Entrer dans l'académie de dresseur de pokémon la plus réputée.
S'entraîner sans relâche pour toujours augmenter son niveau.
Chercher des pokémon qui puissent combattre à ses côtés.

Voila la liste de tâche qu'elle avait récemment réussi avec presque autant de succès qu'elle l'avait espéré. Mais que des objectifs trop simples. Parce que, bien sûr, il fallait toujours plus difficile à la demoiselle Ryüko.

Comme s’atteler à appliquer du vernis sur les ongles de sa sœur, par exemple.

Qui avait été de loin la tâche la plus incertaine et dangereuse qu'elle ait eu à faire jusque là. Mais heureusement pour elle, cela avait été un succès. Enfin, un demi-succès, car l'Iwasuru aux yeux cobalt avait refusé de lui laisser la main gauche - celle qui tenait le livre dont elle n'avait pas levé les yeux depuis que sa jumelle s'était invitée dans le dortoir Menthae. La moitié du travail était fait, ce qui laissait à la Lychnis un sentiment d'insatisfaction très irritant.

Mais on ne transformait pas un aigle en signe si facilement.

La patience était de rigueur. Le tact et la souplesse également. Bref, tout ce que Ryüko avait du mal à appliquer. Elle était entrain de faire sécher le vernis sur ses propres ongles en pensant qu'elle pourrait elle-même faire un tour à la plage avec Meerin et Selah, quand sa jumelle reçoit un message. La seconde d'après, Ryü' également. L'injonction arrive à ses oreilles de façon floue alors qu'elle prends le téléphone de sa sœur pour voir les deux messages du même auteur.

Un beau copié/collé. Quel magnifique poète ce jeune Clive était.

Elle soupire, range ses affaires. S'étire et se lève lentement, mi lassée mi intriguée. Malgré son irritation de l'instant à sortir affronter la température hivernale, elle était curieuse de rencontrer les autres membres. Sa vie manquait bien trop de piquant en ce moment. Peut-être ce petit rendez-vous serait à son goût. M'enfin, elle voyait déjà l'expression sérieuse du jeune homme après quelques blagues sous humour Evennienne, et le regard scrutateur de sa sœur qui enverrait à son cerveau toute informations possible pour construire phrases et interrogations argumentées.

Elle enfile ses chaussures à cloche pied, détache ses cheveux et revêt un sweet-shirt, prête à combattre le froid qui allait les entourer. Elle pose un regard empli d'une certaine fierté sur sa sœur, qui avait accordé un effort vestimentaire. Belle. Sans même sans rendre compte. Ryüko en fut presque jalouse, jusqu'à ce qu'elle se rappelle qu'elles étaient jumelles.

Le vent glacial qui soufflait sur l'académie ne ralentit aucunement leur allure. Ses mains commencent à se refroidir, elle les fourre dans ses poches et baisse le nez entre ses épaules remontées. Une armure contre le froid qui faisait rarement son effet. C'est presque avec soulagement qu'elles se glissent entre les premiers arbres, et commencent une longue, longue marche. La forêt était un endroit encore inconnu à la Lychnis, elle laisse donc sa sœur ouvrir la marche avec toute la confiance que donne l'expérience d'un ranger. Plus elles avancent, plus le bois mort craque sous leur pied, plus les buissons ne se laissent pas traverser. Il est difficile d'explorer cette forêt, mais c'est indemne qu'elles arrivent enfin à la salle des archives.

Vieille, discrète, muette. Tel un bâtiment historique qui n'a jamais été rénové. Peut-être oublié. La porte rouillée s'ouvre avec un bruit lourd, Ryüko se demande comment tient-elle encore debout. Elle entre derrière sa sœur, lentement, peut-être intimidée par l'endroit. Une impression de commettre un délit l'envahit. Mais les autres membres étaient bien ici.

ELes flemmes projettent doucement leur éclat sur les murs en bois de la grande cabane, parfois entrecoupées par l'ombre des piles de documents hautement inflammables entreposés un peut partout. Ryüko songe un instant que ce système, bien qu'agréable, n'était pas très judicieux, lorsque la prudence de sa sœur s'exprime et laisse sortir Meerin. Rassurée, Ryüko s'avance à la suite de Sayuri pour rencontrer la jeune femme encore inconnue de son répertoire. Hestia Elwing. Son nom, comme son visage, lui était totalement inconnu. Des yeux verts émeraudes, de longs cheveux noirs, un visage ovale et une voix peut-être un peut timide, Ryüko ne savait rien de plus. Comme à son habitude, son irrécupérable sœur se fait une présentation courte et franche, de celles où seuls les étroits d'esprits arrivent à se formaliser devant ce peu d'indifférence. La Lychnis, qui était définitivement la plus sociable, n'hésite pas à lui faire la bise avec un grand sourire.

- Et moi c'est Ryüko. Heureuse de te rencontrer enfin !

L’obscurité de l'endroit donne une certaine impression de proximité, voir d'intimité à la réunion. A présent, tous écoutent tranquillement les paroles du Lychnis, qui résonnent aux oreilles de Ryüko en lui laissant une amère impression de répétition sur les lèvres. Elle les avait déjà entendu, ces excuses. Et se rendait compte que rien n'avait changé depuis qu'il les lui avait présenté la première fois. Elle avait toujours cette totale déception, cette perte de confiance dans ce qu'elle aurait pue, autre fois, voir en lui. Définitivement, il n'y avait plus que sa sœur et elle qui comptaient.

L'intervention de celle-ci traduit l’interrogation intérieur que se fait la Lychnis. Elle aussi, est curieuse de savoir qui est l'autre membre adhérant au groupe, qui ne leur avait pas encore été présenté. Elle rejoint sa sœur autour du feu, invite même Hestia à les y rejoindre. Dans l'optique de se donner contenance pour la suite des évènements qui allaient certainement être tout sauf reposants, elle laisse sortir Selah, son Goupix, et l'attire doucement sur ses gambes positionnés en tailleur. La serre contre elle et entreprend de caresser lentement son pelage soyeux.

Ryüko n'arrive pas à savoir si le sourire du jeune homme et l'agréable feu qui se balançait de façon hypnotique, parviennent à dégivrer ce froid et cette réticence intérieure qu'elle garde inexplicablement face à cette réunion. Elle n'a rien à ajouter de plus que sa sœur, garde le silence. Elle n'était pas du genre à prendre la parole en public, préférant toujours écouter patiemment ce que les autres avaient à dire, et intervenir uniquement si elle savait son argument productif. Alors, elle n'a plus qu'à attendre la suite des évènements, avec peut-être une pointe d'impatience que la véritable sujet commence.