Un jour, elle déménagerait de chez elle. Certes, elle habitait au sein de l'école la semaine car l'internat ne laissait plus le choix aux élèves d'habiter chez leurs parents, mais Martha rentrait tous les week end chez ses géniteurs afin de répondre aux attentes de son père à son égard et faire plaisir à sa petite maman qui n'arrivait toujours pas à s'habituer à la nouvelle couleur de cheveux de sa fille. Bref, on était vendredi après les cours et comme tous les vendredis, Martha parcourait TOUS les coins paumés de la ville. Elle devait longer l'eau en fait... Que ce soit la place ou tous les coins autour de la gare, elle devait longer l'eau sur deux bons kilomètres avant d'espérer trouver la belle petite bâtisse qui l'abriterait pour le week-end. Elle passait donc évidemment dans le parc où se retrouvaient tous les mioches sans exceptions après les cours pour batifoler ou s'amuser à ne rien faire d'intéressant. D'ailleurs, l’élève qui poireautait comme un gland avec son pokémon illustrait bien ses propos. Il était tout seul, il regardait son pokémon tourner en rond comme un idiot et avait l'air presque aussi épanoui intellectuellement parlant qu'un psykokwak autiste.

Youpi, un pigeon !

Voilà quelqu'un qui servirait sans aucun doute à l'amuser pendant quelques temps. Martha s'empressa d'aller le rejoindre en trottinant malgré sa longue jupe flottante qui dansait au rythme de ses pas. Et ce qui devait se passer arriva : alors qu'elle arrivait au niveau du jeune homme affalé sur la pelouse, un coup de vent balaya sa jolie jupe blanche qui se souleva impudiquement. Ne prenant même pas la peine de rabaisser le parasol de fortune, Martha s'adressa au garçon avec une voix tout à fait banale, comme sur le ton d'une discussion entre deux bons vieux amis.

"Salut, ça va ! Tu fais quoi aujourd'hui ?"

Son sourire était à peu près aussi captivant que sa culotte et sa voix aussi joyeuse que celle de celui qui aurait du assister au spectacle. Bref, c'était Martha.

C'était sans aucun doute un de ses nombreux spécimens appelés "mous du genoux". Martha en avait marre de ces snobs qui se pensaient tellement importants qu'ils en oubliait leur place réelle, et cette fois-ci, pas de chance pour le jeune homme, elle n'allait pas le laisser s'en tirer aussi facilement. Elle s'accroupit sans pudeur malgré sa robe et sourit d'un air légèrement contrarié. Son ton ne présentait aucune colère mais sa voix gentillette n'était vraiment qu'une façade facile à percer. De toute façon, elle ne comptait pas cacher au jeune homme qu'il ne valait rien, ça lui éviterait les fausses joies.

"A vrai dire, je ne t'ai pas demandé si on se connaissait ni ton avis personnel sur l'importance de connaître intimement quelqu'un pour lui poser une question. Je t'ai juste demandé si tu allais bien, question qui attend une réponse fermée en oui ou non avec possibilité d'ouverture en expliquant la raison de cette réponse. Et quand je te demande ce que tu fais, c'est une réponse ouverte puisque les gens normaux n'ont pas encore la possibilité de lire dans les esprits des gens. Généralement, la personne répond avec une activité qu'il apprécie ou qui le contrarie. Dans certains cas, il se peut même que la personne ne fasse rien, auquel cas elle le dit quand même. Bref, vu que moi j'ai compris que tu me posais une question, je vais te répondre à titre d'exemple : non on ne se connait pas. Maintenant, à toi de me dire en quoi savoir ça t'a apporté quelque chose. Si on s'était connu, qu'est-ce que tu aurais attendu ? Une personne qui te connaissait aurait plutôt été blessée par ce genre de question dégradante qui fait penser que tu n'as pas fait attention à elle. Et vu qu'on se connait pas, ça ne change rien non plus. Je t'ai posé une question et ce que tu as fait aujourd'hui n'a rien à voir avec le fait qu'on se connaisse ou non. Enfin... Tu vois ce que je veux dire, quoi !"

S'il voulait être seul et tranquille, il allait en avoir pour son grade. Martha avait envie d'embêter quelqu'un et cette tête d'ahuri faisait parfaitement l'affaire. En trois mots, il avait réussi à libérer la bête qui allait le manger entièrement ! A moins qu'il lui donne de quoi se nourrir autrement, ce qui sous-entendait de discuter suffisamment pour connaitre les motivations et les envies de la jeune femme aux cheveux rose bonbon.

Citation :

Pardon de l'attente, me revoilà d'attaque !

Martha s'arrêta, bouche bée. Elle s'était bien attendue à une réaction de la part du mollusque, mais sûrement pas à ça. Quoique ça pouvait être prévisible si on prenait en compte qu'il désirait être tranquille et qu'elle l'emmerdait. SI on prenait en compte... Ce qui était loin d'être le cas de Martha, qui se souciait des pensées de son vis-à-vis uniquement pour l'embêter davantage. Cependant, après une poignée de secondes à fixer son camarade avec des yeux ronds, ce fut le naturel qui reprit ses droits. D'un coup, sans crier gare, le chewing-gum explosa de rire et partit dans un délire qu'elle seule pouvait comprendre. Une poignée de secondes plus tard, lorsqu'elle reprenait quelque peu ses esprits, elle sécha ses larmes de rire en annonçant, essoufflée :

"Et beh ! Haha ! Je pensais que t'avais au moins un truc intéressant à dire mais finalement, t'es aussi mou et inintéressant que t'en as l'air ! Haha ! Tu sais, juste pour t'informer et après je me casse, promis : les gens normaux qui valent quelque chose tentent toujours de discuter avec les autres pour avoir des liens et donc gagner de l'influence. Tu n'as aucune ambition, aucune envie, tu n'as rien en vue donc tu es aussi vide qu'une châtaigne rongée par un aspicot. Pour ton bien, il aurait fallu que j'insiste pour entamer une conversation avec toi mais je n'en ferai rien. Tu vois, il se trouve que par mes méthodes quelque peu téméraires - il faut le reconnaître - j'ai réussi à aborder plein de gens qui font de moi une personne relativement importante aujourd'hui. Mais toi tu ne vaux rien. Sache le, tu es un moins que rien, une sous-bouse, et je n'ai aucune envie de te venir en aide. Au revoir !"

Un franc sourire accueillit ses propos alors qu'elle se relevait, prête à tourner les talons. Voilà qu'elle s'était un peu défoulée. C'était pas au niveau de ses attentes, mais bon, ça ferait l'affaire pour la soirée à venir. Ses cheveux flottant dans le vent, Martha cherchait tout de même une autre cible potentielle, abandonnant l'erreur ambulante qu'elle avait tenté d'aborder auparavant.

Citation :

Pour moi, le rp peut s'arrêter ici... =3

En fait, le boulet était encore au delà des non-espérances de Martha. Elle ne connaissait pas sa maison mais elle penchait pour un truc bien relou du genre Spiraea. Certes ses propos auraient pu faire penser à celles d'un Narcissus, mais il n'avait pas assez d'honneur et d'amour propre pour en faire parti. Une tornade ? Qu'on voit sa culotte ou qu'elle se fasse emporter, elle s'en contrefichait, mais le fait qu'il utilise une méthode aussi creuse et lâche qu'utiliser un pokémon pour blesser intentionnellement une personne hors d'un duel, c'était aussi lâche que ce que pouvaient faire les Spiraea. Et dire qu'elle avait pensé que le jeune homme pouvait être intéressant... Finalement, cette soirée risquait d'être pire que prévu si elle ne trouvait pas une autre victime à embêter !

Le vent l'emportait toujours et malgré le poids de sa poitrine généreuse, elle se faisait emporter petit à petit, laissant la nature reprendre ses droits. Lorsque la pression de l'air redescendit, elle ne manqua pas de se réceptionner sur le genou, s’égratignant suffisamment pour que le sang coule le loong de son mollet pour finir sa course dans ses chaussettes. Beurk, elle ne manquerait pas d'envoyer tout cela à la poubelle quand elle arrivera chez elle. Pour le moment, elle avait juste du mal à concevoir qu'un tel homme puisse exister. Quel homme pouvait avoir si peu d'honneur pour attaquer une fille ? Quelle homme pouvait avoir si peu d'honneur pour blesser une personne qui venait parler ? Oh non, il n'avait pas à faire le fier, il était vraiment un spécimen raté. Aucune dignité, aucune manière dans ses actes, il agissait comme un chien enragé répondant sur le coup à ses instincts les plus bas sans réfléchir aux conséquences.

Martha se releva, dos au jeune homme qu'elle n'avait pas écouté. Son visage était tordu dans un rictus dément. Bien... Elle se chargerait de mettre ce petit toutou au bout d'une laisse la prochaine fois. Pour le moment, il fallait qu'elle rentre.