« Le secret de la vitalité ? De l'alcool, des cigarettes et surtout pas de sport. »

Jusqu'à présent voilà à quoi se résumait ma vie. Cette phrase était en quelque sorte ma « philosphie » ; Le fil conducteur de ma pensée. Oui, j'étais persuadé que moins j'en faisais mieux je me porterai. Pourtant aujourd'hui, dans un élan de stupidité, je remis en cause mon mode de vie et eus presque l'envie de sortir afin de courir un peu. D'après les dires des experts, pratiquer une activité sportive aidait. Qui plus est, toujours d'après ces mêmes personnes, une bonne condition physique était primordiale pour devenir un bon éleveur de Pokémon. Maintenant que j'y pense, il est vrai que grand nombre de dresseur très réputés avaient une intégrité physique exceptionnelle. On ne comptait plus les maîtres d'arène de type combat ayant une musculature à peu près trois fois supérieur à la mienne. De Aldo à Kunz, en passant par Melina. Ils étaient tous de bons sportifs et donc de bons dresseurs. Qui sait, peut-être était-ce cela qui me faisait tant défaut ? Peut-être était-ce pour ces raisons que je ne cessais de perdre depuis quelques temps ? Mh...Peut-être bien qu'au fond, l'âge m'avait rendu plus faible. Alalalah...Il y avait tant de facteurs explicatifs possibles. Lequel était le bon ? Je n'en savais fichtrement rien et ça, cela ne me plaisait pas. C'est pourquoi, j'allais tout faire pour récupérer ma forme d'antan. À commencer par pratiquer une activité sportive. Si si, je vous jure. Pourquoi riez-vous bande d'ignares hein ? Vous me croyez incapable de faire du sport c'est ça ? Et bien je vais vous montrer, moi ! Certes je suis un alcoolo, certes je suis accroc à la nicotine ce qui ne favorise pas la pratique sportive néanmoins j'avais la volonté de vaincre d'un Mohamed Ali déchaîné. Ne vous méprenez pas pour autant, il était hors de question que je pratique un sport violent. Non non, j'allais me mettre à la course ! Et ouai ! Ça ne se voit pas comme ça mais j'ai l'âme d'un marathonien moi. Bon, par contre, courir en costume et avec un haut de forme n'allait pas être pratique mais malheureusement, je n'avais pas de tenue plus adéquate. En outre, il était tout bonnement hors de question que je me sépare de mon précieux chapeau. Ainsi, même si la logique aurait voulu que j'aille chercher d'autre affaires, je partis en direction du complexe sportif habillé, comme d'accoutumé, d'un costume noir, d'une cravate ainsi que de mon héritage familial, je veux bien entendu parler du haut de forme.

Arrivé là bas, je regardai autour de moi. Visiblement il n'y avait personne. C'était une bonne chose. En effet, je me voyais mal courir devant tout un tas d'élèves déchaîner. D'une car je n'aimais pas qu'on me voit alors que je courrais et de deux car à tout les coups, on allait se payer ma tête. Étant assuré d'être seul ici, mes yeux bruns se posèrent sur ma montre. Il était dix heurs vingt huit. Objectif : Courir à mon rythme jusqu'à onze heures. Bon, ce n'était pas énorme en soi. J'avais juste à courir pendant une bonne trentaine de minutes. Rien de plus. N'importe qui pouvait le faire, n'est-ce pas ? Entamant ma course par de petite foulée, je vis défiler peu à peu les paysages. Ma tenue n'était vraiment pas faite pour la course et je me sentais plus que serré dans ce pantalon de toile mais peu importe. Il faut souffrir dans la vie pour retrouver la forme ! Comme le disait si bien un grand philosophe de l'antiquité : « Le bonheur passe par l'acceptation de la souffrance » et là...Je devais accepter souffrir. Bientôt, une, deux, trois puis bientôt dix minutes passèrent et étrangement je me sentais parfaitement bien. Il est vrai que je n'avais pas encore la vitesse d'Usain Bolt mais toujours est-il que je tenais dans cette course d'endurance. Vingt minutes, puis trente s'étaient écoulés depuis le démarrage de ma course. J'avais fais en tout et pour tout trois tours de terrain ce qui, pour mon âge n'était pas mauvais. Plus que deux petites minutes et j'avais atteint mon premier objectif : Tenir jusqu'à onze heures. Malheureusement, à une minute trente de la fin, le lacet de ma godasse se défit et me fit trébucher comme une belle crotte. En même temps, se trimballer avec des mocassins pour courir … Quelle idée stupide. Comme si cela ne suffisait pas que j'échoue, je m'étais fais mal en plus. Et comble du comble, une élève avait pointé le bout de son nez entre-temps. Cette dernière avait donc due de me voir tomber. Tenant fermement ma jambe gauche – celle qui était blessée – j'essayais tant bien que mal de me relever...Quelle journée de merde.

A peine tombé, une femme vint à mon secours. Elle était jeune, sportive, brune aux yeux d’émeraudes. Je ne savais pas d’où elle sortait ni ce qu’elle faisait ici mais croyez-moi, elle me semblait fort sympathique. Déjà, elle ne s’était pas moquée de moi ce qui était un bon point. Par ailleurs, elle m’aida à me relever et à me poser sur le banc le plus proche d’ici ce qui était très aimable de sa part. Et comme si cela ne suffisait pas, elle possédais un Pokémon adorable : Un Evoli ! Ah ! Les Evoli et moi ! c’est une grande histoire d’amour qui remonte à il y a de cela quelques années maintenant. Je me souviens quand j’avais encore une dizaine d’années et que j’harcelais sans cesse mon père afin qu’il m’offre un Evoli comme premier Pokémon. Au lieu de ça, j’avais hérité, allez savoir pourquoi, d’un maudit Skelenox à l’haleine putride. Je parle bien entendu de Neoxis là. Car oui, ce qu’il faut savoir c’est que si j’avais eu ce Pokémon et pas un autre ce n’était en rien un de mes choix. Personnellement, si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurai préféré avoir, comme tout les adolescents de mon age un pokémon dit « classique. » Vous savez, ces habituels compagnons pour enfant que pouvaient représenter des Pokémon comme Caninos, Evoli ou encore Gobou. Et moi qu’est ce que j’avais eu hein ? Un Skelenox ! Youpi ! Un spectre. Non mais vous y croyez vous ? Enfin bref, peu importe. Tout ça pour vous dire que depuis tout temps, je rêvais d’avoir un jour un Evoli. Ça ne paraît pas comme ça mais posséder ce genre de Pokémon était quelque chose d’exceptionnel ! Etre en mesure de faire évoluer son pokémon en un Pokémon psy, ténèbres, eau, feu, éclair, plante ou même glace. Il y avait tellement de possibilité avec un Evoli. Il y’en avait pour tout les gouts en somme. Vous cherchez tel type de Pokémon ? Et bah vous l’avez ! Bref, tout ça pour dire que ce Pokémon était l’un des plus mignon et des plus versatile qui soit. Quelque peu intrigué par l’amabilité de mon interlocutrice qui semblait réellement se soucier de ma santé, je me contentais de lui répondre timidement.

« Oui oui, je vais bien merci. J’ai juste trébuché. Je crois que c’est à cause de mes godasses, elles ne sont pas vraiment adaptées pour pratiquer une activité sportive. Je savais que j’aurai dû prendre autre chose que ces chaussures de ville. Enfin bon, erreur de débutant je suppose. Pour la prochaine fois je serai prévenu. »

Je disais cela un sourire aux lèvres comme d’accoutumé. Mes yeux parcoururent mes deux pauvres mocassins usés qui m’avaient fait tomber. Si seulement je me serai trimballer comme tout ces jeunes avec des chaussures affreusement cher portant le nom d’un sportif ou je ne sais trop quoi encore, peut-être aurai-je pu éviter la chute et donc réussir défi. Au lieu de ça, voilà que j’avais échoué aux portes de la réussite tel un blaireau. Enfin bon, cessons de parler de moi et intéressons nous plutôt à cette jeune demoiselle. Après tout ce n’est pas parce qu’on fait un peu de sport qu’il n’est pas convenable de converser avec autrui. Au contraire j’avais lu dans un livre savant il y a très longtemps que le sport était un facteur d’intégration et pouvait améliorer les relations entre plusieurs personnes ne partageant pas pour autant les mêmes avis. Ainsi, d’après tout un tas d’études très compliqués, nous – ou devrais-je dire l’homme en général – avions prouvé que l’homme augmentait le niveau de sociabilité des gens. Si tel était le cas, je comprenais maintenant pourquoi tant de gens me détestaient… Bref, trêve de plaisanter et entamons la conversation. Levant les yeux vers mon interlocutrice, la maîtresse de l’Evoli, je me mis à la mitrailler la jeune femme de questions.

« Et sinon vous, vous venez souvent ici pour courir ? Et accessoirement comment vous appelez-vous ? Ah et soit dit en passant, vous avez un très beau Pokémon !  »

Questions banales. Le genre d’interrogations que tout le monde pose lors d’une première rencontre. Pour ce qui était de la remarque sur Evoli, il faut être franc, cela m’avait plutôt échappé. Cela dit, je le pensais vraiment. Ce Pokémon était si « cute » comme le disaient les jeunes de nos jours.

Je vis le regard de l'inconnu s'attarder sur mon Evoli, alors que je continuais à poser mes questions en rafale. Je remarquais alors une pointe de tristesse mélangé à de la tendresse dans son regard, avant qu’il ne prenne la parole pour me répondre.

« Oui oui, je vais bien merci. J’ai juste trébuché. Je crois que c’est à cause de mes godasses, elles ne sont pas vraiment adaptées pour pratiquer une activité sportive. Je savais que j’aurai dû prendre autre chose que ces chaussures de ville. Enfin bon, erreur de débutant je suppose. La pour la prochaine fois je serai prévenu. »

A ces mots je ressentis une bouffée de tendresse à son égard. Je ne savais pas si c’était dû à sa manière de parler ou à son accoutrement décalé mais quelque chose chez lui m’inspirait une profonde sympathie. Chose que je n’avais plus ressentit depuis des lustres, plus précisément lors de la trouvaille de mon Evoli.

C’était il y a maintenant presque deux ans, je m’étais enfuie de chez moi pour partir à l’aventure et prouver à tous que je n’étais pas qu’une fille de ferme ou la petite sœur d’un champion et d’un génie des sciences.
M’étant retrouvée sans rien à la rue j’avais dû à de nombreuses reprises dormir dehors et un soir j’avais rencontré un petit chiot qui visiblement était comme moi : sans abris. Il m’avait tenu chaud cette nuit-là, et finalement il ne m’avait plus quitté. Me défendant lorsque des vagabonds venaient me chercher des noises et m’aidant à voler un peu de nourriture par-ci, par-là.

Je sortis de mes pensées lorsqu’il commença à me poser des questions à la chaine. Cela me fit rire.

- Eh doucement ! Une chose à la fois ! Je souris gentiment. Je m’appelle Ayme Jade Eros, je suis nouvelle ici. Mais appelez-moi soit Jade soit Ayme ! Et non je viens très rarement, je déteste courir ! Je préfère la boxe, la natation ou vélo. Mais Je viens de temps en temps pour ce bout de chou qui ne m’écoute qu’une fois sur deux !

Je désignais du menton ma boule de poils préférée. Avant de retourner à l’homme assis à côté de moi.

- Et vous ? Vous ne venez pas souvent, si ? Vous vous appelez comment ?

Je profitais de parler pour l’observer de plus près et malgré sa barbe de quelques jours et ses vêtements comme appartenant à un autre siècle, mais qui lui conféraient un certain charme, il semblait plutôt bel homme.

- Au fait il vous faudrait de vraies basket pour courir, si vous en voulez je connais un petit magasin qui en vend pas cher et de bonne qualité.

Ayme Jade Eros, c'est bien ça ? Un nom bien long ma foi... Partons sur Jade ! C'est assez courant, assez simple, facile à surtout, c'était un prénom facile à se rappeler. D'après ses dires, la jeune femme ne supportait pas la course. À contrario elle préférait des sports tels que, je cite : « La boxe, la natation, ou le vélo. » Tient d'ailleurs maintenant que j'y pense, peut-être avais-je tout intérêt à me mettre au vélo ! C'est vrai après tout ! C'était un sport pour moi le vélo. Tout les vieux de nos jours font de la bicyclette. À croire que les magasins de vélos sponsorisaient les vieux d'ailleurs...Si tel était le cas, peut-être qu'en tant que sénior j'allais pouvoir obtenir une bicyclette gratuitement ? Je crois que je rêve là. Bon passons ! Cette agréable Jade, puisque tel était son nom, m'expliqua que si elle se trouvait actuellement ici en train de courir, c'était pour la simple et bonne raison qu'elle avait suivit son malicieux Evoli. Oh ! Il était si mignon le bougre ! Tellement malin, tellement ingénieux, il avait eu la bonne idée de venir courir avec tonton Eric ! Quoi ? Comment ça la boule de poil ne devait pas se douter que j'étais là ? Qu'est-ce que vous en savez d'abord hein ! Si ça se trouve, il a senti ma présence à des kilomètres et l'a donc reconnue ! Hein ? Quoi ? Que dites vous ? C'est la première fois de sa vie qu'il me croisait ? ...Par conséquent il ne pouvait pas avoir fait exprès de venir ? C'est pas faux quand on y pense. Toutefois peu importe. Laissez le pauvre vieillard que je suis délirer en paix, jeune impétueux ! Écoutant la nouvelle question de la fille aux regard d'émeraude, je ne pus m'empêcher d'avoir un petit rire nerveux. Venir souvent, moi ? Absolument oui ! C'est bien connu ! On voit souvent des gars habillés de la sorte alors qu'ils courent fréquemment, bien entendu ! Non mais je vous jure, quelle question idiote ! Cela se voyait à ma tenue que j'étais un néophyte non ? Pour ce qui était de la question suivante, ce ne fut pas mieux. La blasphématrice ; Elle ne connaissait pas mon nom ! Diantre ! Bigre de bougre ! Bougre de bigre ! Comment cela est-il possible ? On ne me connait pas ? On ne connait pas le grand Eric Leak. Le beau, le magnifique, le puissant, le majestueux, le preux, l'impétueux, l'audacien. Le […]
Pour des raisons de longueur et histoire de ne pas endormir mon auditoire et mes lectures – ou lectrices –, je vais d'ores et déjà faire une petite ellipse et passer sur tout les adjectifs me caractérisants afin d'entrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire : Qui suis-je ?

« Je me présente, Eric Leak. Professeur dans l'art de la capture et du dressage à Alcea Rosea. Enfin bon ! Appelez moi Eric. Et je te rassure, c'est bien la première fois que je viens ici. Il semblerait que ce soit bon pour la santé et pour les capacités d'un dresseur d'avoir une bonne condition physique alors bon...J'ai voulu essayer même si visiblement, cela ne me réussit pas trop. »

En terminant ma phrase, j'entendis l'étudiante vriller sur la qualité de mes chaussures. Elle n'avait pas tort la petite. Il m'en fallait des plus adaptées. Après tout, on utilise pas ses pieds de la même façon lorsqu'on marche que lorsqu'on court. C'est pourquoi, de la même façon, nous ne devions pas utiliser le même type de soulier. Buvant les paroles de la brunette, je hochai la tête comme pour acquiescer à sa proposition. Décidément, cette Jade avait de bons arguments ! Des baskets, PAS CHERES et de BONNES QUALITÉ. Bon, en fait qu'elles soient de bonne qualité ou non j'en avais strictement rien à faire. Cependant qu'elles ne soient pas chers... Ça c'était un bon point ! Car oui, il est de notoriété publique désormais que l'Eric Leak des bois est un spécimen affreusement avare. Ne me parlez pas de dépenser, je ne supporte pas ça ! Voir mon argent s'envoler dans autre chose que de l'alcool ou dans la cigarette. Mon dieu, quel drame. Si en revanche je pouvais réussir à obtenir des chaussures de sport pour un bon prix alors là, je serai comblé. En effet, moins d'argent dépensés dans des chaussures équivaudrait à plus d'alcool et plus de tabac ! Bref, trêve de calcul savant et répondons à cette chère enfant.

« Ma foi...Je veux bien que tu m'y emmènes. Qui sait, peut-être trouverai-je chaussure à mon pied là-bas. »

Dans la série des jeux de mots bidons, là, j'avais fais fort. Très fort.

En effet, elle avait raison, il fallait un commencement à tout. Le sport n'était pas ma passion numéro un néanmoins je pouvais au moins essayer d'en faire de temps à autre ne serait-ce que pour m'assurer une bonne santé et une forme physique convenable. Pour cela encore fallait-il que j'ai du bon matériel. Sur ce point la jeunette allait pouvoir m'aider. Du moins, si j'arrivais à la suivre ce qui, avec ma jambe blessée, n'était pas chose aisée. D'ailleurs cela ne manqua pas d'échapper à la jeune Jade qui – afin de soulager ma douleur – plaqua contre mon tibia une bouteille d'eau glacée qui, comme son l'indique, était horriblement froide. Moi qui n'était pas spécialement le type d'homme à me plaindre à la première blessure ou à la première souffrance, je sentis des picotements assez gênants qui me firent pousser quelques petits : « Ah » de douleurs. Oui, j'avais beau être un grand gaillard barbu, le contact de l'eau gelée à mon pied ne me fit pas que du bien dans un premier temps et ce, même si au fond, il visait à soulager ma douleur et à soigner la partie du corps touchée. Comme pour me faire oublier cette sensation désagréable, l'étudiante aux prunelles vertes pommes me demanda si j'étais en mesure de l'aider en ce qui concernait le dressage de son Evoli désobéissant. Ah ! On parle de ma matière. Le regard fier et emplie de fierté je sentais que j'allais peut-être pouvoir me rendre utile. Voilà qui est intéressant ! À sa question je n'avais qu'une chose à répondre :

« Bien sûr que je le peux ! Je peux dresser tout et n'importe quoi ! Et surtout n'importe qui ! Des Evoli, des Noctali, des Mentali, des Aquali, des Pyroli, des Voltali, des Gyvrali, des Phylali, des Etourmi, des Lixy, des Nosferapti, des Ptiravi, des Lippouti, des Magby, des Crustabri, des Coxy et plein d'autre pokémon dont le nom se termine en « i » ! Il suffit d'assister à mes cours pour avoir les bases et ainsi être capable de se faire obéir correctement du Pokémon le plus rebelle qui soit. Si tu n'a pas encore eu la chance de venir à une de mes leçons, c'est le moment où jamais. Inscris-toi ! C'est facile, rapide, non contraignant et surtout gratuit. »

Je racontais tellement ma vie que je ne faisais presque plus attention à la douleur et à la froideur de la bouteille d'eau. Il faut dire que lorsqu'il s'agit de vanter ma matière, j'étais doué. Je pouvais bien parler des heures et des heures s'il s'agissait de faire l'apologie de mon cours. Et en réalité c'était un peu ce que j'avais fais là. J'enchaînai les mots avec une telle vitesse que c'en était tout bonnement impressionnant. À tel point que j'avais presque commis un excès de vitesse de la parole. En effet, en l'espace d'une vingtaine de secondes, j'avais réussi la prouesse technique de prononcer plus d'une centaine de mots différents. Ah ! Diantre ! Je ne m'arrêtais plus. Fort heureusement la parole de l'être humain est limitée par le besoin qu'il a de reprendre son souffle. Dans mon cas, c'était cela qui m'avait arrêté dans mon élan. Je devais aspirer une bouffée de dioxygène avant de reprendre la parole. Profitant de ma pause forcée, je me mis à déglutir et à regarder ce qu'il advenait de mon tibia. Étrangement, je ne sentais presque plus rien. Comme si ma blessure avait disparue. J'étais donc prêt à marcher jusqu'au magasin vendant les fameuses pompes pas chères et de qualité. D'un revers de main délicat, je fis comprendre à la jeune femme qu'elle pouvait laisser ma jambe tranquille et que je me portais comme un charme. Avançant avec quelques difficultés – car oui, on ne guérit tout de même pas en cinq minute –, je déclarais d'une voix sereine

« Bon, je pense que tu peux m'accompagner maintenant. J'ai hâte de voir ce magasin et ce qu'il propose. Ne t'en fais pas, ma jambe ne lâchera pas durant le trajet. Ah et si tu veux en route, on parlera du contenu des cours et des aides que je peux t'apporter concernant le dressage de ton Evoli ! D'ailleurs, si ce n'est pas indiscret, tu es en quelle année ? Septième ? Huitième ? »

Oui, pour des conseils adaptés et un programme efficace, je me devais de connaître son âge et son expérience dans l'académie. En effet, on ne parle pas de la même façon et en utilisant les mêmes termes technique à un première année comme on pouvait le faire avec quelqu'un qui avait un peu plus d'expérience et qui était par exemple en huitième ou en septième année d'étude à Alcea Rosea.