Le départ, c'est toujours important quand on vise la ligne d'arrivée.

Dernière édition par Yuna Utako le Ven 28 Sep 2012 - 22:27, édité 1 fois

Il y a quelqu'un ?

Les locaux administratifs. Tu détestes cet endroit. Cette ambiance est aussi chaleureuse que l'ambiance à un enterrement. Ou que la température au pôle sud. Et puis, la plupart des gens qui bossent ici sont... Non, pas froids. Pire. Ils sont frigides. Jamais un sourire, jamais un semblant de sympathie. Non, toujours ce sérieux froid et glacial. Tu peux rien faire avec eux. Pas d'humour. Pas de discussion. Pas de sympathie. Rien. Tu sors du bureau les mains enfoncées dans les poches, cherchant ton briquet. Tu as besoin de ce cigare. Non, mais, vraiment ! Après une heure passée enfermé dans ce foutu bureau pour régler cinq dossiers administratifs, t'as besoin de fumer un peu... Et tu sais pas où t'as foutu ce briquet à la...

Tu lâches un juron tout en avançant, et en... Trébuchant lamentablement sur ton lacet légèrement défait. Tu pars à la renverse en avant, manquant de te casser la figure, mais réussissant à te rattraper grâce au panneau d'affichage qui se tenait là. Timing parfait, encore un peu et tu t'étalais à quelques centimètres des affiches... Sauf que... Tu viens de manquer de te vautrer juste devant une demoiselle, que tu remarques à l'instant.

Oh. Désolé.

Tu te contentes de ces quelques mots d'excuse, avant de sortir ta boite de cigares de ta veste pour en prendre un. T'as enfin retrouvé ton briquet. Tu le sors, et tu t’apprêtes à l'allumer, avant de te rendre compte de ta connerie. Qu'est-ce qu'elle fichait là elle ? Elle devrait pas être en cours ? De toutes façons, tu connais à peu près le personnel de l'école. Alors, si elle en faisait partie, elle ne serait pas là à attendre on ne sait quoi. Et puis, tu aurais été prévenu. Donc... Mouais, bon, t'façons t'as rien à faire. Et puis, elle a vraiment l'air complètement paumée la pauvre... Tu fais alors volte face pour revenir sur tes pas, retournant voir la jeune femme aux cheveux roses.

Excusez moi. Je peux peut être vous aider ?

Oui, tu proposes ton aide. Non, tu vas pas ruiner ta couverture. Mais bon, tu peux pas te permettre de passer pour un asocial solitaire qui fuit l'existence humaine. Tu dois te comporter comme... Une personne normale.

Yuna regardait droit devant elle, en entendant des bruits de pas. Puis, soudain, une silhouette tomba devant elle, s'accrochant au panneau d'affichage comme à une bouée de sauvetage en plein naufrage. Elle écarquilla les yeux devant l'homme face à elle qui se redressait tant bien que mal ; en la voyant, il se redressa et s'excusa. Elle pencha la tête sans rien répondre, un peu interdite : pourquoi s'excusait-il ? Il n'avait rien fait de mal. Il s'éloigne après avoir sorti un briquet et un cigare. Elle a envie de le retenir, mais elle n'arrive pas à bouger, un peu surprise. Peut-être un peu effrayée, aussi, par l'aspect assez peu aimable du jeune homme face à elle. Il doit avoir quelques années de plus qu'elle ; sa barbe taillée lui donne un air de rebelle. Il est séduisant, de cette attraction qu'ont les hommes à l'aura dangereuse.

Il revient soudain sur ses pas. Et propose son aide. Un sourire éclaire le visage de la demoiselle ; un sourire éclatant, étincelant, presque lumineux. Il propose son aide ! Merveilleux ! Elle hoche la tête, puis réalise qu'elle devrait peut-être parler.

- Oui je veux bien. Je suis un peu perdue, je ne sais pas ce que je dois faire. Je m'appelle Yuna. Vous ne vous êtes pas fait mal, au moins ?

Sa voix reste la même, sur toutes ses phrases. Aucune inflexion de ton, une voix neutre. Mais son visage semble rayonner de bonheur ; un bonheur simple. On l'aide ! Quelqu'un a peut-être entendu son appel mental, ou quelque chose du genre ? Elle se demande ce qu'il est : professeur ? Ou peut-être assistant, un truc du personnel ? Bah, elle compte bien l'interroger là-dessus.

- Et vous, c'est quoi votre nom ? demande t-elle enfin après quelques secondes de silence. Vous faites quoi dans la vie ? Ha vous me sauvez, j'étais tellement perdue ! Je viens de m'inscrire, voyez-vous. On m'a offert mon second pokémon, et à présent, je suis élève de l'école. Mais je n'ai aucune idée de quoi faire ! On aurait peut-être pu me guider, quand même.

Et la voilà lancée. Râleuse, un peu amusée par la situation, elle est lancée dans ses bavardages. Elle pose son regard rose sur le jeune homme puis se tait, à la fois pour respirer et pour lui laisser le temps de répondre ; après tout, elle a posé des questions. A lui la parole, maintenant.

Tu croises les bras, ton cigare au coin de la bouche resté éteint, et tu l'écoutes parler. Drôle de demoiselle, avec ses cheveux et ses yeux roses... Mais bon, on est comme on est, toi tu as bien les pupilles dorées... Ce que tu remarques surtout, c'est le large sourire qui s'est formé sur ses lèvres. D'habitude, les gens sont pas si heureux de te voir débarquer ! Bah quoi ? Tu fais peur aux premières années, avec ton faciès pas toujours très sympathique, et puis, ta carrure de géant joue aussi un certain rôle. Tu passes ta main dans tes cheveux, te grattant légèrement la tête. Elle te demande si tu t'es pas fait mal. Mais en même temps, c'est entièrement ta faute si tu t'es cassé la gueule, et puis, t'aurais pu éviter ça. Et puis t'as pas besoin de sa compassion, nan mais. Tu remarques aussi un truc. Son élocution. Contraste. Ouais, ce violent contraste entre sa façon de parler et sa tenue vestimentaire t'as fait tiquer une demi seconde. Tu soupires, jouant avec ton briquet d'une main, tout en prenant la parole pour lui répondre.

Non non, ça va. Enfin bref. Moi c'est Alejandro. Ou plutôt, Monsieur Leone, infirmier. Pour ce qui est de t'aider... Disons qu'il y aurait beaucoup à faire. Mais quand je dis beaucoup, c'est vraiment beaucoup. Déjà, il faudrait que tu récupères ton emploi du temps. Et puis, je ne sais pas si tu es déjà passée aux dortoirs pour voir ta chambre et récupérer tes valises. Bref, il y a pas mal de choses à faire, oui...

Tu restes alors silencieux quelques instants. Tu ne sais pas vraiment par quoi commencer. Surtout que... T'as laissé l'infirmerie vide et sans personne, et même malgré le panneau que t'as accroché à la porte, tu pourras pas rester absent toute la journée. Bah oui, si tu mets un "Je reviens.", tu reviens pas au bout d'une journée. Tu pensais que tu serais revenu, au plus tard, après une paire d'heures. Enfin, y'a toujours des imprévus, quoi qu'on fasse. Alors tu vas devoir improviser. Même si tu sais pas encore par quoi tu vas commencer... Tu réfléchis un instant avant de briser le silence à nouveau.

Tiens, simple curiosité... Yuna, c'est ça ? Hum.. Tu viens... De quelle région ?

Tu meubles la conversation, oui. Parce rester là à la regarder dans le blanc des yeux... Pas que ça soit particulièrement chiant, mais ça fera rien avancer. Et puis, il faut bien se décider à faire quelques chose à un moment ou à un autre...

L'homme en face d'elle a l'air ... Pas vraiment nerveux, non. Il a juste des gestes amples, un peu élégants, un peu je-m'en-foutistes. Yuna l'observe avec curiosité, avec un peu de fascination. Il a vraiment l'air d'un de ces rebelles dans les films pokémons. Finalement, après avoir débité pleins de paroles, elle se tait, et il prends la parole. Alors comme ça, il est infirmier ? Elle était pas vraiment loin de ses idées ; il n'était pas enseignant mais quand même membre du personnel. Elle lui sourit, gentiment, même si ses paroles n'étaient pas forcément rassurantes : encore pleins de choses à faire ? Dieu du ciel, elle ne comptait pas passer toute sa journée à l'administration, à faire les allers retours entre divers formulaires. C'est vrai qu'elle n'avait pas encore vu sa chambre, ni son emploi du temps. Elle haussa une épaule d'un air embêté.

Alors qu'elle réfléchissait un peu, sans que le silence la gêne, le jeune homme face à elle, Alejandro si elle se souvenait bien, lui posa une question. Elle posa son regard rose sur lui, cligna un instant des yeux, avec une patience telle qu'on aurait cru qu'elle n'allait pas répondre ou qu'elle prenait bien soin de choisir ses mots.

- Je viens de Hoenn, monsieur Leone. Dites-moi, auriez vous la gentillesse de m'indiquer ce que j'ai à faire et où je dois passer ? Je suis un peu perdue dans ces fichus couloirs. Si vous me dites un peu ce que je dois faire, ça serait gentil, ça m'aiderait. Et puis après je vous laisserai tranquille, vous pourrez retourner soigner les petits bobos.

Elle éclata d'un rire franc, un peu enfantin ; non pas qu'elle ai dit une chose drôllissime, mais elle songeait qu'un infirmier qui a l'air aussi maladroit doit passer du temps à soigner ses propres bobos. Elle se cacha la bouche avec sa main dans un geste aristocratique, et prit un air un peu gêné.

- Je pensais juste au fait que, étant infirmier, et que vous m'avez l'air maladroit, vous devez soigner les bobos des autres autant que les vôtres. Désolée, c'était un peu condescendant, fit-elle en murmurant, en baissant les yeux d'un air contrit. Vous êtes infirmier ici depuis longtemps ? demanda t-elle toute de suite après comme pour cacher ses émotions.

Hum. Mais quelle sale gosse. Elle se fout de toi là. Mais bon, elle n'a pas tout à fait tort. T'es pas doué, c'est un fait. Mais quand même ! Et puis, c'est pas comme si tu te blessais souvent. Bah quoi ? Non, tu t'es jamais coupé avec une lame que tu tenais en main. Tu t'es jamais égratigné avec une balle perdue. Bon, ouais, avec des éclats de verre dus à une chute, ou des conneries de ce genre. Mais rien de sérieux ! Une bosse, un coupure, une déchirure... T'as appris à faire abstraction de la douleur à l'époque où t'étais encore à Unys. Alors bon, le métier d'infirmier t'allait bien. T'ignorais la douleur tout en soignant celle des gens. Paradoxal ? Peut être un peu, mais en fait, tu t'en fous. T'es un paradoxe à toi seul. Quand t'étais encore tueur à gages pour les Leones, tu massacrais allègrement les civils. Et là, tu soignes les bobos d'une bande de gosse qui pensent être les meilleurs dresseurs au monde. Bah. Un jour, vous vous soulèverez, et quand les Lions auront dévasté cette école, ils comprendront, ces sales gamins... Mais bon, pour le moment, tu dois te prêter au jeu...

Ce n'est pas de la gentillesse voyons. C'est normal je trouve. D'abord, je pense que tu devrais repasser aux bureaux de l'administration pour réclamer ton emploi du temps. Et ensuite... Et bien, rejoindre ton dortoir. Si tu veux, je peux te montrer le chemin.

Tu ne fais pas de commentaire supplémentaire sur sa remarque concernant ta maladresse. Après tout, te lancer dans une joute verbale serait une mauvaise idée. D'abord parce que tu ne manies pas les mots aussi bien que ton aîné, mais aussi parce que tu te connais. Tu sais que tes nerfs ne tiendraient pas indéfiniment. Alors tu te contentes de rester calme, le visage relativement fermé, même si tu laisses transparaitre un sourire d'amusement totalement factice.

Pas besoin de t'excuser. J'ai l'habitude de voir des gamins bien pire quasiment chaque jour... Enfin, pour te répondre, je te dirais que je suis ici depuis assez peu de temps. J'ai eu la chance d'arriver peu après l'incident qui a secoué l'école il y a peu. Je ne sais pas si tu en as entendu parler ? Mais bon, il serait temps de se remuer, non ?

Tu souris. Un sourire faux. Un sourire composé. Et tu te retournes, repartant dans les couloirs pour te diriger vers les bureaux que tu viens de quitter. D'un signe de tête, tu invites la demoiselle à te suivre. Drôle de vision que vous deux, marchant côte à côte dans les couloirs. Toi et tes deux mètres et quelques, baraqué et imposant, elle et son aspect plus frêle et délicat. Tes cheveux noir corbeau et tes yeux jaunes félins, elle et son rose omniprésent. Si il y a bien un point sur lequel vous vous ressemblez, c'est bien sur le vestimentaire. Vous avez des vêtements assez spéciaux tous les deux. Ce style assez ancien qui te plait particulièrement. Pas comme ton frère et son costard cravate. Toi, tu es plus... Traditionnel ? Mouais, un truc comme ça quoi.

Oups ! Elle n'aurait peut-être pas dû se moquer. Baissant les yeux, elle se mordilla la lèvre un instant ; elle n'avait pas voulu être méchante ou l'embêter. C'était juste qu'elle y avait pensé, voilà tout. Il n'y avait rien d'humiliant dans cela, ni pour lui ni pour elle. Quand il lui proposa de lui montrer le chemin, elle se demanda si il n'était pas trop gentil. Elle venait de se ficher de lui, et il allait quand même l'aider ? Elle pencha la tête sur le côté, faisant cascader ses cheveux ; quand il lui parla de gamins pires que ça, puis de l'accident, elle fut perplexe sur ce dernier point. Elle ne connaissait rien de cette histoire ! Elle le suivit pour se mettre à sa hauteur, puis calant son pas sur le sien, fit en sorte de ne pas être essouflée et demanda :

- Je ne sais rien de cette histoire. Pourriez-vous m'en dire un peu plus ? Et je suis vraiment désolée de m'être moquée de vous. Je n'avais pas à vous juger ainsi, c'était mal. Je m'en excuse, sincèrement. Faites comme si je n'avais rien dit, d'accord ? Vous êtes déjà bien gentil de m'aider à me retrouver. Merci beaucoup, Monsieur Léone.

Et la voilà encore en train de bavasser comme une pie. Elle se tut, les lèvres plissées. Il fallait vraiment qu'elle s'arrête de parler comme ça, à tord et à travers. Ca allait lui amener des embêtements si elle continuait ! Elle parlait souvent sans réfléchir, alors tout ce qui lui passait par la tête était dévoilé aux autres. Elle n'était d'ailleurs pas franchement futée. Encore une fois, elle ne put s'empêcher de faire une remarque :

- Je n'ai pas envie que vous m'en vouliez. Pardon si j'insiste hein, c'est dans ma nature. Mais vous me plaisez bien. J'entends par là que vous me semblez gentil et serviable, et que j'ai envie que vous aillez une bonne opinion de moi. Ca ne se fait peut-être pas de dire ça, mais moi je le dis.

Elle se passa la langue sur les lèvres et tourna ses yeux pour voir où elle marchait ; elle avait été mal avisée de parler de la maladresse du jeune homme, car elle même n'était pas bien habile de son corps.

Tu laisses paraître un léger sourire sur tes lèvres. Mais est-il vraiment factice cette fois ? A vrai dire... Non. Elle t'amuses relativement. Tu la regardes, simple et enfantine. A vrai dire, tu as croisé des gamins bien pires que cette jeune femme. Des enfants arrogants, capricieux et insupportables. Mais elle. Elle semble si innocente à côté d'eux... Mais bon, tout le monde change. Tu la regardes du coin de l'oeil, tout en avançant. Dois tu vraiment lui raconter l'histoire ? Bah, oui, tu pourrais... Elle a le droit de savoir. Mais... C'est quand même assez dur à avaler. Enfin... Si elle manifeste l'envie de savoir...

Et bien... Il y a un petit groupe terroriste dans l'école. Mirage. Et ils ont posé une bombe lors du tournoi qui a été organisé, et l'on fait exploser en plein combat. Résultat, une tonne de blessés, de disparus, et de morts. Enfin... Pas la peine de t'excuser ou de me remercier tu sais. Je suis toujours en train d'aider les gens, alors, pas la peine de me remercier tout le temps pour quoi que ce soit...

Tu reprends ton chemin, le regard dans le vague. Non, elle est vraiment spéciale... Tu souris légèrement. D'un sourire plus doux. Moins sarcastique. Assez... désabusé. Tu as perdu ton cousin dans cet attentat. Alors le citer... Reste toujours un peu douloureux pour toi. C'est stupide, tu le sais. T'accrocher à son souvenir ne t'aidera pas. Mais tu le gardes en vie. Tu le gardes présent, au fond de ton coeur... Tu fermes les yeux un instant tout en continuant à marcher à pas lents. Ton sourire se teint de douleur, une ombre passagère sur ton visage, qui disparait comme elle est venue...

Tu sais... Normalement, j'aime pas les gens. Mais... Toi. Je sais pas trop. Disons que je t'aime bien. Oui, on peut dire ça...

Tu as parlé à haute voix sans trop faire attention. Tu ne te rends pas compte tout de suite que tu viens d’énoncer tes pensées de vive voix. Tu restes silencieux un moment. Bah. Aucune importance... Tu continues à avancer sans trop y prêter attention. Tu as bien le droit d'apprécier certains élèves, non ?

Ils avancent avec régularité ; Yuna a calé son pas sur celui de l'infirmier. Elle ne se plaindra pas qu'il marche trop vite ; son corps s'était habitué à cette vitesse. Ses cheveux cascadaient dans son dos au rythme de ses pas, et les yeux baissés devant elle, elle attendait que Alejandro reprenne la conversation - ou ne la reprenne pas, comme il voulait. Néanmoins, au vu de l'interrogation de Yuna au sujet de l'accident, elle était quasiment sûre qu'il n'allait pas la laisser dans le flou ; quelques secondes après, il se mit à évoquer ce sujet.

Un groupe terroriste ? Impossible ! Cette idée était absurde, et pourtant bien réelle. Il y avait eu des morts ici ? Et des blessés, des disparus, à cause d'une bombe ? Mon dieu ! Sans s'en rendre compte, Yuna avait ralenti son pas alors que ses pensées s'immobilisaient sur cette idée. Et quand elle jeta un coup d'oeil au jeune homme qui la guidait, elle remarqua son air. Il avait l'air ... Tendu. Non ce n'était pas ça. Comme vidé. Elle eut un instant une réflexion idiote, comme quoi il était triste. Mais cet instant passa, et puis ça passa. Yuna se reprit :

- Peut-être que je ne devrais pas vous remercier comme ça, tout le temps. Mais vous avez quand même le droit de recevoir un peu de reconnaissance. C'est un bon sentiment, le remerciement. Quand on donne et qu'on reçoit. C'est un échange. Et puis, je pense que ça doit vous faire plaisir quand on vous remercie. Peut-être pas trop souvent, après ça doit être agaçant, mais un merci sincère doit vous plaire. Excusez moi si je fais des spéculations.

Yuna se tut, consciente d'en avoir peut-être trop dit, trop fait. Puis, Alejandro fit la remarque comme quoi il l'aimait bien. D'un air détaché, l'air de ne pas y toucher, bien sûr. Mais cela fit plaisir à Yuna ; elle le rattrapa à grandes enjambées et reprit sa vitesse de croisière. Un grand sourire plaqué sur les lèvres, elle murmura :

- Je suis contente, alors, d'être tombée sur vous.

A la manière d'une enfant, elle joignit les mains devant elle, les posa sur sa robe et continua d'avancer, les yeux baissés mais les joues rosées. Elle n'avait plus envie de voir cette fugitive tristesse sur le visage de son nouvel ami, aussi se promit-elle de s'instruire de cet accident, de cet attentat à la bombe auprès d'autres gens.

De la reconnaissance ? Hum. Non. Elle rêve là. Toi, recevoir de la reconnaissance. Peuh. Ridicule. Elle ne sait pas qui tu es. Elle ne sait pas ce que tu es. Elle ne sait pas de quoi tu es capable, de quoi tu es responsable. Elle ne sait pas que tes mains sont tâchées de sang depuis longtemps. Elle ne sait pas que tu as déjà tué de nombreuses fois, et que tu seras surement amené à recommencer. Une ombre repasse sur ton visage, mais tu la contiens, donnant juste l'air de rester sérieux. Mais... Un merci sincère ? La pauvre. Si seulement elle savait. Si seulement elle savait de quoi elle parle.

La sincérité ? Mais toute ton existence ici n'est rien d'autre... Qu'un énorme mensonge. Faux papiers, fausse identité, tout n'est que faux semblants... Tu soupires, te contentant de lui adresser un léger sourire en entendant sa dernière remarque. Non, tu apprécies cette demoiselle. Mais... Tu sais que tu ne resteras pas ici indéfiniment. Que tu partiras un jour ou l'autre. C'est alors que tu vois les portes de l'administration se dresser devant vous. Tu soupires avant de t'arrêter devant la porte.

Bon, il va être temps de se quitter je crois. A moins que. Non, j'ai rien dit, ils n'ont pas de plan de l'académie je pense. Bon, je t'attends là, et après on ira jusqu'aux quartiers... D'ailleurs, tu es dans quelle classe ?

Tu croises la bras, attendant une réponse après avoir frappé à la porte en bois. Une réponse de la miss, et une réponse des rats de bureau qui pullulent derrière la porte... Ah. c'est pour ça que t'aimes pas venir ici. C'est toujours un bordel monstre pour régler des trucs quasiment anodins... Tu secoues la tête, t'appuyant dos au mur, pour sortir ton téléphone et vérifier tes messages. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Personne n'a besoin de toi en urgence à l'infirmerie. Oui, t'avais oublié que ton numéro est affiché sur la porte de l'infirmerie, au cas où tu serais absent. Pas besoin de stresser quand à l'heure de rentrer en somme.

Le jeune homme s'arrête devant des portes ; Yuna fait de même. Ils ne disent plus rien depuis quelques minutes, mais le silence ne la gêne pas. Elle a beau être bavarde, ce n'est pas pour autant qu'elle a envie d'être toujours entouré de paroles. Elle observe Alejandro de dos, de façon discrète, et se sourit à elle-même, simplement contente d'avoir rencontré quelqu'un d'aussi charmant. Aux premières paroles de l'infirmier, Yuna lève la tête ; c'est donc ici qu'ils se disent au revoir ? Mais non, il se reprends. Pour juste l'aider, ou bien a t-il envie, au fond de lui, de la revoir ? Non, c'est idiot de penser ça. Elle hoche la tête timidement puis répond :

- Je suis en deuxième année d'études supérieures. C'est gentil de m'aider, mais si vous devez y aller, vous pouvez me laisser. Il n'y a pas de souci, vous m'avez déjà grandement aidé.

Elle s'incline plusieurs fois, faisant voltiger des mèches roses, un peu gênée en le voyant regarder son portable. Est-ce qu'on a besoin de lui ailleurs ? Peut-être qu'il y a de grands blessés et ... Stop. Elle arrête son imagination là ; avant qu'il ait pu en placer une, elle frappe aux grandes portes et pénètre dans l'administration. Elle demande à une jeune femme, qui la guide un peu et lui montre son emploi du temps avant de lui filer un plan du campus, de lui indiquer avec une croix rouge où est son dortoir, et qui la met gentiment à la porte. Elle se retrouva sous le nez de Alejandro, les joues rouges, des papiers pleins les mains.

- Hé bien ... Je crois qu'il ne me reste plus qu'à trouver ma chambre, dit-elle avec un sourire.

Elle n'osait pas vraiment le demander, mais elle ne savait pas se repérer sur un plan. Et oui. Quiche un jour, quiche toujours !

Tu la vois revenir, les bras chargés de papiers en tout genre. Dont beaucoup sont en fait totalement inutiles. Tu y avais eu droit lors de ton arrivée ici. Une pile de paperasse gigantesque, dont les neuf dixièmes étaient bons pour la poubelle ou le recyclage. Tu soupires de dépit. Quels enfoirés. Ca les amuse tant que ça de distribuer des tonnes de papelards totalement inutiles et voués à être brûlés ? Tu sais pas d'où vient leur délire, mais c'est tout de même déplorable de voir tant d'arbres gâchés pour les bêtises de quelques grattes papiers immatures et encore enfants dans leurs petites têtes. Enfin, bref. Tu croises les bras, penchant légèrement la tête sur le côté en l'entendant te dire de repartir, que tu l'as déjà suffisamment aidé, et qu'elle devrait pouvoir se débrouiller... Tu arques un sourcil. Elle est sure d'elle là ? Tu sais quand même voir quand les gens sont doués ou ne le sont... Pas trop. Tu attrapes alors le plan qu'elle a dans les mains, et tu lui remets à l'endroit.

Tu es vraiment sure que ça va aller ? Enfin, si il y a un soucis ou autre, l'infirmerie est là, tu prends ce couloir et tu tournes à gauche au deuxième croisement. Il y a un tableau sur le mur à côté de l'entrée. Donc, si tu as besoin d'aide, je serais là-bas. Ou du moins, si je n'y suis pas, il y aura mon numéro affiché sur la porte, en cas d'urgence.

Tu finis en lui adressant un léger sourire, avant de te retourner pour reprendre le chemin de ton infirmerie, lui lançant un dernier geste de la main alors que tu t'éloignes. Tu ne te retournes pas, lançant juste quelques mots avant de disparaitre au tournant.

Bonne journée à toi ! Et content d'avoir pu aider.

Tu soupires alors, recommençant à marcher rapidement. Et ton briquet alors ? Tu recommences à fouiller dans tes poches, ton cigare toujours... Où tu l'as mis d'ailleurs ? Tu jures. Et merde. Tu retrouves plus ni l'un, ni l'autre... Rah. T'aurais peut être pas du t'arrêter pour l'aider. Et peut être que t'aurais ton briquet et ton cigare en ce moment. Enfin. Tu regrettes pas trop. Après tout, elle est gentille. Enfin, gentille. "Bien gentille", oui. Mais tu ne diras rien. Tu avances dans le couloir désert, légèrement sceptique sur cette rencontre que tu viens de faire... Sincérité ou mensonge ? Tu ne sais pas encore. Et tu n'as pas envie de choisir maintenant...

Yuna rougit quand Alejandro lui remit le plan à l'endroit. Voilà pourquoi elle n'arrivait rien à lire ! Quelle idiote ! Et dire qu'elle n'aimerait qu'une chose, lui demande de l'aider encore ! Mais ça ne serait pas bien ; il a du travail et il n'est pas là pour venir en aide aux damoiselles en détresse, aussi roses soient-elles. Yuna lui jette un coup d'oeil, mi éperdu, mi perdu tout court. Le fait qu'il lui explique où venir le chercher la fait sourire timidement ; hélas elle sait que son explication, quoique simple, ne parviendra pas à tes souvenirs. Jamais elle ne se rappellera ce qu'il a dit, si elle a besoin de lui. Mais elle hoche la tête, doucement, sans avoir rien d'autre à dire.

Quand il se retourne et la salue, elle a envie de lui prendre le bras et de lui demander de rester un peu. Mais elle ne dit rien. Et le regarde s'éloigner. Elle soupire une fois sa silhouette disparue. Elle se sent à la fois seule et moins sous pression. Alors que, le plan bien en mains et les papiers calés sous les aisselles, elle allait descendre les escaliers dans l'espoir de trouver son dortoir, elle baisse les yeux sur un briquet. Le briquet de l'infirmier. Elle se baisse, fait tomber ses feuilles qui volettent jusqu'au sol dans une pluie et un bruissement audible.

- Tiens, mais c'est ... ?

Yuna prends le briquet, le tourne dans ses doigts. Puis le range dans une poche intérieure, pour ne pas le perdre. Comme ça, elle aura une bonne raison de le revoir. Elle se redresse après avoir remit de l'ordre dans ses papiers, puis descends en sautillant, moitié se cassant la figure, moitié perdant ses papiers. Allez, la mission suivante, trouver le dortoir ! Fight !

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