Voilà ce que cela donnait de ne pas demander de l’aide aux personnes gentilles que j’avais déjà croisées. J’étais perdue. Au fond, cela ne m’étonnait pas beaucoup, mais j’aurais tout de même espérer avoir une idée de là où j’étais, même une toute petite. Sauf que là, non. Pas de cartes, pas la moindre trace d’une personne humaine. Surtout que j’étais tombée dans un endroit qui me donnait la chair de poule… Vous imaginez, ce genre de château fort dont on parle dans les contes de fées ? Avec ces murs froids, ce sol de pierre, et ces fenêtres beaucoup trop mince pour laisser passer la lumière ? Eh bien, c’était un peu ça, le lieu où je me trouvais. C’était presque si je ne me demandais pas si j’avais passé un portail magique me ramenant au Moyen-Âge. Mais évidement, et heureusement pour moi, c’était très loin d’être le cas.

J’arrivais à un croisement. Un chemin partait à droite, l’autre à gauche, et le troisième tout droit. Je pris ce dernier, ne sachant où aller précisément. Je marchai d’un pas plutôt rapide, peu rassurée par cet endroit. Je ne savais décidément pas pourquoi, mais ce domaine me donnait la chair de poule…Le couloir tourna sur la droite, et je fis donc de même, n’ayant pas trop le choix. Puis je me cognai.

Je reculai d’au moins un ou deux bons mètres, me frottant énergiquement le nez. Ce sur quoi je m’étais cogné était trop mou pour être un mur, mais déjà suffisamment dur pour me faire mal comme ça. Je levai les yeux et aperçus un jeune homme…qui n’avait pas l’air de très bonne humeur. Il avait des cheveux assez longs pour ceux d’un garçon, châtains, et de jolis yeux bleus. Il était également beaucoup plus grand que moi, si bien que je devais presque me tordre le cou pour regarder son visage correctement.

"T'aurais pu faire attention ou tu marche sérieux! Regarde devant toi peut être que tu éviterais de heurter les gens..."

Il avait parlé d’un ton froid. Pas très gentil. Suffisamment pour que je sente déjà les larmes me monter aux yeux, alors que d’autres auraient simplement répliqué à une phrase aussi peu…courtoise ? Non, moi il fallait que de petites gouttes d’eau se mettent aussitôt à perler sur mes joues. Elles restaient discrètes, mais bien là pour qui savait regarder.

"Puis la tu te dirigeais vers le dortoir des garçons... Je crois que tu est quand même trop petite pour aller les mater sous leur douche"

J’ouvris grand mes yeux, en même temps que le rouge me montait aux joues. Ca faisait beaucoup à la fois…je me faisais disputer, avant que cet inconnu m’humilie. Je ne savais même pas où j’allais, comment aurais-je pu savoir ? Je lui aurais bien répliqué quelque chose de tranchant, comme il me l’avait fait, mais ce n’était décidément pas mon genre…j’étais trop timide, une fois de plus.

J-je…je suis désolée…je ne savais pas que les dortoirs des garçons étaient par là…je suis perdue…

Pendant que je parlai, je baissai la tête, honteuse. J’étais encore rouge pivoine, et quelques larmes continuaient de couleur le long de mes joues. Il fallait que j’essaye de me calmer, en commençant par espérer que ce garçon arrêterait de me critiquer comme ça…

Même si les larmes ne coulaient déjà plus, mes yeux restaient encore humides, et mes joues rosies par la honte que cet inconnu semblait avoir pris plaisir à me faire part. Je n’arrivais même pas à contrôler le flux des gouttes, c’étaient elle qui s’atténuait petit à petit, pour ensuite reprendre de plus belle. Mais maintenant, ça commençait à aller un peu mieux, bien que je sentais encore une ou deux larmes couler de temps en temps. Et à propos de temps, cela devait bien faire au moins une minute que le garçon me regardait fixement, absolument pas gêné, tout le contraire de moi en fait. Puis au bout d’un temps qui me parut interminable, il me tapota la tête avant de s’éloigner. Surprise, je me retournai pour le regarder partir, sans oser le retenir pour lui demander de l’aide. Pas question que je me fasse humilier une fois de plus…

Puis un petit Pokémon s’envola depuis cet inconnu, avant de se poser sur ma tête. Il était léger, j’aurais presque pu ne pas remarquer sa présence s’il je ne l’avais pas vu s’approcher de moi. C’était…un Emolga, si ma mémoire était bonne. Il se mit alors à parler dans ‘sa langue’, qui m’était bien évidement incompréhensible. Puis le garçon reprit la parole, d’un ton visiblement résigné. Mes yeux passèrent du Pokémon à l’inconnu. C’était cet Emolga qui avait réussit à convaincre ce garçon ou c’était juste mon imagination… ?

Ce dernier s’approcha et se pencha vers moi, avant d’essuyer les quelques larmes qui restaient au coin de mes yeux. Ce geste déjà beaucoup plus gentil que ses premières paroles me surprit. Je ne comprenais pas trop…est-ce qu’il était vraiment si méchant qu’il le paraissait ? Non, s’il m’aidait, même si c’était apparemment grâce à son Pokémon, c’était qu’il avait un bon fond…Une idée germa peu à peu dans mon esprit, bien que celle-ci restait…un peu immature, d’un certain point de vue.

Le garçon m’emmena vers ce qui semblait être la sortie de se véritable château fort, avant de me demander d’un ton plutôt neutre :

"Sinon c'est quoi ton nom? Moi c'est Daniel, et lui c'est Scrat, puis j'aurais besoin de savoir ou tu dois aller, ce n'est pas tout mais si je ne t'emmène pas au bon endroit sa ne va pas le faire..."

Je mis quelques secondes avant de répondre, le temps de formuler une réponse.

« Je m’appelle Lya…Je t’aurais bien présenté mes Pokémon, mais ils se reposent dans leur pokéballs… Et étant des Menthae, je suppose que je dois aller à l’arche des Menthae… »

J’avais parlé d’un ton très timide, car j’avais peur que se dénommé Daniel recommence à m’humilier. Mais au fond, est-ce qu’il n’était pas plus gentil qu’il ne le laissait paraître… ? Il fallait que je le découvre.

Daniel commença à marcher d'un pas assez lent pour lui, ce qui donnait un pas plutôt...rapide pour moi. Cela ne m'empêchait pas de le suivre d'assez près, peu désireuse de me perdre et de tomber sur quelqu'un d'encore moins gentil qu'il ne l'avait déjà été. Et encore, je disais ça mais il ne devait pas être si méchant au fond, puisqu'il avait accepté de m'aider sur la "demande" de son Emolga...Mais cela n’effaçait pas de ma mémoire les premières paroles qu'il m'avait adressé, et qui étaient...particulièrement blessantes. Évidemment, ce ne serait sûrement pas moi qui irait le lui expliquer. Je n'oserais jamais...

Finalement, nous arrivâmes au pont-levis qui menait en dehors de ce château. Soulagée, je poussais un petit soupir discret. Je préférais ne pas me faire remarquer, peu envieuse de subir à nouveau le même sort qu'à notre rencontre.

" Sinon, comment tu as fait pour te perdre ici?"

Ah. C'était une bonne question ça. En fait, j'avais juste pris des chemins au hasard pour visiter un peu l'académie, et j'étais atterrie là. Dis comme cela, je pouvais paraitre un peu pitoyable, alors j'hésitais un peu à répondre...Mais je préférais ne pas trop le faire attendre. Car même si Daniel avait sûrement un bon fond, j'étais persuadée que ce n'étais pas à une fille de douze ans comme moi qu'il allait le montrer. Mais peut-être que si j'apprenais à le connaitre, il serait plus gentil avec moi...?

« Euh…pour faire court, je voulais visiter un peu l’académie, et…je suis perdue. En prenant des chemins au hasard, j’ai finis dans ce château… »

Ça expliquait bien les faits. Et je priais pour qu'il ne fasse aucuns remarques comme pour la première fois. Ses paroles auraient pu me marquer au fer rouge, cela n'aurait pas eu de grandes différences à maintenant. Je me promis d'ailleurs de ne jamais retourner dans ce château, car je ne doutais pas que d'autres personnes avec la même méthode d'approche y trainaient.

Daniel sourit. Certes, c’était loin d’être un sourire qui aurait pu me mettre en confiance, mais ce n’était pas non plus un sourire moqueur. Quoi que…un peu, je trouvais. Mais ça me faisait un peu bizarre de le voir sourire, même ainsi, alors que…je pensais qu’il ne souriait tout simplement jamais. Eh bien, il fallait croire que je m’étais trompée sur lui. Il posa doucement une de ses mains sur ma tête, une fois de plus. Je ne savais pas trop s’il le faisait par gentillesse ou pour une quelconque autre raison, mais je le prenais plutôt bien moi. Très bien, même. D’habitude, c’était les parents qui faisaient ça à leurs enfants…Et mes parents étaient habituellement si occupés qu’ils n’avaient presque plus de temps pour prendre soin de moi. Du coup, je n’avais jamais vraiment reçu ce genre de gestes.

"T'inquiète pas, sa peut arriver a tout le monde... Bon aller on y vas, mais bon évite de te reperdre par ici la plupart des autres narcissius n'ont pas un pokémon comme le mien. "

Le petit air triste qui était apparut sur mon visage disparut en même temps qu’il avait entamé sa phrase. Et d’ailleurs, sa phrase…m’avait un peu surpris. Enfin, juste le début. Parce qu’après, il avouait en quelque sorte qu’il n’aurait rien fait pour moi si son Emolga ne le lui avait pas enlevé. Je gratifiai Scrat d’un sourire timide comme je savais les faire, pour le remercier. Ce dernier gonfla littéralement la poitrine, visiblement fier que son dresseur l’ait qualifié ainsi. Cela me donna un peu envie de rire de le voir aussi fier, mais je me retins par politesse. En revanche, mon sourire était devenu plus franc en voulant m’empêcher de rire.

Puis Daniel reprit sa marche, du même pas lent pour que je puisse le suivre. Ce que je fis en faisant bien attention à ne pas le perdre de vue. Je ne savais pas combien de temps il lui faudrait encore pour qu’on arrive à l’arche des Menthae. D’ailleurs…si quelqu’un de mon groupe me voyait avec lui, je ne doutais absolument pas qu’il serait extrêmement surpris. Car, à ce que je savais déjà sur les Narcissus, c’est qu’ils n’avaient absolument pas l’habitude d’aider qui que ce soit, encore moins une petite fille comme moi venant d’un groupe ‘d’intello’ comme certains le disaient. Enfin, moi ça ne me dérangeait pas de me faire plus d’amis que d’ennemis mais…je doutais que je puisse encore qualifier Daniel d’ami. Même si ça ne me dérangerait pas, je doutais fortement que lui accepte.

« …Combien de temps il nous faudra pour arriver à l’arche ? »

Puisque nous allions marcher encore un peu ensemble, autant continuer de parler. Même si trouver des sujets de conversations n’étaient pas mon fort, je pouvais bien faire un effort. Tout comme Daniel en faisait.