Le lendemain de l'explosion, un silence de mort régnait sur l'académie. Le scénario rappelait fortement à une ville fantôme, manquait plus que le brouillard et t'avais droit à un film d'horreur, films que tu as peut-être trop regardé récemment, d'ailleurs. Soit, si la journée était aussi radieuse que le jour d'avant, l'atmosphère était lourd, morbide. Alors que tu passais devant les chambres, tu prenais conscience de l'ampleur de la chose, ce que tu avais été incapable de faire au moment de l'accident. Était-ce une mauvaise chose d'être indifférent face à cette situation? C'était dommage, certes. Très dommage, même. Tu étais sincère lorsque tu offrais ton épaule à quelqu'un dans le besoin. Mais mis à part ce semblant tristesse vécue par transposition, tu n'étais pas touché directement par la situation. C'est pour cette raison que tu ne pouvais endosser une partie de cette atmosphère qui régnait. Tu voulais un retour à la vie d'avant. Alors, était-ce mal de ne rien ressentir, au fond de soi? Non, mais étrangement, tu n'arrivais à composer avec cette réalité. Tout cela pesait drôlement sur toi.

Ainsi donc tu te trouvais à la plage qui, contrairement à ce que tu pensais, n'était pas aussi désertique. Des gens, certes, mais une ambiance aussi plate et austère que celle qui régnait ailleurs. Tout le monde semblait si affecté, si conscient et empathique face à la perte des autres. C'est ci qui te rendait mal à l'aise. Tu n'avais rien perdu, toi. Si bien, que tu en étais heureux, soulagé même.

Pris dans tes songes sur ton attitude en général, tu étais parti en retrait de la plage, plus loin, à l'écart des gens. Remarquant des remous dans le sable, ta curiosité t'invita à t'approcher doucement pour voir à quoi tu avais affaire...

Oh tiens, un petit mascaïman qui trottinait dans le sable, se souciant peu de ce qui l'entourait. Un sourire se forma sur ton visage qui avait trop vu de malheur récemment et tu décida de le laisser à ses occupations, surtout qu'il ne t'avait rien ait et qu'il cherchait probablement à rentrer chez lui. Tu le laissas partir en t'étirant de tout ton long, poussant un léger râle de bien-être et décida de reposer tes jambes qui avaient déjà beaucoup souffert depuis hier. À force de faire les cent pas, de remuer plein d'idées qui naviguaient dans un flux chaotique dans ta tête. Pour faire office de divertissement, tes deux compagnons sortirent de leur pokéball, sensible à ta douleur, mais tout comme toi, présentant une certaine indifférence paradoxale. Sabelette vint se coucher à tes côtés, profitant du sable chaud tandis que Ouisticram fouillait un peu partout, tant que ce n'était pas dans l'eau.

Tu t'y allongea à ton tour, profitant de la belle journée chaude qui se livrait à toi, même si au fond, cette idée d'attentat t'embêtais franchement. Mais au diable ces idées toxiques et caustiques, tu n'avais rien à voir là-dedans et surtout, tu n'avais rien perdu. Surtout que les choses auxquelles tu tiens le plus sont en train de jouer autour de toi. Ton coeur se serre à l'idée de les perdre, mais un sourire soulagé te rappelle à la réalité lorsque Cornetto vient te mordiller les doigts pour que tu viennes lui caresser son dos aride et sec, mais ô combien réconfortant.

Profitant de cet instant de paix, tu sortis le repas improvisé constitué de soda et de sandwichs déjà préparés que tu avais acheté avant de partir. Bien que les pokémons, surtout les tiens, faisaient généralement la fine bouche lorsque tu leur proposais à manger, tu ne te doutais pas qu'une tierce personne serait plutôt intéressée par ton repas.

Alors que tu t'apprêtais à savourer ton repas confectionné avec amour par une usine quelconque, quelque chose attira ton attention sur la berge. Puis, suivi d'un cri très caractéristique, féminin et hystérique, tu compris ce dont il s'agissait.

"Requiiiiiiiiiiiii~iiiin!!"

Et là, tu as eu la chance de comprendre qu'il s,agissait d'un pokémon, un Sharpedo, de surcroît. L'étude t'avais amener à comprendre qu'il s'agissait d'une évolution, mais tu avais appris également que de voir une telle créature était quelque chose de rare, effectivement. Pourtant, une raison obscure t'emmenais à vouloir t'amuser à ses dépends, plutôt que de profiter de cette chance qui ne se répéterait pas d'en faire un allié puissant. Comme il était dans l'eau, il ne pouvait pas faire bien bien de dégats et puis, tant et aussi longtemps que tu restais à une distance correcte, il ne t'arriverait rien à toi non plus.

En t'approchant, tu te mis à brandir ton sandwich au-dessus de sa tête, lui faisant des grimaces sous le regard perplexe de tes deux pokémons qui semblaient y voir un risque apparent.

Et lorsque tu vis la bête sauter de l'eau pour répondre à cette provocation, tu vis le danger aussi. Heureusement, ton Sabelette semble plus vigilant que toi et c'est avec une attaque griffe qu'il débute les hostilités.

Il y a des moments où il faut savoir piler sur son égo, surtout lorsqu'il s'agit d'une bêtise qu'on a occasionné soi-même. Admettre la défaite lorsqu'elle était visible était une de tes forces que peu de gens savaient faire au moment opportun. C'est pour cette raison que le Sharpedo contre qui tu te battais avait profité de la faiblesse de ton pokémon pour lui asséner un coup vicieux qu'il ne serait pas prêt d'oublier. Sensible à la blessure de ton pokémon, tu ne le laisserais pas se faire attaquer encore plus qu'il ne le fallait. Tu le rappela ainsi à l'intérieur de sa pokéball, le protégeant de toute douleur inutile.

"Ne t'inquiètes pas, c'est fini..."

Peut-être que la plage n'était pas un endroit idéal pour passer la journée, surtout avec tes deux compagnons qui supportaient mal l'eau à la base. Il faudrait trouver un autre endroit pour y passer la journée, car rentrer à l'académie n'était pas une chose que tu envisageais, pas avant la tombée de la nuit, du moins. Quittant les lieux, tu laissas le plaisir à se Sharpedo de se délecter d'une victoire à sens unique, mais selon toi, la vraie victoire réside dans l'acte de bravoure de ton pokémon, sautant dans le feu de l'action pour te sauver. Tu lui en devais bien une, maintenant.