C'était donc ça, la grande bibliothèque à moitié abandonnée ? C'était grand, c'était poussiéreux, et plein de livres. Pour April, c'était donc le paradis. C'était sa première journée ici, et après un petit passage avec ses supérieurs, elle était venue ici tout de suite. Elle était entrée dans cet endroit comme si il s'agissait d'un lieu sacré ; ses grands yeux violets se voilaient d'admiration en voyant tous ces bouquins qui contenaient tellement de savoir ! Elle alla s'installer à sa place, dans le bureau ouvert en plein milieu de la bibliothèque, d'où elle pouvait tout voir et répondre aux questions. Les lumières étaient basses, mais donnaient une ambiance intime. Elle se sentait chez elle. April eut envie de sortir Nidoran mais elle ne savait pas si c'était autorisé, alors elle se contenta d'une caresse sur sa Poké-Ball.

Elle s'assit dans son fauteuil confortable, et jeta un regard autour d'elle. Elle mit son sac à dos sur son bureau et en sortit de quoi travailler : un cahier énorme, où elle devait faire l'inventaire de tous les bouquins présents ici - inventaire qui n'avait pas été fait depuis longtemps. Elle poussa son sac par terre et joua un moment avec un stylo ; elle n'était pas pressée de travailler ; apparemment le boulot dans la bibliothèque n'était pas des plus urgents. Elle profitait de cet instant magique, sommet de sa carrière. Elle soupira tout doucement et se mit au travail après un sourire à ses pokémons enfermés dans leurs pokéballs accrochées à sa ceinture.

« Allez, les amis, au travail » murmura t-elle de sa petite voix.

Des livres. Encore des livres et toujours des livres. Me voilà noyé dans un océan de page, un torrent d'information, un ouragan de connaissance. Moi, pauvre ignare que je suis je ne me sentais pas à ma place ici. Pourtant, j'étais bien obligé de venir. Malheureusement cela faisait parti de mon travail de professeur principal de m'occuper des élèves dont j'étais le référent. Sachant donc qu'on m'avait refilé – allez savoir pour quelles raisons – le groupe des asociaux, des geeks, des accrocs aux bouquins et à l'encyclopédie universalis, je veux bien entendu des Menthae, je me devais de rester un tant soit peu dans ce lieu infâme que représentait la bibliothèque de l'école. Que les dieux me viennent en aide. À tout les coups j'allais faire une crise cardiaque. Pas de bruit, pas d'ambiance, rien. Que des gens en train de lire, de s'informer, d'écrire je ne sais trop quoi à une vitesse ahurissante. N'étaient audibles que les sons des crayons frappant la feuille de papier ainsi que la trotteuse de l'horloge. Assis sur une table pas très loin d'un groupe d'élève, j'avais les bras croisés et la tête posée sur ces derniers. Cela faisait bien vingt minutes maintenant que j'étais là et bon sang, il ne s'était rien passé d'intéressant. Et dire que j'étais censé les surveiller. Mais la question que nous étions en droit – ou du moins que j'étais en droit – de me poser est : « Qu'y a-t-il à surveiller ? » Non car je ne sais pas vous mais moi j''avais l'étrange sensation d'être au beau milieu d'un enterrement. Vous savez ces réunions où personne ne parle, personne ne bouge, rien. Et bien nous y étions ! Si si je vous jure ! Ce lourd silence m'agaçait tellement que je n'avais qu'une envie, celle de le rompre via un cri stupide. Bon en même temps, ce n'était pas comme s'ils n'étaient pas habitués maintenant. Vu ce que j'avais fais récemment avec Riley... Ah, d'ailleurs en parlant de ce rat, elle devait se trouver ici, à n'en pas douter. La bibliothèque était pour elle sa deuxième maison, si ce n'est sa première... Évitons donc d'attiser sa colère sans quoi elle allait encore faire sa petite peste et pleurer dès que je l'aurai remise à sa place.

À bout de patience, je décidai enfin de me lever de mon siège afin de trouver une occupation. Et écoutez bien ce que je vais dire car je ne risquerai pas de le répéter de sitôt : JE ME DIRIGEAIS VERS UNE ÉTAGÈRE AFIN DE PRENDRE UN LIVRE. Seul petit problème, la bibliothèque était bien trop grande et j'avais un mal fou à m'y repérer. Qui plus est la dernière fois que j'avais effectué une recherche dans un tel lieu était il y a de cela...Euh... Très longtemps. Je me souvenais bien de quel type de livre il s'agissait mais toujours est-il que cela ne datait pas d'hier. Bien au contraire. D'ailleurs cela faisait tellement longtemps que même moi je ne m'en souvenais plus alors bon ! Ne perdons pas de temps et allons directement demander à un expert en la matière. Il y avait forcément un livre pas trop ennuyeux dans les environs, il me fallait juste le trouver. Pour cela quoi de mieux qu'allait demander conseil à la documentaliste ? Rien, bien entendu ! Non content d'avoir eu une idée intelligente – ce qui m'arrive peu fréquemment – j'allai voir celle qui était en charge de la bibliothèque. Étrangement, sa tête ne me revenait pas. Peut-être était-elle nouvelle ? Si tel était le cas alors cela pouvait jouer en ma faveur. Qui sait, avec un peu de chance, elle n'avait pas été mise au courant de mes frasques et n'allait donc pas me snoober comme l'aurait fait une Ludyvine ou une Riley. Me retrouvant face à elle, je l'interrompis de manière courtoise dans son travail afin de lui demander de l'aide.

« Pardon, excusez-moi. Je suis Eric Leak. Professeur à l'académie. J'aurai besoin de vos conseils avisés pour trouver un livre. J'ai quelques affaires à régler ici et je m'ennuie. N'avez-vous pas quelque chose de...Euh...Pas trop barbant à lire ? »

En gros, si elle avait un livre d'aventure, un roman policier ou un truc bien bidon qu'on file aux gosses de treize ans, je suis preneur !

April s'était mis à faire un inventaire de bouquins qu'elle était allé chercher. Elle les classait amoureusement par genre et par auteur, comme elle aurait donné une caresse à un ami cher. Ces bouquins, ils renfermaient un savoir immense. Elle était admirative devant cette intelligence inerte, qui était le propre d'un bouquin. Des gens inspirée avaient passé leur vie - enfin peut-être pas mais presque - à écrire de telles oeuvres. C'était émouvant ! Elle en était à classer le genre « Journalisme ; interviews et interrogations à propos des pokémons de couleur mauve » quand une silhouette apparut devant elle. Grand, le visage mangé par une barbe, il portait un haut-de-forme étrange qui fit naître un sourire ravi sur son visage, qu'elle réprima aussitôt. Non pas qu'elle se moqua mais elle avait toujours admiré les hommes de ces anciens temps capables de s'habiller d'une redingote et d'un chapeau et d'avoir l'air parfaitement naturels. Ses grands yeux violets posés sur l'inconnu, elle écouta sa requête avec attention. C'était sa première demande ! Et c'était un professeur, un éminent professeur à n'en pas douter ! Elle se leva un peu brusquement, prise de passion, bousculant un peu ses livres et faisant tomber quelques stylos à terre. Elle s'excusa, alla les chercher, se cogna la tête contre une table, et s'approcha du professeur avec les joues rouges ; voilà qu'elle se ridiculisait maintenant !

« Je m'appelle April Winchester, Monsieur Leak. » fit-elle en se frottant la base du crâne, endroit à présent douloureux et un peu bossu. Elle soupira un peu, puis repris, en farfouillant dans les bouquins qu'elle venait de classer. Elle avait dû voir quelques livres assez intéressants, du point de vue de lectrice assidue de divers genres. « Alors vous avez ici les Aventures de Monsieur Lixy, c'est en gros un archéologue qui parle de ses fouilles et de ses aventures. C'est plutôt intéressant, et ludique avec ça, mais rythmé à tel point qu'on ne s'en rends pas compte et qu'on est comme happé par les héros. Cet archéologue, Mark Lixy, va donc visiter divers continents à la recherche de fossiles et de trésors, et il ne va pas toujours tomber sur de gentils pokémons, car une organisation secrète a décidé de mettre la main sur toutes ses trouvailles ! »

Son ton était à présent un tantinet fort, et elle plaça une main devant sa bouche ; elle s'était encore une fois laissée allé à son caractère assez expressif - elle si timide habituellement, quand elle parlait d'un sujet qu'elle aimait, on n'en finissait plus. Elle mit le livre de côté et en pécha un autre d'un mouvement si rapide qu'on aurait dit le hasard.

« Ici, cela parle d'un pokémon tueur. Des jeunes femmes sont retrouvées assassinées, éventrées et le corps cisaillé. Des policiers mènent l'enquête, mais ne savent dire si c'est un pokémon qui fait cela par besoin, par envie, ou si il est manipulé par un dresseur. S'ensuit une course contre la montre pour sauver une jeune femme, amie d'un policier, et menacée de mort, avec un fond psychologique assez tordu, avec la façon de voir du tueur, et celle de ses victimes. »

Elle se tourna vers le professeur, s'attendant à ce qu'il fasse un commentaire ; désirait-il autre chose, cela ne lui plaisait pas ? Elle lui tendit le livre, tenu entre ses mains un peu tremblantes. Elle se mordilla la lèvre, un peu angoissée d'être là. Est-ce qu'il allait ne pas apprécier qu'elle lui ait fait les résumés ? Elle ne voulait pas être mal vue, par le premier jour !

Cette bibliothécaire n'était pas très habile de ses mains à en croire mes yeux. Effectivement, la demoiselles aux prunelles mauves avait, par mégarde, fait tomber quelques crayons qu'elle s'empressa de ramasser. Alalalah... Vraiment pas doué ces jeunes, de nos jours. Croyez-moi, à une époque, ce ne se serait pas passé comme ça ! Mais bref, n'étant pas mieux dans mon genre, je me contentai de regarder cette femme faire ce qu'elle avait à faire. Il est notable cependant que je ne pus m'empêcher d'esquisser un petit sourire amusé en voyant celle qui s'occupait de la bibliothèque se cogner la tête contre bureau. Non non, ne vous méprenez pas, ce n'est en rien de la moquerie. Disons juste qu'il vaut mieux rire de sa maladresse que d'en pleurer. Ceci dit, une fois que la jeune bibliothécaire eut terminé de ramasser ce qu'elle avait fait tombé, elle se présenta à moi puis répondit à ma demande en me conseillant plusieurs livres. Bon résumons. Cette charmante jeune femme s'appelait April Winchester et elle avait « en boutique » deux livres qui visiblement, étaient intéressants. Le premier parlait d'un aventurier dont le nom n'était pas sans rappeler un petit lionceau électrique. D'après la description qu'en avait la jeune femme, ce livre n'avait pas trop l'air barbant. Tout était normalement présent pour que je n'ai pas à m'endormir. Il y avait de l'action, un héros charismatique – du moins aux dires de la bibliothécaire, il avait l'air de l'être – des supers méchants pas beaux qui veulent voler le super gentil héros. Ce livre était en définitive assez abrutissant pour moi ! Aucunement besoin de réfléchir, de penser. Ah ! Ça c'était un livre pour moi, je vous le dis de suite. Le second aussi aurait pu me plaire. Néanmoins ce bouquin me semblait assez...Violent. À tout les coups, j'allais déprimer et stresser en lisant ce truc. Choses dont je n'avais pas besoin. Déjà que j'avais l'envie folle de me tirer une balle à chaque fois que je croisais le regard de mes Pokémons – plus particulièrement celui de mon Skelenox – alors n'en rajoutons pas sans quoi je risquais fortement de finir en dépression. Qui plus est, il semblait évident que ce genre de roman policier allait m'obliger à avoir une activité cérébrale élevée. Bref,ce livre, « c'est mort » je ne le prendrai pas, comme le disent si bien nos jeunes élèves.

Tendant vers moi le second bouquin, mes yeux passèrent successivement de la gamine, au roman policier jusqu'à finalement atterrir sur le premier livre qu'elle m'avait proposé. Ce dernier était sur la table juste à coté d'elle. En le voyant, j'eus soudainement l'envie de faire crise cardiaque. MON DIEU, CE LIVRE EST GROS. À vue de nez, il devait facilement faire trois cents pages ! Voyons, c'était bien trop long pour moi ! J'allais m'endormir à la moitié, à n'en pas douter. C'est triste pourtant, je l'aurai bien lu si seulement il avait fait deux cent soixante pages de moins – rassurez-vous, vous calculez bien, je lisais réellement des livres de quarante pages – mais là... C'était trop, beaucoup trop pour ma pauvre boite crânienne. Mon lobe occipital n'allait pas apprécier le surplus de lettres et de pages, soyez-en certain ! Étant finalement peu emballé par le second livre, je me grattai timidement la barbe afin de montrer une certaine gène. Les deux livres ne me convenaient pas. Elle allait devoir trouver autre chose !

« Hum. Mettez le premier livre de coté, peut-être que je le prendrai. Mais dites-moi, vous n'avez rien d'autre ici ? »

C'est vrai quoi ! Elle me proposait seulement deux livres. Pourtant si mes yeux ne me mentaient pas, j'en voyais facilement des centaines ici. Qu'elle fasse un petit effort bon sang ! Un peu plus de dynamisme ! Allez ! Vite ! Plus de livres, plus de proposition et que ça saute ! …Bref, trêve de plaisanterie. Ceci dit n'ayez crainte, j'allais la faire travailler cette petite. Après tout, c'est bien connu, l'Eric Leak sauvage est un être difficile à satisfaire. April pouvait bien ratisser tout les livres du monde, il n'était pas certain qu'elle en trouve un susceptible d'éveiller chez moi une quelconque envie de le lire. Le second livre était bien trop déprimant pour moi. Le premier était trop gros. Dans tout les cas, j'avais – et j'allais avoir – quelque chose à redire.

Spoiler:

April attendait sagement, comme une enfant pour savoir si ses devoirs sont bons. Elle attendait l'avis du professeur quant à ses conseils. Elle lui avait présenté deux livres, et c'était bien peu, mais elle avait présenté ceux qu'elle avait pour le moment mit en banque de données. Elle ne savait pas où se trouvait quel autre livre ; elle allait devoir se mettre à farfouiller ailleurs si il désirait autre chose. Elle avait cru lire une lueur d'intérêt dans ses yeux, mais elle s'était éteinte lorsqu'il avait aperçu le livre. Elle posa ses yeux sur la tranche ; est-ce qu'il était mal en point ? Non, sa couverture était en bon état. Ah ! Elle venait d'avoir l'intuition que, comme bien des élèves, ce professeur était découragé face à l'épaisseur du livre. Elle soupira intérieurement, car ce qu'elle préférait, elle, c'était les longues histoires avec pleins de pages et de héros.

Il lui demanda de le mettre de côté, ce qu'elle fit en le posant sur son bureau, bien à part des autres bouquins qu'elle inventoriait. Elle se tourna vers le Professeur Leak et lui demanda, d'un ton enjoué :

« - Vous avez quelques restrictions par rapport aux livres ? Que je me fasse une idée. Les genres à éviter, ceux que vous aimez, le nombre de page, les auteurs ... Plus vous m'en direz sur vos goûts, mieux je pourrais vous conseiller. Il y a ici des tas de livres, je suis sûre que je peux trouver votre bonheur dans ces pages.»

Elle en était réellement convaincue. Car pour quelqu'un comme elle, assoiffé de savoir, qui adorait lire tout et n'importe quoi juste pour l'apprentissage, la bibliothèque était le paradis. Elle savait qu'ici se tapissait un livre pour chacun, qui pourrait intéresser plusieurs personnes. Elle savait aussi que le Professeur Leak devait avoir des exigences vis-à-vis de ses lectures ; si il lui en donnait quelques unes, elle pourrait se remémorer ce qu'elle avait lu ou décrit et pourrait lui conseiller. Déjà, dans sa tête venait quelques nouvelles fraîches et agréables à lire ; un ou deux livres de poésie rigolote et aussi un conte pour enfant, mais intéressant aussi pour les grands. Mais elle attendait de voir, tout en faisant une liste dans sa tête de ce qui serait susceptible d'intéresser ce lecteur difficile. Il était comme un défi.

« Sûrement, sûrement...Heum...Attendez cinq minutes que je réfléchisse. »

Quel livre pouvais-je bien aimer ? Quel type de livre ? Quel type d'auteur ? Tout cela me paraissait bien compliqué. Au fond, j'aimais un peu tout et n'importe quoi. Encore fallait-il que le livre m'intéresse et ne soit ennuyeux. Après tout, j'avais déjà lu quelques romans policiers bien sympathique tout comme j'avais pu, par le passé, lire des romans de science fiction ou bien d'aventure. Lui demander donc de cibler un type particulier n'était pas judicieux puisque du type ne dépendait pas le ressenti que je pouvais avoir sur une œuvre. De la même façon, je n'avais pas réellement d'auteur de prédilection. Autant certain livres d'auteurs romantiques m'avaient paru excellent, autant d'autre m'ont ennuyés à mourir. Cela s'applique bien évidemment pour tout les autres mouvements littéraire et pour tout les types d'auteurs : Réalistes, symbolistes et j'en passe.. Pareillement, des livres du XIXeme m'avaient passionnés tandis que d'autres profondément déçu. Et cela était effectivement vrai pour toute les époques. Après tout, il y a du bon qu'importe les siècles et les périodes.

Cherchez des points communs entre tout les livres que j'avais apprécié était donc difficile, voire quasi impossible pour quelqu'un de normalement constitué. Ah, si ! En fait j'en avais un ! Tout les livres que j'avais lu jusqu'en entier – et donc apprécié – étaient court, très court même. Comme dit précédemment, l'ouvrage ne devait pas excéder la quarantaine de pages, sans quoi je risquais de m'endormir. Bien entendu, je pouvais lire des livres un peu plus long – car oui, des livres de quarante pages, ça ne court pas les rues – néanmoins j'avais une vraie préférence pour les œuvres courtes. Peut-être qu'en lui disant cela la bibliothécaire réussirait à trouver quelque chose que j'étais susceptible de lire sans m'endormir ? Au fond peut-être. De toute façon, ce n'était pas comme si j'avais quelque chose à perdre. Je pouvais toujours lui dire cela et puis bah...Advienne que pourra comme on dit chez moi ! Dans tout les cas, n'étant pas vraiment fan d'un style en particulier, je répondis à l'interrogation de mon interlocutrice d'un air neutre, seulement quelques secondes après qu'elle m'eut posé la question.

« Et bien à vrai dire je peux aimer tout et rien à la fois. Déjà, il faut que le livre ne soit pas trop long et ennuyeux. Ensuite, cela peut être un roman policier, ça ne me dérange pas car je ne suis pas rebuter par ce genre. Au contraire même. Évitons juste les scènes macabres et autres détails sordides. Bref, pas de morts pour moi si possible. Quoique un roman policier sans mort, ça risque d'être ennuyeux donc évitons juste les scènes macabres, ça fera l'affaire. Les romans d'aventures sont sympathiques à lire sauf s'ils sont long et barbant. Je n'ai pas envie de savoir avec quelle sauce un héros mange ses frites ou bien encore à quelle heure il se lève et j'ai encore moins envie de connaître la marque de ses sous vêtements. Ah, j'aime bien la poésie et les contes aussi mais on va éviter les trucs pour gamin, ça me donne envie de vomir. Les contes philosophiques sont sympathiques, surtout quand il y a une morale mais bon, faut pas non plus que la morale soit trop niaise sinon ça aussi, ça risque de me donner la gerbe. Un livre que je veux et, accessoirement, peux lire doit me faire quelque peu réfléchir, pas trop non plus sinon je risque d'avoir des envies de meurtre. J'ai aussi lu dans ma jeunesse quelque roman à l'eau de rose. Bon, c'est un peu niais toutefois si c'est bien écrit je peux supporter sans trop de difficulté. Sinon pour les auteurs euh...Bah j'en sais rien. Aucun nom ne me revient actuellement. Ah ! Et en plus du nombre de pages, il ne faut pas que ce soit écrit trop petit sans quoi je risque de prendre mes lunettes pour lire et j'aime pas qu'on me voit avec mes lunettes même si à n'en pas douter, cela me donne un air intelligent. Enfin bon, peu importe ! J'espère que vous trouverez ce que je désire ! »

Eric Leak, ou comment parler des heures sans délivrer aucune information digne de ce nom. À m'entendre, il n'y avait aucun livre qui pouvait me convenir. Quoique...Au fond, tout les livres pouvaient me convenir mais jamais quoi qu'il advienne, j'allais toujours trouver quelque chose à redire. À croire que c'était peine perdue. C'était bien dommage pourtant. Le premier livre là, les aventures de monsieur Lixy était vraiment pas mal. Dommage qu'il soit si long.

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Le Professeur Leak répondit à sa question. En détail, en long, en travers, en dedans et en dehors ; elle reçut une foule d'informations qu'elle s'efforça de classer tant bien que mal. Le problème c'est que sa diction était normale - et le temps qu'elle classe une info, il en était à une autre phrase. Elle grimaça un peu, en essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées et en cherchant ce qui correspondait à ce qu'il demandait, à ce qu'il voulait.

Il aimait un peu tout, mais pas de scènes macabres, pas de trucs niais, pas de trucs embêtants et gros. Il aimait les livres écrit en gros, mais de peu de pages. Bon, elle pouvait faire quelque chose avec ça, non ? Elle resta quelques instants sans rien dire, classant les informations et repérant ce qui pourrait lui plaire. Elle tomba au final sur trois bouquins, mais elle ne savait pas où ils étaient ! Pas grave, autant lui expliquer ce dont il retournait, et voir si il était intéressé. Si oui, elle devrait les chercher - pourquoi est-ce qu'elle avait l'impression qu'il allait être intéressé, qu'elle allait chercher longtemps, qu'il allait les voir et les rejeter ?

- Alors, en ce qui concerne les romans policiers, il y en a beaucoup avec des scènes assez glauques, et des thèmes un peu tordus. Néanmoins, l'histoire de Sherlock Holmes et les dix Pichu est une trame policière avec des morts, certes, mais pas détaillées. Il s'agit d'une enquête sur des meurtres étranges, qui se passent dans des endroits clos - et pourtant, les morts ne sont pas des suicides ! Sinon, il y a aussi les contes de Gramm, deux frères qui relatent les contes et légendes des régions qu'ils traversent, avec des légendes pour adultes et d'autres pour enfant. Globalement, c'est un bon livre, sans trop de morale nian-nian, et qui dépeint bien les pokémons, leurs origines supposées, ce genre de choses. Et enfin, je peux vous proposer Orgueil et Pikachu ; un livre romantique, dont l'héroïne doit subir divers problèmes et souffrances pour arriver à trouver son amour. Ce n'est pas trop niais, et on s'attache rapidement à la jeune femme. Mais ça m'étonnerait que vous vous mettiez dans la peau d'une jeune femme de 18 ans.

Elle eut un petit sourire, en se demandant si elle allait un jour trouver quelque chose qui lui plairait. Elle n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi pointilleux sur ses lectures ! C'était incroyable, et pourtant.

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Visiblement mes demandes avaient quelques peu déroutés la jeune femme. à tel point qu’elle fut dans l’incapacité de rétorquer de suite à ma demande. En effet, elle due passer par plusieurs étapes intermédiaires dont celle de noter toutes mes exigences. Ce qui, croyez moi sur parole, allait prendre quelques temps. Une fois ceci fait, elle essaya ensuite d’organiser une réflexion afin de me conseiller les œuvres qui étaient susceptibles de me plaire. Parmi sa sélection, plusieurs livres de tout type, de tout genre et de différents auteurs. Mais analysons linéairement ces propositions. Tout d’abord elle me proposa un roman policier. Un roman de Sherlock Holmes et les Dix… Ah ! Stop ! Arrêtez-vous. Oui, ça ne servait plus rien à de continuer dorénavant puisque je les avais déjà tous lu. Et oui, c’est vrai – ne me regardez pas comme ça, je vous dis que c’est vrai – même un ignare tel comme moi connaissais ses classiques. Là en l’occurrence les œuvres de Arthur PokéDoyle étaient tous ancré au plus profond de ma mémoire et pour cause, je les avais déjà lu étant plus jeune. Pareillement, je connaissais plus ou moins déjà les contes des frères Gramme. Bon en revanche, je n’avais jamais lu le livre – il est bien trop gros d’après mes souvenirs – disons juste que des gens de mon village s’amusaient à se raconter des histoires tel que Princesse Raiponce ou autre. De la même façon, je connaissais déjà l’histoire d’Orgueil et Pikachu pour l’avoir déjà vu… A la télé ! Si si ! Les films, les séries ! J’avais tout vu. Soit dit en passant, elle se trompait. Certes je ne pouvais pas m’identifier à l’héroïne néanmoins au vue des descriptions, je pouvais aisément m’identifier aux hommes de cet histoire tel que monsieur Darcy puisque ils étaient tous vêtu comme moi ! Ah ! Ca, c’était la belle époque je vous le dis. On s’habillait proprement, on avait tous une barbe et on trouvait ça normal. On avait des chapeaux comme les miens. Bref, on avait la classe ! Ce n’était pas comme tout ces petits délinquants en jean et en baskets ou bien ces pauvres gosses avec leur casquette ridicule. Non mais je vous jure, de nos jours on en fait plus des chapeau comme le mien ! Enfin, cessons de tergiverser et vrillons tout de suite de sujet sans quoi je risquais de m’emporter. Et dieu sait que quand je m’emporte, ce n’était pas beau à voir. D’autant que cela pouvait aisément durer des heures et des heures. 

Pour en revenir au sujet, il se trouve que je connaissais toutes les œuvres que le bibliothécaire m’avait cité précédemment. Certaine via des lectures d’enfance, d’autre via les légendes urbaines et la dernière via le cinéma. C’était donc encore raté pour cette chère April ! espérons qu’elle ne le prenne pas trop mal. Un sourire aux lèvres, j’allais faire croire à cette gamine que j’avais lu tout les livres qu’elle m’avait proposé. Ce qui soit dit en passant était faux vu que seul les livres de Sherlock Holmes avaient vu ma table de chevet.

« Oh, je vois que vous connaissez vos classiques miss Winchester. Mais je les ai déjà tous lu. Inutile de me proposer des Sherlock Holmes, je suis un grand fan d’Arthur PokéDoyle et de ses personnages. D’ailleurs mon préféré reste le Pokémonologue Watson. J’ai aussi adoré le livre où Sherlock Holmes est avec Moriarty au bord de lac Colère et où un Léviator lance son attaque cascade sur le méchant criminel. Eh, oui, aussi étrange que cela puisse paraître, je connais mes classiques. Pour ce qui est des autres, et bien je les ai aussi lu, voyez-vous. Détrompez-vous d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé Orgueil et Pikachu. C'est un livre passionnant peignant une époque révolue dans laquelle j'aurai beaucoup aimé vivre. Ah et il est inutile de me proposez des romans policiers tel que Hercule Canarticho ou Arsène Lockpin, je les ai déjà lu aussi. Désolé de ne pas vous l’avoir précisé plus tôt. En tout cas, j'ai hâte de voir ce que vous avez d'autres en réserve. »

C’était vraiment dommage mais il y avait de l’idée. Qui sait, peut-être réussirait-elle au prochain coup. Ou peut-être pas… Plus j’y pensais plus ce Monsieur Lixy me faisait penser à un héros de cinéma que j’avais beaucoup apprécié notamment grâce à son film, « Le Royaume de Crâne de Fantominus » Peut-être devais-je finalement le prendre ce fichu bouquin, non ? Boarf, non. Il était trop long

Spoiler:

Mai c'était une horreur ! Enfin non, pas vraiment, mais un peu quand même ! Tout ce qu'elle proposait n'allait pas. Il avait soit lu, soit ça ne plaisait pas. April se mordilla la lèvre, une angoisse au creux de sa gorge. Elle était prête à défaillir ; s'enfuir en courant était une possibilité ? Hélas non. Mais c'était son premier jour en tant que bibliothécaire ici, et elle tombait sur LE lecteur pointilleux. Pour un peu, elle en aurait pleuré ! Elle inspira un grand coup, et mit à travailler ses méninges. Qu'est-ce qu'elle connaissait encore qui pourrait plaire au monsieur ? Cependant, avec le stress qu'il faisait naître chez elle, tout son savoir semblait s'échapper de ses oreilles comme de la gelée trop liquide. Elle passa une main dans ses cheveux, ne faisant pas exprès d'allonger le silence entre eux.

Bon, du calme, elle avait sûrement des trucs en stock !

- Je peux vous proposer un roman classique sur des chevaliers ; Yvain ou le chevalier au Luxray. Une histoire de fidélité, de chevalerie, de tueries romanesques, de princesses. Ou les Fables de la Fontaine ? Avec pour héros les pokémons anthropomorphes, qui représentent les défauts des hommes ? Ou George Orewell, avec la ferme des pokémons !

Elle commençait à paniquer ; si elle ne trouvait rien pour lui, allait-il la tancer ouvertement ? L'insulter, lui crier dessus ? Si il faisait ça, elle éclaterait en larmes. Elle aurait aimé être ailleurs, cachée dans un trou de souris. Etait-elle si nulle que ça en tant que Bibliothécaire ? Son rêve, elle l'avait atteint mais est-ce qu'elle était apte à faire ce métier ? Mais pourquoi est-ce qu'elle remettait tout en question comme ça ? C'était sa nature ; dès le moindre problème, elle pensait être le mauvais élément. Elle essayait d'être optimiste, mais parfois ça ne marchait pas. Elle lança un regard éperdu au professeur, qui le suppliait de l'aider ; que devait-elle faire ?

Spoiler:

Allez hop, un livre, on refuse. Un autre, on refuse aussi. Encore un autre ? Et bien on refuse encore ! Celui-là ? Trop long. Celui-ci ? Trop ennuyeux. Ce dernier là-bas ? Trop …Euh...Trop quelque chose ! En tout cas, je n'en veux pas. Voilà à peu près à quoi pouvait se résumer notre conversation. Bien évidemment je caricature cependant, ne nous voilons pas la face, cet entretien ressemblait réellement à ça.

Par ailleurs, mes dires avaient mis la jeune femme dans un sale état. Je n'étais absolument pas expert dans le comportement humain néanmoins mon expérience était formelle : Sa gestuelle trahissait une anxiété certaine. Une femme qui se gratte les cheveux, ce n'est jamais bon signe. Oui, April était en proie au stress, à la peur de l'échec et ça, je le voyais bien. N'étant donc pas totalement un chacal – quoique... – je me mis en tête de cesser mes demandes. Je suppose que c'était ainsi que devait se terminer cet entretien. Je n'étais pas un grand lecteur et il n'y avait rien ici qui pouvait me plaire, c'était évident : Ou bien c'était trop long, ou bien trop barbant ou bien encore il s'agissait d'une œuvre que j'avais déjà lue ou bien dont j'avais déjà entendu parler. Dans tout les cas la bibliothécaire allait avoir du mal à trouver un livre susceptible de plaire à un homme aussi difficile que moi. De ce fait ; J'allais abréger ses souffrances et me retirer de ce lieux ô combien sélectif qu'était la bibliothèque. Du moins avant cela, essayons d'être un tant soit peu aimable avec elle, faisons semblant d'être intéressé par ces bouquins et remercions-la pour tout les efforts qu'elle avait fournie. Qui plus est, je lui avais bien fais perdre cinq ou six minutes de son temps avec mes petits caprices de lecteur.

Parmi la dernière vague de livres, des grands classiques que, certes je n'avais pas lu mais dont je connaissais la fin. Après tout au village, tout le monde se racontait ces histoires de chevalerie, de roi Arthur Pandrattak et j'en passe. Il en était bien entendu de même pour les Fables de la Fontaine et de ses Pokémons. Je me souviens d'ailleurs d'une d'entre-elle. Vous savez, celle du méchant renard Musteflott et du gentil Lançargot. Ah … Que de souvenir ! Enfin bref, tout ça pour vous dire que ses propositions, bien qu'intéressantes, ne me convenaient pas. Esquissant un sourire gêné, je levai la main droite afin de faire signe à la charmante bibliothécaire de s'arrêter.

« Je n'en prendrai aucun, désolé. Je les connais tous plus ou moins et ils ne m'intéressent pas tous. En effet, les Fables sont un grand classique et même si je ne les ai jamais toutes lu, je connais déjà les aventures et les morales qui s'y trouvent. Il en est de même pour les romans chevaleresques, c'est typiquement le genre d'histoire qu'on se racontait dans mon village, à l'école et dans les prés. En tout cas, merci de vous être démenée pour moi, j'apprécie vos efforts. Beaucoup de vos consœurs auraient abandonnés avant vous et m'auraient envoyés valser prétextant qu'elles avaient du travail urgent à faire. Je vais repartir bredouille aujourd'hui, ce n'est pas un soucis. Vous avez surement énormément de choses à classer, de livre à ranger, je n'abuserai donc pas plus de votre temps. En tout cas, c'est dommage que ce livre, l'aventurier Lixy, soit si long. Peut-être qu'un jour, si j'ai la volonté de rester concentré et si mes petits yeux fatigués le veulent bien, je l'emprunterai et le lirai. Bonne journée à vous. »

Ah oui mes petits yeux ! Moi qui portais des lunettes, j'allais souffrir – et m'ennuyer – si jamais je lisais un livre tel que celui-ci. Pourtant, comme dis à de maintes reprises, l'histoire me paraissait vraiment intéressante. C'était un beau gâchis de ne pas le lire, ce fichu bouquin. Enfin peu importe ! Jusqu'à preuve du contraire, je n'allais pas mourir si je ne lisais rien, bien au contraire. Posant la main sur le rebord de mon chapeau, je saluai une dernière fois miss Winchester, et me retournai. Direction la table sur le coin. Si je ne pouvais pas lire et bien j'allais m'ennuyer ! Ou bien dormir, au choix. Finalement, je crois que j'allais m'assoupir. Enfin bon, advienne que pourra comme on dit chez moi. Le dos tourné, je fis un pas, puis deux, puis trois. Était-ce déjà fini ou ? …

Spoiler:

Il ne les prenait pas. Il ne les voulait pas, il connaissait globalement leur histoire. April l'écouta sans trop d'attention, sentant comme quelque chose qui s'effondre en elle. Etait-ce cela, ce métier dont elle avait tant rêvé ? Elle avait toujours désiré être ici, dans une grande bibliothèque et cet instant, son premier lecteur, sa première demande, elle l'avait imaginé maintes fois. Certes, elle s'était un peu emballée en songeant qu'elle pourrait devenir la plus grande bibliothécaire de tous les temps, qu'on l'adulerait pour sa capacité à vous aider quand vous en aviez besoin. Mais là, ça dépassait son pire cauchemar. Elle était là pour aider, et elle avait échoué ! Il fallait qu'elle réfléchisse, qu'elle arrive à faire quelque chose, vite ! Elle ne pouvait pas laisser la situation se dégrader à tel point que Monsieur Leak partait, un peu déçu ! Non, elle ne laisserait pas faire ça !

- Attendez !

Il s'était stoppé dans son éloignement. Vite, quelque chose ! Ses pensées fusèrent : il était un brin paresseux, et l'histoire des aventures de l'archéologue Lixy l'intéressaient, non ? Bon, le livre était gros, et c'était ça, le problème. Elle ne pouvait décemment pas lui pondre un résumé... Le livre audio ! Mais pourquoi elle n'y avait pas pensé ! Elle se rua vers une étagère où trônaient des livres en CD - chose qu'elle avait remarqué dès son arrivée.

- Il y a quelque chose qui pourrait vous intéresser , fit-elle en cherchant le livre audio. Elle le trouva etle tendit au professeur ; la couverture montrait un archéologue un peu rondouillard, un grand sourire sur le visage, et un uniforme montrant un lixy rugissant, sur fond noir et têtes de méchant. C'était assez kitsh, comme pochette, mais l'histoire en valait la peine. Voici le livre audio ; si l'histoire vous intéresse tant, vous pouvez l'emprunter et vous me direz ce que vous en pensez ?

Elle fit un grand sourire, convaincue qu'il allait le prendre ; pourquoi ne le ferait-il pas après tout ? Elle se sentit respirer un peu mieux ; elle avait trouvé une solution ! Elle ne s'était pas enfuie comme une lâche, elle avait fait front, elle avait insisté ! Est-ce que ça allait payer ?

Et non, ce n'est pas terminé. Je me disais bien que cet entretien ne pouvait se conclure sur une aussi mauvaise note. Après tout, toute les histoires – ou presque – réussissent à trouver un dénouement heureux, non ? Si tel était le cas, nous devions en trouver une April et moi, nous qui étions dans le royaume du livre. Cela paraissait logique...Ou pas. Bref, April Winchester m'interpella, me demandant de m'arrêter, ce que je fis dans la seconde. Finalement elle avait peut-être quelque chose d'intéressant pour moi ? Mmh...Peut-être. Espérons qu'elle ne me propose pas un énième livre dont je connaissais l'histoire ou bien dont je me moquais éperdument. Ainsi, elle fouilla je ne savais trop où dans des affaires qui ne semblaient pas être des livres. Était-ce parmi tout cela que se trouvait cette « chose » susceptible de m'intéresser ? Certainement, oui.

Malgré tout ses efforts et sa bonne volonté, il lui fallut quelques minutes pour trouver le fameux objet : Un CD. Hein ? Attendez-là, j'ai bien vu, un CD ? Dieu divin tout puissant ! Nous sommes dans une bibliothèque et elle me sort un CD ? Où est la logique ? Et d'où est-ce qu'elle me sort ce truc ? Je voulais un livre moi, pas une compilation de chansons. Qui plus est, nous n'étions pas de la même génération. De ce fait, à tout les coups nous n'écoutions pas les mêmes artistes et le même type de musique. Elle, devait certainement aimer ce tas d'immondices industriel qu'écoutent les jeunes tandis que moi j'appréciais des choses bien plus raffinées, bien plus nobles. M'enfin, ne faisons pas le difficile et voyons ce qu'elle me tendait là. Mettant la main sur le CD, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire en voyant sa pochette. Un homme, habillé tel un archéologue du siècle précédent, tout rond, tout gros, un sourire idiot aux lèvres. De plus sur sa chemise se trouvait un … LIXY ! Oh et, voilà que sur le haut était écrit d'une typographie affreuse à vous donner la nausée : « Les aventures de l'archéologue Lixy », c'était étrange. Certes la pochette était moche néanmoins cela semblait être une réplique exacte du livre. Ce n'est que lorsque la bibliothécaire aux yeux mauves m'expliqua qu'il s'agissait d'un livre audio que je compris le pourquoi du comment. En tout cas, voilà qui était malin de la part des industriels. Ce format là me plaisait et devait, à n'en pas douter, plaire à beaucoup de monde qui, comme moi, n'avait pas suffisamment d'envie et de volonté pour se plonger dans un bouquin gros comme celui de l'archéologue Lixy. Assez satisfait et intrigué, je levai la tête, passant ainsi de la pochette du CD au visage de la bibliothécaire et répondis :

« Oui, c'est ce que je vais faire. Tenez, mettez-le à mon nom. J'ai de quoi lire les CD chez moi. Je pense écouter le début ce soir. En tout cas, c'est novateur c'est trucs-là. Ça n'existait pas quand j'étais plus jeune. »

Pour une fois qu'on crée quelque chose de bien, je pouvais toujours faire la remarque. Après tout, c'était vraiment intéressant comme format. Car comme dit précédemment, ces « livres audio » allaient venir en aide à plein de monde. Les flemmards, les aveugles – quoique eux avaient déjà les livres écrit en braille non ? – les flemmards et euh...Les flemmards. Bref, on pensait à nous autres, amis glandouilleurs, ce qui n'était pas pour me déplaire. Après avoir pris ce livre avec ma vieille carte de bibliothèque, je me retournai satisfait tout en ayant, au préalable, adressé une nouvelle fois mes adieux à cette chère April. Après avoir terminé ce que j'avais à faire, peut-être irai-je faire un tour du coté du centre ville, pensais-je. Si je désirais aller là-bas, c'était bien entendu histoire de m'acheter ce truc que tout les gamins ont. Vous savez, cet appareil technologique qui permet de lire les CD et certain dossier informatique sans avoir à recourir aux grosses chaines hi-fi. Enfin bref, allez savoir comment ils appellent ça. Toujours est-il que j'allais sûrement m'en acheter un. Grâce à cela, je pourrai « lire » où je veux, quand je veux et sans avoir à faire aucun effort.

Spoiler:

Et voilà, ça y était ! Il avait prit le CD audio ! Il acceptait ! Alléluia ! April semblait entendre les trompettes des anges, les petits oiseaux qui faisaient cui-cui. C'était merveilleux ! Elle fit un grand sourire au professeur Leak et pencha la tête quand il parla, laissant une mèche de cheveux sombre barrer son front. Elle haussa les sourcils ; elle venait de remarquer qu'il parlait de façon ... vieillotte. C'était mignon ; il ne devait pas être si âgé que cela pourtant, mais sa tenue, cette barbe affolante, tout chez lui détonnait d'anormalité comparé au cadre qui l'environnait.

- Allons, je suis sûre que vous n'êtes pas si vieux que cela. Amusez-vous bien, et à une prochaine fois peut-être, lui fit-elle en signe d'invitation.

Après tout, elle avait réussi une fois à l'aider dans ses choix, pourquoi pas deux ? Elle retourna à sa place ; elle avait encore beaucoup de travail à faire, et c'est le coeur encore plus léger qu'elle le reprit. Elle avait réussi à aider un professeur ! Peut-être allait-il parler de la bibliothèque à ses collègues ? Est-ce qu'ils lisaient, au moins ? Bah, peu importait ; elle serait là vaille que vaille, contre vents et marées, prête à aider quiconque le demanderait. Elle se rassit à sa table, avec une pile de livres pas encore entamés, et se remit à écrire dans son carnet les codes des livres, dans l'ordre, tranquillement. Le silence dans la bibliothèque la berça ; c'était tout simplement super.

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