Saleté.
Depuis le jour où il a laissé cette pimbêche souiller cette pièce qui est sa chambre, il se sent plus à l'aise, mais bien le contraire du bien être qu'il ressentait auparavant. Cette odeur, ce parfum et surtout ; se rappeler des moments où les pulsions ont fait surface pour la première fois de son existence. Bien entendu, il lui est arrivé de ressentir de l'envie, de vouloir une femme, mais pas au point de sentir son propre corps atteindre le point de non-retour. Même un rapide retour en arrière était bien trop compliqué pour sa tête - froide d'habitude - puisqu'à présent, il ne pensait plus qu'à ça.
Et rien que ça.

Et ça le dégoûte, ça l'énerve. Il pourrait presque pardonner son géniteur pour avoir fauté et procréer un bâtard qui se trouve aussi dans cette école. De cette chose sorti tout simplement des entrailles de cet homme pour venir au monde, de cet être vivant engendré par ce même type de pulsion et ça, pour une seule nuit. Plus ça allait, plus ça le dégoûtait et malgré ses maintes tentatives de retour en arrière, il n'y arrivait définitivement pas. À force de l'insulter, il en oubliait son prénom, tiens, c'est une bonne chose.
Au moins.

KEAN ▬ ...

Il venait tout juste de sortir de sa douche, qu'il aurait pu croire pendant deux secondes qu'il se serait trompé de chambres, mais ce n'était pas le cas, juste encore cette sensation qui lui montait au cerveau. Passant sa main dans ses cheveux pour les remonter et mieux apercevoir les alentours - histoire de n'avoir rien oublié - il se contenta seulement de se vêtir d'un pantalon et d'une chemise, nul besoin de se mettre sur son trente-et-un, surtout pour la visite d'aujourd'hui.

Il s'installa sur son fauteuil, étant le seul résident de cette pièce et veillant tout particulièrement que rien au monde ne puisse déranger son espace vital. Son pendentif pendouillait autour de son cou, montrant, dévoilant son côté religieux. Religion que sa mère lui a dit de suivre, histoire de ne pas être en proie des péchés et autres saloperies de cette planète. Mais c'était raté d'avance, l'orgueil l'avait touché depuis longtemps. Espérons que la luxure n'en suive pas.
Ça serait dénigrant.

KEAN ▬ Je te préviens ; ne discute pas. Déshabille-toi, retire tout. Sauf la lingerie.

Mary, Mary, si seulement tu savais à quel point tu l'avais rendu plus tordu que d'habitude. Plus capricieux qu'avant et pire encore, mais heureusement pour lui, cette fille ne contrôlait pas les lieux et encore moins ce qui se passait entre ces quatre murs. Pauvre Yuki, à peine a-t-elle renfermé la porte derrière qu'il lui donna cet ordre en pleine figure. Elle est en face d'un Kean tyrannique qui souhaite régler une question qui l'obsédait depuis quelques jours, déjà. Est-ce qu'un homme est à ce point faible face à une femme ?
On verra bien.

Pardon ?
Il venait de rêver ou bien elle avait vraiment eu l'idée de lui répondre non suite à son ordre ? Certes, ce genre de requête n'est pas répertorié dans ce qui est admis, mais d'un autre côté ; il pouvait demander ça à qui ? Une personne de son entourage qui s'empresserait de lui filer l'image d'un gros obsédé ? Non, il pouvait au moins ordonner à Yuki de se taire vis à vis de ça, de tout garder pour elle et qui plus est, son rôle était de le protéger et de le servir, pas de l'enfoncer ou le foutre dans une situation encombrante et chiante, désastreuse pour son nom et sa famille. Alors oui, le petit prince est capricieux, mais ça, c'était pas nouveau.

YUKI ▬ En tout premier lieu: Bonsoir à vous aussi cher noble. Je me porte bien et vous? Huuum. A voir votre requête, j'ose me prononcer en disant que non.

Rien qu'avec le ton de sa réponse, on pouvait comprendre qu'elle était plus surprise qu'autre chose vis à vis de sa demande. Il est vrai que MacNeil n'a jamais été le genre de personnes à abuser de ses pouvoirs pour des buts... Non catholique ? Mais toujours est-il qu'il n'avait pas à s'expliquer clairement face à elle, mais s'il veut qu'elle coopère sans créer de problèmes, il n'y avait pas trente-six milles solutions ; il fallait tout balancer d'un coup. Le tout, sans bouger de son siège et en montant légèrement le ton.

KEAN ▬ Cette requête a été formulé pour savoir si oui ou non je ne suis qu'un rustre qui succombe bien rapidement aux charmes d'une femme et qui est juste dans la norme d'aujourd'hui, au même titre que ces porcs de Lychnis !

Ouh-bon-dieu que c'était gratuit. Mais là, on pouvait voir que c'était sa fierté qui le faisait parler, en plus de son geste premier qui fut d'envoyer un simple coussin en direction de la borgne, juste pour qu'elle arrête de grignoter dans son frigo. Mais pour qui est-ce qu'elle se prenait, nom d'un chien ? Encore heureux qu'il n'était pas d'humeur a recadrer les gens, ça aurait été plus catastrophique qu'à présent.

KEAN ▬ C'est juste pour ça. Et si jamais je tente de te toucher sous mes pulsions, je t'autorise à m'assommer. Et je sais que t'en meurs d'envie.

Kean le sait, il se doute bien qu'il n'était pas apprécié, il se doute bien qu'il serait ciblé, si jamais il dévoilait une quelconque faiblesse. Il sait bien que malgré tout ce qu'il peut faire, il sera toujours considéré comme celui qui ne ressent rien et qui compatis pour personne. On s'en doutait qu'il finirait ainsi, mais c'est son choix à lui.
Pas la peine de le prendre en pitié.

Bécasse.
C'est le seul mot qui lui vint à l'esprit dès lors qu'elle osa prononcé le premier mot qui sortit de ses lèvres. Mais comment ose-t-elle ? Bordel de merde ! Une servante reste à sa place et ne songe même pas à la possibilité de répondre à celui qu'elle doit servir, mais merde. C'est ainsi qu'il voyait la chose ou du moins, c'est ce qu'il tentait d'accuser pour déchaîner sa frustration, mais agir de la sorte de ne le fera pas sortir de son cycle actuel, non. De l'aide ? Allez au diable pour qu'il aille en demander. Bien qu'il ne puisse pas prendre le risque d'en parler avec sa génitrice, l'idée même d'aller quémander de l'aide ne lui ait pas venu à l'esprit.
Que diable.

YUKI ▬ Tu es perdu. Et ne sais pas quoi faire pour obtenir les réponses aux questions qui te tourmentent.

Putain de clairvoyance. L'obstination te pousse à ne rien dire, ne rien confirmer et laisser ce regard à moitié opérationnel voguer autre part pour ne pas croiser le sien. Jambes croisés et torse bombé, montrant clairement sa position de mâle dominant qui acceptait d'écouter les paroles d'une simple femme, il n'allait pas acquiescer ou y répondre, ça serait comme s'enfoncer dans l'eau jusqu'à s'en noyer, voir même ; couler.

YUKI ▬ Je ne me déshabillerais pas pour toi MacNeil, mais je veux bien t'aidé à trouver la réponse à ton énigme. Me fais tu confiance ?

On se retient de rire à cette question. Avait-il l'air d'être le genre de jeune homme à faire confiance à n'importe qui ? Même pour sauver sa vie, il ne ferait confiance à personne. À quoi bon, sauf si ce n'est pour mieux se faire planter dans le dos ? Bien qu'elle n'ait pas l'air méchante, il ne la connaissait pas et ne sait pas à quoi elle pensait lorsqu'elle lui posa cette question. Donc non, il ne lui faisait pas confiance, mais ça c'était à prévoir.

KEAN ▬ Non.

Réponse claire, nette et précise. Au moins, les choses ont vite été dosés. Et bien que l'idée même de laisser son regard se balader là où il ne faut pas, il s'abstient. Depuis cette rencontre avec cette garce de Cohen, plus rien ne va et trop d'hésitations lui ruinaient le moral. Une véritable sorcière.

KEAN ▬ Mais qui ne tente rien, n'a rien. Donc, vas-y.

Pas la peine de faire confiance pour marcher aveuglement. Quand faut se mouiller, on se mouille. Quand faut y aller, on y va et quand fait se jeter, on se jette. Quoi que de plus simple ?

...
Bien entendu, on pouvait nettement croire que même les pires choses ne pouvaient pas arriver en même temps ou bien ; en ayant aussi peu de temps en décalage entre elles. Après tout, ça fait seulement deux jours que Kean a rencontré Mary, mais deux jours ça suffit pas pour surmonter ce qu'il a traversé à cause de cette femme dont la luxure et la tentation peuvent effectivement faire partie de son code génétique. Le destin aurait pu être plus clément, plus sympathique et moins chiant, pour une fois.
Non ?

Eh bien non. Au lieu d'avoir été docile et d'avoir obéit - il faut pas non plus deux heures pour ôter un pyjama et attendre cinq minutes le temps de voir si oui ou non, MacNeil est devenu un gros rustre - il a fallut que la miss se jette sur lui, notamment sur ses lèvres. Pour au final se retrouver dans une position affreusement délicate et particulièrement gênante. Est-ce qu'elle était sérieuse ? Elle est censée être sa garde du corps, pas une nana qui pouvait se permettre tout et n'importe quoi. En clair ; elle en profitait et ça, c'était pas tolérable.

KEAN ▬ ... N'abuse pas de la situation.

Le baiser avait beau être agréable et légèrement excitant ; ce n'était pas pour autant qu'il allait lui faire une fleur. Si on donne cinq pour cent à une femme, elle va en exiger dix, puis quinze, vingt et pourquoi pas cinquante, tant qu'à faire ? Non, ça suffit. Il a assez donné avec Mary. S'il laisse n'importe qui se faufiler entre ses lèvres, il ne va plus s'en sortir.
Pauvre de lui.

KEAN ▬ Mais au moins, j'ai eu ma réponse, je reste encore maître de moi-même. Tu peux disposer.

Vil petit prince capricieux aux airs de roi, hors de question de laisser les femmes le mener par le bout du nez. Il manquerait plus que ça, d'un côté, que la première venue s'installe et fasse comme elle veut. Ah ah ah. On ne pense pas à Cohen.
Pas du tout.