Battez-vous ! [PV : William]

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Entraînement. Ce mot résonne dans ma tête tout les matins à la même heure. Celle du levé. Il n'est pourtant que six heure et déjà j'ambitionne de me rendre dans un endroit où est propice l'entraînement. Il faut dire que depuis mes trois défaites consécutives, j'avais pris la chose très au sérieux. L'Eric Leak d'antan était de retour et croyez-moi, ça allait faire mal ! Levé à six heures, cours à huit heures trente, pause entre midi et deux puis reprise à deux heures jusqu'à dix huit heures. Là-bas, un peu de détente et de sport et hop, dodo pour reprendre l'entraînement tôt à six heure, comme d'habitude. Un rythme de champion en somme. Et il faut dire que j'en voyais déjà les fruits. En effet, mine de rien j'avais réussi à briser cette série noire de défaite lors de mon passage vers la cavité volcanique. Aujourd'hui, c'était la journée champêtre. À ce titre, c'était à la forêt que j'allais faire mon petit entraînement quotidien avec comme camarade, celui qui a été mon premier compagnon de route, je veux bien entendu parler de Neo', mon Skelenox. Il n'avait pas évolué alors que cela faisait des années et des années que je le possédais de ce fait, je devais l'aider et le pousser à progresser sans quoi il resterait un pauvre Skelenox à jamais.

Dans l'optique de progresser avec mon équipe, je quittai donc ma chambre, habillé et prêt à en découdre. J'avais bien entendu pris au préalable certaine précaution. Notamment celle d'avoir le ventre plein – car oui, comme toujours, j'entamais une longue journée –, ainsi que des précautions plus naturelles, dirons-nous. Bref, tout ça pour dire que j'étais fin prêt à travailler et à faire travailler Neoxis. Le bougre allait suer croyez-moi ! Enfin...Tout compte fait, vu qu'il s'agit d'une sorte de fantôme, il allait avoir du mal à transpirer néanmoins vous m'avez compris ! Si je pouvais faire en sorte que ce maudit spectre évolue en Teraclope avant la fin de l'année scolaire, ce ne serait pas pour me déplaire. Moi qui attendais ce moment depuis si longtemps... M'enfin trêve de rêveries, cela ne nous fera en rien progresser. Oui, il fallait être beaucoup plus terre à terre dorénavant. Comme Atios me l'avait bien fait comprendre, si les progrès peuvent être assimiler à des pommes alors celles-ci ne tomberaient pas du pommier sans que je n'ai mit un puissant coup dans ledit arbre.

Parti de chez moi, je pris la direction de la forêt. Vous savez, celle où je m'étais entraîné avec Mikuo. Même que l'alcoolique avait, dans un élan de fougue et d'audace, tenter de capturer un Granivol. Capture qui, si mes souvenirs sont bons, avait aboutie soit dit en passant. Ceci-dit, j'entrai après quelques minutes de marche dans la zone forestière. Comme prévu, il y avait énormément de Pokémon, majoritairement de type plante, si et là. Après quelques combats rondement menés, je commençai peu à peu à m'enfoncer à travers les arbres quand soudainement. UN POKEMON SAUVAGE APPARAÎT ! Il est étrange, possède un cahier entre les mains et semble noter des choses. Hum...Voilà un Pokémon bien étrange, pensais-je intrigué. Doucement, je m'avance. Regarde cet affreux spécimen quand soudainement :

« Mais t'es pas un Pokémon. T'es un être humain ! »

Ah, la vivacité d'esprit. Voilà une qualité qu'à n'en pas douter, j'avais hérité – ou pas hérité justement – de mon défunt père. Toujours est-il que l'étudiant n'était autre que William. Un gars un peu bizarre, un peu coincé qui faisait parti des Menthae si je ne me fourvoyais pas. Dans tout les cas, cela ne me disait pas ce qu'il pouvait bien faire ici à une heure si matinale. Ma curiosité ayant été piquée au vif, je ne pus m'empêcher de lui poser la question.

« Hé, William. Il est tôt, non ? Tu fais quoi là, assis à écrire frénétiquement sur ton bout de papier ? Tu dessines ? »

Bip ! Mauvaise réponse. Il ne dessinait pas mais ça je n'étais pas censé le savoir. Du moins pas maintenant. Peut-être que si l'envie lui en prenait il répondrait à mon interrogation ô combien pertinente. C'est vrai quoi. De nos jours, les jeunes – et même les vieux pour être tout à fait franc – ne se réveillent pas avant dix heures, allant même jusqu'à sécher les premiers cours de la journée alors que pouvait-il bien faire à … – levant machinalement la tête vers le ciel, je regardai le soleil afin de juger du moment de la journée où s'était déroulé notre rencontre – sept heure trente !

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Crack. Je fis craquer mes phalanges et m'étirait longuement. Encore les draps sur les jambes, je terminais de me réveiller, à moitié dans les vapes, assis sur mon lit. Je bâillais un instant avant de regarder autour de moi. Qu'est-ce que ? Rah. Merde. Encore fait le con moi. Je regardais la demoiselle couchée à mes côtés. Bref, vous imaginez bien ce qui s'était passé la veille. J'avais dû finir bourré... Il n'y avait que ça. Et c'était extrêmement rare... Mais bon. Je sortais du lit et me dépêchait de m'habiller (Et oui, j'avais un peu froid et j'étais à poil) avant de prendre mes pokéballs, ma sacoche et de préparer un mot pour la demoiselle. Quelques excuses sur une obligations, puis je laissais mon mail et mon numéro, histoire qu'elle n'aille pas penser que j'aie fui lâchement. Je vint alors déposer une bise sur le front de la miss et sortais en épinglant mon mot sur la porte, le tout le plus silencieusement possible.

Je sortais alors, et décidais d'aller faire un tour. Il semblait que les bâtiments soient encore, ou partiellements du moins, endormis. Je ne savais même pas quelle heure il était. Hum. Je jetais un oeil à l'écran de mon portable. Seulement ? J'avais donc du temps devant moi... Je pris donc la direction de la forêt, je n'avais rien d'autre à faire. Et puis, peut être Dame nature accepterait elle de m'accorder l'inspiration pour aujourd'hui en sa présence ? J'avais donc pris mes cliques et mes claques avant de partir en direction de la forêt. J'arrivais quelques dizaines de minutes plus tard à l'orée de la forêt, m'y engageant sans hésiter...

Je marchais depuis plusieurs minutes. Plus même. Puis, j'arrivais enfin à un endroit assez calme et dégagé... Je souriait légèrement et m'installais sur un tronc d'arbre couché avant de sortir un cahier et une feuille. Je me mis alors à chercher l'inspiration... Je notais quelques vers deci dela, cherchant à composer un poème qui ressemble un peu à quelque chose... Mais je fus interrompu par l'apparition de notre professeur réfférent, Eric Leak. Qui mit quelques secondes à remarquer que je n'étais pas un pokémon... Cet type était idiot ? Bah, ça devait être naturel... Il me demanda alors ce que je faisais ici... Bah. C'était visible non ?

Et bien, tu vois bien ce que je fais non ? Je cueille des champignons voyons !

Sarcasme. Et oui, je savais faire ce genre de choses moi aussi... Je lui jetais un oeil tout en notant un autre vers que je raturais rapidement... Ah, il allait me foutre ma matinée en l'air...

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Qu'est-ce qu'il gribouille ce gamin ? Je n'en savais trop rien. À première vue cela semblait être des dessin néanmoins les traits ne couvraient pas une assez grande surface. Il devait donc faire autre chose, de l'écriture peut-être ? Oui, c'était sans aucun doute possible ce qu'il faisait actuellement. Afin de m'assurer de cela, je continuais de m'avancer quand le Menthae s'exclama que ce qu'il faisait été bien visible et que, je cite, « il cueillait des champignons. » Non mais il est idiot ce mec ou quoi ? Il est totalement timbré. Comment tu peux cueillir des champignons en écrivant je ne sais trop quoi sur un bout de papier ? C'est tout bonnement impossible, pensai-je désabusé. Me grattant le menton – et donc la barbe – je ne pus m'empêcher de réfléchir à la portée de sa phrase. Cueillir des champignons...Bah ! Il se payait ma tête à tout les coups. Ah ! C'est cela ! Je venais de comprendre. Il usait de l'ironie pour se moquer – oui, il m'avait fallut beaucoup de temps pour le comprendre – . Bon en même temps, il faut dire que ma question était idiote. Toujours est-il que je ne savais pas encore ce qu'il écrivait comme ça. À la manière d'un habile espion, je me mis à regarder par dessus son épaule. Là, je le vis écrire une sorte de phrase bizarre puis la rayer tout de suite après. Étant donné la vitesse à laquelle il écrivait – et rayait – ses mots, je n'avais pas vraiment eu le temps de tout lire néanmoins j'avais compris ce qu'il fichait ici.

« De la poésie ? »

Et oui ! En tout cas si ce n'en était pas, ça y ressemblait fortement. Il y avait des vers, encore des vers et toujours des vers. Des vers par ci, des vers par là. Pareil à un vieux terrain vague abandonné, sa feuille grouillait de vers. Pire encore, il y avait des strophes. Des alexandrins, des chiasmes, des oxymores, des allitérations, des assonances et j'en passe. Une multitude de figure de style, d'adjectifs plus ou moins mélioratif, de périphrases complexes et d'anaphore dont je ne comprenais strictement rien. Enfin bon. Si ça lui plaisait, tant mieux pour lui. Peut-être pouvais-je l'aider ? Cela ne paraît pas comme ça mais je suis très fort en mot ! Petit j'étais très bon au Scrabble. Peut-être cela pouvait faire de moi un bon poète, non ? Non ? … Non. Bon, c'est pas grave ! Proposons-lui tout de même notre aide. Après tout, je m'étais suffisamment entraîné dans cette forêt alors autant me distraire un peu avec cet étudiant. Ah tient d'ailleurs, il fichait quoi dans ce lieu ? C'est vrai quand on y pense, les gens venaient ici pour s'entraîner, pour affronter des Pokémons sauvages plus ou moins puissant. Pour explorer aussi mais jamais pour écrire. En règles générales, si vous vouliez vous adonner à ce genre d'exercice, vous alliez à la bibliothèque – qui ne devait pas être ouverte à cette heure-ci soit dit en passant – ou bien tout simplement sur un bureau. Jamais ô grand jamais vous ne vous trimballiez tel un gueux, feuille et crayon à la main, dans une forêt pour écrire je ne sais trop quel poème. Ne comprenant donc pas vraiment la raison de sa venue ici, je décidai de lui poser la question sans détour.

« C'est sympa ce que t'écris mais tu crois pas que tu serais plus à l'aise si tu le faisais sur un bureau, avec une chaise et entre quatre murs ? Non parce que je sais pas si t'es au courant mais ici, les gens viennent s'entraîner. Il y a des Pokémons sauvages assez dangereux et tu risques de tomber sur une sale bestiole un jour donc restes plutôt chez toi pour écrire. Ce sera beaucoup mieux pour tout le monde. »

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y avait aucune agressivité dans mes paroles, je lui disais cela comme j'aurai pu dire à un gamin de ne pas jouer au ballon sur le trottoir. Oui, c'était exactement cela. Il n'y avait ni agressivité, ni moquerie. Juste ce petit coté paternaliste qui me poussait à lui dire de ne plus venir ici si c'était pour faire cela. D'autant qu'il serait certainement plus concentré sans les bruits des Piafabecs, les ronflements des Paracool et les hennissement des Zebibron, non ? Enfin, n'étant pas poète, je ne pouvais sûrement pas comprendre ce William. Cela dit, je savais qu'il était bizarre ce gosse. En le voyant pour la première fois je m'étais dis : « Ce garçon est louche. Ou bien il va finir artiste ou bien il va finir serial killer. » Dieux merci, il a finit artiste... Quoique au fond, en voyant le type de vers qu'il nous pondait à la seconde, je me demande réellement s'il ne valait pas mieux pour nous qu'il finisse meurtrier...

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Cet homme était... Comment ? Il s'agissait d'un troll ? Hum, attendez... Moui, peut être... Quoique... Enfin bref. Je relevais la tête quelques instants et réfléchissait à ses mots. Stupide. Totalement stupide. Dans cette académie, tous étaient dresseurs. Alors, se mettre en danger pour une sortie en forêt... Cette idée était risible, tout simplement. Si j'étais là, c'est parce que j'étais sur de la protection que pourraient m'apporter mon équipe, voilà tout. Et puis, je préférais être en contact avec la nature plutôt qu'enfermé dans ma chambre. D'autant que les deux autres partageant l'endroit n'étaient pas toujours... Très réactifs à mes besoins en calme. Alors je préférais venir ici.

Plus à l'aise entre quatre murs, dans une pièce remplie d'air vicié ? Hum, très peu pour moi. Je préfère le grand air. Je préfère la nature lorsque j'ai besoin de composer... Et puis, je suis dresseur, au même titre que toi. Je peux très bien me défendre...

Je repris alors possession de mon inspiration, reprenant mon écriture. Cela ne fut pas long. Je finis par relever la tête après quelques minutes pour le regarder à nouveau. Sa présence... Pas qu'elle me gênait mais... Sa présence n'était pas requise ici. Je n'avais pas besoin de lui dans mes pattes. Et je voulais lui faire comprendre.

Et dis moi que fais tu là, prof indigne ? Ne sais-tu donc pas qu'il y a des élèves qui en ce moment même, s'apprêtent à se rendre dans les salles de classe ? Ne crains-tu donc pas leur déception en voyant que tu es absent ?

A vrai dire, j'imaginais déjà les élèves sauter de joie en voyant ce prof en carton absent pour ses cours mais... Il y a des fois où il vaut mieux s'abstenir d'une trop grande franchise...

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William pensait qu'en restant au contact de la nature, il serait plus inspiré pour l'écriture ? Hum. Ma foi cela pouvait être logique. J'avais ouïe dire que c'était chose commune chez les poètes. Ils restaient dans des endroits dits naturelles et trouvaient ainsi la foi d'écrire des vers tous plus mélodieux les uns que les autres. Qui plus est, il était dresseur alors bon. Comme il me l'avait si bien fait comprendre, le poète était en mesure de protéger sa propre peau sans une quelconque aide extérieur. Après tout, il était étudiant à Alcea Rosea et ne semblait être assez âgé. À vu de nez, je dirai qu'il était en première ou seconde année de master. Toujours est-il qu'au minimum, il devait être en septième année. Du moins, c'était ce que ses traits laissaient transparaître.
Ne pouvant pas vraiment répondre à ses dires qui, je le répète, me paraissaient tout à fait logiques et cohérents, je me contentais d'afficher une moue conciliante tout en haussant les épaules et soufflant d'un air plus ou moins neutre :

« M'ouai. C'est pas faux. »

C'est pas faux... Ou la phrase à dire à chaque fois qu'on ne sait pas quoi répondre à quelqu'un. Il y avait en ce bas monde des formules de ce genre-là, des formules toutes faites qui étaient bien utiles lors d'une conversation. Le mythique « C'est pas faux » en faisait bien entendu parti au même titre que les tout aussi réputés « Je conçois » ; « Certes » ou le « Bien entendu ». Cela-dit, revenons-en à notre petite poète en herbe. Ce dernier s'était tût et avait retrouvé, semble-t-il, une once d'inspiration, écrivant donc à tout allure. Une fois qu'il eut terminé d'inscrire sur cette feuille de papier ce qu'il avait en tête, l'étudiant au nom à consonance espagnole reprit. Le moins que je puisse dire était que nous étions en présence d'un Menthae bien confiant et courageux. Peut-être un peu trop soit dit en passant. En effet, j'appréciais moyennement l'audace qu'il avait eu en me traitant de, je cite : « Prof indigne ». D'autant qu'il avait tort. Je ne donnais pas cours avant une ou deux bonnes heures, encore. Que cela lui plaise ou non, j'avais donc la possibilité de rester ici, chose que j'allais faire. Pourquoi cela ? Et bien pour le faire chier pardi ! Non mais vous croyez quoi, vous !? Que j'allais rester le regarder écrire ces absurdités par pur plaisir ? Ah ah. Vous avez de l'espoir. Mon but était bien moins humble que cela. Je désirais juste l'ennuyer un peu.

« Prof indigne ? Ah ah. Tu me fais rire. Oh, punaise. oh. Énorme. Tout simplement énorme ! Rassure-moi, tu blagues là ? Non ? Car je ne sais pas si tu es au courant mais d'une, ces garnements feront la fête en ne me voyant pas arriver. La plupart d'entre-eux seraient même capable de me remercier ou de mette je ne sais trop quoi dans mon café pour que je ne vienne pas en cours alors bon...De deux, je n'assure aucun cours avant une ou deux heures. C'est bête hein ? Ah oui, pour sûr c'est idiot vu que je vais rester ici encore un petit moment, à ton grand dam je suppose. En tout cas, j'aime bien la poésie et à ce titre, ce que tu écris m'intéresse. Tu me lis un passage Rimbaud ? Je te donnerai mon modeste avis. Ça reste bien entendu une opinion d'amateur mais bon, c'est toujours ça de pris. »

J'allais surtout me payer sa tête, oui. Cependant ça, il ne pouvait pas s'en douter. Qui plus est, je voyais mal William refuser de me faire cette faveur. Après tout, tout les artistes aspirent à être reconnus, publier et apprécié par le public, non ? Si tel était le cas, le dresseur ne pouvait refuser de me faire une démonstration de ses talents et ce, même s'il était très certainement intimidé. Et pis bon, s'il refuse je pouvais toujours essayer de lui arracher ses écrits des mains histoire d'avoir un aperçu de ses poèmes. En fait, quoiqu'il arrive j'allais me moquer du garnement. Gentiment, je tiens à le préciser, mais toujours est-il que j'allais me moquer et – très certainement – hurler de rire alors autant qu'il coopère et me lise une ou deux de ses créations à haute voix.

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Tu soupires. Quel homme collant et inutile... Tu aimerais qu'il devienne un courant d'air jouant dans les feuillages. Il pourrait faire du bruit sans te déranger visuellement au moins. Mais bon, tu ne penses pas pouvoir le faire bouger. Une telle nuisance existe donc vraiment ! Tu ne pensais pas en croiser de si tôt. Mais pourtant, les ignares et les idiots sont partout. A croire qu'ils ont envahi le monde des gens sensés. Tu lâche à nouveau un profond soupir. Tu étais venu chercher le calme et la tranquillité, tu as trouvé ce professeur... Et il compte rester. Tu lèves les yeux au ciel et tu inspire profondément. Miséricorde, pourvu qu'il arrive à se taire quelques instants si il reste dans les parages ! Tu lâches alors ta plume et tu le regarde un instant.

Très bien. C'est parti pour une petite démonstration. Mais je te prierais de respecter mon improvisation et de te taire.

Tu te lèves alors, repliant ta feuille pour la ranger, glissant ton stylo dans une de tes poches, avant de te racler la gorge. Tu ne compte pas lui laisser le temps de réagir. Comment descendre un homme avec un minimum de classe ? Observez.

Je vais te dire les choses comme je les vois,
Garde le silence, toi, le barbu et l'ignare,
Ne tente pas de répliquer et reste donc coi,
Fais face à cette démostration de mon art !

Je te dis de bien m'écouter, sans faire l'idiot,
Mais qu'importe, quoi que tu dises ou fasses,
Tu ne peux stopper mon éloquence et mes mots,
Et j'abats sans pitié, douze pieds dans ta face !

Tu te tais alors, curieux de voir comment il va réagir. Bien ? Mal ? Peu importe. Tu lui as fait comprendre qu'un poème ne sert pas toujours à décorer, voir même jamais... Mais a-t-il l'intelligence nécessaire pour le comprendre ? Va-t-il comprendre ton message ou va-t-il continuer à faire l'imbécile ? Tu espère qu'il va se calmer et te laisser composer en paix... Mais tu sais bien qu'il n'est jamais bon de susciter trop d'espoirs...

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Voilà que William se lève. Je lui avais demandé une simple lecture de ce qu'il avait écrit pas de se prendre pour je ne sais trop qui à improviser je ne sais trop quoi. Toujours est-il que dans un soupire, il se leva et prit les devants. Je devais soi disant me taire et écouter son « art » enfin...Appelez cela comme ça si ça vous chante. À titre personnel, j'appelais son petit poème un déballé de topos, de facilités et de bassesses. Vous savez, c'était aussi plat et facile que les vieilles insultes que les enfants se racontaient. Étant petit, je me souviens moi-même avoir écrit un truc dans le genre à propos d'un de mes camarades de classe que je ne pouvais supporter. Ça donnait un truc de ce style là : « Dès l'aurore, tu sens très fort. Le matin, tu sens le crottin. Et le soir, ta tête me donne envie de boire ! » … Oui, vous constaterez que même étant jeune, j'étais fervent consommateur de produits alcoolisés. Bref, tout cela pour dire que son poème était « méga naze » comme le dise les jeunes. Et d'où je suis un ignare moi, hein ? Ah lala ! Traité d'ignare par un gueux. Moi ? Diantre ! Si ce n'est pas dramatique ça. Tâchons d'apprendre la politesse à ce petit garnement. Remettons-le à sa place. Pour se faire, je me raclai la gorge une fois qu'il eut terminé. Vous savez, ce petit raclement...Celui qui sonne comme étant le début de la riposte.

« Pas mal, pas mal. Même si je dois avouer que ton poème est au moins aussi subtil que le crachat d'un Cradopaud. Aussi putride, malsain et informe qu'un Grotadmorv', aussi immonde que le baiser Lippoutou ou que la face d'un Limonde mais plus que tout. Il est aussi plat et faible qu'un Demanta. Cela dit, il est sympathique. Enfin...Sachant qu'il a été inventé par un gueux en cinq minutes, on peut estimer qu'il n'est pas trop mauvais. Ah, et pour les pieds dans ma face : Ne te méprends pas. Tu as au mieux l'agilité d'un Débugant. M'enfin ! Qui sait, peut-être qu'un jour tu deviendras un Kicklee...Un jour. »

Ça c'était beau. Bon, par contre, j'allais devoir vite faire en sorte que la tension baisse d'un cran sans quoi le Débugant allait certainement se transformer en Tygnon pour me boxer le fion. Vous remarquerez soit dit en passant que le tout rime ! Ah ah. Sachant que je ne l'ai pas fais exprès, j'ai soudainement de quoi m'enorgueillir. Qui sait, peut-être que moi aussi j'ai la verve d'un poète au fond de moi ? Ah ah. La bonne blague ! J'étais au moins aussi doué en poésie qu'un Flamouttan l'était pour nager. Ceci-dit, reprenons. Essayons de rendre l'atmosphère de ce lieu plus respirable, moins emprunt de haine et de violence. Intéressons-nous un peu à lui, tout en le faisant chier bien entendu ! Oui, je ne perds pas le nord moi. Après tout, j'étais bon pour rester dans la forêt pour une bonne heure encore alors autant passer le temps en s'amusant, en se moquant.

« Bon, sinon. Ce n'est pas tout mais ça te dirait de me lire ce que tu as écrit sur ta feuille ? De base, c'était ça que je voulais écouter. De plus, tu es un peu mauvais pour ce qui est des clashs futils. Il faut aussi dire que ce type « d'œuvres » si tant est que l'on puisse appeler cela ainsi ne m'intéresse pas plus que ça. Allez, à toi l'artiste. Refais moi une démonstration de poésie. De la vraie cette fois. »

Ah ! Je sentais le lyrisme arriver. Non parce que sincèrement le poème de tout à l'heure n'avait rien de très plaisant. D'une car il était aussi plat que les chansons ou les « raps » d'aujourd'hui et de deux car j'en étais la cible. Et dieu sait que ça ne me plait aucunement d'être dans le viseur de quelqu'un. Surtout s’il s’agit d’un élève, d’un Menthae. Non mais il est où le respect des anciens hein ? Il est où ? Où ? Nulle part ! Plus de respect, dans ce monde. Plus d’amabilité. Génération fichue, je vous le dis !

Spoiler:

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