Diane s’amusa lorsqu’elle entrevit les réactions de Yuna et de ses compagnons. Elle était même fière de pouvoir les montrer en forme, allègres. Pour elle c’était ce qui comptait le plus. Elle se fichait de passer pour une adversaire potentielle ou une élève puissante à battre. Pour elle c’était juste une preuve qu’elle aimait et prenait bien soin de ses pokemons. Mais ces pensées s’effacèrent remplacer encore une fois par un léger grondement de son ventre. Elle leva les yeux au ciel. Bien que rarement exaspérée par sa gourmandise, cela la gênait parfois. Pourquoi mangeait-elle autant ? Elle n’en savait strictement rien et ne cherchait pas à réfléchir sur cela. Ce n’était pas pour elle la psychanalyse.

De toute façon ses pensées étaient focalisées sur son ventre qu’elle désirait faire taire. Sa gourmandise, sa faim lui pesaient parfois. Plus les jours défilaient plus elle réfrénait son appétit et son estomac le lui rendait bien. La rousse se massa légèrement le ventre adressant un regard vers ses pokemons qui voulaient se reposer. Elle prit ses pokeball et fit revenir Aquali et Altaria. Elle voulait garder Simiabraz près d’elle pour réchauffer l’air ambiant. Les discussions aux alentours s’étaient atténuées. Les personnes fuyaient la fraîcheur des embruns marins. Diane observa quelques secondes quelques une qui sortaient de l’eau. Puis elle écouta attentivement Yuna.

Une glace ? Pourquoi pas ? Tant que cela pouvait calmer les grondements du ventre de la Lychnis, tout serait accepté. La belle dresseuse de Luxio essayant même de lui faire oublier son ogre qui lui servait de ventre sans s’en rendre compte. Diane regarda le ciel qui se couvrait de nuages blancs et cotonneux ce qui lui permet de fermer son ombelle avec joie. Puis elle remit ses cheveux en place avant de répondre tranquillement tout en avançant sur le sable. Elle fit fi même des grains de sable qui se détachait de sa peau.

« - Je reste assez classique, vanille, chocolat, pêche ave quelques pépites de baies parfois. »

Elle sourit et suivit Yuna paisiblement. Il y avait moins de monde, l’atmosphère est plutôt froide. Diane sortit un foulard et une veste de son gros sac et s’habilla plus chaudement. Elle soupira d’aise et toutes deux arrivèrent tranquillement vers le glacier, qui semblait un peu étonné de voir des clientes avec un temps aussi frisquet. Alors qu’elles jetaient à un coup d’œil aux parfums présents, la Menthae se lança dans des interrogations et une envie de discuter avec la rousse qui lui adressa un regard mi-amusé mi- étonné. Diane y réfléchit un moment avant de répondre :

« - Pas vraiment, si je suis venue sur Alcea Rosea c’est pour échapper à mon passé et prouver mes valeurs. Je préfère la coordination et l’élevage qu’au dressage en fait. En tout cas, ta manière de penser est très menthae, Yuna. »

Diane tapota l’épaule de son interlocutrice et prit sa commande auprès de l’échoppe roulante qui était une sorte de camping car à la couleur beige et accueillante : une glace vanille-pêche, elle tendit un billet vers le vendeur et fit un clin d’œil à ce dernier avant de se retourner vers Yuna avant répliquer :

« - Gardez tout monsieur, je paye pour la demoiselle qui n’a pas intérêt de protester.»

Elle imaginait déjà les questions qui allaient s’enchainer et le pire cela ne me gêne pas… Mais elle ne la laisserait pas agir et le glacier non plus amusé par la situation. Diane, l’ombelle sur l’épaule, attendit sur ma demoiselle choisisse son cornet et se délecter d’un bon dessert.

Diane fit semblant d’ignorer la réplique de la Menthae dans le but d’éviter que la prochaine ce soit au tour de Yuna de payer. Tête de mule ? Pas vraiment. La rousse aimait juste faire plaisir même si l’argent ne faisait pas tout, toute personne en dépendait et ce malheureusement. Ces pensées attristantes s’évanouirent aussi promptement qu’elles avaient surgies. Les pas de demoiselles crissaient légèrement sur le sable, brisant un silence alors qu’elles déambulaient tranquillement, se protégeant parfois d’une bourrasque qui soulevait leur chevelure. Alors que la Lychnis se délectait de sa glace aux doux parfums, sa marche s’arrêta pile au moment où sa nouvelle amie l’embrassa sur la joue. C’était surprenant et inattendu mais Diane ne s’en offusqua pas et ne parut en aucun point gênée. Juste qu’elle ne voyait pas le coup férir. Simiabraz tapota l’épaule de sa dresseuse, ne comprenant pas non plus la signification de cet élan affectif. Diane le rassura et reporta son intérêt sur sa friandise gelée.

La préfète des jaunes détourna son regard à l’arrivée des pokemons de Yuna. Elle les fixa un peu longuement avant de reprendre son encas. Puis sa camarade reprit la parole comme contrôlée par une curiosité maladive. Cela aurait pu irriter Diane mais celle-ci était de bonne humeur et pour une fois ne rechignait pas trop de parler d’elle sans pour autant aller dans les détails. Il y avait des choses qui ne s’effaçaient pas, qui vous marquaient au fer rouge laissant une trace indélébile. Heureusement Diane n’eut pas à dissimuler les choses, son interlocutrice était intéressée par les domaines de prédilection de l’aînée. Terminant son cornet d’une bouchée, la rousse lança un regard en direction de son pokemon feu et prononça simplement en guise de réponse :

« - Poing de feu et combo griffe. »

Le singe de feu lui fit un clin et s’étira avant de réaliser un saut pour se retrouver en face des deux jeunes femmes. Il réalisa alors une attaque Poings de feu, et enchaîna directement avec une attaque Combo-griffe créant des traînées de flammes et de lumière et formant avec des cercles enflammées, des vagues de lumière. La démonstration ne dura pas longtemps maus fut suffisante pour attirer les regards des rares personnes encore présentes. Des enfants poussèrent quelques exclamations ahuries ou émerveillées alors que d’autres étaient partagés. Diane haussa des épaules, se fichant du caractère m’as-tu qu’avait pu avoir sa technique. Simiabraz lui bombait le torse, satisfait pendant que sa dresseuse l’applaudissait. Cette dernière se retourna ensuite vers Yuna et lui adressa un sourire :

« - Je pense avoir répondu à toutes tes questions… Oh attends ne bouge pas… tu as de… »

Diane ne termina pas sa réplique, préférant agir que perdre du temps. Elle se rapprocha doucement de la Menthae et posa son index sur la commissure des lèvres de Yuna. Elle le fit glisser et s’amusa à gouter cette infime portion de glace. Elle jeta un regard mutin à sa camarade avant frapper dans la paume de Simiabraz qui était revenu vers elles, comme pour le féliciter. On aurait dit des frères d’armes ainsi. Puis Diane voulu poursuivre la conversation sans s’attarder sur la réaction de Yuna vis-à-vis de son geste précédent.

« - Qu’est-ce qui t’attire chez les pokemon ? »

Diane écouta attentivement son amie et s’amusa de voir que la Menthae avait une vision encore naïve des pokemons mais ce n’était pas un reproche bien au contraire. La préfète des Lychnis ne pensait pas exactement comme elle. Oui les pokemons avaient un immense pouvoir, oui ils étaient différents mais il fallait pour ça les remercier de bien vouloir les accompagner dans leur vie, dans une aventure qui permettait aux pokemon et à leur dresseur de grandir de s’épanouir. C’était beau de maîtriser les capacités de ses pokemons, de les entraîner pour qu’ils montrent leur beauté. Pour la rousse cela ne suffisait pas. Elle devrait prendre soin d’eux tout en leur laissant la liberté de choisir leur vie. Elle n’avait jamais forcé ses pokemon parce qu’elle en voulait un, parce qu’elle voulait devenir puissante. C’étaient à eux de choisir s’ils voulaient devenir amis avec elles et relever leur force avec elle. Ils pouvaient la quitter quand ils voulaient. Cela sera douloureux mais Diane s’en voulait de leur priver de la liberté qu’ils avaient avant alors s’ils le souhaitaient ils pourraient partir.

Ah Yuna avait le don de faire réfléchir la Lychnis, qui jeta inconsciemment un regard ver son ami de feu qui pencha la tête sur le côté, se demandant pourquoi sa dresseuse le fixait ainsi avant de d’agiter sa main, imitant Diane quand elle refusait les remerciements. Il avait juste exécuté les ordres de l’étudiante qui méritait qu’on se donnât à fond pour elle. La rousse s’inclina légèrement pour remercier Yuna pour le compliment adressé au singe de feu qui reçut un coup de coude pour le manque de politesse qu’il avait. Ce dernier haussa les épaules et poursuivit son chemin, le torse légèrement son torse qui trahissait son caractère fier. La Lychnis rit un instant en levant les yeux au ciel. La troupe parcourut le long de la place arrivant vers une pointe de sable et de fins galets. Puis une autre question suivit de la part de la Menthae qui interloqua sa vis-à-vis, surpassant les précédentes. Diane répondit d’abord à la première et se mit à réfléchir croisant ses bras pour trouver la meilleure réponse qui soit.

« - Je suis en Master 3, filière élevage. »

Puis elle mena Yuna vers le bord de la petite péninsule de sable en décroisant ses bras et s’asseyant sur le banc de grains de silice. Elle tendit ses jambes qui se trouvèrent à nouveau trempées mais cela lui apporta un frisson qui lui permit de mieux réfléchir. Et oui, n’en demander pas trop à Diane tout de même. Elle sait réfléchir mais à petites doses ! La réponse était pourtant simple mais quand on savait le fond c’était bien plus complexe et subtil. Elle aimait les hommes mais sentait qu’elle était aussi attirée par la gente féminine. La préfète ne pouvait ignorer son penchant pour Elisabeth Richards. D’ailleurs, elle n’arrivait pas à décrire si elle avait un faible pour la madone Narcissus ou juste un attrait physique. Mais cela elle y réfléchirait plus tard. Mais Diane savait aussi qu’elle ne pouvait choisir entre les deux. Elle sourit et préféra être honnête avec Yuna, qu’importe la réaction de cette dernière. Même si elle savait qu’elle serait vexée si jamais la Menthae s’offusquait d’un tel penchant.

« - Je ne suis avec personne, même si j’ai un doute à propos d’un demoiselle. Et toi donc ? Je te pose les mêmes questions.»

Diane grimaça lorsqu’elle se rendit sur quel sujet dérivait leur discussion. Certes elle n’avait pas refusé d’y répondre mais Yuna se trompait dans les sentiments que la rousse avait. Elle n’était pas amoureuse et ne voulait pas de relation sérieuse. Pour elle, l’amour c’était juste quelque chose en plus mais de quoi la faire virevolter, ni la faire rêver. Même si elle savait qu’elle n’arrivait pas à raisonner correctement, elle n’était pas passionnée. Mais elle ne dit rien laissant Yuna parler. Elle éclaircirait ce point plus tard. Diane était tout de même contente de voir que Yuna n’était pas le genre de personne à avoir de préjugés. Elle fronça cependant les sourcils quand elle entendit que la Menthae cherchait à la rassurer. Peur des réactions des personnes ? C’était d’une futilité et une perte de temps. Diane ne cherchait pas à discuter avec des personnes fermées. C’était tout ou rien avec elle.

Yuna dévoila alors ce qui pesait dans son cœur. La préfète esquissa un sourire contrit. Elle comprenait un peu la situation de la Menthae mais ne pouvait comparer leur situation respective. Diane et Elisabeth s’amusaient entre elles sans tomber dans le jeu des sentiments. Elles jouaient plus avec la chair que le cœur. Ce n’est pas mignon, ni romantique comme la scène que lui décrivait sa camarade. Il y avait bien quelque chose entre les deux responsables de maison mais pas dans le sens qu’imaginait la dresseuse de Pirate. Cela ne gênait pas Diane d’être une telle situation. Elle n’avait pas les mêmes limites de la plupart des jeunes femmes mais elle le garderait quand même pour elle. C’était tout de même une relation intime.

Diane sentit des vaguelettes frôler la peau de ses jambes mais elle resta attentive aux dires de Yuna. Ainsi cette dernière était attirée par l’infirmier. Son récit amusa aussi l’étudiante aux yeux azur, c’était une relation de plus charmante. On dirait une de ces histoires un peu cliché, qui débutait lentement que ce soit les gestes, les mots, les sentiments. Un amour sain pouvait naître malgré l’obstacle principal de leur appartenance respective dans l’académie. Diane n’intervint pas là non plus, préférant ne pas briser la vision qu’avait Yuna. De plus elle ne savait pas comment la conseiller, elle ne pouvait se le permettre car elle n’a jamais vécu telle situation.

Yuna parlait ensuite d’un sujet qui irrita la rousse : Noël, fête dont elle n’eut jamais connu les délices comme le réveillon, une famille unie, les lumières de la nuit, rien de tout cela. Diane se mordit la lèvre s’en rendre compte mais heureusement la Menthae changea rapidement de thème ce qui permit à la Lychnis de retrouver un visage serein. Mais celle-ci soupira et préféra commencer par les choses qui fâchent. Elle fit craquer ses doigts et s’étira avant de souffler fortement et prendre une voix neutre :

« - Il n’y a rien entre mon coup de cœur et moi, du moins pas comment tu le penses. C’est purement physique, charnel. Il y a très peu de sentiments, du moins pour le moment. »

Puis elle reprit tranquillement d’une voix légèrement plus enjouée alors qu’elle fit revenir Simiabraz dans sa pokeball sentant que ce dernier n’appréciait pas être près de l’eau :

« - Je n’ai pas de grandes passions, à part les pokemons. Pour la cuisine ce n’est pas exactement ça, je sais cuisiner mais sans plus, je préfère largement dévorer les plats qu’on me concocte que les réaliser par moi-même. D’ailleurs je connais de bons coins qui régalera tes papilles. Je t’y emmenèra un jour si tu veux. Au fait tiens.»

Diane sortit alors du bordel de son sac, un portable, le fit biper en cherchant sur son écran ce qu’elle voulait montrer à Yuna. Une fois cela trouvé, elle lui tendit l’écran dévoilant so numéro et son mail. Elle lui sourit et lui laissa l’initiative de prendre ses informations. La Lychnis regarde ensuite l’envol d’un Goelise qui avait réussi à trouver de quoi se repaître.