- Pu*ain !
Ryüko jeta ses valises à terre, excédée. C'était la quatrième fois qu'elle se trompait d'itinéraire, et elle ne savait pas du tout comment rejoindre le quartier des Lychnis. Le campus universitaire était tellement grand, que sans une carte et un sens élevé de l'orientation, il était impossible de se repérer. Elle était au milieu d'un grand couloir vide, froid et sombre, et était certainement seule au monde. La brunette n'arrêtait pas de se perdre depuis qu'elle était arrivée à l'académie, retrouvait ses pot avec une dizaine de minute de retard au moins et arrivait en retard en cours. Ce dernier point ne l'aurait nullement dérangé s'il ne participait pas à sa manière, à la liste de choses qui la mettaient hors d'elle.

Après avoir une nouvelle fois jurée sa rage, elle reprit furieusement ses valises et fit demi-tour.

Le destin, un miracle ou quelque autre intervention divine lui fit prendre le bon chemin une demi-heure plus tard. Elle regarda le petit numéro " 3 " accroché à la porte, sans vraiment osé y croire. Pourtant, elle ne se dérangea pas pour débouler directement dans le dortoir, jeter ses affaires aux pieds d'un lit libre et de s'écrouler sur le matelas nu.

- Enfin ! lança-t-elle dans un grognement étouffée.

Elle attendit quelques seconde pour se retourner. Le dos sur le matelas et la tête à l'envers sur sa droite, les pieds au sol, ce fut ainsi qu'elle vit qu'une jeune fille se trouvait déjà dans le dortoir, et la regardait, interdite.

Oops.

Elle se retourna et regarda la jeune fille. Qui avait semblé un peut plus vieille deux secondes plus tôt, vue à l'envers. Des yeux marrons, une bouille encore enfantine et .. des cheveux. Beaucoup de cheveux. Ryüko démarra, comme à son habitude, au quart de tour. Elle se leva d'un coup et alla lui faire la bise.

- Salut Raiponce ! Je suis Ryüko.

Spoiler:

Elle était déjà entrain de retourner à ses valises, que l'envie de s'arrêter net la démangeait déjà.

Ahem. RyOko ?

Elle préféra soudainement Raiponce. Cela lui allait mieux. Car, ce que la Lychnis détestait le plus, peut-être même plus que les gens naïfs, c'était qu'on ait quoi que ce soit de ressemblant envers elle. Qu'il puisse exister une quelconque raison de la confondre. Pas par égo, ça c'était un autre domaine, mais tout simplement par soucis de conservation personnelle. Elle, elle était Ryüko Iwasuru, et personne n'avait le droit de lui ressembler.

Pourtant, comble de l'ironie, la brunette avait une sœur parfaitement .. jumelle.

Elle se retourna et offrit une grimace qui se voulait un sourire, à sa nouvelle colocataire.

- Nos noms se ressemble, c’est amusant !

Ahem. Amusant. En effet.

- Je vais continuer à t'appeler Raiponce.

Tout à fait, voila la meilleur décision à prendre. Elle retourna à ses valises et commença à ranger - on vas dire ça comme ça, hein - ses affaires dans la grande armoire en bois. Elle sourit à la proposition de Raiponce. Et jeta un coup d’œil aux valises aux pieds du lit de la petite Lychnis.

- Non, merci vas. Commence par déballer les tiennes, tu ne crois pas ?

On allait éviter qu'elle froisse ses robes, qu'elle se fasse mal avec sa planche de surf ou son skate, ou qu'elle tombe son album photo d'elle et son père. L'armoire était assez grande pour contenir tous ce qu'elle avait emporter - seigneur merci - ce dont elle avait fortement douté. Parce que, les produits de beautés plus les habits, chaussures et accessoires, plus ses affaires de sport, plus ses affaires de cours .. le manque d'espace pouvait vite devenir un problème évident avec la Lychnis.

Une fois toutes ses affaires enfin rangées, sa table de nuit remplie et son lit fait, Ryüko put enfin se poser ses draps propres. Alcea Rosea était une académie très réputée pour son niveau élevé dans le dressage des pokémon. C'était une académie quasiment unique au monde. C'est étendue sur le dos et les mains derrière la tête qu'elle demanda à sa colocataire :

- Et toi, pourquoi t'es là ?

Car jamais personne ne venait que simplement à Alcea Rosea.

Pas une histoire franchement extraordinaire. A-t-elle dit. Elle en a, de la chance, de pas avoir une histoire extraordinaire. Pourtant, Raiponce semble grandement le regretter. Ryüko avait déjà entendue parler de cela, de ces gens qui ont une vie tellement banale, qu'ils rêvent de tout autre chose, d'un avenir lointain et particulier, de risques et même de tristesses. Ryüko en avait déjà entendu parler, de ces gens normaux. Elle savait que son histoire à elle était tout sauf normale. Ce qu'elle regrettait également. Elle était persuadée qu'une vie simple, loin de tous les problèmes possibles et inimaginable qu'on lui avait collé sans qu'elle ait demandée quoi que ce soit, était la meilleur chose que l'on puisse avoir. Car non, elle n'avait jamais rien demandé. Car au fond, une vie banale, c'est juste une vie qui laisse le plus possible place au bonheur.

T'es heureux, t'es banale. Bah tant pis. Au moins tu souris.

Ryüko souriait, pourtant, en cet instant. Le tons distant de sa colocataire l'amuse. Ou l'irrite, au choix. Elle n'était pas ce genre de personne qui racontait sa vie au premier venu. Soit par caractère, soit parce que son histoire n'avait pas un super happy end. Enfin, presque. Elle décide de lui raconter la meilleure partie, la plus joyeuse. Celle sur laquelle elle se concentre chaque jours.

- Je suis venue ici pour rencontrer ma jumelle.

C'était ça, la meilleure partie ? Deux jumelles séparées dès la naissance ? Et pourtant, l'avoir aujourd'hui à ses côtés, était ce qu'elle était ce qui lui était le plus chère.

- C'est mon père qui paye mes études, et j'ai franchement du mal à rester à niveau. Une école d'Elite, c'est pire que ce que je pensais.

Pas tout à fait vrais. C'est plutôt avec l'héritage de son père adoptif, qu'elle se paye elle-même ses cours. Elle prend son sac à main, fouille dedans et en sort trois pokéball.

- Ca te dérage si je sors mes pokémons ? Je te préviens, j'aime les laisser en liberté, alors si ça te dérange, dit-le moi de suite, n'attends pas le second trimestre.

Sans attendre la réponse de sa colocataire, elle laisse sortir ses pokémon. Au moins pour les présenter. Ne pas le faire avec une personne qui passera son année avec elle aurait été terriblement impoli de sa part.

- Je te présente donc Selah, la Goupix.

La magnifique Selah. Son trésor au pelage doux et soyeux. Gracieuse et féroce à la fois, elle lui avait été "donnée" par son père. C'était avec elle qu'elle voulait faire le chemin du dresseur.

- Ça, c'est Ewerïn, l'Heledelle.

Un oiseau de bonne taille, qui possédait un caractère bien trempé. Elle l'avait fait évolué récemment, et leur lien n'en était que plus renforcé. Il aimait faire des faces, et sortait presque systématiquement la nuit. Ce qui avait le don d'énerver sa dresseuse, mais que voulez-vous, on n'enferme pas le feu.

- Et enfin, le petit nouveau, l'Archeomire Kerill.

C'était une sphère de métal très lourde, qui ne pouvait se déplacer aussi librement que ses deux autre pokémon. Heureusement, Kerill était aussi très timide, et restait sans cesse en place. Bien qu'un peut maladroit, c'était un pokémon qui savait se faire apprécié par son sens de l'écoute. Il obéissait toujours très bien aux ordres, ne la décevait jamais.

La présentation finit, elle laissa ses pokémon dans la chambre et alla visiter la salle de bain. Trousse de toilette à la main, l'inspection de l'endroit dans lequel elle allait passer tous ses matins allait commencer.

Spoiler: