Parfois, on se demande si ce qui est en train de passer n'est pas une hallucination causée par notre cerveau en état de choc, ou alors l'effet que pouvait causer une certaine dose de produits hallucinogènes, ou bien encore de la drogue. Beaucoup de drogue. Quelque part, un ersatz de son quotient intellectuel lui disait qu'il aurait peut-être du faire autre chose que de suivre son professeur qui l'avait invité à aller manger. Bêtement, il avait hoché la tête, signe de son approbation. En réalité, il n'avait pas vraiment réfléchi, mais la perspective de pouvoir remplir la galaxie qui lui servait d'estomac était prometteuse et il ne comptait pas la laisser passer ainsi. Ethan sifflotait sur tout le long du chemin, sans rien dire. Même pas un petit mot. Il arrive que quelques fois, même la pipelette qu'il était ne puisse pas dire un mot, sans raison apparente. Oui, ne me regardez pas avec ces yeux de merlu, il y a des choses comme ça qui peuvent arriver. Le brun n'avait pas eu l'occasion de sortir souvent ces derniers temps, alors un peu d'air frais n'était vraiment pas de refus. Il se mit à ressasser les semaines qui s'étaient écoulées, un air nostalgique sur son visage d'abruti. Les méandres de son esprit étaient définitivement trop complexe pour la compréhension humaine. Il n'y avait probablement que peu de personnes qui pouvaient arborer un air aussi stupide lors d'une simple marche à pied. D'un côté, vous parlez au maître du genre, il n'y a plus à s'étonner.

En soit, il faut dire que l'estomac d'Ethan était un monstre. Tel un nécrophage se nourrissant de tout, tant que cela fait parti d'un cadavre, il ne refusait jamais de la nourriture. Voilà un autre trait que les jumeaux Tanner partageaient depuis leur plus tendre enfance : leur appétit légendaire qui ne semblait jamais être calmé. Depuis qu'il arrivait à marcher, il avait toujours tenté de rassasier sa faim par tout les moyens possibles, que ce soit en volant des bonbons dans les différents tiroirs, ou encore en chipant les biscuits que préparaient la voisine – une vieille femme adorable qui le laissait faire et ne disait jamais rien, car ça l'amusait de voir les stratagèmes mis en place par le jeune garçon – ou encore aller aider le propriétaire de la pâtisserie du coin pour pouvoir recevoir un bon gros gâteau à la crème. Gâteau à la crème qui finissait souvent avalé par Skye, car Ethan n'avait jamais pu dire non à sa jumelle. Oh, il avait déjà tenté de cuisiner, mais le résultat était bien souvent désastreux, et il avait trop peur de sa marâtre pour ne serait-ce qu'oser chauffer un plat au micro-ondes. Et puis plus souvent, il se débrouillait. Il détestait pourtant les cornichons, malgré toute sa bonne volonté. Ne me demandez pas pourquoi je vous parle de cornichons, s'il vous plaît. Dire qu'il était vraiment pressé serait un pléonasme, pour tout dire. Son estomac grognait depuis tout à l'heure, créant des bruits plus ou moins aigus et graves.

Une fois arrivés au restaurant, l'adolescent se plaça à une table. Visiblement, il n'y avait pas grand monde ; le fait qu'il s'agissait d'un jour normal y était pour beaucoup. Énormément de personnes devaient être au travail à cette heure-ci. Sauf lui, qui avait séché les cours pour s'occuper son Tar... Non, de son Kirlia. Et un prof' un peu louche qui lui faisait penser à un vieux mafieux. Il plaça sa tête entre ses bras croisés, et poussa un soupir las. La journée avait été agitée, et il était encore sous le choc de l'évolution de son pokémon. Toute cette inquiétude avait fini par retomber sur ses épaules, et il se sentait déjà vieux avant l'âge. Il passa une main dans ses cheveux noirs, essayant de calmer ses nerfs et de dresser la fatigue qui s'avançait progressivement.

« Dites, vous savez ce que vous voulez prendre ? »

Phrase simple, utilisée pour commencer une conversation. Après tout, il avait tout de même été plutôt désagréable avec lui, tout à l'heure. Alors taper la discut' avec quelqu'un que vous auriez souhaité égorger il y a de cela plusieurs minutes, c'était pas vraiment génial. Ils auraient pu rester dans cette ambiance gênante pendant un moment, jusqu'à ce que une des trois pokéballs d'Ethan se mit à bouger violemment de gauche à droite, avant de s'ouvrir et de libérer dans un faisceau rouge une petite dragonne. La Draby qu'il avait obtenu il y a de cela quelques jours semblait vouloir sortir. Il cligna des yeux et retira sa tête de l'endroit où elle se trouvait, interloqué. Était-ce une blague ? La petite créature était censé rester son secret, avant le tournoi, personne n'était supposé en apprendre l'existence jusqu'à ce que le tableau de match n'apparaisse. Et puis les Dragon étant des pokémons rares, il valait mieux ne pas les montrer. Sur le coup, il ne sut pas quoi faire, quelque peu paralysé. Il ne put que rester là, bêtement, à observer sa dernière « prise » sautiller un peu partout, visiblement affamé.

« Ai-aithusa... » balbutia-t-il stupidement.

Entre temps, ladite Aithusa était déjà montée sur la table, se plantant de tout son petit corps devant le profeseur. Elle poussa un petit cri qui aurait pu faire penser à celui d'un lionceau voulant se croire aussi gros que son géniteur. Ah, toi dont le surnom est une obscure référence à une dragonne blanche venant d'une série télévisée dont le nom signifie « lumière du soleil », tu causeras des problèmes à ton maître, avec un appétit pareil...

Ethan rit jaune. Non, décidément, il ne valait mieux pas laisser la dragonne manger quelque chose, c'était mieux pour leurs économies. Si le jeune homme possédait tout de même un peu de liquide sur lui, il gardait cet argent pour s'acheter une potion en cas de crise, et non pas pour tenter de calmer l'appétit monstrueux de son pokémon. Il fit descendre la créature bleutée (certes difficilement, la bestiole n'était pas toute petite) à terre, juste à côté de ses pieds. Celle-ci lui offra un regard agacé, mais le brun esquiva la rencontre entre leurs yeux ; il tenait à rentrer chez lui sans être ruiné. C'était préférable. Les sorties avec Skye étaient déjà suffisamment coûteuses, pas besoin d'en rajouter ; s'il s'enfonçait encore, sa grand-mère risquait de hurler la prochaine fois qu'il l'aurait au téléphone, c'était sûr et certain. Et il n'était pas assez fou pour laisser la vieille dame lui passer un savon. S'il y avait bien une seule chose qui l'effrayait en ce monde (autre que les Axolotos, évidemment, soyons sérieux), c'était le courroux de sa responsable légale. Le dicton « méfie-toi de l'eau qui dort » n'aurait jamais été aussi vrai qu'avec elle. Enfin bref, revenons au sujet. Ethan soupira, visiblement toujours fatigué. Il fallait dire qu'il n'avait pas eu le temps de se reposer, depuis hier ; ses neurones allaient surchauffer, il le sentait. L'implosion était proche, à ce rythme ! Il marmonna un juron lorsque Aithusa lui marcha volontairement sur le pied – la saleté avait fait exprès - , puis afficha un sourire bancal, tentant de maîtriser son sang-froid. C'était franchement pas gagné, à ce train-là. Mais tant pis, il avait des choses plus importantes à faire. Si bouffer peut-être considéré comme important, mais chez lui, c'était et c'est toujours un sport national.

Ses yeux parcoururent le menu et il eut presque un haut-le-cœur lorsque l'odeur des fruits de mer qu'un serveur donnait à des clients à côté passa près de leur table. A Doublonville, on se contentait de légumes et de viande. Le poisson était réservé aux plus riches et à ceux qui vivaient près de la mer, soit très peu de personnes. Et c'était bien mieux ; rien que la vue de ces immondices avait le don de faire faire un looping à son estomac. Parlez de chance. Il la feuilleta durant toute une – très longue soit dit au passage – minute, avant de porter son choix à contrecœur sur un steak. Rien de bien folichon et extravagant, mais il avait l'impression, quelque part, que le prix peu élevé allait rassurer son professeur. Le serveur prit sa commande, ainsi que celle du barbu – il aurait vraiment fallut penser à lui demander son nom tiens, ça devenait ridicule - et Ethan enfonça sa tête dans ses bras, épuisé. Il se repassait encore les évènements de la journée dans sa tête, cherchant encore comment tout cela avait pu se dérouler ainsi. C'était à proprement parler incompréhensible, comment tout pouvait basculer d'une journée à l'autre ; ainsi, par l'évolution de Ray, il allait devoir changer toute ses petites habitudes, revoir sa façon de vivre et ses entraînements. C'était une page qui se tournait ; la période où il débutait et barbotait en combat et où l'on pouvait encore excuser sa faiblesse était révolue. C'était philosophique, comme façon de penser. Si auparavant, il aurait pu trouver des excuses quant à ses défaites, dorénavant, il n'avait plus que lui seul à blâmer. Triste réalité qui venait de le gifler. Mais Ethan étant Ethan, il se contenta d'un air parfaitement normal, un petit sourire joyeux au coin des lèvres. C'est ainsi qu'il finit par parler, gloussant à moitié.

« Pas de soucis, pas de soucis ; c'est déjà génial que vous m’ayez invité. Et puis il faudrait plus que votre salaire annuel pour calmer son estomac... » dit-il pour détendre l'atmosphère.

La situation était cocasse, à vrai dire. Il y a tout juste une heure, ils se prenaient le chignon dans l'infirmerie ; le changement était tout à fait radical et méritait d'être souligné, rien que pour la forme. Et aussi pour combler le manque d'imagination diablement flagrant de la narratrice – d'où l'utilisation de ce genre de phrases qui se veulent sarcastiques – qui réfléchissait très peu. Le brun avait légèrement relevé la tête de ses bras, tandis que la Draby restait assise, à profiter du soleil. Elle était sortie, autant la laisser dehors ; la rappeler dans sa pokéball n'aurait servi à rien, hormis à attirer l'attention sur lui, et ça, il ne le souhaitait pas. Pas du tout. Enfin bref. Leur conversation aurait pu s'en arrêter là ; après tout, n'importe quel élève serait resté discret et n'aurait pas dit un mot, préférant sans doute ne pas prendre plus de risques qu'il n'en avait déjà pris. Mais voyez-vous, notre cher Ethan est l'exception qui démontre la règle : il possède en fait un trait de caractère qui se prénomme la stupidité. Selon quelques avis, ce serait d'ordre familiale, mais l'on pense qu'il se serait infligé ça à lui-même. Soit. Il décida d'ouvrir la conversation sur un sujet tout à fait bateau ; près tout, il n'avait strictement aucune idée de ce qu'ils étaient censés faire en attendant. Quoi, jouer aux cartes ? La proposition était nettement meilleure que celle de rester ainsi à glander jusqu'à la fin du repas. Bon, d'un côté, ne jouons pas la carte de la mauvaise foi : l'autre aurait probablement réagi avant. Mais ce n'est pas le sujet.

« Euh, au fait... Désolé pour tout à l'heure. Je suppose que j'ai un peu sur-réagi, hein ? » rappela-t-il en se grattant la nuque, nerveux.

Il évitait d'ailleurs tout contact visuel... Pendant quatre secondes. Puis après, comme si rien ne s'était passé, il changea soudainement de sujet et posa sa première question, celle qui lui brulait les lèvres depuis que son cerveau avait fait le lien entre la présence d'un homme relativement âgé et un établissement scolaire. Oui, il avait fallu une heure au « génie stratège » pour comprendre le simple fait que le barbu était un membre du personnel. Autrement, je vous assure qu'il est normal, mentalement. Du moins, j'espère.

« En passant, j'vous ai jamais vu... Vous êtes nouveau ici ? » demanda-t-il en se grattant le sommet du crâne, cette fois-ci débarrassé de toute nervosité.

La progression est nette. En même temps, avec un cas pareil, il faut s'attendre à tout.

Ethan est stupide, voir même carrément atteint psychologiquement. Si ce type était le cliché même du mec souriant, extraverti et bien dans ses baskets, il n'en restait pas moins un benêt. Un gros. Un boulet, aussi, très maladroit. La plupart des personnes qui ont tenté de lui mettre un peu de plomb dans la cervelle ont tous abandonné. Pourquoi dons suis-je en train de vous parler de cela ? Pour rien, c'était juste pour vous prévenir. Alors il digéra gentiment, sans rien dire, les informations qui lui étaient transmises. Il se contenta d'hocher la tête sans trop prêter attention, se contentant de porter attention aux informations importantes. Chose qu'il faisait assez régulièrement lorsqu'il était en cours ou bien encore lorsque ses pensées étaient ailleurs. Sachant que cela n'était nullement la deuxième option, c'était donc relié à la première, mais pas totalement. Voyez-vous, dans le cerveau minuscule d'Ethan, un professeur est celui qui donne les cours. C'est tout. Oui, vous vous demandez sûrement où je veux en venir avec ce pléonasme ridicule et digne de l'un des bêtisiers des guignols de l'info. Enfin bref, rien à espérer d'un type incapable de dissocier le travail et la vie de tout les jours. Ce n'était pas comme s'il y avait jamais eu quelque chose à espérer, en plus.

Le jeune homme laissa Aithusa dormir au sol ; celle-ci était en effet en train de se reposer paisiblement, malgré son appétit d'ogre. Elle avait trop d'adoration pour son dresseur : impossible, donc, pour elle, de se mettre à lui désobéir et de lui voler son repas sans états d'âme. Contrairement à Flandre, sa Feurisson, la dragonne savait se contrôler et refusait d'agir en sa défaveur. Une obéissance presque naïve, touchante. Rien de bien étrange en soi. Mais avec Ethan, il était toujours bizarre de constater qu'il tombait très souvent sur les pokémons les plus dérangés mentalement. Seul Ray échappait à cette loi qui se confirmait à chaque fois. Sauf que voyez-vous, le pokémon psychique en tutu, avec des couettes, est un mâle. Même le brun avait relevé la ressemblance certaine avec un travesti, pour tout dire. Il s'attendait presque à voir arriver subitement un nouveau venu dans son équipe qui aurait subitement l'envie de l'étrangler durant la nuit. Ça ne l'étonnerait même pas, pour tout dire. Ce serait tellement prévisible que ce n'en serait même plus drôle. Rien de pire qu'un dresseur pathétique, au grand sourire d'idiot et qui ne sait pas contrôler ses propres pokémons pour se battre. Du moins, c'est ce que l'on croirait au premier regard. Et qui se confirmerait dès le début du combat. Parce qu'il n'avait jamais été très posé. Il était ainsi, libre. Libre comme l'air, avec son sourire d'idiot et sa gentillesse presque agaçante. Si il y avait une chose qu'on ne pouvait pas lui reprocher, c'était d'être agréable, n'est-ce pas ? Il s'était persuadé de ça depuis longtemps. Bien avant la tragique nuit où sa matrone décéda en se donnant la mort. Mais ne tombons pas dans le mélodramatique, s'il vous plaît.

« Ethan Tanner, en septième année. Je suis arrivé il y a un ou deux mois, avec mon Héricendre. On m'a donné Tarsal en arrivant. J'ai jamais vraiment compris. » dit-il en haussant les épaules.

Il était en somme un type tout à fait banal, un monsieur tout le monde comme on n'en faisait plus. Rien de particulièrement intéressant là-dedans, mais les présentations l'étaient rarement. Ethan planta un coup de couteau brusque dans son steak, sans raison apparente. Visiblement, ses pensées précédentes avaient crée comme une sorte de moment d'absence durant lequel il avait était distrait. Bah, rien de bien grave. Il mangea tranquillement, ne ronchonnant pas contre le goût de plastique brûlé qu'avait la viande rouge sur son palais. Il retint de justesse la grimace qui voulait s'étendre sur son visage. Visiblement, le type ou la femme qui avait cuisiné cela ne connaissait pas la véritable définition de « cuire ». Ou alors il l'avait lu dans un... Il ne savait même pas quoi. Enfin bref. Soupirant, l'adolescent se contenta de manger, sans rechigner. La nourriture restait de la nourriture, infâme ou non. Dès qu'il eut fini, il plaça ses couverts sur l'assiette autrefois blanche avant de la pousser en avant, signe qu'il avait terminé. Une vieille habitude qu'il avait gardé chez sa grand-mère, n'allez pas chercher bien loin dans le raisonnement. Ce serait une perte majeure de votre temps.

« Dites, sinon... Vous êtes prof' en quelle matière ? Vu que je risque de vous avoir en cours un jour, autant savoir à quoi m'attendre... »

Ajh, les banalités. Vraiment, allait-il épuiser tout les clichés existants et possibles dans une discussion ? Possible. Ce ne serait pas étonnant, avec lui. Ce serait d'ailleurs mentir que de dire le contraire.

Actuellement, Ethan était complètement perdu. Il ne voyait pas où son professeur voulait en venir, en fait. Tout son blabla inutile sur des choses qu'il ne comprit pas (c'était peut-être mieux comme ça, après tout), c'était un peu trop perché pour lui. Alors il se contenta d'acquiescer bêtement, un air un peu stupide sur son visage. Il s'avança de son côté et, alors que l'homme à la barbe envoyait un Etourvol d'une étrange couleur, il fit signa à la dragonne derrière lui de se placer devant lui. Draby poussa un petit grognement d'excitation, prête à en découdre d'une minute à l'autre. Cela pouvait paraître stupide, mais c'était le premier combat qu'il menait contre un autre dresseur expérimenté, du moins le pensait-il. Il déglutit, soudainement beaucoup moins sûr de lui. Il était un peu comme ça, Ethan. Toujours très calme, maître de lui-même, souriant. Sauf lorsqu'il se retrouvait dans une situation qui lui paraissait insoluble. Dans ces cas-là, il affichait toujours le même sourire bancal, riait jaune avant de se jeter à l'eau ; aujourd'hui ne serait donc pas différent. Ainsi, il laissa la dragonne, qui, contrairement à lui, fixait son adversaire d'un œil mauvais. Il passa une main dans ses cheveux, avant de hocher la tête, signant le tout début du combat.

« Bonne chance. »

En premier, l'Etourvol s'élança vers Aithusa à une vitesse vertigineuse, et, ayant utilisé cette tactique de nombreuses fois, Ethan reconnut sans soucis Vive-Attaque. Il serra les dents mais, contrairement à ce qu'il pensait, l'offensive n'eut que très peu d'effet, et cela fit juste grogner de plus belle Draby. Il eut tout juste le temps de lui ordonner d'utiliser Coud'Boule avant qu'elle ne se décide à partir attaquer seule, sans attendre son ordre. Il ne put que contempler l'effet qu'eut le coup de tête envers l'oiseau, qui fut envoyé plus loin et s'écroula, déjà épuisé. Le brun cligna des yeux, éberlué par ce qui venait de se dérouler. Il y avait une caméra cachée quelque part, hein ? Ce ne pouvait pas être aussi simple, tout de même ; c'était un professeur, pas un gosse ! Mais tant pis. Il jeta un regard inquiet à l'Etourvol battu, puis se déconcentra sur la bataille. Son regard fut alors attiré par une vive lumière, et il eut presque l'impression que sa mâchoire allait se déboiter. Encore ? Sérieusement ? Il se couvrit les yeux, ébloui. Dès que l'éclat disparut, il vit que Draby avait évolué en une sorte de boule, en cocon. Un petit sourire abruti s'étira sur son visage, tandis qu'il contemplait le tout nouveau Drackhaus. La créature grogna, déconcertée par sa nouvelle apparence (hideuse, Ethan devait bien l'avouer), avant de retourner aux côtés de son dresseur pour s'y effondrer, fatiguée par cette évolution soudaine.

Il rappela la dragonne la laissant être ramenée à l'intérieur de la sphère bicolore. Puis, il réfléchit. Ray, ou Flandre ? Il aurait été stupide d'y envoyer le Kirlia, car celui-ci était encore fatigué par son changement de forme. N'ayant pas d'autre pokémon, il fut par conséquent forcé de laisser Feurisson prendre le relais. Il pouvait presque la sentir d'ici, prête à sortir de sa pokéball d'une seconde à l'autre. Sa prédiction se révéla juste, car à peine eut-il appuyé sur le bouton que sa vieille amie (enfin, celle qui passait son temps à le torturer), apparut, son habituel rictus carnassier sur sa figue de hérissonne. Celle-ci vint immédiatement se placer à l'endroit où elle devait se trouver, puis poussa une exclamation féroce. L'homme à la barbe envoya un Skelenox. Un pokémon spectre, donc. Les attaques de type normal seraient inefficaces, il allait donc devoir jouer sur les attaques de type feu pour gagner le combat. Rien de bien difficile, pensa-t-il. Il allait donc devoir taper fort pour pouvoir gagner rapidement. Il avait l'attaque idéale pour cela...

Cette fois-ci, il fut le premier à attaquer. Flandre, son corps enflammé par une Roue de Feu, se jeta contre le fantôme et l’amocha considérablement. Apparemment, le pokémon spectre avait du mal à tenir ; l'attaque avait causé de gros dégâts. Le Skelenox lui infligea alors ce qui ressemblait à un « Étonnement ». Ce ne fut pas terriblement efficace, car la Feurisson se contenta d'afficher un air encore plus menaçant, agacée par son ennemi. Il lui ordonna de terminer son adversaire par une Flammèche, d'un air déterminé. En quelques secondes, le fantôme s'effondra comme son prédécesseur, vaincu. Le combat était terminé. Flandre, un air orgueilleux sur son visage, retourna à ses côtés pour s'y placer. Elle se lova en boule contre ses jambes, un air ouvert pour observer le professeur. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux, relativement gêné.

« Euuuh... »

Ouah, bravo Ethan, pour cette phrase pleine de complexité.