Les derniers cinq jours avaient été un enfer pour Mirai. Elle avait souffert d'un symptôme grippal que même quelques médicaments n'avaient su apaiser, le temps seul avait su lui rendre sa forme d'antan, malgré un petit nez encore susceptible de fuir. On avait du la laisser se reposer tranquillement pendant presque une semaine, de quoi réjouir ses ingrats de Pokémons. Heureux du mauvais sort qui s'apitoyait sur leur maîtresse, ils s'étaient occupés à jouer aux maîtres de maison, rangeant et nettoyant le peu de désordre laissé entre les quatre murs de leur habitat; lorsqu'on rendait visite à Mirai, les deux êtres s'entraidaient afin d'atteindre la cliche et abaisser celle-ci afin d'entre-ouvrir la porte dans un dernier geste. Les visiteurs inquiets se voyaient alors rassurés à la vue des Pokémons décidément aux petits soins de la blondinette cloîtrée au lit. Ce genre de tâches leur convenait beaucoup mieux que les violents matchs contre divers adversaires, sûrement plus téméraires que ces deux-là, subis maintes fois ces derniers temps, avant que la maladie ne paralyse leur gourou; on a donc pu largement profiter de ces cinq jours de trêve.

Le jour du Seigneur avait été une bénédiction pour l'élève rookie. Il lui permit, dès le lever du soleil, de poser deux pieds au sol et de profiter d'une matinée sereine, pleine de santé; là, l'adolescente démarra lentement ses premiers besoins quotidiens, sans passer à table, la douche l'attirant beaucoup plus, sûrement l'impression du besoin de se débarrasser définitivement de ces microbes qui lui avaient valu toute une semaine de sa vie. Le besoin prochain, celui, sûrement, qui la démangeait le plus, était celui de sortir, de voir la lumière du dehors, de sentir le froid sans qu'il ne l'attaque à coup de grippe. Mirai, fin prête à dévaler les routes du Pokévillage, et d'aller plonger ses souliers dans le sable, plaça pour l'une des premières fois ses créatures Zander &Donal dans leurs pokéballs respectives, ainsi elle pu gagner du temps sur le chemin vers le point d'eau du village, la belle plage aujourd'hui légèrement ensoleillée. Grand changement comparé à ces derniers jours de triste pluie.

La plage présentait à notre nouvelle étudiante, deux façades de son caractère. Dans un premier plan, le sable occupé de quelques Hommes aux tenues légères et sa couleur qui ressortait un peu laissait penser qu'il était certainement tempéré, voire chaud, surtout qu'il était d'une sécheresse digne de celle connues lors de ce long été déjà éteint. La fillette s'imaginait déjà déchaussée, la plante des pieds écrasant mollement mais profondément le tapis de sable tiède. A ses côtés, se balançait la sombre mer bleue, légèrement cristalline. Cette dernière était pour sûr d'une température à ne pas aborder à nu, le ciel brodé d'un discret voile gris traduisait très bien cette idée de froideur frigorifique.
Mais ce n'est pas une brise fraîche et un ciel nuageux qui pouvaient arrêter l'adolescente de passage dans le village, pour une fois qu'elle avait la permission de s'évader loin de sa piaule qu'elle maudissait plus que tout depuis le mal qui l'avait touchée. Enfin, ses chaussures marchaient sur la plage et Mirai se réjouissait étrangement du vent qui faisait voltiger sa frange sur son front. Il était agressif et frais, mais agréable. Plus que l'air pollué d'une chambre de malade.

Mirai, en grande gamine, n'en pouvait plus de marcher pour atteindre la vraie partie de la plage qu'elle aimait : celle où le sable est noyé par la mer, la limite sans cesse dépassée par les vagues capricieuses qui s'agitaient sous l'influence du vent; elle alla noyer à son tour ses souliers et ses chaussettes blanches dans une petite profondeur d'eau, un bien bon moyen de retourner au lit pour une bonne semaine ... Mais enfin, ce n'était pas ce qui la sortit vivement de l'eau.

Spoiler:

Il y avait en effet, aux pieds du bout de femme ébahi par le vaste étendu de mer agacé devant ses yeux, un animal. Au départ, du moins, il lui semblait que cette image confuse d'un gros lézard aux teintes marrons était une créature non relative aux Pokémons. La bestiole se faufilait furtivement sur le sable humide comme si elle voulait surprendre la jeune dresseuse, ce qu'elle réussit sans aucun mal ... En même temps, faire peur à Mirai Saito n'a rien d'une tâche impossible, un peu de discrétion suffit à la faire bondir sur ses deux pattes. En tout cas, si Mirai n'avait pas encore remarqué qu'il s'agissait d'un Pokémon qui fouinait devant elle, un certain Zander l'avait flairé depuis belle Lurette. Sentant le danger qui menaçait sa maîtresse, le Pokémon apprivoisé sorti de sa Pokéball sans qu'on le lui en ait donné l'ordre, ainsi il fit face à la créature des sables qui soudainement réveilla l'esprit confus de Mirai.

─ Zander ! ... Un Mascaiman ? Ouah ! Il a l'air encore plus sauvage que ceux déjà croisés en voyage avec P'pa !

Si Mirai avait peu d'expérience avec les bêtes uniques qu'étaient les Pokémons, elle n'en avait pas moins de connaissance et ceci grâce à son père, employé au Parc Safari voisin de Nénucrique, sur la charmante île d'Hoenn. Chaque été depuis sa plus petite enfance (de Mirai !), c'était en compagnie de sa petite fille ainsi que de son épouse qu'il parcourait l'île entière à la recherche d'adrénaline ou peut-être d'un Pokémon rare à ramener au Parc Safari ! La frime devant les collègues quand cela arrivait !
Enfin, c'est pour cela que Mirai, malgré son Pokédex sorti de son sac, devina dès ses esprits retrouvés qu'il était un Mascaiman sauvage sur le sable.

Le type sol-ténèbres avait déjà rampé plus loin que nos amis lychnis mais Zander le Phanpy s'obstinait à le surveiller de son regard menaçant, il grognait de sa petite voix, la trompe bien mise en avant, comme une épée brandie devant lui. Observant la situation, la dresseuse opta pour la solution suivante : S'emparer de ce Mascaiman afin d'en faire son nouveau compagnon. A vrai dire, il s'agirait de sa toute première capture depuis toujours, un grand évènement, sans doute, dont Mirai aura la nostalgie plus tard, quand elle sera la dresseuse expérimentée qu'elle a toujours voulu être.

─ Zander. Tu vas me faire le plaisir de le charger dans son p'tit derrière de lézard !

Aussi réactif qu'une fusée, le pokémon bleu chargea l'animal à pleine vitesse.

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L'attaque débordante de rage infligée par le pokémon bleu, éternel camarade de la petite Mirai, avait donné de grands espoirs de victoire presque imminente à la jeune dresseuse; le Phanpy avait tellement chargé, avec une telle puissance, que ce crocodile des sables n'aurait jamais du y survivre. D'un coup de tête peut-être pas mérité, il aurait du s'envoler au loin et sèchement glisser sur le sable. Mais ce dernier, et ceci, l'élève l'avait déjà oublié, était un Mascaïman extrêmement furtif, détenteur de réflexes redoutables : dans un timing impeccable, il montra les crocs pour les planter sauvagement dans la trompe de son adversaire. La charge de Zander mélangée à la morsure intense du Mascaïman engendra une sorte de roulade hyper rapide où le Mascaïman fut emporté, ainsi que l'éléphant bleu. Les deux petits Pokémons, aussi sauvages soient-ils, étaient à présent couverts de sable beige.

─ Reprends-toi ! Et puis charge le une nouvelle fois, je n'pense pas qu'il ait compris la leçon !

Légèrement éloignée de la scène de combat, Mirai aboyait des ordres plus ou moins réfléchis. Ce qu'elle voulait surtout c'est secouer son Pokémon afin que la victoire leur appartienne et que ce têtu de Mascaïman rejoigen leur camp. Les camp des nouveaux dresseurs et Pokémons motivés ! Avec une telle teigne qu'était visiblement ce Pokémon Sol, il n'y avait plus aucun doute qu'il était le bienvenu parmi le trio d'agités.

A nouveau, comme ordonné, le Phanpy apprivoisé se retira de l'emprise du Mascaïman sauvage pour reprendre de l'élan et le charger. D'ailleurs, Mirai prit le gros risque de demander à son camarade de recommencer son attaque, peut-être allait-il être suffisamment costaud pour résister à d'autres morsures et laisser l'opportunité à sa maîtresse de capturer son rival.

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