La chambre d'Atios, en pleine après-midi. Il fait trop chaud. Calebard / T-shirt, il est devant sa console après avoir envoyé un message. La console est installée. La bouteille de thé est à portée. La fenêtre est grande ouverte. Xatu continue d'avoir l'air stone. Et on joue. Il attendait que le tournoi arrive. Il pouvait préparer d'autres séances d'entraînement, mais il était crevé ces derniers temps. Trop d'imprévu. Il ne savait pas quoi faire en attendant que tout prenne forme. Pour le moment, c'était la dèche. Et les cours l'ennuyait. Il mit en pause son jeu sur la vielle télé qu'il avait récupéré et se mis sur son pc. F5, on pioche dans les chips. On s'esclaffe. Une nouvelle sortie. On regarde. On se roule sur le tatami en quête d'une position confortable. Il faisait trop chaud. Même avec un ventilateur, rien à faire. La chaleur ici était trop intense. Les volets étaient tirés. Il voulait éviter qu'on le voit dans son intimité. Entre le boxer/t-shirt et le costard, la différence était grande. Mais ça, c'était en rapport avec le fait qu'il était ou non dans sa chambre. Dehors, il se devait d'être habillé de façon respectable. Chez lui, personne n'avait à venir troubler son intimité. Attendez, vous avez déjà essayé de porter un costard par 30 degré au soleil? Non ? Bah essayait. Il se refusait de fondre à cause de la chaleur. Il se roula sur le sol jusqu'à son Griknot qui le regarda les yeux ronds. Il roula en sens inverse et là ce fut le regard aveugle de la tête de son Solochi qui l'intercepta. Finalement, il arrêta de bouger et se laisser aller contre le sol, contemplant son plafond comme s'il allait bouger ou comme s'il espérait que ce dernier bouge. En vain.

Silence. Il se leva alors, regardant son pc... Avant d'aller brancher les enceintes. Finalement, il mit de la musique, transformant effectivement sa chambre en jukebox géant. Griknot était un peu déboussolé. Xatu dansait joyeusement dans la chambre. Et Solochi s'était relevé pour grimper sur le lit de son dresseur et se mettre en mode : "Je lézarde sur ton pieu et je t'emmerde." Mais soudainement, sa joyeuse fiesta fut interrompue par l'arrivée inopinée du destinataire du message. Son bras lui faisait affreusement mal et il avait encore un scré bleu sur son bras. Tout ça à cause d'une petite chieuse des Menthae.... Sale histoire.

Le Pavillon d'Atios était à côté de nombreux autres. En fait, les quartiers des Spiraea étaient une sorte de reconstitution d'une ville japonaise il y a cent ans ; ce qui ne déplaisait pas tant que ça au jeune spiraea aux lentilles bleues. Cela donnait un côté unique à sa jeunesse et ce n'était pas pour le déplaire. En été, il tenterait de motiver ses camarades élèves dans la mise en place d'un festival traditionnel pour célébrer l'été. Vous rajoutez des feux d'artifices, des yukata, des stands et vous aurez une ambiance d'été 100 % nippones. Et comme il se plaisait de le dire, c'était nippon ni mauvais. Outre la blague, occuper les vacances d'été par des événements ludiques et qui pouvait réunir les élèves était quelque chose qu'il aimerait mettre en place. Avec ou sans l'aide de l'école d'ailleurs. Les pavillons étaient toujours assez actifs. Il faut dire que c'est le genre de dortoir convivial où les voisins vont et viennent, parlent et discutent, s'entraident et font preuve de la solide amitié qui relie les Spiraea. Il était une des exceptions de ce rituel, notamment parce que lui, tout le monde pouvait venir le voir. Lychnis, Menthaea & Narcissus compris. C'est pourquoi personne, j'ai bien dit personne, pas même les mecs de son âge avec qui il s'était battu, fut surpris de voir débarquer ni une, ni deux, Jay devant sa porte. Et personne ne dit quoi que ce soit quand celui-ci l'ouvrit en grand, gueulant autant pour Atios que pour le voisinage entier présent ( c'est-à-dire ceux qui séchaient ou n'avaient pas cours), sa présence d'un terme japonais qui collait bien au caractère de Jay : le fameux Yosh.

Atios ne tressauta pas en entendant la voix de celui-ci dans son dos et fit signe dans son dos d'entrer, sachant pertinemment qu'avec Jay, les chances pour que ce geste soit fait en retard soit élevé. Ce dernier le salua. On check vite fait et ce dernier s'avance jusqu'à son pieu pour s'y installer. Après avoir eu Joyce dedans (sans qu'il n'y soit, rassurez-vous), c'était maintenant au tour de Jay. Quelque part, c'est limite si son lit n'allait pas devenir une sorte d'attraction touristique : "Ici, vous avez le lit deKamijō Atios, septième année des Spiraea !". Il souffla du nez de sa propre imagination. L'odeur du joint que s'était enfilé son Xatu s'éloignait par la fenêtre, celui-ci prenant soin de fumer près de celle-ci. Solochi quant à lui, avec Griknot, cuisaient dans un coin. Surtout Solochi qui possédait une fourrure noire qui était parfaite dans des températures équatoriales pour retenir la chaleur et la garder sur lui. Atios avait promis de les emmener aux thermes prendre une douche histoire de les délasser, ce soir ou dans la nuit. Le couvre-feu ? Il s'en contrefoutait. Par une chaleur pareille, faire trempette serait même agréable pour Xatu. Si tentait qu'il lâchât ce qu'il fumait. La musique et la chaleur appelait à faire la fiesta de l'été, même si, vers 15h, on était plutôt tenter de ne rien foutre. Et puis faire la fête juste à deux, c'était une activité de chambre et pas d'extérieur. N'y voyez cependant aucune connotation graveleuse... Jay semblait être plein de ressources malgré la chaleur. Peut-être que le fait d'être invité à zoner par chez lui l'avait motivé.

▬ Ouais, sale histoire la chaleur qu'il fait aujourd'hui. M'enfin, ça à pas l'air de trop t'emmerder, à ce que je vois .. Et non, je ressemble à un type en t-shirt et en boxer qui s'hydrate à coup de thé glacé. Répondit-il, le sourire en coin, légèrement caustique.

La musique continuait de raisonner dans la chambre et s'éloignant vers l'extérieur. Atios se leva alors pour aller vers son coin cuisine et ses armoires, sortant deux verres et un bol. C'était l'heure de l'apéro, comme qui dirait. Atios servi du thé glacé à son invité et lui servi des cacahuètes et des chips à table, rangeant peu de temps après le pc portable posé dessus dans une sacoche. C'était d'ailleurs étrange de voir que le Spiraea possédait bel et bien deux ordinateur. L'un fixe, près du lit, l'autre portable. Finalement, l'apéritif servi, il posa son coude sur la table et demanda : ▬ Alors, tu vas comment ? Quoi de neuf ? Tout va bien avec ta copine ? Je te cacherai pas que je sais pas comment, mais tout le monde ici cause que ça va pas si fort que ça... Enfin, si tu veux pas en parler, je comprendrais.

Crounch, crounch, crounch, crounch. Poignée de chips histoire de faire une légère pose avant d'ajouter, un peu fier de ses blessures de Guerre : ▬ Quant à moi, j'ai pris quelques coups avec des gens du coin. On s'est expliqués entres hommes. P'tet que t'en as entendu parler, mais les préfets de ma maison m'ont rien dit, donc je doute qu'ils étaient se plaindre. J'te jure, c'était un rude bordel. Des petites Menthae qui emmerdent une Spiraea dans le coin. Trois senpai qui viennent défendre leur petite kohai et qui finissent par vouloir la venger. Au final, j'ai calmé le jeu, mais la chaleur et le sang chaud à fait qu'ils ont voulu me taper ... Il prit une pause en buvant légèrement son verre. Du coup, bon, on s'est foutu sur la chetron, mais j'm'en suis tiré à bon compte. Bon, je t'admettrais que quelque part, c'était con de ma part, les petites Menthae m'ont limite chier sur les godasses, m'enfin, elles allaient bien. Ah. Et après j'en ai rencontré une troisième. Une Unysoise, Ludyvine de Beaumont... Une Menthae. Et je peux te dire que je comprends pourquoi les mecs voulaient taper dessus. Une véritable petite chieuse. Une nouvelle pause, histoire de boire un coup. Ouaip, avec Jay, raconter sa vie c'était facile. Il avait l'impression de parler avec un putain de nounours. D'ailleurs, sa politesse en sa présence n'était pas très grande et il parlait de façon largement familière. Mais bon, j'ai été me foutre de la glace sur ma joue, je m'étais pris une pêche et c'était pas très cool. C'est après que les mecs que j'ai tapées sont venus l'emmerder en se rameutant avec une batte de baseball. C'est en la défendant que je me suis mangé un vilain coup sur le bras. Sinon, je continue de m'entraîner pour le tournoi.

Quand il mentionna les récents problèmes de couples du préfet, il vit son sourire perdre de son éclat. C'était comme voir une magnifique journée d'été se transformer en tempête où la pluie, froide, perfide, s'abattait avec mépris sur la souffrance des Hommes comme pour la minimiser ... L'expression de Jay reflétait ce panorama avec une effroyable perfection. Jay, c'était un peu le soleil. Et on a jamais vu le soleil pleurer. Alors quand le soleil était déformé par une douleur assez vive pour le faire pleurer, on n'avait d'autres choix, si on avait un minimum de considération et d'empathie, que de souffrir avec lui. Il ne connaissait pas encore Lucresia, ni tout le monde dans l'école. Mais pourtant cela ne pouvait l'empêcher d'avoir bâti une assez solide amitié avec le préfet des Lychnis pour souffrir de le voir ainsi atteint. C'était presque contre-nature de se dire que le Jay qui souriait béatement la plupart du temps pouvait être ainsi. C'était comme une sorte de mythe qui se brisait, une légende qui venait de perdre son statut et Atios ne peut s'empêcher de se lever et d'aller lui mettre une tape dans le dos et ire : ▬ T'inquiètes pas, ça va s'arranger, j'en suis certain. Et si j'apprends quelque chose, je te le dirais. Mais oui, sale histoire. Conclut-il, en tentant de répondre à la vague tentative de blague que lui avait tendu le préfet mélancolique. Il alla ensuite ouvrir la porte de sa chambre, pour laisser l'air circuler dans la pièce. Il ne songeait plus à la tenue dans laquelle il se trouvait et si bien, ce n'était pas comme s'il allait dehors habiller comme ça.

Mais Atios se tut lors de la suite des événements. Un héros ? Voulait-il qu'on le reconnaisse ainsi ? Non, agir comme il l'avait fait était quelque chose de normal et il ne faisait pas ça pour qu'on le reconnaisse ou qu'on acclame son égo. Il n'avait pas non plus chercher à savoir s'il en souffrirait ou non. S'il se mettrait ou non en danger. Il l'avait fait parce qu'il le devait. Celui qui avait orchestré sa philosophie dans la vie, n'aurait pas tourné le dos faces au danger, même s'il savait à l'avance que son remerciement serait le mépris. Être célèbre hein ? Chez les Menthae, ou une bonne partie, il serait connu comme l'abruti qui s'est battu pour sauver trois à quatre filles de chez eux. Chez les Spiraea, il serait connu comme le traître qui s'était opposée au lynchage pour venger la maltraitance. Chez les Lychnis ... Bah mise à part Jay, je pense que sauf peut-être Skye, ils s'en branlent. Et chez les Narcissus, ce serait plutôt du genre : "Oh, le membre de la basse classe qui joue les héros ? Bouahah". Ouaip, tu parles d'une légende. Trop bon, trop con, tel était le dicton. Atios sourit en riant et dit : ▬ Populaire, j'en doute. On saura déjà que j'ai fait un peu de Muay Thaï. M'enfin, t'sais, Alcea Rosea à deux face. Y à ici et chez les Lychnis, où les gens sont simples, sympa, relativement cool. Et tu as les Menthae et les Narcissus, les deux maisons des élites soit-disant, mais qui est un putain de réservoir à cas et d'abruti fini, parfois. M'enfin, faut pas généraliser, y à du bon en tout le monde. Pour ce qui est de plaire aux filles, c'est pas non plus ma priorité et puis, j'ai jamais été en couple et je cherche pas à l'être non plus, héhé.

Atios n'avait rien de casser à proprement parler, sauf sa croyance en "tout le monde l'est beau, l'est gentil" qui avait pris un sacré coup. Est-ce que la gentillesse était-elle inutile ? Devait-il devenir froid et impitoyable pour faire taire ces menthae ? Il s'était allongé sur le sol, le bras partant pour tenter d'attraper le plafond. Pour seulement obtenir une réponse toute simple : son bras faisait mal. Il se releva et alla remettre des chips dans le bol, en silence. Prêt pour le tournoi ? Ah, ça pour sûre, il s'était préparé et pas qu'un peu. Ses efforts, quoi qu'on puisse en dire, avaient été formidables. Il était passé d'un débutant total à un niveau intermédiaire par la seule force de l'effort continu. Mais soudainement, il se sentait déposséder de tout courage, de toute volonté de continuer. Pourtant tu es inscrit, tu le sais. Alors pourquoi soudainement ? Est-ce que les efforts en valaient la peine ? Pourquoi se donnait-il tant de mal pour tenter d'être le premier ? Le pouvait-il seulement ? Il fixa Jay droit dans les yeux. Non, abandonner n'était pas pour lui. Il devrait faire de son mieux, même s'il ne serait pas le premier... Il y avait plus important que d'être le premier... Il y avait plus important que d'être méprisé ... Il bailla soudainement avec force avant de se frotté le visage de ses mains. Fatigué ? Un peu? Beaucoup ? Il ne saurait le dire.

▬ Ce que je vais faire ? En rapport avec le tournoi ? Dit-il en se posant contre un mur, genoux repliés vers lui, tête posé dessus enfermé dans ses bras. Il laissa le silence planer quelques secondes. Il avait l'air vidé. Soudainement il laissa échapper : Comme toujours, je ferais de mon mieux. Je doute pouvoir gagner. J'ai étudié le tableau des matchs. Je dépasserais sûrement pas la demi-finale. À moins d'un miracle ... J'ai une grosse faiblesse. Les attaques de types glace. Et ... Justement. La fille qui menace mon accession au sommet, bah ... Elle à deux pokémon glace. Et à cause d'un putain de roucoups, j'ai perdu mon premier baiser avec elle .. Comme quoi, c'est sûrement que Dieu veut pas que je gagne. Il se releva soudainement en baillant une nouvelle fois, avant de regarder la carte des environ. L'unique faiblesse des dragons. Le type glace. Et ses pokémons dragons n'évolueraient pas facilement .... Et il n'avait pas les moyens de les entraîner à contrer ce type. Il avait les mains liées. C'était frustrant. Il voulait gagner, mais il savait que ses chances étaient peu élevées ...