Les cours, les sorties pédagogiques ; Tout cela me prenait un temps fou et comme si cela ne suffisait pas, j'avais ajouté à mon emploi du temps bien chargé des séances d'entraînement avec mes Pokémons. En outre, depuis quelques temps je m'étais aménagé des créneaux horaires ci et là dans la semaine visant à me faire faire de l'exercice physique quotidiennement : Course, natation, basket-ball. À mon grand dam, tout les sports y passaient. Mon dieu, à croire que je prenais vraiment les dires de cet Atios au sérieux. Effectivement depuis qu'il m'avait vaincu sur les toits de l'école, j'essayais désespérément de m'améliorer sur tout les points afin de ne pas être en reste par rapport aux étudiants d'Alcea Rosea. Car oui comme il me l'avait si bien fait comprendre un prof moins doué que ses élèves, ça craignait un peu, un peu beaucoup même ! Non mais sincèrement, vous y croyez, vous ? Qui irait assister à un cours d'un homme n'ayant pas les capacités de tenir tête à ses propres disciples ? Personne bien évidemment. Il fallait donc que cela change et que je progresse.
C'est dans cette optique que je commençais – ou plutôt recommençais – l'entraînement de manière assidue. Quand après quelques jours d'acharnement, j'eus enfin le besoin de m'arrêter, je décidais de me rendre non loin de la plage.

Ah la plage. Cela faisait peut-être des années maintenant que je n'y étais plus allé. Il faut dire que j'avais d'autre chose à faire. Cela dit, je ne devais pas oublier de me détendre de temps à autre. L'entraînement c'est bien mais à force, j'allais saturer et cela n'allait être en rien bénéfique ni pour moi ni pour mes Pokémons. Ainsi, afin de me reposer un peu et de prendre l'air, je pris mes Pokéballs, direction la plage. Ou plutôt un des sentiers qui mènent à celle-ci. Car oui, il ne faut pas croire que j'allais faire, comme tout ces jeunes, une baignade ou je ne sais trop quoi encore. Soit dit en passant, cela allait être difficile puisque je ne savais même pas nager correctement. En outre, vu mon accoutrement, me baigner n'était tout simplement pas envisageable. J'avais bien trop peur de salir mon précieux chapeau. Toutes ces raisons me poussèrent donc à ne pas aller au bord de l'eau mais bien sur un banc. Vous savez, ces magnifiques bancs qui longent les diverses sentiers. Ces mêmes sentiers où nous avions une magnifique vue sur la mer. Il fallait absolument que je m'y pose ! Après quelques minutes de recherche, je vis enfin un banc avec une vue sympathique. En outre, il ne semblait pas y avoir vingt cinq gamins dessus ce qui n'était pas pour me déplaire. Bien au contraire, il n'y avait là qu'une jeune femme âgée d'une vingtaine d'année, guère plus. C'était l'heure pour moi de m'incruster ! Oui oui, vous avez bien entendu, j'allais poser mon saint arrière train sur ce banc ! Mais avant cela, faisons preuve d'un tant soit peu de politesse.

« Pardon, cette place est libre, n'est-ce pas ? Puis-je ? … »

Allez hop ! Bien sûr que je peux ! Sans même attendre son aval, je m'assis tranquillement à coté d'elle. Après tout, elle n'allait pas refuser cela à un vieil homme de trente quatre ans. De plus, ce banc était bien assez grand pour nous deux alors bon. Elle n'avait aucune raison de me repousser, non ? Assis confortablement, je levai les yeux au ciel et lâchai un soupir de plaisir. Il faisait beau, j'avais une belle vue et pour une fois je n'avais pas à me soucier de l'entraînement, des cours que j'allais donner le lendemain ou je ne sais trop quoi car en ce moment, j'étais en pause et ce, quoi qu'il advienne. Ceci fait, mes prunelles sombres se posèrent sur la jeune fille qui se trouvait à ma gauche. Affichant une moue quelque peu gênée, je me mis en tête d'entamer une conversation. Pourquoi cela dites-vous ? Et bien tout simplement car en réalité j'étais quelque peu soucieux de savoir si je ne dérangeais pas la jeunette. Si ça se trouve elle voulait rester seule, dans son coin ? Il fallait que j'en ai le cœur net ! Adressant un sourire à celle qui allait être mon interlocutrice, je demandai à cette dernière d'une voix claire et douce la chose suivante.

« Belle journée, ne trouvez-vous pas ? Rassurez-moi, ma présence ne vous dérange pas ? »

Oh, qu'elle est mignonne cette chère enfant. Je ne la dérangeais pas m'avait-elle dit ! Comme quoi, tout n'est pas perdu en ce bas monde. Oui, c'est en voyant ce genre de comportement que je recommençais peu à peu à reprendre confiance en l'humanité et en la jeunesse. Combien d'élèves à sa place se seraient amusés à me répondre : « Oui vous me dérangez, dégagez de là sale barbu. » ? Un grand nombre pour sûr. Elle en revanche, avait été très aimable et acceptait bien que je reste à ces cotés. En revanche, il y avait quelque chose chez moi qu'elle ne semblait pas apprécier du tout. D'après elle, il s'agissait de ce que j'avais entre mes lèvres. Mmh...Réfléchissons, j'avais quoi entre mes lèvres déjà ? D'un revers de main, je tâtonnais la partie du corps concernée par sa critique – soit mes lèvres – quand soudainement mes doigts s'arrêtèrent sur un objet fin, brûlant. En bref, mes doigts venaient de buter sur une clope que je fumais en ce moment même sans réellement m'en rendre compte.

Ah oui c'est vrai pensais-je ! J'avais une cigarette entre les dents. Il faut dire que lorsque je ne me trouvais pas dans l'enceinte de l'établissement – où il est interdit de fumer je le rappelle – j'avais toujours dans le bec une petite cigarette. Parfois elle était allumée, parfois non. Dans le cas présent elle l'était ce qui avait pour effet de déranger la jeunette. Malheureusement pour elle, chez moi la nicotine, c'était compulsif. Il fallait que j'ai quelque chose entre les lèvres sans quoi je me sentais affreusement mal. En outre, il était tout bonnement hors de question que je jette une de mes précieuses clopes. Le paysage avait beau être magnifique. La place avait beau être bien placée il n'en restait pas moins qu'une cigarette reste une cigarette. Cela reste un objet sacré que l'on ne peut gaspiller comme si de rien était ! Fort heureusement, elle était presque terminée. Oui, j'avais brûler plus des trois quarts du produit, ce n'était donc plus qu'une question de seconde avant que je ne l'ai entièrement terminé. De fait, la brunette pouvait bien attendre, n'est-ce pas ?

Remarquant le regard insistant qu'avait l'adolescente à mon égard, je compris vite qu'il n'y avait pas à négocier. Je devais éteindre cette cigarette au plus vite sans quoi elle risquait certainement de mal le prendre. Ne désirant prendre le moindre risque avec cette adorable enfant, je cédai – oui, je suis faible – et éteignis ma clope. Par chance, il y avait une poubelle à seulement deux ou trois mètres du banc où nous nous trouvions. Ainsi, je jetai ma sainte clope non terminée dans ledit endroit où reposent habituellement les ordures. Avant de regagner ma place auprès de la jeune fille, je posai la main sur le rebord de mon chapeau puis m'excusai comme un bon gentleman se devait de le faire.

« Je suis confus, je ne m'étais pas rendu compte que j'avais encore ça dans la bouche. Il faut dire que ça fait parti de certaine de mes habitudes maintenant. Mais peu importe. Je suis Eric Leak, professeur à l'académie d'Alcea Rosea dans l'art du dressage et de la capture de Pokémons. Appelez moi Eric, ça suffira amplement. Et toi, tu es ? … »

Quelle classe j'avais ! Passer subtilement du vouvoiement au tutoiement. Oh oui, je sais je sais, cessez de m'admirer de la sorte, je le sais : Je suis un vrai gentleman comme on en fait plus de nos jours. Un gentleman qui fume, certes, mais un gentleman quand même ! Sans vouloir me jeter des fleurs – ce que je faisais en ce moment même – j'avais une certaine prestance et classe que l'on ne pouvait retrouver nulle part ailleurs ! Quoi comment ça je me vante ? Bwah ! Peu importe. Il était temps de profiter un peu du paysage. Attendant avec impatience la réponse à ma question, je regardai au loin, la houle. C'était vraiment un spectacle fabuleux. De plus, un magnifique Poissirène sauta à travers les vagues pour finalement replonger dans les profondeurs de la mer. Un beau spectacle à n'en pas douter. Qui sait, peut-être qu'un jour j'irai ici pour m'entraîner. Après tout, il y avait de beaux Pokémons eaux dans les parages. Ne songeons cependant pas à cela pour le moment. Je devais juste profiter de ce temps de repos qui était rare. Car sous peu allaient reprendre les cours et les entraînements.

Emy Williams avait-elle dit ? Très jolie nom. Malheureusement ce dernier ne me disait rien, absolument rien. Je connaissais bien des Emy cependant jamais je ne l'avais croisé dans un de mes cours ou même dans un des réfectoires de l'établissement. Pourtant elle était bien étudiante à Alcea Rosea d'après ses propos. Peut-être était-elle nouvelle ? Cela devait être ça, à n'en pas douter. À tout les coups elle venait de s'installer ici il y a peu. Si tel était le cas alors cela expliquait pour quelle raison son nom ne m'était pas familier. Certes je n'avais pas une mémoire d'éléphant néanmoins j'arrivais plus ou moins à me souvenir des élèves ainsi que de leur visage quand je les croisais. D'autant que, d'après mes souvenirs, j'avais bien une ou deux classe de septième année et pourtant jamais avant aujourd'hui je n'avais croisé le regard de cette dresseuse. Qui sait, peut-être allait-elle intégrer unes des classes dont je m'occupais ? Avec un peu de chance, elle allait même être dans la classe de septième année où se trouvait le fameux Atios. M'enfin trêve de suppositions. L'avenir nous dira bien si oui ou non elle allait être une de mes élèves. Pour l'heure, je devais répondre à cette enfant et tenter d'amorcer une conversation. Car oui, c'est bien beau de regarder le paysage cependant quitte à être deux pour le faire, autant discuter un peu. Par ailleurs, il faut savoir que j'avais de la conversation, moi. Et que de ce fait, j'appréciais moyennement rester dans un endroit sans rien faire, sans parler ni rien. C'est pourquoi, je devais à tout prix parler de quelque chose avec moi voisine. De quoi, dites vous ? Et bien, c'est une bonne question...À vrai dire je n'en savais trop rien. À elle de décider. Personnellement, je pouvais bien parler de tout et surtout de rien. La météo, les Pokémons, les études. Peu importe le sujet, tant qu'on cause. Dans tout les cas, parlons et essayons de nous intéresser un tant soit peu à cette brunette.

« Bien sûr que tu le peux. Septième année tu as dis ? Hum...Il me semble que je donne pas mal de cours à ces élèves-là pourtant je n'ai pas souvenir de t'avoir croisé. Tu dois donc être nouvelle ici, non ? Si c'est le cas, qui sait, peut-être auras-tu la chance de pouvoir assister à mes cours. Ah ah. »

Allez hop ! Un petit rire forcé, de l'ironie à souhait et des chevilles qui enflent. Tout ça en l'espace de dix secondes. Après tout, il fallait bien détendre l'atmosphère de temps en temps. Qui plus est, nous étions face à un beau spectacle, le soleil était à son zénith alors autant ne pas se comporter comme si nous assistions à un enterrement.

Envieux d'en savoir plus sur mon interlocutrice, je me grattai la barbe afin de réfléchir. Que dire...Que demander...Ah ! Ça y est je sais ! Demandons lui à quel groupe appartenait-elle. Quoique...Avant cela, tentons de deviner par nous mêmes tient. Oui, je sais ce que vous êtes en train de vous dire : «  Il n'a que cela à faire de ses journées » et bien à cela je réponds : Oui : Je n'avais que cela à faire de mes journées. Bref, au vue de son comportement et de son visage angelique, nous pouvions d'ores et déjà éliminer l'hypothèse des Narcissus. Non non, ce n'est pas de la discrimination, je n'avais rien contre ce groupe néanmoins nous ne pouvions pas réellement dire que les élèves de ce groupe étaient connus pour être d'une grande amabilité. De même pour les Menthae dont j'étais le professeur référent. Les petites pestes telles que Riley et Ludyvine se comptaient par centaine chez les Verts. Cependant de temps à autre, nous avions la chance de tomber sur quelques rares perles comme Willow ou Erie. Qui sait, peut-être était-elle une Menthae du même type que ces deux-là ? Hum...Cela aurait pu être sympathique. Car oui, je ne disais pas non à une nouvelle recrue pouvant gonfler les rangs de mon groupe. D'autant plus si cette dernière est aimable, ce qui semblait être son cas. Bref, ne spéculons pas plus longtemps et demandons lui clairement la réponse à cette question qui me restait dans la tête.

« Et sinon, de quel groupe fais-tu parti ? Personnellement, je suis le professeur principal des Menthae. Qui sait, si tu en fais parti peut-être serons-nous amenés à nous revoir plus fréquemment. »

Il faisait beau, le soleil était à son zénith, les Poissirènes et les Stari sautaient et replongeaient à travers les vagues et nous, tranquillement, nous continuions notre petite discussion. Celle-ci n'avançait pas beaucoup soit dit en passant toutefois cela importait peu. Faisons avec ce que nous avons, pensais-je. Car comme le disait si bien mon paternel aujourd'hui décédé, « Dans la vie, on fait avec ce qu'on a et quand on a rien et bien on fait avec rien ». Là en l'occurrence, je n'allais pas « faire avec rien » puisqu'elle m'avait délivrée quelques informations intéressantes à son sujet néanmoins nous ne pouvions pas réellement dire qu'elle comme moi avions matière à parler des heures et des heures ensemble. Enfin bon, passons en revu ses – quelques – dires : Elle était donc nouvelle à l'académie et avait été intégrée au groupe des Lychnis. Faction totalement opposée à celle des Menthae dont j'étais le professeur principal. En effet, ce groupe était réputé pour être constitué de fêtards, de gamins et de tout ceux qui semblait avoir pour principale priorité celle de s'amuser et non d'étudier. Ah ah. Pourquoi étais-je prof référent des verts moi déjà ? L'administration aurait vraiment de me mettre chez les Lychnis. Toujours est-il qu'à mon grand dam, cela n'allait pas être possible. Du moins pas avant la fin de l'année scolaire.

Les yeux fermés, mon dos collé au dossier du banc, j'inspirai profondément. Fiou ! De l'air frais comme on en respire plus de nos jours ! Ça faisait du bien. Comme quoi j'avais eu une bonne idée en venant ici. L'air, la vue, la compagnie. Ah, il ne me manquait rien. Absolument rien...Quoique tout compte fait, il manquait peut-être une chose, je dis bien une seule. Une clope. Oui, pour profiter pleinement de l'air frais, il me fallait une clope. Je sais, vous trouvez ça étrange, moi aussi mais ne cherchez surtout pas à comprendre la logique, il n'y en avait pas chez nous autres amis fumeurs. Oubliant donc ma voisine, je sortis de la poche intérieur de mon costume un paquet de clopes qui, au touché semblait être vide. Fort heureusement, il restait encore, tenez-vous, une clope ! Et oui, j'ai bien dis une ! Les dieux étaient avec moi, pour sûr ! Alors que j'avais toujours les yeux fermés, je l'allumai instinctivement sans me soucier de la gène que cela pouvait occasionner et mis le petit objet dans ma bouche afin de tirer un coup.

Là, je me sentais vraiment bien. Presque tout mes sens étaient en éveil. L'ouïe, l'odorat, le touché sans oublier le goût – oui, la clope c'est délicieux ! –. Seul la vue ne participait pas à la fête. Pourquoi ? Et bien je n'en savais trop rien. Je pensais qu'en me privant de ce sens, cela pourrait accroitre la capacité des autres à réagir à leur environnement. Et visiblement je ne m'étais pas trompé. Il n'y avait pas à dire, cet endroit était vraiment « cool » comme le disent si bien les cancres du bahut. Comme pour faire partager mon engouement, je tournai la tête en direction de l'adolescente – sans ouvrir les yeux cependant – et m'exclamai :

« C'est vraiment un coin tranquille et agréable ici. Je pense y venir plus souvent histoire de me décontracter après mes entraînements en forêt ou dans les grottes. »

Oui oui, c'est un coin tranquille. Pas sûr qu'elle apprécie en revanche la fumée que je lui avais soufflé au visage. D'ailleurs heureusement que j'avais les yeux fermés. Cela m'évitait de voir sa tête. Car à n'en pas douter, elle ne devait pas être en train de sourire actuellement, elle qui n'aimait pas la cigarette. C'est en ouvrant les yeux que je me rendis compte de cela. Portant de nouveau ma main à mon chapeau, je m'excusai, esquissai un sourire amicale à la jeune femme puis terminai de la sorte :

« Je m'excuse, cela doit vous gêner. En tout cas je ne vais pas rester plus longtemps vous importunez jeune demoiselle ! J'espère vous revoir un de ces jours dans un de mes cours ! Bonne journée à vous. »

Et c'est à ces mots que je quittai la place afin de pouvoir tranquillement cloper sans gêner qui que ce soit.

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