Aujourd’hui encore, les nuages attiraient largement plus l’attention d’une demoiselle que les cours qu’énumérait son enseignant. Alors quelle se faisait tournoyer son stylo entre ses doigts, le son d’une bille grattant le papier entrecoupait les dires du professeur. Certaines filles murmuraient et pouffait pour une rien. D’autres ne pensaient à qu’à trouver un ou une copine. Cela lassait horriblement Diane qui ignora clairement la question qu’on lui posait. Ce ne fut que lorsqu’elle sentit un léger coup sur le haut de la tête, qu’elle daigna se tourner vers la personne qui avait osé interrompre sa contemplation. Son enseignant. La Lychnis émit un grognement et le fusilla du regard. Il soupira et ne préféra pas s’attarder sur la demoiselle. Il savait qu’elle risquait de s’énerver, il voulait juste vérifier si elle prenait des notes et ce fut étonnement le cas. Elle notait certes le strict minimum mais se montrait tout de même consciencieuse. Ce fit le seul moment qu’avait retenu Diane de la matinée.

La sonnerie tinta dans tout l’établissement, sonna le glas des cours pour sa classe. Diane s’étira de tout son long en émettant un soupir de bien-être. Elle avait besoin de se dégourdir au plus vite. Rester dans le calme la stressait. Elle retira son chapeau et se protégea de la lumière du soleil avec son parapluie. Oui, même en cours elle devait protéger sa peau. Elle avait l’autorisation de porter des couvre-chefs grâce à la visite médicale obligatoire au début de l’année. Elle aimait en changer à tel point qu’elle a du frapper plusieurs qui avaient osé parier sur ce qu’elle avait porté. Oh, les avertissements de la directrice la freinèrent juste un peu mais les élèves de son groupe avaient aussi arrêté ce jeu de peur de subir des coups bas de la part de Diane. Elle sortit une montre à gousset et détala à toute vitesse vers le réfectoire. Son estomac pile à l’heure criait famine.

Ce fut une folle furieuse affamée qui courut dans les couloirs malgré les remontrances de la délégué ou des professeurs. Elle s’arrêta dans un dérapage contrôlé, après avoir bousculé et renversé plusieurs élèves au passage, à l’embrasure de la cantine d’Alcea Rosea. Elle prit un temps de pause pour humer la bonne odeur des lieux. Les saveurs titillaient son nez mais aussi horriblement son ventre qui émit un énorme gargouillement. Bon il ne fallait pas traîner et déranger le démon de la gourmandise. Alors qu’elle se tut en rejoignant la file, elle fit sortir ses deux pokemon qui partirent choisir une table comme si de rien n’était. La salle était encore vide. Diane faisait parti des dix premiers élèves arrivés. Mais ceux-ci sentirent une aura malsaine derrière eux : Diane qui leur jetait un regard noir, vous savez celui très insistant comme si on vous dardait des piqûres dans le cou.

Une fois servie et plus rapidement que prévu –certains de ses camarades ayant décidé de lui céder la place, elle rejoignit ses deux amis, déposa son plateau et sortit de son sac de cours deux bols où elle déversa des croquettes qu’elle avait fait pour Evoli et Pachirisu. Elle leur donna une caresse et leur souhaita bon appétit. Etrangement, personne ne vint s’installer près d’elle laissant toujours une table entre la leur et la sienne. Ce ne fut que quand la salle se remplit que les élèves s’installèrent près d’elle. Tout le monde savait qu’elle possédait un appétit d’ogre et avait tendance à vous lancer un regard qui vous rendait coupable pour vous appâter. C’était ainsi qu’elle récupérait souvent une salade ou un petit pain en plus. Il valait mieux lui donner quelque chose avant que son regard devienne assassin et qu’elle vous donne « une pichenette ».

Diane faillit commencer son repas quand elle reconnut le Coxy d’Emilio. Elle sourit. C’était une technique comme une autre pour avoir son déjeuner. Elle l’observa en se délectant de la petite salade de pâtes. Il la rejoignit avec son enthousiasme habituel. Elle se demandait comment il faisait car souvent elle avait parfois des moments où elle n’était plus qu’une vieille chaussette chiffonnée. La dresseuse lui adressa un sourire et lui désigna une chaise en face en faisant attention de ne pas parler à cause de sa bouche pleine. Pachirisu leva son minois de son repas et salua de la patte droite les nouveaux arrivant ; Evoli quand à lui hocha de la tête. Une fois sa bouchée dans son ventre, elle prit des nouvelles d’Emilio :

« - Toujours la forme à ce que je vois. Menu spécial aujourd’hui ? Ah j’ai pris des croquettes pour tes pokemons aussi. Ca vaut un dessert ça » répliqua-t-elle malicieuse.

Tous entendirent clairement des soupirs soulagés à cette réplique. Diane apparemment ne picorerait pas dans leur plateau, du moins ils avaient plus de chances de savourer leur repas. La jeune fille émit une seconde un sourire carnassier avant de reprendre un visage souriant. Elle n’attendit pas la réponse de son ami pour charcuter la cuisse de poulet dans son assiette. Pachirisu avait déjà fini son repas et grimpa sur les cuisses de sa dresseuse qui continua la discussion après s’être nettoyé la bouche :

« - Quel est le mot et la devinette du jour, Emilio ? »

Le brouhaha du réfectoire s’élevait de plus en plus. La salle se remplissait à vu d’œil et malgré tout, les deux comparses discutaient allègrement, ignorant superbement ceux qui chuchotaient en les regardant. Ils devaient être parmi les plus voyants de la vaste pièce, ressemblant au fur et à mesure à une assemblée de fourmis tellement il était difficile de s’y retrouver. Ils s’amusaient et profitaient de pouvoir rire, ils en avaient bien le droit, l’heure du repas était signe de convivialité après tout ! Les élèves d’Alcea Rosea devaient s’estimer heureux qu’Emilio discute avec Diane… En effet, cette dernière, quand elle mangeait seule, possédait la manie de se promener partout après avoir satisfait le gouffre qui lui sert d’estomac, pour grappiller des desserts par ci par là. Selon elle c’était pour tenir le reste de la journée sans cela, elle mourrait de faim et taperait largement plus sur le système…

Pendant que des élèves sortaient de la cantine pour se sustenter sur les toits, Diane terminait son plateau repas et ne retint pas la menace d’Emilio, la faim étant plus forte que tout… Elle ne fit qu’esquisser un sourire carnassier avant de l’écouter avec amusement tout en se délectant de son repas, bien trop rapidement pour des personnes normales. De son sac elle sortit même deux petits sandwiches sachant que le déjeuner ne lui suffirait pas. Evoli jeta un coup d’œil à sa dresseuse et secoua légèrement sa tête, las de voir qu’elle n’était qu’un ventre sur pattes. Pachirisu au contraire lui continuait à grignoter te parvint même à chaparder dans le bol de son camarade pokemon. L’académie avait bien saisi une partie du caractère de l’élève pour lui donner l’écureuil électrique, qui était aussi facétieux et gourmand qu’elle…


Les deux comparses de la maison Lychnis n’y faisaient pas attention mais certaines filles lançaient des regards outragés et voir envieux en direction de Diane qui mangeait sans se limiter et en se faisant plaisir. Elle n’avait pas besoin de faire attention à sa ligne. La demoiselle se fichait complètement d’être mince ou grosse sans tout de même vouloir être obèse. Il y a des limites tout de même ! Elle s’estimait tout de même heureuse d’être constituée ainsi pour pouvoir narguer les miss superficielles. Heureusement pour ces dernières que Diane ne pensait qu’à se goinfrer sinon elles auraient eu droit à un geste franc et obscène de la main. Tout d’un coup surgit le mot du jour qui faillit faire étouffer de rire la résidente de l’académie. Elle parvint de la manière la plus élégante qui soit, c’est-à-dire émettre des grognements à travers une serviette qu’elle avait tout juste le temps de prendre avant d’éparpiller des miettes de son repas sur la table. Charmant n’est-ce pas ?

« - Kof kof… Arghuh… Dis donc très recherché. » [/color]répondit-elle à moitié hilare et souffrante.

La demoiselle, si on peut l’appeler ainsi vu la vision précédente, prit une petite bouteille d’eau qu’elle via à moitié pour soulager sa gorge et se jeta sur le dessert pour lui faire oublier les picotements présents dans sa gorge. A la première cuillérée, elle émit un soupir de soulagement peu discret que plusieurs tablées se tournèrent vers elle. Diane leur répondit d’un salut de la main digne de la Reine d’Angleterre. Certains élèves masculins eurent envie de lui répondre par un poing dans la figure. Des filles firent un mouvement de la tête pour l’ignorer. L’insolence de la jeune femme ne plaisait pas mais au moins elle s’amusait. Heureusement qu’Emilio était occupé à réfléchir sur la blague. Diane ne voulait pas le déranger et montrer son côté provocateur.

L’éclat de rire qu’essayait de retenir Emilio attira encore l’attention sur eux. Diane pencha quelque peu à la tête intriguée de voir la bêtise qu’il allait sortir. Mais le rire fut très contagieux. Les lèvres de la demoiselle tremblaient. Avouer qu’elle trouvait son ami drôle ? Jamais de la vie ! Et avant qu’elle puisse l’interroger sur la blague, le moment fatidique arriva. La blague s’abattit sur les deux camarades et Diane se figea alors que son interlocuteur s’esclaffait. Le temps que la réplique fasse le chemin sur qu’au cerveau de la dresseuse pokemon qui avait peur de comprendre le sens de la blague… Puis après quelques secondes de silence, elle fit un commentaire d’une voix qui, d’abord neutre, devint de plus en plus étrange :

« - C’est nul à ch… Humpf. Mais cette blague n’est pas drôle… Pfff ! Hahahahaa ! Miaoux Chaffreux !! Ah j’ai Mal au veeeentre ! »

Cependant le fou rire fut de courte durée, un groupe d’élèves s’approchèrent d’eux et l’un d’entre eux, un jeune homme asséna un coup de poing sur leur table, le visage colérique. Diane lui jeta un coup noir mais son fou rire était encore présent, elle ne put se retenir d’éclater au nez des nouveaux arrivants qui se renfrognèrent davantage. Les deux pokemon de Diane eux se tenaient aux aguets alors que d’autres élèves regardaient la scène telles des mouches autour d’un excrément de ruminant. Certains devaient vouloir voir Diane se prendre une bonne rouste qu’elle arrête d’agir comme elle le veut, d’autres étaient juste curieux de voir une bagarre débuter.

« - Vous allez arrêter de faire comme si le réfectoire vous appartient, d’accord. Vous êtes des cas qui cherchent à attirer l’attention pour qu’on s’intéresse à vous pauvres « cons ». »

[Désolée pour la groissièreté mais ça colle aux évènements éè]

A l’énoncé du terme insultant, Diane se leva brusquement, sa chaise basculant au sol. Elle n’en avait rien faire ni de la bassesse de son geste ni du règlement d’Alcea Rosea. La jeune fille n’aimait pas les gens qui sortaient des tels mots pour une raison stupide. Attirer l’attention alors qu’elle agissait sans pudeur, sans limite, parce qu’elle était elle-même sans se soucier des autres ? Foutaises. Les autres étaient trop coincés du derrière mais ils désiraient plus que tout qu’on le remarque. Pitoyable. Elle voulut asséner un bon coup de poing dans la tête de l’enquiquineur sans daigner attendre la réaction de son ami. Mais le tintement d’un couvert près d’Emilio la déconcentra et elle croisa alors son regard amusé qui contrastait tellement avec l’expression de son visage. La lychnis comprit et faillit éclater de rire. Evoli et Pachirisu ne comprenaient plus rien, le premier observant la scène par pure curiosité et le second repartant grignoter dans l’assiette de sa dresseuse. Oui, ce vil écureuil en profitait pour piocher sur le plateau de son amie humaine… Passons ce détail.

Diane se retint d’agir et laissa son camarade et complice agir. Elle ne détourna pas le regard, les poings toujours serrés, les yeux jetant des éclairs sur les perturbateurs. Ces derniers semblaient hésiter à bouger. Une Diane en colère était difficile à arrêter, surtout qu’elle oubliait parfois ce qui se passait autour d’elle se concentrant juste à la bagarre en elle-même. Mais ce n’était pas cela le pire. Emilio était connu pour être toujours joyeux quelque soit la situation et cette fois, il avait l’air si sérieux… La dresseuse savoura le moment de silence apeuré qui émanait du groupe de troubles-fêtes et le summum arriva à la réplique même du jeune homme coloré. Il y eu un blanc et pendant qu4emilio tentait d’apaiser le jeu, Diane éclata d’un rire franc et enfantin. Elle voulut répliquer un « Espèce de blaireau ! » mais cela s’étouffa dans sa gorge et se mua en un grognement étrange et grotesque. Diane Pham, féminine ? Mais c’est un mythe ça !
Même une partie de groupe tremblait pour ne pas rire en comprenant le jeu de mot mais deux d’entre eux fusillaient les deux Lychnis d’un œil noir, l’un d’eux attrapa le col d’Emilio mais à peine eut-il touché le vêtement que Diane agrippa le poignet du garçon. Ce dernier relâcha directement sa prise et grimaça. Le second luron ne bougea pas ainsi que l’auditoire que formaient les autres élèves.

« - Je vais devenir méchante si tu continues, Carabaffe… Ah pardon gare à la baffe. Mon ami m’influence un peu trop je pense », réplica-t-elle en souriant de manière malveillante.

Puis elle relâcha le bras de l’idiot qui avait voulu tenter le diable. Diane rit de nouveau et à plein poumon se rendant compte de la nullité de sa réplique. Oui, elle avait reçu le message, elle ne jouerait pas des poings et restera sage. Mais là elle venait de briser l’image que tout le monde voyait en elle. Une brute épaisse avec une poitrine venait de devenir une brute avec un humour foireux. Ce fut un moment à graver dans les mémoires. La Lychnis ne ressentit pas de honte, au contraire elle s’amusait. Comme quoi la violence n’était pas une réponse à tout, tout compte fait. Emilio était décidément celui qui parvenait à le rendre plus douce et plus mature même si en apparence on aurait dit l’inverse. Diane fixait toujours les élèves d’Alcea Rosea qui s’en allèrent voyant des enseignants arriver à cause du tapage aux alentours. La jeune fille esquissa un sourire narquois et détourna son regard vers Emilio les oubliant comme si de rien n’était. Elle remit sa chaise et se rassit en pinçant une joue des joues de Pachirisu.

« - Comme si j’allais ne pas m’en apercevoir, toi… lança-t-elle faussement menaçante puis elle regarda son ami et lui sourit. Tu sais Emilio, mes journées seraient fades sans toi… Euh non, je voulais dire que tu aurais pu me laisser me débrouiller avec eux… »

Elle reporte son attention sur son assiette vide, gênée.

Opposés ou semblables ?

■ Diane soupira, le déjeuner était gâché à cause de cette interruption par des imbéciles. Mais ce qui perturba le plus la dresseuse fut le fait que son ami daigne toujours rester avec elle alors qu’elle était celle qui attira ce genre d’ennuis. Bien qu’elle joue des gros bras, ces évènements qui arrivaient de plus en plus souvent la fatiguaient et la fragilisaient. N’importe qui, qui entrait dans le réfectoire encore plein de monde, pouvait observer ce décalage entre les deux Lychnis, l’un était encore rayonnant, heureux d’avoir une compagnie avec qui il passait du bon temps et l’autre, le regard dans le vague, se sentant coupable d’attirer les embrouilles en tout genre. Mais elle releva rapidement le visage, rendant le sourire sincère à Emilio. Au moins, il l’appréciait et c’était bien ce qu’elle chérissait le plus. Cela non plus, elle ne l’avouerait jamais. Elle avait peur des liens et ne savait pas comment exprimer ses sentiments sauf la colère. La jeune fille gardait cependant contenance, ne voulant pas montrer ses faiblesses. Elle prit sur elle et répliqua avec un ton dramatique :

« - Comment oses-tu douter de moi ? Considère plutôt que je t’attaque avec Coud’Main ! Jamais oh grand jamais je ne prendrais la place du vénéré quand gourou des pokeblagues !»

Si elle n’était pas si fière, elle aurait joué complètement le jeu et se serait levée pour se prosterner devant son camarade sans se soucier des autres. Mais elle était encore morose malgré son sourire. Mais quelque chose de magique vint illuminer cet instant sombre. Le grand manitou au nom d’Emilio tendait une moitié d’omelette vers le ventre sur pattes qu’était son amie rousse. Elle était gourmande mais aimait aussi se consoler avec la nourriture. Une fois, Emilio était parti la chercher pour aller en cours et découvrit une montagne de cadavres de pots de glace à la vanille et à la fraise. Diane sortit couteau et fourchette, avide de se jeter sur le plat appétissant. Bien sur qu’elle n’allait pas se gêner et refuser la caverne d’Ali baba ! Non mais où irait le monde ! Elle découpa un morceau et avala une grosse part. Elle déposa rapidement les couverts pour mettre ses mains sur ses joues. Elle secoua son visage de gauche à droite et s’écria :

« - Raaa délicieux ! Merci Emilio ! Miam ! »

Alors qu’elle mordit dans un autre morceau d’omelette, Emilio sortit une réplique qui manqua de la faire étouffer. Heureusement, elle avait pu avaler sinon la table aurait été décorée d’une façon new-wave avant-gardiste et peu ragoûtante. Elle toussa pour calmer la douleur et but au goulot de sa bouteille d’eau. Elle lança un regard faussement réprobateur en direction de son ami coloré et aperçut deux pokemons gourmands en train de fixer son assiette. Et notez bien, elle découpa le reste du plat en deux et tendit les deux parts vers Acro et Pashirisu en signalant qu’ils étaient une bande de « morfales finis ». Oui oui, c’était bien l’hôpital qui se foutait de la charité. D’ailleurs, elle croisa les mirettes outrées du pokemon électrique auquel elle répondit par un sourire narquois. Diane évitait de croiser le regard d’Emilio. Jamais au gr and jamais, elle lui répondrait à la positive. Ce fut pourquoi elle éluda cela par une question :

« - Dis je ne t’ai jamais demandé ça mais comment fais-tu pour rester toujours aussi joyeux ? Comment fais-tu pour trouver toujours des blagues ? »

Avant d’avoir pu obtenir la réponse, un groupe d’enseignants les rejoignit, chargé tous d’un plateau. Diane leva le regard vers eux, la mine renfrognée. Non, encore cette fois elle se retiendrait de provoquer une autre querelle. Oh, elle se fichait bien qu’il s’agissait de professeurs ou non. Mais elle ne fit aucune remarque. Elle regarda l’heure et vit qu’ils avaient traîné toutes les deux. Evoli et Pachirisu aussi s’étaient décalés pour laisser la place aux adultes. La Lychnis se leva et sortit ses pokeball pour rappeler ses pokemon. Puis elle débarassa son côté de la table et s’inclina vers les enseignants avant de se retirer un peu plus loin. Elle attendit alors Emilio et lorsque ce dernier la rejoignit, elle lui sourit :

« -Alors cette réponse ? Bien sur, pour que ça soit équitable, tu as droit à deux questions. »

Des éclaircies avant la tempête.

■ La Lychnis déposa son plateau, saluant avec un sourire les cantiniers encore presents. Ces derniers semblaient soulagés. Il ne restait plus qu’une dizaine de personnes à servir. La fin de leur service s’annonçait et les derniers instants de leur motivation étincelèrent dans leur regard, dans leurs gestes. Diane, cependant, resta attentive aux paroles d’Emilio, ignorant le labeur de ces derniers. Elle s’en excusa mentalement mais le brouhaha, qui régnait encore au réfectoire, était encore assez assourdissant. Il fallait se concentrer pour pouvoir démêler les mots de son camarade de la cacophonie des lieux. Les mains libres, la jeune dresseuse croisa ses mains et les releva pour s’étirer un bon coup. Elle laissa son ami continuer, amusée par son vocabulaire, par l’univers dans lequel Emilio était.

Ce dernier était un optimiste et ne jouait pas des poings à l’inverse d’elle-même. Parfois elle le jalousait secrètement sans pourtant lui en vouloir. Chacun avait un passé et nul ne pouvait en changer les rouages. Diane ne regrettait pas d’avoir été forgée ainsi mais il lui arrivait d’imaginer une enfance différente de la sienne. L’insouciance de son ami l’amusa et la rendait morose mais elle ne le montra pas. L’image enfantine qu’Emilio lui renvoya lui donnait tout de même le sourire. Certains élèves passèrent devant et certains s’arrêtèrent. Une Diane Pham qui sourit honnêtement était un évènement considéré comme paranormal à Alcea Rosea. Elle éclata de rire quand Emilio commit une erreur normalement irréparable.

Jouant sur le suspense, elle tapota son menton avec son index droit et ne fit aucun commentaire, mimant une réflexion intense. Elle jeta un coup d’œil vers le Lychnis et ses lèvres la trahirent, tremblant légèrement pour retenir un second rire. Pouvoir poser des question à Diane était souvent un fait rare. Bien qu’elle était connue pour ses frasques, personne à part l’administration ne savait grand-chose sur elle. La jeune fille abordait rarement ce genre de sujet, préférant s’intéresser aux autres. Alors qu’elle parvint à subtiliser un sac de bonbons d’une poche d’un première année, elle répondit enfin avec un sourire :

« - Comme c’est Zarbi, j’ai cru comprendre trois questions en même pas dix secondes… Hum j’ai du rêver, tu ne crois pas ? Allez tu as droit à une seule question cette fois avec un bonbon en prime. »

Oui, c’était osé de partager son larcin et faire comme si cela lui avait toujours appartenu. Mais le première année ne s’en était pas aperçu alors bon. Elle espérait aussi que les sucreries empêcheraient de voir un Emilio bouder un peu. Elle tendit même une douceur vers Coxy, l’air guilleret. Avant qu’elle puisse ranger le sachet dans sa ceinture, un petit garçon arriva sous leurs yeux et n’osait pas aborder Diane, qui soupira et s’accroupit vers lui et lui caressa le haut de la tête. Puis elle lui tendit le paquet :

« - Tes bonbons étaient délicieux, il en reste encore. Fais attention à tes affaires. Les Ronflex comme moi, tu vas en croiser souvent… »

Diane esquissa un sourire, voyant son cadet se rassurer et la remercia :

« - Tu n’es pas si méchante que ça comme disent les autres. »

A peine eut-il fini sa phrase que Diane finit craquer ses doigts, les mirettes flamboyantes :

« - Et qui donc, mon petit ? »

L’enfant avait déjà fui, effrayé de voir la véritable Diane. Celle-ci se retourna vers Emilio, une expression malsaine encore affichée sur le visage. Alors comme ça, ce mioche connaissait des personnes aux messes basses. Mais il fallait qu’elle rencontre ces personens afin qu’ils puissent se libérer de leur poids face à elle. Elle allait leur rendre service en les retrouvant et leur donner LA récompense qu’ils méritaient. La Lychnis esquissa un sourire carnassier et tapota l’épaule de son camarade. Avait-il deviné ses attentions ? Elle s’en fichait. Au moins elle voulait s’amuser un peu avec Emilio avant d’être, comme dire, plus fracassante ?

« - Que dis-tu d’une partie de détective ? »

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