Falling in the deep nowhere [Lucresia & Reina]

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Seule une faible lumière filtrait de l'entrée lointaine de la grotte. Encore quelques mètres et il n'y verrait absolument plus rien.

« Je compte sur toi, Feuforêve. » marmonna Gabriel entre ses dents à l’intention du Pokémon qui lévitait joyeusement devant lui, tout à fait à l’aise dans l’environnement glauque et humide de la caverne.

L’obscurité ne dérangeait pas spécialement le garçon, il avait passé l’âge d’avoir peur du noir. En revanche, il avait moyennement envie de faire une mauvaise chute après avoir trébuché sur un obstacle quelconque. Il avait beau venir dans la grotte régulièrement depuis six ans, il savait parfaitement qu’à partir d’une certaine profondeur, toute l’expérience imaginable ne suffisait pas pour parvenir à se repérer. Sans parler des trous. Les trous particulièrement vicieux qui jonchaient la partie les plus obscure de la galerie. Les trous dans lesquels tu pouvais tomber quinze fois de suite malgré tout tes efforts pour retenir l’endroit où ne pas marcher. Au fil des ans, il s’en était fait un défi personnel. Sans compter les chutes, évidemment, histoire d’épargner un minimum son orgueil.

Après une bonne dizaine de mètres sans incident, Gabriel se rengorgea. Il avait passé le plus dur, désormais, il suffisait juste de faire un minimum gaffe. A cette profondeur de la grotte, il pouvait s’entraîner de tout son soul sans que des gamins viennent jouer à cache-cache dans ses pattes. Avec un sourire, il fit un pas en direction de son Feuforêve dont il distinguait vaguement la forme à sa droite.

« OK, on est tranquille maintenant, plus qu’à … »

La fin de sa phrase fut étouffé par une bordée de jurons que nous ne retranscrirons pas par souci d’épargner les âmes sensibles : son pas assuré n’avait rencontré que le vide.
Il y eu une demi-seconde durant laquelle il tenta vainement de se rétablir en battant des bras de façon fort peu classe, avant la chute.
Bon. C’est pas comme s’il n’avait pas l’habitude. Il se roula en boule au cas où, atterrit sur les genoux, lâcha quelques insanités supplémentaires pour le principe, se releva et épousseta son jean. Un rapide tour d’horizon lui apprit… pas grand chose, en fait, vu qu’il faisait toujours aussi sombre. Il distinguait la surface plane et brillante d’un lac devant lui, mais ça n’avait rien d’une surprise. Avec un soupir résigné, il appela son Pokémon. Quitte à en être arrivé là, autant s’entraîner un peu avant de remonter. Au moins, il était sûr de ne pas tomber plus bas…
Malheureusement, il ne fallut pas plus d’une minute avant qu’il n’entende le bruit proche d’une chute. Sérieusement, si on ne pouvait pas être tranquille dans les recoins les plus abandonnés d’une grotte obscure, où pouvait-on encore l’être ? Enfin, ça lui ferait quelqu’un avec qui discuter. Gabriel sourit à cette idée. Bizarrement, les gens appréciaient moyennement les discussions avec lui, on se demandait pourquoi…

« Rien de cassé ? » lança-t-il, un brin sarcastique, à l’intention de la mystérieuse victime de la chute.

Lucresia est une « fille du vent ». C’est ainsi qu’elle aimait s’appeler. Une fille du vent, c’est une personne qui aime se sentir libre, une personne libre de faire ce qu’elle veut. Lorsque la pluie tombe, par une calme nuit, elle va danser, les pieds nus, à côté des rochers solitaires des jardins nippons. Lorsque les rayons du soleil caressent les plantes vertes le matin, elle va dormir. La logique veut donc que lorsque les cloches sonnent pour annoncer le début des cours de l’après-midi, l’adolescente s’évade vers d’autres contrées lointaines.

L’ambiance des cours ne lui plaisait guère depuis l’arrivée de cette Team Astria. L’atmosphère conviviale, l’entraide malgré la compétition, l’amitié… ces notions tendaient à s’estomper au fil des jours. Il fallait faire quelque chose. Pour que la Team Astria s’en aille.
Mais quoi ?
Et bien Lucresia, elle n’en savait rien. Elle avait beau rejoint cette secte qu’était Mirage, elle se sentait toujours telle une petite fille sans armes, qui n’avait qu’une seule chose à faire : subir. Subir la présence de ces envahisseurs. Mais elle se l’était jurée : un jour, ils allaient réussir à reprendre l’école, coûte que coûte. Quel qu’en soit le prix.

En attendant, accompagnée de son petit Coupenotte, elle s’aventurait dans la grotte de cristal. C’était un lieu mythique qu’elle n’avait jamais visité auparavant, mais dont on lui en avait beaucoup parlé. Et elle ne regrettait pas sa décision de sécher les cours : les gouttes d’eau qui se perdaient au loin, l’obscurité qui rendait son parcours un peu plus excitant, les Pokémons qui somnolaient paisiblement. Même s’il y faisait un peu frais à son goût, la visite était vraiment agréable. Enfin… La visite fut vraiment agréable, jusqu’à que le sol cède sous ses pieds.
Une seconde. Ou deux. Ce fut très bref, d’abord, quelques bruits sourds, des craquements sous ses pieds. Ensuite, elle se sentit déséquilibrée, glisser vers elle ne savait pas trop quoi. L’instant d’après, elle était par terre, la chute fut brutale, et son cri strident résonnait encore dans cet espace fermé.

« Aie mon dieu… Ils auraient pu me prévenir qu’il y avait des trous dans cet endroit, j’suis pas un Canarticho moi, j’sais pas voler ! » Une seconde. Ou deux. L’espace d’un instant, Lucresia se demanda si les Canartichos savaient voler. Stupide question, là n’était pas vraiment le problème. Le problème, c’était qu’elle ne savait pas comment remonter à la surface. Et accessoirement qu’elle n’était pas seule : elle venait d’entendre une voix parler. « Rien de cassé ? »

Cette voix ? Cette voix ne lui était pas méconnue. Mais qui était-ce, elle ne pouvait pas le dire pour le moment. Elle avait beau cherché, le visage de la personne ne lui revenait pas en tête. Sans doute un membre de Spiraea croisé un jour, un camarade de classe. Quelque chose comme ça. (Oui, une « chose ».)

« Règle numéro 7 des McQueens : qu’importe la blessure, on ne doit pas s’avouer vaincu ! Donc non, rien de cassé, j’ai pas le droit. Par contre, mon petit Coupenotte… Où es-tu ? »

Les paupières closes, un silence de mort, Reina était juste allongée dans un coin, derrière un rocher, dans la grotte. Il n'y avait personne ici, ou presque, donc c'était un lieu parfait pour être tranquille. Elle sentait son Pikachu blottit à côté d'elle, et un soupir lui échappa. C'était tellement calme... Et tellement sombre aussi. C'était l'une des raisons pour lesquels elle avait sortit son Pikachu. Déjà parce que grâce à lui, elle ne risquait pas de tomber dans un trou, vu qu'il éclairait tout sur son passage, et aussi parce qu'elle pouvait plus facilement trouver un endroit calme.

Calme. Ce ne fut que de courte durée. En effet, des bruits de pas se firent entendre, et elle fronça les sourcils. Qui donc osaient venir dans un endroit aussi reculé ? Et pour quoi faire ? Elle eu à peine le temps d'entendre le nom de « Feuforêve » qu'un autre son vint la perturber. Mais qu'est-ce que c'était que ces conneries ? Elle n'avait pas le droit d'être tranquille ou quoi ?

Une flopée de jurons parvint à ses oreilles, et la jeune fille eu presque envie de rire. Celui, ou celle, qui la dérangeait s'était prit le pied dans un trou ou quoi ? La blonde eu un sourire sur les lèvres, puis entendit un autre bruit de chute. Mais c'était pas possible, sérieusement. Il y avait encore une autre personne ou l'autre imbécile avait deux pieds gauches ? Non, le bruit était plus loin, donc ce n'était pas la même personne. Ce qui était pire. Se redressant légèrement, elle tourna la tête vers le bruit de chute, même si elle n'y voyait rien. Ou presque.

« Rien de cassé ? »

C'était donc un homme, et la voix lui était familière. Oui, elle l'avait déjà entendu. Elle allait se relever, mais hésita, avant finalement d'entendre une autre voix. Celle d'une fille.

« Règle numéro 7 des McQueens : qu’importe la blessure, on ne doit pas s’avouer vaincu ! Donc non, rien de cassé, j’ai pas le droit. Par contre, mon petit Coupenotte… Où es-tu ? »

McQueens. Ses yeux s'étrécirent, tandis qu'elle se remémora la tête de la jeune fille. Il n'y avait pas de soucis de mémoire pour ce nom, c'était une certitude. Oui, elle connaissait même très bien ce nom. Celle d'une jeune fille un peu empotée qui l'agaçait vraiment, et qui traînait avec l'autre préfet totalement inutile. Le Jay Marshall, un truc dans le genre. Mais qu'est-ce qu'elle venait faire ici hein ? Reina soupira légèrement.

Tellement débile qu'elle était même pas foutue de trouver son pokémon dans le noir. Elle était sérieuse là ? Elle se releva, puis s'assit sur le rocher, les jambes croisées. Elle ne voulait pas attirer l'attention en demandant à son Pikachu d'éclairer un peu la grotte, au contraire.

« Je vois que c'est animé par ici, vous avez rien d'autre à faire ? Comme être en cours ou autre connerie dans le genre ? »

Sa voix inattendue devait avoir surpris, et elle ne cacha pas son sourire. Oh non, elle savait d'ores et déjà que cela n'allait pas être ennuyant de rester là, en compagnie de gens à qui elle ne parlait pas souvent, et en plus dans le noir.

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« Règle numéro 7 des McQueens : qu’importe la blessure, on ne doit pas s’avouer vaincu ! Donc non, rien de cassé, j’ai pas le droit. Par contre, mon petit Coupenotte… Où es-tu ? »

On aurait pu croire que le fait d'entendre le nom de la gamine évoquerait quelque chose chez Gabriel, mais non. Il était toujours incapable de mettre un visage sur la voix, en revanche, il commençait à cerner le genre de gosse qu'elle était : ingénue, agitée et probablement d'une gentillesse à faire vomir. En un mot, selon les critères du garçon, niaise. Sans parler de l'éducation excessivement morale qu'elle avait dû recevoir. "règle numéro 7 des McQueens" ? Sérieusement? Et elle en avait combien, comme ça? C'était typiquement le genre d'état d'esprit qui faisait doucement rigoler le jeune homme. En même temps, il préférait les gens qui s'imposaient leurs propres règles plutôt que de suivre de façon grégaire celles des autres. Ce qui n'empêchait que celle-ci était particulièrement dégoulinante de bonnes intentions.
Il n'eut pas le loisir de philosopher plus longtemps sur la morale de la gamine qu'une seconde voix féminine le coupa dans sa réflexion :

« Je vois que c'est animé par ici, vous avez rien d'autre à faire ? Comme être en cours ou autre connerie dans le genre ? »

Voix qu'il reconnut presque instantanément, cette fois-ci, moins par le timbre que par le ton narquois et les paroles acides. Et puis les autres membres de la Team étaient les rares personnes auxquelles il s'intéressait un minimum, ne serait-ce que pour prévoir lesquels il devrait éliminer de son chemin vers la gouvernance de la Team et lesquels il pourrait éventuellement rallier à sa cause. Il n'avait encore rien défini à propos de Runaway. Elle lui paraissait suffisamment égoïste pour planter la Team au besoin, mais trop fière pour accepter spontanément de le suivre.
Il sourit dans le noir : c'était peut-être l'occasion de fixer définitivement les choses.

« Toujours aussi aimable. Aurait-on interrompu la petite reine dans une des ses séances secrètes de manucure ésotérique? »

Même le terme de "reine" avait tendance à devenir insultant dans la bouche du garçon. Il n'avait pas spécialement l'intention de s'engueuler avec la jeune fille, mais l'amabilité ne faisait pas non plus partie de ses qualités. Ça leur faisait au moins un point commun...

Il s'intéressa de nouveau à la gamine qui était tombée à sa suite. Il aurait parié son Feuforêve que c'était une Spiraea. Elle avait tout à fait le profil, témérité mal placée et naïveté inclues.

« Si tu as de la chance et une mauvaise vue, ton pokémon doit se trouver à moins de trois mètres de toi. Sinon, c'est qu'il barbote dans le lac, j'espère que tu as pris la peine de lui donner des cours de natation... »

La dernière option l'amuserait beaucoup si elle se vérifiait. Pas qu'il aimerait particulièrement savoir un pokémon en difficulté, après tout, c'était à peu près les seules créatures qu'il avait toujours spontanément appréciées. C'était plutôt l'idée de voir la gamine se jeter avec une bravoure ridicule dans le lac pour aller à la rescousse de sa bestiole qui le réjouissait. Mais peut-être ne fallait-il pas trop en demander...

« Dis-moi, gamine, tu es chez les Spiraea, n'est-ce pas? C'est une habitude de venir fouiner dans le coin, ou alors tu t'es paumée? Avec les derniers évènements, on devient vite soupçonneux, tu sais. Il ne faudrait pas que ta présence inattendue dans un endroit aussi appropriée à toute sorte de conspiration louche soit mal interprétée... »

Il laissa le silence accueillir sa déclaration, un sourire narquois toujours collé sur ses lèvres. Il n'était pas sérieux, évidemment. Il était évident que, pour le coup, Miss McQueen était vraiment arrivée ici par accident. Mais Gabriel partait du principe que tous les Spiraea étaient des membres potentiels des Mirage. Effrayer un peu la gamine ne pouvait pas faire de mal...

Tap tap tap, Lucresia entendait son Pokémon se promener à l’aveuglette, pour finalement se cogner contre elle, et pousser un petit grognement de satisfaction. Le lien entre ces deux-là était bien forgé : il avait suffi au Coupenotte d’entendre la voix de sa maîtresse pour qu’il retourne sagement auprès d’elle. La jeune fille lui tapota un peu la tête, lorsqu’une troisième voix se fit entendre. On ne pouvait donc jamais être tranquille ! Ironiquement, elle-même avait sans doute dérangé l’après-midi serein que cherchait son premier interlocuteur. Ce n’était pas un lieu très fréquenté, alors elle avait envie de croire au destin. Après tout, elle aimait faire de nouvelles rencontres ; et qui sait, peut-être que ces deux personnes allaient jouer un rôle décisif dans le futur ? Aider Mirage par exemple.

Mais… Un détail. Un détail pour le moins contrariant.
En écoutant le discours du jeune homme, Lucresia se figea. Le visage crispé, elle se rendit compte de son erreur. Ces deux-là n’allaient jamais être des amis. C’était tout le contraire. Quelle naïveté, elle n’aurait jamais dû répandre sa bonne humeur à ces… Elle ne savait pas trop comment les qualifier. Dans tous les cas, c'était parti pour un après-midi avec, non pas un, mais deux mécréants de la Team Astria. Quitte à faire, puisqu'elle n'avait pas trop le choix, elle se décida à accepter le dialogue, peut-être que cela allait l'aider à mieux les comprendre.

« Être en cours ? Mais je te retourne la question alors. Aaaaah pardon, j'oubliais, les membres de la Team Astria sont trop puissants, ils n'ont pas besoin d'aller en cours. Ils ont juste besoin que les autres réfléchissent à leur place. »

C'était mal parti.

« Puis t'es quoi l'autre, aussi vieux qu'un pokécromagnon ? J'ai pas l'impression désolée, donc m'appelle pas gamine je suis à peine plus jeune que toi. Graow. »

L'expression de la jeune fille restait très neutre, tout comme sa voix était très stable. Elle n'avait pas peur, et même si elle était face à ces personnes qui la répugnait tant, elle n'éprouvait pas une haine toute particulière. Ils avaient surement leurs raisons, tout comme elle avait les siennes, et elle n'était pas comme ces autres gens qui se refusaient de les comprendre et de leur parler. Enfin, c'est ce dont elle essayait de se convaincre en tout cas. Au fond d'elle, elle leur en voulait quand même. Un peu. Beaucoup. Elle ne savait pas trop en fait. Ce n'était pas grave, le jeu avait déjà commencé. Lancé de dés. Double six, carte joker. "Provoquer votre interlocuteur". Roger that.

« Oui, je suis chez les Spiraea. Je viens en quête d'un lieu de réunion pour bâtir nos plans secrets pour démonter votre organisation. Je suis une Mirage. Pan dans vos faces de Rattatac. Alors Sherlock, ma réponse est satisfaisante ? »

Le risque était énorme. Lucresia ne savait pas trop ce qu'elle racontait, mais elle était ainsi, impulsive, sans cervelle, la réflexion, elle ne connaissait pas. Mais après tout, ils n'avaient pas de preuve, ils ne pouvaient rien faire. A leur tour de lancer les dés.

La jeune blonde arquait un sourcil, alors qu'elle entendait de nouveau la voix de l'homme. Qui l'avait reconnue d'ailleurs. C'était un type de la Team aussi, un certain Gabriel machin. Elle ne se rappelait pas du nom, n'en voyant pas vraiment l'utilité. De toute manière, peu de gens de la Team l'intéressait vraiment, alors à quoi bon retenir leur nom complet ?

Il lui fit une remarque, et elle soupira. Toujours aussi venimeux celui là, ses paroles étaient vraiment acide. Mais elle n'en tint pas compte. Elle s'en moquait éperdument d'ailleurs. A quoi bon. Elle faisait ce qu'elle voulait, alors qu'il lui reproche qu'ils la dérangent... Oui, en fait, ils la dérangeaient. Elle était bien là, toute seule, sans eux pour la déranger pendant qu'elle siestait.

Son Pikachu gémit, et elle le prit sur ses genoux, en entendant toujours Gabriel en train de faire des remarques aussi à la débile de Spirea. Elle avait un truc cette fille, cet air débile peut-être, mais elle ne l'aimait pas du tout.

Mais il pouvait lui faire autant de remarque qu'elle voulait, Reina n'allait pas bouger.

« Être en cours ? Mais je te retourne la question alors. Aaaaah pardon, j'oubliais, les membres de la Team Astria sont trop puissants, ils n'ont pas besoin d'aller en cours. Ils ont juste besoin que les autres réfléchissent à leur place. »

Rectification. Elle n'allait pas bouger. Tournant la tête vers la provenance de la voix, elle jugeait qu'elle devait seulement être à quelques pas d'elle. Son Pikachu sauta de ses genoux, et la blonde se mit debout, s'aidant de la voix de la jeune fille pour se diriger vers elle. Pourquoi ? Pour lui coller une bonne baffe tiens.

Elle était bavarde, et même si Reina mit le pied dans quelque trou, elle finit par arriver près de la jeune fille, qui de par sa voix, avait caché le bruit des talons de la blonde. Aussi, elle se baissa juste devant la petite peste quand cette dernière acheva son discours en beauté.

« Oui, je suis chez les Spiraea. Je viens en quête d'un lieu de réunion pour bâtir nos plans secrets pour démonter votre organisation. Je suis une Mirage. Pan dans vos faces de Rattatac. Alors Sherlock, ma réponse est satisfaisante ? »

Elle était chez les Spirae, ça elle le savait. Mais chez les Mirages, c'était juste un doute qui venait de se confirmer.

« Personnellement, je sais pas ce que pense l'autre, mais moi ça me convient. »

Et sur-ce, elle leva sa main dans le noir, pour lui coller une magnifique gifle. Le claquement résonnait dans toute la grotte, tandis que Reina reprenait d'une voix froide, complètement dénuée de toute plaisanterie :

« Et dernière chose. C'est pas parce que t'es dans ce groupe minable que tu dois plus te sentir, c'est clair ? En plus t'es totalement stupide de dire ça. T'es vraiment qu'une pauvre fille. T'aurais du être en cours, parce que là, tu vas avoir des problèmes. Beaucoup plus que tu ne peux l'imaginer. »

Elle sentait son Pikachu près d'elle, mais ne fit aucune remarque. Se relevant prestement, elle lui tourna le dos et fit un pas devant elle, juste un pas qui séparait la blonde de l'autre imbécile.

« Comme quoi, c'est pas parce qu'on ne va pas en cours qu'on a la capacité de réfléchir, la preuve en est avec toi, pauvre conne. »

Non, Reina ne mâchait pas ses mots. Jamais elle ne les mâchait, surtout pas avec des gens comme McQueens. Et la réaction de Gabriel machin ne lui importait pas sur le coup. Mais quoi qu'il en soit, elle n'allait pas laisser cette Mirage partir aussi facilement maintenant

Du moins, si c'en était une. Et même si ce n'était pas le cas, rien que pour l'avoir dit, et donc de leur avoir mentit, elle risquait une autre gifle. Rien que de penser à ce groupe de minable, Reina était hors d'elle. Simplement parce que ces espèces de débiles se prenaient pour les plus forts, il fallait de suite tout faire pour virer les "Méchants". Tseuh.

« Une dernière chose. Même si tu n'es pas une Mirage comme tu le prétends, je n'hésiterais pas à t'en coller une deuxième, rien que pour le fait de l'avoir dit. Alors à ta place, si je tiens à mes joues et aussi à ma dignité, je ferais attention à ce que je dis. »

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« Être en cours ? Mais je te retourne la question alors. Aaaaah pardon, j'oubliais, les membres de la Team Astria sont trop puissants…. Oui, je suis chez les Spiraea. Je viens en quête d'un lieu de réunion pour bâtir nos plans secrets pour démonter votre organisation. Je suis une Mirage. Pan dans vos faces de Rattatac. Alors Sherlock, ma réponse est satisfaisante ? »

Gabriel avait conscience d’avoir été particulièrement agaçant, mais il n’aurait jamais espéré provoquer une tirade d’une telle virulence chez la gamine Spiraea.
Bon, il devait avouer qu’il avait un peu décroché vers le milieu. Elle s’était vexé à cause de la dénomination de « gamine », tant pis pour elle. Il se foutait bien de savoir son âge, il avait simplement remarqué, et cela se confirmait, qu’elle avait une attitude suffisamment enfantine pour mériter l’appellation. Et puis il s’adressait aux gens comme il voulait, merde !
Mais une fois les pleurnicheries outrées débitées, elle avait sorti quelque chose d’autrement plus intéressant. Un aveu, purement et simplement. Et pas un lapsus ou un mot glissé en trop, non, une belle déclaration grandiloquente –si l’on excluait le « paf dans vos faces… » qui avait un peu cassé son effet- le genre d’aveu auquel on ne s’attend pas franchement en retour d’une toute petite provocation de rien du tout.
Gabriel en avait été aussi surpris que ravi. De toute évidence, la petite n’était pas très futée, mais c’était son problème. Avec un peu de chance, en piquant un peu plus son orgueil de petite fille bien élevée, elle allait continuer en déblatérant toute la liste de ses camarades rebelles…

Sa jubilation fût coupée nette par le claquement sec qui retentit dans la grotte et résonna longuement sur les parois. Gabriel en eut presque mal pour la gamine : celle-ci n’avait pas dû faire du bien…
Tout à ses pensées, il n’avait pas notifié le déplacement de Runaway ; il faut dire qu’elle n’avait pas perdu son temps. Et qu’elle avait la baffe facile. Ce serait toujours un bon truc à retenir. Quoique Gabriel ne se formalisait pas trop de se prendre des gifles puisqu’il les rendait toujours au centuple –en paroles, en actes ou en coups- question d’honneur.
Bref, la gamine Mirage avait dû sentir passer la gifle, et à côté, les paroles de la petite reine paraissaient franchement inoffensives.
Gabriel n’avait rien contre la violence physique si cela portait ses fruits. Mais il n’avait pas l’impression que la Spiraea était du genre à capituler pour une claque, aussi magistrale soit-elle. Elle était plutôt du genre à répliquer, ce qui amuserait le garçon au plus haut point. Aussi terrible soit Reina, si la gamine hargneuse pétait un câble, il y aurait des dégâts des deux côtés.
En attendant, sachant que l’option « violence » avait été testée par sa collègue, il allait s’employer à expérimenter les menaces.

« On s’en fout qu’elle soit vraiment de Mirage ou pas. Elle a avoué devant deux chefs d’Astria, pas besoin de plus de preuves contre elle. A partir de maintenant, on doit avoir à peu près le champs-libre pour appliquer la sanction de notre choix. N’empêche, si tous les Mirage sont du même acabit, les virer d’Alcea va être plus facile que prévu. Se dénoncer devant nous… Pourquoi ils ne s’accrochent pas aussi une pancarte autour du cou, pour rester dans la même subtilité ? »

Gabriel avait cette sale manie de parler des gens comme s’ils n’étaient pas à deux mètres de lui, et au fils des ans, il avait fini par volontairement adopter cette attitude de mépris l’air de rien. Ça avait tendance à agacer, on se demande pourquoi…

« Bref, la sanction… Voyons voir, qu’est-ce qui serait le plus approprié… Dénonciation et humiliation publique ? Renvoi définitif de l’école ? Confiscation de ce joli Pokémon ? »

Il avait l’intention d’attendre une fois encore l’effet des saletés qu’il débitait sur la gamine, quand une idée encore meilleure lui vint à l’esprit :

« Oh, j’ai mieux. Tu vas nous balancer le nom du reste de tes petits camarades Mirage, spontanément ou suite à quelques baffes, Reina a l’air douée pour ça. Et il ne restera plus qu’à choper les autres en t’affichant publiquement comme l’héroïne qui avait infiltré les Mirage à notre compte et les a glorieusement dénoncés… Ouais, je te vois vraiment bien dans le rôle de la traîtresse, derrière tes airs de gamine bien élevée. Qu’est-ce que t’en dis ? C’est tout bénef’ pour toi, petite. Tu échappes à la punition et gagnes même l’image d’héroïne aux yeux de ceux qui soutiennent la véritable autorité de l’école ! »

Et par la même occasion, celle d’une sale petite lèche-botte manipulatrice.
C’était une proposition évidemment piégeuse, mais le but n’était même pas d’essayer de la convaincre de coopérer. Juste de la faire flipper un peu, ou de la faire un peu plus sortir de ses gonds.
Bien sûr qu’elle allait détester cette option ; en bonne petite âme loyale qu’elle était, l’idée d’être présentée comme la traîtresse à son clan devait la hérisser plus que n’importe quoi.
Mais en même temps, si elle était lucide, elle verrait qu’il n’y avait nul besoin de sa coopération pour mettre un tel plan en application. La Team Astria faisait ce qu’elle voulait, et rien ne lui interdisait de forcer des aveux à coups de gifles et autres joyeusetés (tant que la méthode restait clandestine), ni de ternir à jamais l’honneur ridiculement dépourvu de toute bavure d’une brave petite rebelle.
Oui, ce plan lui plaisait bien, et il ne voyait pas pourquoi Reina s’y opposerait puisqu’il impliquait qu’elle puisse continuer à gifler la petite de tout son soûl si l’envie lui en prenait.
Gabriel prit ce ton goguenard qu’il affectionnait tout particulièrement quand il était ostensiblement en position de force :

« Je ne voudrais pas te mettre la pression, gamine, mais t’es dans vraiment dans une sale situation. Tu n’as pas un autre petit discours simpliste à nous déblatérer, histoire de continuer à me faire rire ? »

Elle ne bougeait pas. Elle ne bougeait plus. La scène se rejouait dans sa tête. Levée de rideaux. Applaudissements. Solitude ; elle était seule sur scène, seule avec son Coupenotte, et elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Elle venait de faire une déclaration à la fois stupide, franche et... sincère. C'était l'expression de ses pensées, celles qu'elle cache, celles qu'elle refuse de voir. Car au fond d'elle, elle n'adhérait pas aux agissements de Mirage. C'est vrai, elle était d'accord avec eux dans le sens où l'envahissement soudain de la Team Astria était néfaste à l'école. Mais leurs manières d'agir. Des bombes ? Des enlèvements, des élus ? Et jusqu'ici, la Team Astria n'avait fait aucun faux mouvement. Se pourrait-il... se pourrait-il qu'elle se soit trompée sur tout ? Que la Team Astria n'ait pas un mauvais fond ?

Non. La claque -la gifle même- qu'elle venait de recevoir venait de secouer toutes ses pensées, tous ses doutes. Non. Non et encore non. Pourquoi une réaction aussi violente alors qu'elle avait juste mentionner le nom de « Mirage ». S'ils étaient aussi sensibles à ce sujet... S'ils répondaient à sa provocation... C'est qu'ils devaient forcément cacher quelque chose. Qu'ils n'étaient pas aussi innofensifs qu'ils laissaient le croire. Au moins, les pensées troublées, tous ces doutes qu'elle avait enfouis en elle depuis tout ce temps venaient de s'évaporer.

Une main sur sa joue, dont la vive douleur se faisait ressentir, Lucresia esquissa un sourire sur son visage. Elle ne se laissait pas avoir pour si peu. Elle n'était pas courageuse, elle préférait fuir, elle ne jouait pas à l'héroïne. Mais la violence, physique ou verbale elle ne voulait pas faire face à cela. Si bien que lorsqu'elle vit son Pokémon très agité et près à mordre le visage de Reina, elle le retient et l'enlaça fort pour qu'il ne puisse lancer aucune offensive. De toute façon, elle ne se sentait pas particulièrement visée par les propos de cette jeune fille d'Astria, elle n'avait sûrement que les mots qui piquent, rien dans la tête.

« C'est un comportement admirable dis donc. Rester de marbre lorsqu'une demoiselle se fait frapper. Les hommes de nos jours. » Comme si rien ne s'était passé, Lucresia replaça sa chevelure sur le côté, tout en carassant légèrement son Pokémon pour qu'il s'apaise. « Je sais pas si c'est parce que vous manquez beaucoup de cours, mais c'était pas très intelligent à l'instant. Si je venais vraiment à être parmi ces Mirages, c'est tout ce que vous trouvez à dire ? Vous voulez les noms ? Et ensuite quoi ? Leur donner des punitions, montrer à toute l'école qu'ils sont des méchants rebelles, des adolescents en pleine crise qui ne savent pas trop ce qu'ils font ? Bien sûr, vous allez gagner la confiance des élèves ainsi. »

Des goutelettes. L'ambiance semblait bien calme. Lucresia ne savait pas si elle était censée l'être, mais en tout cas, elle se sentait plus ou moins... apaisée. Elle n'avait pas cédé à sa colère, à ses pensées négatives. Cependant... Elle ne pouvait s'empêcher de vouloir leur dire. Vouloir leur révéler qu'elle n'avait pas confiance en Mirage. C'était l'occasion. Mais pour quoi faire ? Ils ne semblaient pas très coopératifs, ou compréhensifs. La grande blonde qui venait de la frapper semblait bien hautaine, l'autre, à sa façon de parler, semblait bien sûr de soi. Ils n'en avaient absolument rien à faire d'elle en vrai. Mais qu'importe, elle restait elle-même dans tous les cas, elle faisait les choses à sa manière. Alors, comme si plus rien ne l'effrayait, le regard vif et empli de conviction (enfin de toute façon avec la luminosité moindre de la grotte, elle n'était pas sûre qu'ils y voient grand chose), la voix claire et distincte, elle continuait ses folies.

« Et si j'étais de Mirage, vous n'avez pas plutôt envie d'un double espion ? Comme si vous donner les noms allaient les arrêter. Vous êtes naïfs ou ? Et là mes paroles doivent vous faire rire parce que vous êtes tellement puissants que rien ne peut vous arrêter hein. »

Lucresia, naïve, jeune, stupide. Mais Lucresia qui savait de quoi elle parlait.

[C'est encore moi qui mets le plus de temps à répondre /o/ Mais vous me pardonnez parce que c'était pour le nouveau thème, pas vrai ? é.è Et vous êtes trop méchants, ma pauvre Lucresia. D': Je retiens, je retiens.]

Elle commençait sérieusement à en avoir marre. Elle était ici pour se reposer à la base, mais elle se coltinait un type qu'elle ne connaissait qu'à peine, et une autre espèce de gamine un peu trop sûre d'elle qui se prétendait être une Mirage. Quelle après-midi, sérieusement ! Jamais le droit d'être en paix ici, c'était incroyable.

D'abord, les idées de son collègue lui paraissaient vraiment être bonne. Elle aimait ça, en quelque sorte, voir des gens qui pourrissaient sa vie en train de le regretter. Alors qu'en plus, cette gamine soit de Mirage n'arrangeait rien pour son cas. Non, elle ne faisait que de plonger encore plus profondément dans l'abîme, celui de sa propre folie, et des conséquence qu'elle subira. Un abîme sans possibilité de s'en sortir.

Elle resta près de la gamine, au cas où elle céderait de nouveau à l'envie de lui coller une autre baffe, et sentait son Pikachu près de sa jambe, sentant presque le courant qu'il dégageait. Croisant les bras sur sa poitrine, elle avait la tête penchée, et regardait en direction de la soit disant Mirage.

« Je sais pas si c'est parce que vous manquez beaucoup de cours, mais c'était pas très intelligent à l'instant. Si je venais vraiment à être parmi ces Mirages, c'est tout ce que vous trouvez à dire ? Vous voulez les noms ? Et ensuite quoi ? Leur donner des punitions, montrer à toute l'école qu'ils sont des méchants rebelles, des adolescents en pleine crise qui ne savent pas trop ce qu'ils font ? Bien sûr, vous allez gagner la confiance des élèves ainsi. »

Un sourcil de la jeune femme s'arqua. Eh bien, elle était culottée celle-là ! Presque autant qu'elle. Mais elle n'y croyait pas deux secondes. En fait, elle se foutait bien de ce qu'elle pouvait prétendre, elle ne savait rien. Ce n'était qu'une gamine, une de ces filles qui pensaient tous savoir juste parce qu'elles étaient dans un groupe « révolutionnaire », et que donc, ils se pensaient plus malin que les autres.

Une erreur. En fait, ils ne savaient rien. Rien du tout.

« Et si j'étais de Mirage, vous n'avez pas plutôt envie d'un double espion ? Comme si vous donner les noms allaient les arrêter. Vous êtes naïfs ou ? Et là mes paroles doivent vous faire rire parce que vous êtes tellement puissants que rien ne peut vous arrêter hein. »

Elle eu une mine agacée. Elle l'énervait vraiment celle là, c'était pas croyable.

« Tss... La jeune fille qui croit tout savoir... Je me demande si ton copain, le préfet là... Ah oui, Jay, saurait se montrer plus coopératif que toi... »

Elle le détestait presque autant que la gamine. C'était juste horrible à quel point les jeunes l'agaçaient. Surtout quand ils croyaient en savoir plus qu'ils ne le prétendaient. Mais quelle génération pourrie, sérieusement !

Cependant, elle savait, pour avoir vue traîner cet espèce d'imbécile de préfet avec elle, qu'elle pouvait tenir à lui d'une certaine manière. Elle eu un sourire des plus mauvais sur les lèvres. Non, elle n'accepterait aucune défaite face à cette gamine, cet espèce de nullarde en face d'elle.

« Au pire... Je pourrais même aller lui demander, juste après ton interrogatoire bien entendue. »

Elle savait que ses menaces ne laisseraient pas cette imbécile de marbre, elle finirait par perdre son calme, et là.. Elle le regrettera très cher. Car on pouvait croire que la blonde était juste bonne à parler, mais elle avait un cerveau. Et savait très bien l'utiliser, contrairement à ce qu'elle laissait croire des fois. Aussi, se tournant vers Gabriel, elle passa sa main dans ses cheveux, avant de reprendre la parole.

« Et si tu n'es pas d'accord, et bien personnellement... Je n'ai pas vraiment besoin de ton avis. Je crois même que cela pourrait même nous être utile, tu vois... Après tout, ce type qui connaît tout le monde doit bien en connaître quelques uns de ces Mirages... »

Puis, elle tourna la tête vers la gamine. La jeune Astria sentait son pokémon s'agiter, il n'aimait pas vraiment la manière dont la gamine parlait, mais elle allait lui faire plaisir dans pas longtemps.
Après tout, l'ambiance promettait d'être électrique, alors si on venait y rajouter une étincelle...

Cela ne changerait rien. Ou au contraire, cela changerait tout.

**Invité** Invité

Gabriel commença à sourire dès les premiers mots de la gamine. Elle était toujours d'une niaiserie à vomir, mais au moins, elle compensait par son potentiel à dire des choses hilarantes.
Il aurait fallu qu’il fasse quoi, qu’il vole au secours de la rebelle héroïque ? Alors qu’il était dans le camps des méchants ? Et simplement pour satisfaire les exigences ridicules de la galanterie ? La bonne blague. La gamine pouvait déjà s’estimer heureuse de ne pas avoir reçu deux gifles supplémentaires de sa part. Ou on était galant, ou on était dans Astria. Il n’y avait que ce sombre crétin de Kenji pour faire les deux à la fois, mais tôt ou tard, il s’en mordrait les doigts.

« Une fois qu’on aura une bonne petite liste de tes amis les pseudo-rebelles, on vous foutra dehors à coups de pied au derrière, c’est pas plus compliqué que ça. Vous préférez jouer aux mini-terroristes, c’est votre problème, mais vous irez faire ça ailleurs. C’est une simple question de sécurité et de discipline, même toi tu devrais être capable de comprendre ça. En passant, expulser des délinquants me paraît un peu plus intelligent que faire exploser des bombes, s’il s’agit de gagner la confiance des élèves. Enfin, ça m’étonnerait qu’on arrive à tomber d’accord à ce sujet, alors mettons que la discussion est close. »

Il se redressa imperceptiblement, esquissa un coup d’œil vers Reina, ce qui ne lui fût pas d’une très grande aide pour deviner ce qu’elle pensait de tout cela puisqu’il faisait toujours aussi sombre et qu’il était tout à fait incapable d’apercevoir les traits de son visage. Le silence s’étira quelques instants ; Gabriel en arriva à la conclusion que la discussion était réellement terminée, et qu’il n’y avait plus qu’à sortir de ce trou –au sens propre du terme- et finir de régler l’affaire dans les bureaux d’Astria. La gamine démentit immédiatement sa conclusion :

« Et si j'étais de Mirage, vous n'avez pas plutôt envie d'un double espion ? Comme si vous donner les noms allaient les arrêter. Vous êtes naïfs ou ? Et là mes paroles doivent vous faire rire parce que vous êtes tellement puissants que rien ne peut vous arrêter hein. »

Gabriel retint un sifflement de surprise. Il avait mal compris ou elle venait vraiment de proposer spontanément de trahir Mirage ?
Avec n’importe qui d’autre, le garçon aurait immédiatement conclu à une ruse pour se sortir de la situation embarrassante. Sauf qu’il ne pensait pas la gamine suffisamment maline pour imaginer un stratagème du genre, aussi eu élaboré soit-il.
Soit elle était plus intelligente qu’elle ne s’en donnait l’air, soit elle était sincèrement en train de proposer de jouer les espions pour la Team.
Tandis que son cerveau fonctionnait en accéléré, il écouta d’une oreille distraite la proposition de Reina. Visiblement, elle avait la gamine dans le collimateur, et le préfet Spiraea avec. Ce qui allait parfaitement à Gabriel, lui-même ne pouvait pas encadrer cet imbécile heureux de blondinet.

« Sur le principe, je n’ai rien contre aller interroger le préfet, mais je trouve la proposition de la gamine plus intéressante. Mais pour contenter tout le monde, il suffirait de faire un petit mix, n’est-ce pas ? »

Le garçon prit le temps de sortir de sa poche une Pokéball et d’en relâcher son Farfuret. ca ne faisait pas de mal de ménager un peu ses effets à l’aide de silences calculés.

« On ne crachera jamais sur un agent double, gamine. Je ne te l’ai même pas proposé parce que je n’imaginais pas que tu puisses accepter. Tu es plus corruptible que je ne le pensais. Le truc, c’est que je n’ai absolument pas confiance en toi. Un agent-double, ça se transforme trop vite en agent-triple, tu me suis ? »

Il s’interrompit de nouveau. Sur un signe de tête, son Farfuret –qui lui voyait tout à fait convenablement dans le noir- traça dans la pierre à sa droite deux large sillons à l’aide de ses longues griffes. Un crissement désagréable retentit dans la grotte.

« Les Farfurets sont connus pour leurs griffes monstrueuses, leur ruse et leur rapidité, mais je en t’apprend sûrement rien. Celui-ci est tout à fait capable d’attaquer un élève sans se faire identifier ni attraper. Donc tu vas mener ton petit jeu d’espion bien sagement, mais si jamais j’ai le moindre doute quant à ta fidélité, ton petit copain le préfet pourrait bien se faire inopinément attaquer par un Farfuret sauvage. Un si joli visage, lacéré par des griffes, ce serait dommage, non ? »

Il se retourna vers Reina histoire de vérifier qu’elle était d’accord.

« Évidemment, on peut interroger le préfet en bonus, ça a l’air de te tenir à cœur. D'autant que je suis quasi-sûr qu'il baigne dans Mirage jusqu'au coup.»

Il disait ça par pur esprit de conciliation, parce qu'il ne voulait en aucun cas entrer en conflit avec sa collègue, pas maintenant, en tout cas. Mais idéalement, il vaudrait mieux s'abstenir de révéler au blondinet qu'il était suspecté. Autant qu'il continue à nager dans son bonheur insouciant de résistant de seconde gamme.
Se désintéressant de la grande blonde, il parcourut lentement mais sûrement (ça aurait été franchement idiot de se ramasser à cause d'un obstacle quelconque en plein milieu de son numéro de grand méchant ténébreux, avouez!) la distance qui le séparait de la gamine, et une fois suffisamment proche pour distinguer clairement les contours de sa silhouette, tendit une main narquoise dans sa direction.

« Marché conclu ? »

Spoiler:

Ah. Si seulement elle était muette, cette Lucresia. Elle chanterait moins de bêtises. Mais ce qui était fait était fait. Elle ne regrettait pas sa proposition. Ou du moins, elle pensait ne pas le regretter. En y pensant, quelle bêtise, vraiment. Elle n'avait plus qu'à déposer sa candidature de démission. Comme si elle pouvait faire cela...

La jeune brune fixa le sol pendant deux secondes. Tout n'était que noir dans sa tête. Elle venait de se mettre dans une fichue pagaille. Mais en même temps, peut-être qu'en travaillant pour les ennemis, elle allait mieux comprendre leurs motivations. Peut-être que cela allait éclairer ses jugements en fin de compte. Qui plus est, elle ne pouvait rien dire face aux propos du garçon, elle-même n'aimait pas l'image de terroristes que possédaient les Mirages. Elle n'avait malheureusement pas assez de pouvoir au sein du groupe pour imposer son avis. Pire encore, ils ne devaient pas laisser glisser la nouvelle que le groupe n'était pas encore bien organisé, voire un peu partagé même. Si cela s'apprenait, les chances de renverser la Team Astria allaient devenir moindres.
Pour le moment, elle devait rester calme. Enfin, c'était facile à dire, quand son cœur n'obéissait pas et battait la chamade ainsi. Car un nom provoqua un véritable sentiment d'effroi dans son cœur. Jay. La blonde connaissait Jay. Ses plans auraient pu marcher mais elle n'avait pas pris en compte ce détail. C'était un véritable retournement de situation dans sa tête. Elle s'attendait à tout sauf cela. Son amant n'appréciait déjà que trop peu son appartenance à la bande de rebelle, il allait juste devenir fou s'il apprenait le pétrin dans lequel elle venait de se mettre. Et elle allait devenir folle s'il lui arrivait quoi que ce soit par sa faute. Aller le questionner? Hors de question. Ah, ce n'était pas possible tout cela. Elle était prise au piège. Elle était une souris en cage. Elle essayait d'esquisser un sourire, mais les traits ne se dessinaient pas sur son visage crispé. Et son cœur -boum boum boum- son cœur qui jouait à la course.

« J.. Jay ? Je ne vois pas de quoi tu parles. » Trop peu crédible, quasiment toute l'académie savait qu'ils étaient en couple. « Je... » Elle était foutue. Et elle se montrait déjà beaucoup moins bavarde qu'il y avait quelques secondes encore.

Puis, Lucresia se figea littéralement sur place lorsqu'elle vit le Farfuret en action. ; elle était devenue statue de sel. Les Pokémons Ténèbres, ce n'était pas vraiment sa tasse de thé. Ces griffes, ces yeux. D'accord. Elle était bien courageuse en temps normal cependant la petite effrontée qu'elle était connaissait les limites, et comprenait surtout le danger que cela représentait d'oser cracher plus de bêtises, ou de montrer son désaccord. Un soupir, et sa décision fut malheureusement vite prise.

« Tss, j'ai pas le choix c'est ça. Ben ok toute façon être espionne d'un groupe auquel je n'appartiens pas, ça vous aidera pas beaucoup. Je vais avoir besoin de vos adresses mails alors. » Ses propos étaient assez confus : elle déniait faire partie des Mirages, et elle demandait en même temps un moyen de communication. A contre cœur, elle frôla la main du jeune homme pour symboliser leur accord, en ignorant au passage l'autre femme d'Astria. Il fallait le dire, l'homme avait plus de présence, elle n'y pouvait rien, c'était surtout lui qui l'intimidait, même si l'autre adolescente n'avait pas hésité à la frapper.

Avant qu'elle ne le remarque, son Coupenotte avait alors échappé de son attention. Et, cette lumière dans sa gueule... Oh non. Elle n'eut même pas le temps de lui ordonner d'arrêter qu'une attaque Draco-Rage se dirigeait droit vers Reina. Il faut dire que cela faisait un moment que le Pokémon semblait comme démangé par cette envie de se venger pour sa maîtresse.

Totalement prise de panique, elle attrapa la créature et se mit à courir.
« Draco-Rage sur ce mur, mon petit Coupenotte ! » Le Pokémon s'exécuta, créant alors un passage pour la Spiraea, qui prit la fuite. Une troisième attaque fut lancée afin de créer un petit éboulement, un mur de pierre qui allait les empêcher de la rattraper. La sortie, vite vite. La sortie.

Spoiler:

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