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feat. Violette Husqvarna.
La grotte, puis le tunnel, puis ... Ce tunnel lugubre qui ne me mènera nul part. Je cherche à m'y perdre. Au fur et à mesure que j'avance, l'obscurité m'engloutit. Elle me garde. Cette envie, cette pulsion. La passion me ronge. L'amour de l'inconnu. Ce n'est pas un crime d'aimer. Combien même j'en mourrai, nous allons tous fatalement à cet fin. Je ne cherche qu'à jouir de ma fragile existence. Sur le fil je m'aventure. Du cirque : je serai le plus spectaculaire. Laissez-moi voler, laissez-moi transgresser. Cachez-vous les yeux, offusquez-vous.
-"Qu'importe", me dis-je.
Tout cela ne vaut d'être vécu qu'à l’extrême. Les sensations sont les témoins de notre présence. Je les ferai se multiplier, je marquerai mon passage au fer de mon sang. Je me rends bien compte que partir si loin me mène à Léthé, à ce fleuve de l'oublie. Plus je m'égare, plus je disparais au fond de moi. Même si dans les cœurs je persiste, dans le mien je ne suis déjà plus qu'une note dans cette mélodie des adieux. Alors j'en profite, et je cours à en perdre haleine. Je me blesse. La douleur me donne cette impression de raison, cette sensation d'absolu vérité. Je ne savais pas qu'il y avait du cristal dans ce tunnel. Que vois-je au loin ? N'est-ce pas de l'eau ? Mais. Il s'agit d'une source ! Je fais appelle à Ecrapule. Vas mon petit, amuse-toi aussi. Stalgy, à ton tour, il fait un temps à tes souhaits. Les grottes, c'est son élément. Quelle quiétude ... Quel calme ! Ce froid me glace les os, et pourtant je suis si bien que j'en mourrai. Cet air givrant que je respire me rappelle à la vie, il rafraichit mes idées, non seulement ... Mes peines. Devrais-je ressortir ? Je ne sais plus le chemin. Je verrai le moment venu ... C'est ainsi que je fonctionne. Par pulsion, par instinct. Aller au bout, et attendre au détour, telle est ma voie. Je ne me pose des questions que sur le trajet, lorsque j'arrive ... le vide. Plus rien. A se dire finalement, pourquoi me suis-je tant tourmentée ? N'était-ce donc que cela ? C'est étrange comme les choses changent à chaque instant. Tout est si mouvant, et si statique ? Trop compliqué, beaucoup trop recherché. Se taisent mes pensées. Recroquevillée sur moi-même je sens les pinces d'Ecrapule ... Il veut jouer. Souriante, je lui tend une manche qu'il pince. Accroché, je le fais se léviter, puis, se balancer dans les airs ... fébrilement. Je ne veux pas qu'il prenne peur en raison d'un geste incontrôlé. Soupire. Stalgy se pose sur mon crane.
- "Ehh, toi, descends de là ! Ca me gèle."
Dans le feu de son exécution, elle se cogne à mon bras.
- "Viens-là ..."
Je le prends dans mes bras. Elle est glacée, mais je la sens. Peu m'importe sa température, c'est elle. L'erreur est de prétendre que l'amour est une chaleur qui vous envahit. L'amour est toujours présent dans nos esprit. Le réaliser nous réchauffe. Ahh ... Je m'embrouille ... Toutes ces contradictions ... Mes convictions, mes idées, mes croyances ... Résultent en une disharmonie nommée réalité.
"Il fait." Voilà.
A cet instant je réalise que je ne porte aucune attention à ce qui est, au concret. Comme ces lieux. Je n'ai fait que décortiquer mes émotions. Si je portais un œil sur cette eau si clair, si brillante, elle semble si fraiche. Cette roche accrocheuse, dur, rugueuse, et rassurante par sa solidité. Ce lieu est circulaire, taillé par la nature. Brut. Une harmonie profile. La base, à mes pieds quelques pierres, quelques poussières, quelques résidus, mais surtout du sol en roche, le même qu'au dessus, et autour de moi. C'est la maison du minéral. Pas un être vivant sauf moi. D'où cette ambiance lugubre, très vide, in-sondé et insondable. C'est inondé d'un rien, du vide.
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