InvitéInvité | Sujet: Parlons peu! Parlons bien! Et par pitié, pas la bouche pleine! Mar 17 Juil 2012 - 21:41 | |
| 2011 – Académie Alcea Rosea
Une explosion. Des débris. Des élèves en panique, des professeurs désorganisés, des Pokémons affolés. Et dans le ciel, des feux d'artifice qui formaient le mot « Mirage ». Cette organisation de jeunes délinquants venait de frapper, une nouvelle fois. Et c'était ainsi depuis quelques mois déjà. Cette fois, ils venaient de détruire une salle de classe toute neuve. Ils testaient leurs limites, leurs capacités, ces étudiants qui s'ennuyaient... Attablé sur les deux coudes avec sérénité, j'effeuillai des données administratives recueillies auprès de la bibliothèque scolaire. Avec un air faussement docte, pédantesque pour les nobles; je consultai des journaux publiés par l'école au cours de l'année précédente. Au milieu d'un réfectoire archiplein, je menai mon enquête sur les groupuscules qui ne disaient pas leur nom et qui détenaient -j'en étais convaincu- les rênes de l'académie. Au vu et au su de tous les élèves, j'effectuai mes recherches passant au choix pour un menthae qui s'avançait dans ses devoirs futurs ou pour un lychnis qui rattrapait son retard au pied levé mais certainement pas pour la fouine que j'étais de toute évidence. Avec lenteur, je m'extirpai d'entre les lignes parcourues en refermant le journal d'un coup sec puis m'empressai de l'expédier sur une pile composée d'autres journaux aux même thématiques. Assailli par la fatigue, je baillai à m'en décrocher la mâchoire fixant le camarade qui partageait ma table d'un œil mi-endormi mi-écœuré. Face à moi, de quatre année mon aîné, un jeune homme dévorait son assiette à grande vitesse, sans la moindre retenue et se concentrant uniquement sur le contenu de son plateau que j'avais d'ailleurs orné d'un dessert supplémentaire comme à l'accoutumée. Geoffrey – il était ainsi prénommé- enfournait la nourriture depuis maintenant dix minutes avec un appétit vorace qui me laissait pantois malgré les quelques semaines qui me séparaient de sa rencontre. Taquin, j'en souriais et contemplais les denrées disparaître comme neige au soleil, sirotant ma tasse de thé vert qui jurait avec le festin ingurgité deux empans plus loin. Quant à moi, je me savais élégant, enturbanné et drapé d'une confortable djellaba noire ourlée d'or avec laquelle je me pavanai arborant fièrement les couleurs de ma maison. Au final, je rehaussai mes épaules, me raclai la gorge et l'interpellai par surprise, à l'affût des réactions qui pourraient le contredire. « Hé! Gueux! Jettes un œil à cet article! Qu'est-ce que tu en penses ? » m'enquérais-je à son adresse en lui tendant le journal d'un geste désinvolte après m'être fait violence pour ne pas ajouter: « Et cesses de t'empiffrer, ça devient indécent! » |
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