça d'une seule traite sur un ton incroyablement aigu, elle trouva bon de s'incliner devant le professeur par pure marque de respect. Peut-être en rajoutait-elle un peu trop. Ou peut-être pas.

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Oups, je me suis gouré de chambre et voilà que tout le monde hurle. La personne qui était derrière la porte que j’avais enfoncée avait été blessée et vociférait des jurons peu glorifiant à mon égard. D’après ses dires j’étais un, je cite, « incompétent », « une enflure » et un « débile mental. » Ah lala…Tant de haine en ce bas monde. Pour si peu qui plus est ! De nos jours, il n’y a plus de respect. Bon, en même temps, il faut dire que je lui avais sacrément amoché le nez à la petite. Ah ah. En même temps quelle idée de rester derrière la porte après l’avoir ouverte. Quoi ? Comment ça d’habitude on n’enfonce pas la porte ? Ah…Oui, c’est vrai. Bwargh ! Peu importe. Je devais trouver Skye. Malheureusement, elle n’était visiblement pas ici mais alors où était-elle ? Toutes les portes du couloir étaient ouvertes et toutes les gamines manifestaient leur mécontentement pourtant, rien. Pas une Skye sauvage en vue. Voilà qui était bien triste. Ce n’est qu’après quelques minutes de solitude qu’enfin, une gamine répondant au signalement de la Tanner pointa le bout de son nez. Etrangement, son visage ne me disait rien. Moi qui pensais avoir entendu son nom de famille quelque part, rien ne fit tilt dans mon esprit étroit. Pour moi c’était une gamine comme une autre. Caucasienne, petite taille, cheveux court. Habillée de manière tout à fait classique – sachant qu’il est sept heures du matin, je la voyais mal être en costume, cravate –, bref, l’archétype de l’étudiante banale par excellence ! Du moins en apparences. A réfléchir de plus près, je ne savais vraiment pas où avais-je bien pu entendre son patronyme. M’enfin bon ! Trêve de rêverie. Nous avions bien mieux à faire aujourd’hui et ça, la Tanner l’avait bien compris. Effectivement, elle semblait prendre son rôle très à cœur – un peu trop peut-être ? – et avait sorti son insigne de préfet. Nous noterons par ailleurs que la manière dont elle le portait avait un petit quelque chose de comique. L’étudiante d’Alcea Rosea affichait cet objet comme un shérif américain pouvait porter son étoile. Bref, passons. Elle était sûrement fière d’elle et il y avait de quoi. Evitons donc toutes les remarques déplacées sous peine de passer pour un vrai chacal d’entrée de jeu. Si j’évitais tout commentaire à propos de son insigne et de la manière dont elle le portait, je ne pus m’empêcher de sourire en voyant la posture que Skye avait adoptée. Voilà un petit vrai soldat mes amis ! Et puis son visage d’ahuri…On aurait dit…Eurêka ! J’ai trouvé ! Ethan ! Pour sûr, ils étaient de la même famille. Certes ils ne se ressemblaient absolument pas toutefois ils possédaient en commun un nom de famille assez original – des Tanner on en trouve pas tout les jours – ainsi qu’un air d’idiot fini tout aussi rare. Ah oui, ils étaient parents, cela coulait de source. Sûrement des frères ou des cousins dans le pire des cas, à n’en pas douter. Toujours est-il qu’après s’être présentée, la gamine se courba…Mon dieu. On touche le fond là. Il est temps de détendre un peu cette atmosphère militaire. Alors que Skye était en cours inclinée, j’eus la fantastique idée de souffler un nouveau coup dans mon super serpentin.

« Houhou. Enchanté aussi ! Content de te voir, Skye Tanner. De la famille d’Ethan n’est-ce pas ? En tout cas, comme tu t’en doutes, je vais t’initier aujourd’hui ! Mais avant je dois allez quelque part histoire de faire un truc. J’ai oublié de prendre un petit café. »

C’est qu’il était sept heures tout de même. Je n’avais donc pas eu le temps de prendre un petit breuvage de chez Nestor – plus communément appelé par la clientèle Nespressotor – et dieu sait qu’un vieil ours qui ne boit pas son café, c’est un vieil ours insatisfait. Et un vieil ours insatisfait c’est souvent mauvais signe. Et puis bon, je pouvais bien perdre du temps. De toute façon, officiellement, nous n’étions pas censés commencer l’initiation avant neuf heures. Un sourire moqueur aux lèvres, je tentai tant bien que mal de reprendre mon sérieux – du moins en apparences – et adressai à Skye un regard complice.

« Bon, soldat ! Je vous laisse cinq minutes pour vous changer et nous y allons. Pas une de plus ! Execution ! »

Malgré son imposance et l'air dur et sévère qu'il traînait derrière lui, Eric Leak s'avérait être un drôle de personnage qui semblait, aux yeux de Skye, très attachant. S'il avait été un Pokémon, elle aurait juré sur la tête du Saint-Dieu Arceus qu'il se serait vu affublé de la fourrure douce et épaisse d'un Ursaring : ces Pokémon ours, au premier regard, inspirait la peur, la crainte, l'effroi ; et pourtant, si l'on essayait de gratter un petit peu la couche agressive qui plâtrait le cœur de l'animal, on y découvrait là une attitude tendre et câline, vestige de la belle époque où il n'était encore qu'un petit Teddiursa sans défense. Et bien que le professeur fut plus apte à montrer sa nature chaleureuse et enjouée, la Tanner ne put s'empêcher de penser que l'image de l'Ursaring lui seyait à merveille. Le vouvoiement qu'il adopta pour s'adresser à elle et lui demander d'adopter une tenue correcte ne fit qu'amplifier son sentiment de fierté, et c'est avec un sourire chargé de volonté et des joues rosies par le plaisir qu'elle fit demi-tour et s'engouffra dans sa chambre. Bon, il lui fallait des vêtements adaptés pour l'occasion. L'adolescente se posta devant son armoire et inspecta attentivement les rangées d'habits soigneusement rangés qu'elle possédait. Après une bonne minute d'intense réflexion, elle opta pour une chemise à manches courtes blanches, une jupe noire et de hautes chaussettes noires. Un coup de peigne et une paire de chaussures enfilée plus tard, elle se présenta devant son professeur avec un grand sourire, son insigne brillant accroché à sa poitrine. Il est vrai que la disposition particulière qu'elle accordait à l'objet rappelait sans hésitation celle des étoiles de shérifs ; aux yeux de Skye, le rôle de préfet rappelait en beaucoup de points celui des fiers justiciers de l'ouest-américain. Mais nous ne nous étalerons pas sur ce sujet.

« Est-ce bon maintenant, Sergent Leak ? »

Elle accompagna ses paroles d'un salut militaire parfait et, raide comme un piquet, se mit à fixer le professeur, un air voulu sérieux plaqué sur le visage. Autant jouer le rôle du fidèle petit soldat jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Derrière Eric, la Tanner entraperçut vaguement sa voisine de couloir exécuter le geste significatif d'un pistolet placé au niveau de sa tempe : elle mima à la perfection le coup de feu lancé au niveau de son crâne et retourna dans sa chambre, hilare. La brune ne comprit pas immédiatement la raison d'un tel comportement, jusqu'à ce que la vérité lui soit lancé en pleine face, comme un ballon jeté à bout portant sur sa figure : mais bien sûr, elle était ridicule ! Mais elle s'en fichait. Seriously guyz, une petite aussi étrange que Skye ne craignait les moqueries des autres. Elle avait aujourd'hui décidé d'adopter le comportement d'un militaire suivant fidèlement les instructions de son supérieur hiérarchique ; et elle comptait bien tenir ce rôle jusqu'à la fin de sa formation ! Soucieuse de l'impression qu'elle pourrait bien laisser à son Sergent, elle tira légèrement les pans de sa jupe, réajusta les manches de sa chemise et remit soigneusement son insigne argenté en place. Le torse bombé, les jambes serrés et le visage impassible, elle plongea ses yeux ambrés dans le regard presque imperceptible d'Eric et esquissa le sourire niais qui lui allait si bien. Maintenant qu'elle était prête, elle allait enfin pouvoir commencer son initiation.

Mais avant tout ...

Ni une ni deux, elle s'empara d'un des bras de son professeur et usa de toute sa force pour l'entraîner avec elle. Son sourire s'était amplifié.

« Permettez moi de vous offrir votre café. Notre distributeur attribué n'est peut-être pas le meilleur de l'académie, mais il pourra sûrement convenir à vos besoins. C'est bien le rôle d'un soldat de prendre soin de son supérieur ! »

Spoiler:

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Sans plus attendre, l'étudiante fraichement promu préfète regagna sa chambre pour se changer. C'est finalement après quelques minutes qu'elle sortit de cette dernière, habillée convenablement. Plus de gros pull ressemblant à un pyjama, la voilà vêtu comme une étudiante parée à sortir ou bien à aller en cours. Je lui avais laissé, pour se changer, cinq minutes et semble-t-il qu'elle n'avait pas dépassé le temps qui lui avait été donné. Non, je n'avais pas compté – il ne faut pas croire que j'ai que ça à faire non plus – mais, nulle doute que si elle avait dépassé ne serait-ce que d'une seconde le temps imparti, elle se serait empressé de s'excuser comme un bon petit soldat se devait de le faire lorsqu'il est en tort. Bref. Une fois sortie de sa chambre, la Tanner me demanda si tout était prêt. Ce à quoi je répondis par la chose suivante :

« Affirmatif ! Tout est dans les normes. Soldat, nous pouvons maintenant y aller ! »

Et là, c'est le drame. Telle une sangsue en manque de liquide pourpre, la gamine se colle à moi, s'agglutine. À peine avais-je eu le temps de souffler que déjà mon bras était pris au piège. Ah, misère ! Je suis prisonnier, prisonnier d'une gamine de dix sept ans. Diantre, voilà qu'elle me traîne comme un clebs maintenant. Et devant tout les Lychnis en plus. Bon, peu importe. Laissons-nous entraîner par la bonne humeur de cette enfant et avançons. Après tout si la nouvelle préfète me tenait de la sorte, c'était dans l'unique but de m'offrir le café mentionné précédemment. Autant donc dire qu'elle faisait ça pour mon bien ainsi que pour celui de mon porte-feuille. D'après elle ça faisait parti de son rôle de « soldat » de prendre soin de moi, son « supérieur »... À croire qu'elle prenait vraiment cette histoire au sérieux, elle. Vu que cela m'arrangeait, je n'allais cependant pas faire de remarque déplacée. Bien au contraire. Je me contentais simplement d'acquiescer de la tête à sa déclaration, un peu gêné je dois l'avouer.

Par la suite, je me laissais entraîner à la manière d'une mollusque tout flasque – oui, je sais, c'est une lapalissade – vers la salle où se trouvait le distributeur le plus proche. En chemin, d'un geste de la main non saisie par la Tanner, je remis mon chapeau correctement à de maintes reprises. En effet, celui-ci ne manquait pas de tomber de mon superbe crâne. Après quelques minutes, Skye et moi arrivâmes enfin devant le saint distributeur de boisson. Certes il ne servait pas des breuvages d'aussi bonne qualité que le maître Nespressotor, dans son établissement en plein centre-ville mais tout de même. Un café reste un café. De ce fait, je ne pouvais résister plus longtemps à l'appel de cette machine. M'étant échappé de l'étreinte de Skye, j'avançai tel un Gueriaigle sur sa proie afin de voir ce qu'elle était capable de me servir. Café noir, café au lait, chocolat. Étrangement, j'avais le choix. Un peu comme au « vrai » café en somme. Seule différence, les prix. Ils étaient indéniablement moins cher, bien moins cher. Oui, vous noterez je vous prie que même lorsque l'on m'offre quelque chose, je fais attention au prix du produit. Réflexe d'homme avare, sans aucun doute. Toujours est-il que parmi tout les breuvages, un avait attiré mon attention. Il s'agissait sans surprise du méga café noir. Sans une seule goutte de lait. Le genre de café que seul un homme, un vrai peut supporter. Cela ne paraît pas comme ça toutefois pour être capable de boire ce truc sans vomir – ou sans avoir des nausées de trois jours –, il m'avait fallut des années d'entraînement. Ce n'est qu'à l'aube de mes vingt cinq ans que j'avais pu comprendre toute la beauté de ce café que les jeunes trouvent immonde. C'est donc non sans une certaine fierté que j'annonçai à celle qui portait le même patronyme qu'Ethan mon choix.

« Je vais prendre ça ! »

Et là, à manière d'un Phoenix Wright ou même d'un Professeur Layton trouvant le coupable, je pointai mon doigt sur le nom du café. Ce dernier étant inscrit sur la machine, un bruit assourdissant se fit entendre, de quoi donner un petit air solennel à mon geste. Dans ce dit but, j'aurai bien aimé m'écrier « Objection » ou bien encore « Le coupable c'est vous » toutefois ces deux déclarations étaient quelque peu inappropriées à la situation. Mais passons ! Intéressons-nous à des choses plus passionnantes, commençons son initiation. Tout d'abord, il était de mon devoir de lui lire les – quelques – droits et les – nombreux – devoirs associés à sa nouvelle fonction.
Bon, pas de panique. J'avais tout noté sur une feuille ! Feuille que j'avais mis, euh... Quelque part. Peu importe. Faisons comme si de rien était. M'avançant vers une des tables hautes qui se trouvait non loin du distributeur, je pris place le temps que la Tanner prenne nos cafés. En attendant, je me mis à fouiller frénétiquement mes poches pleines. Retrouver mon petit pense-bête dans cet océan de feuilles, de papier et d'ordures – car oui, mes poches ne sont plus toutes propres – n'allait pas être chose aisé.

Spoiler:

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Initiation en fanfare. [Pv : Skye]

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