La menace de Mirage était a présent écarté. Il s'était écoulé quoi, deux semaines ? Deux semaines et quelques jours, tout au plus. Bien que scotché à son écran qui affichait la date et l'heure en permanence, il arrivait à numéro 9 de perdre de vue les jours qui se suivent. Lundi, Mardi, Mercredi, au final on s'habituait tellement à ce rythme qu'on finissait par l'oublier. Et c'est sans doute à cause de cette fâcheuse tendance à se répéter que cette semaine Kenji faisait tout de travers. Changement de cours ? Ah non, pause déjeuner. Au moins c'était positif, il n'allait pas arriver en retard à un cours, oublier ses stylos ou se tromper de salle - quoique s'il y avait eu deux réfectoires vraiment séparés il aurait été capable d'aller dans celui des profs.
Bentō à la main, ou plutôt dans son sac en bandoulière puisque sa main était autrement occupée par son téléphone, Kenji descendait les escaliers quatre par quatre. Manger oui, mais manger seul ne faisait pas parti de ses objectifs. Qui aime manger seul ? A moins d'être un asocial fini, personne ne mange seul sans y être forcé. Lui et son tempérament ô combien sociable n'aurait supporté cette exclusion réservée a un groupuscule de misfits. Marrant de se dire que c'était précisément ce qu'il était au sein de la Team Astria : un misfit.

Ces derniers temps, et malgré la victoire d'Astria sur sa Némésis l'organisation Mirage, la foi de Kenji en le bien fondé de son choix s'était peu à peu amoindrie. Au final, avait-il fait les bon choix... Quitter sa famille, n'y retourner que rarement pour éviter cette autorité paternelle qu'il avait, en bon lâche qu'il était, beaucoup plus de mal à défier en face que dans le dos. Pouvait-on dire qu'il avait poignarder son frère en pleine poitrine en lui reléguant le rôle d'hériter de la firme Yamada ? Sans doute. Combien ici savait qu'il était le descendant premier du patron de cette société ? Aucun, Brian, à la limite, et encore. Ce n'était pas quelque chose dont il aimait se vanté... Et dire que son premier pokémon avait faillit être un Cadoizo, symbole même de firme multinationale de son père. Quelle blague, bien sûr qu'il avait fait le bon choix, douter, pour ne pas dire douter de regretter, prouvait bien les fondements de sa décision.

Seulement voilà, à perdre la notion du temps on finit par arriver en retard, et le rendez-vous fixé pour manger avec ses amis était parti sans lui. Oh mais c'était de sa faute ! S'il n'avait pas oublié le cours d'il y a une heure il aurait déjà fini de manger. Ce n'avait pas été un réel retard, juste un changement de programme. Cruel dilemme : manger seul ou ne rien manger ? Avait-il vraiment faim ? Pour l'instant ça allait, mais pour la suite ? Il s'imaginait déjà en train de gargouiller devant toute une classe. Hors de question ! Il devait manger et il ne mangerait seul que si quelqu'un le voyait seul en train de manger, question de logique. Dissimuler n'était pas le fort de Kenji, mentir était chez lui une option plutôt cheap qu'il était bon de ne pas trop utilisé au risque de la rendre inutilisable. Le Yamada mentait rarement et jamais pour ses propres intérêts, il préférait taire les choses, après tout ne rien dire ce n'est pas mentir. Mentir c'est divulguer de fausses informations, c'est déformer la réalité, ce n'est pas se taire. Parade imparable du faux menteur en somme.

Du coup le Champion s'était trouvé un couloir éloigné de l'axe principal. L'un de ces couloirs emprunté par l'option la moins choisi de l'école et qui possédait une salle vide dans laquelle on ne faisait pas le ménage. Oui, vous voyez bien que vous connaissez l'endroit où il se trouve. Assis sur le sol, Morph', son pokémon, mangeait goulument tandis que son dresseur peinait à aligner trois bouchée tant le fait d'être seul le perturbait. Kenji, ou "comment prouver au monde entier que l'Homme est une espèce qui doit vivre en communauté pour s'épanouir". Quelque part, il se fichait bien du qu'en dira-t-on, c'était juste que seul avec son pokémon il se sentait moins seul que s'il était resté dans une salle. Mettez cinq personnes sur un banc, deux couples aux extrémités et le célibataire au milieu : voilà, vous auriez eu la sensation de Kenji à manger seul à une table ou en plein milieu de la cour. Au moins ici il mangeait tranquillement. Quant aux bruits de pas et à la silhouette qu'il devinait au détour d'un couloir, il s'en réjouit presque. La faute a pas de chance, si c'était un professeur il risquait des remontrances, même en temps que membre de la Team Astria - qui rappelons-le contrôle tout de même l'école - on est tenu de respecter les lieux. Manger par terre ce n'est pas respecter le sol, apparemment.

On clac de ses petits doigts, on fait un tour sur soi, on se met devant le plan de l'étage, on photographie, on refait claquer ses doigts et on repart. Les cours ? Bouarf, il irait. Un jour. Sûrement. Quand il chercherait à ne plus s'ennuyer. Il venait d'arriver aujourd'hui, il repérait les lieux. Cet endroit était bondé. C'était le moins qu'on puisse dire. Certains élèves lui arrivait à la ceinture, ce qui rendait fortement amusant les choses. Il n'avait pas à regretter son choix, ici il pourrait s'amuser autant qu'il veut. Tant de choses à découvrir, à éclaircir, à élucider. Des rumeurs ? Il en avait déjà plein son téléphone. Oui, aujourd'hui était une très bonne journée... Certains élèves s'arrêtait pour le regarder. Ses yeux bleus concentrés sur l'écran de son portable. Tantôt un regard par là. Tantôt on va sur un dossier. On met à jour les plans de l'établissement, on compare. Rien de suspect à première vu. Parmi les rumeurs, Mirage & la Team Astria étaient les plus connues, même si le fantôme de fille qui hantait la réserve la nuit était pas mal connue aussi. Il aurait de quoi s'occuper ici. Peut-être même qu'après enquêteur et observateur, il aurait à devenir acteur ... Peut-être serait-il bon au théâtre ? Il n'avait jamais tenté d'en faire. Mais tant qu'il ne s'ennuyait pas. Tout était nouveau pour le moment, il s'y perdait même avec joie malgré le plan. C'était bon signe. Tant qu'il pourrait prolonger son émerveillement, il passerait un bon moment. Il était suivi de son Solochi qui lui mordait le pantalon avec délicatesse pour le suivre. Un spectacle grandiose, amusant même. Mais il était nouveau ici. Il n'était qu'un étudiant de plus parmi les autres. Un inconnu... Et tant de gens à découvrir, à expliquer !

Peut-être des problèmes à résoudre aussi ... C'était une façon de se sentir vivant, de voir les autres sourire. S'en sortir souriant d'une confrontation aussi. Affronter ses problèmes aussi. Rencontrer des gens aussi. Il devait remplir son fichier des étudiants importants. Surtout avec les rumeurs que des élèves contrôlaient l'école. Cela lui rappelait un manga qu'il avait lu ... Les anges de l'école ? Peut-être. Il s'assurerait de ça. Il se souvenait que les anges auquels il pensait était prêt à tout pour dominer les autres et jouissait de leur pouvoir sur les autres d'une façon malsaine... Enfin, il était un peu comme ça. Il cherchait à découvrir pour mieux influer. Mais jamais il n'avait tenté de nuire à qui que ce soit sans raison. Aussi, en divaguant dans les couloirs, son sourire dépassant tout entendement, faisant des moonwalk dans les couloirs, il finit par se retrouver dans un couloir un peu en retrait ; le genre de couloir où s'isoler est possible, en périphérie des couloirs principaux donc. Et là, il le vit, assis au sol, son panier repas avec son pokémon. Ce type avait des cheveux blancs, ce qui était en soi une particularité unique et amusante. Il poussa un petit cri de surprise avant de s'approcher lentement tout en le décrivant. Ses yeux étaient mauve ? Aussi surprenant que ses yeux étaient d'un bleu extrêmement intense. Un autre point commun qu'il se partageait, c'était leur portable. Comment l'avait-il remarquer ? Ce type tenait quelque chose dans sa poche. Et lui aussi savait ce que c'était, de tenir cette fameuse chose souvent dans ses poches. Faisant tourbillonner dans sa main le siens, ses doigts de fées fusèrent.

Inconnu - Yeux mauves, cheveux blancs, semble réellement autant attacher à son portable que moi. A compléter. Clac. Le portable se referma et retourna dans la poche de la chemise, sous son costume noir. Atios, mafieux ? Non, il en avait pas la carrure, mais surtout le costume. Tout en tapant, il avait continué d'avancer vers cet être au sol. Il souriait ? Oui. Aujourd'hui était une bonne journée, alors il était souriant, mais plutôt que de le rendre agréable et abordable, ce sourire si fort et couplé à ce regard bleu profond, il était mystérieux. En fait, sur son front, il était peut-être même écrit qu'il n'était pas quelqu'un de commun. Il se baissa alors, comme l'aurait un délinquant, ses bras partant sur ses genoux, pendant à l'avant, vers l'avant, plongeant son regard dans celui de l'inconnu.

▬ Yoh~ Dit-il, toujours en souriant amicalement. Excuse-moi de te déranger en pleine pause repas... Je suis nouveau. En fait ... Je suis ... Il pris une pause, le temps de réfléchir et d'ajouter : Appelle-moi Titi, c'est mon surnom. Il sourit, agréablement. Le jeune homme était honnête dans ses actes et sa façon de s'exprimer. Jouer la comédie était si naturelle pour lui... Enfin, c'en n'était pas, mais la suite allait être une habile mise en scène. Je suis venu dans cette école car j'ai entendu parler de la team Astria. J'aimerais la rejoindre. Tu saurais comment on fait ? Tu en fais parti?

Direct. Cash. Tellement cash qu'on ne pouvait pas douter de l'honnêteté de sa demande. Et quand bien même c'était possible, au pire il partirait sans info ... Mais quelque chose en lui criait que ce ne serait pas le cas. Peut-être ne serait-ce pas quelque chose de volontaire ! Peut-être serait-ce un clignement d'yeux ? Ou simplement une réponse malhonnête. Dans tous les cas, la pêche aux infos était si amusante. Parfois, le hasard faisait mieux les choses.. Et pour le moment, il fallait bien qu'il rencontre des gens pour commencer quelque part. Et puis, parfois, la finesse se retrouvait dans la spontanéité.

▬ Sinon, tu saurais où se trouve le réfectoire ou un distributeur, histoire que je ne meure pas de faim ? Et puis, si tu veux, on peut manger vite fait ensemble, ça ne pose pas de problème. Ah. Et lui c'est mon Solochi. Vu que cette espèce est aveugle, évite de le toucher. Moi il me mord plus trop, mais la seule façon qu'il a de s'exprimer en général, c'est de mordre. Je ne voudrais pas qu'il te bouffe les doigts ! Ajouta-t-il, amicalement.

S'il faisait exprès de ne pas l'aborder ? Sans aucun doute. A vrai dire il était difficile pour Kenji de ne pas faire le premier pas, étrange dira-t-on, enfin quelqu'un qui aime aller vers les autres. Cette fois pourtant ce fut un autre qui s'avança vers lui. Pourquoi diable faire celui qui ne voit rien, ça c'était Kenji, ne pas importuner ne pas... Yoh ? Il tourna la tête, presque comme si cet individu n'avait cherché qu'à faire du bruit dans son oreille. Yoh, c'était un bonjour ça, enfin, très familier certes, mais un bonjour quand même. Le numéro 9 resta assis quelque temps à regarder le regard bleu de son interlocuteur, peut-être aussi surpris que lui de voir à quel point ils se ressemblaient en étant si différent. Si l'un était vêtu du costume de l'école, blanc et bleu, l'autre étant dans un costume noir, étrange. Brève analyse : familiarité, choix de ne pas porter l'uniforme - ce qui était autorisé même si Kenji s'en faisait une obligation -, allure nonchalante. Soit c'était un Narcissus, ce qui était tout bonnement impossible étant donné le fait que le dernier Narcissus ayant fait le premier pas vers quelqu'un doit être dans un sale état aujourd'hui. Soit c'était un Lychnis qui, comme tous les autres, se fichaient éperdument des convenances et du règlement. Tout Faux, mais ça Kenji ne le savait pas encore.
Impensable pour Kenji, appeler quelqu'un par son surnom à peine deux secondes après l'avoir rencontré. Ce type était tellement informel qu'il avait presque cru le connaître, c'était bizarre. Finalement, le Champion se leva, écartant son plateau repas en le donnant qui, par soucis pratique, se transforma en une espèce de tabouret de fortune minuscule : "C'est naturel chez toi ? l'interrogea-t-il en fixant ses yeux bleus avant de les dévier et d'ajouter, d'être à la fois si familier et formel ?". Il fallait avouer que son attitude était étrange, sa façon de parler surtout, il alternait de façon assez amusante toutes les formes de politesse, au moins ça avait le mérite de le rendre atypique et de faire sourire Kenji qui, malgré sa remarque, était presque content que quelqu'un se fiche à ce point des règles de sa propre langue : "Je ne peux pas t'appeler comme ça.". Ce gars le dépassait de presque deux têtes, il était aussi grand vu de sa position assise que debout.

Les question qui suivirent le laissèrent assez perplexe. C'était quoi cette entrée en matière ? Rejoindre la Team Astria, à peine arrivé ? Kenji ne savait même pas si c'était possible, ni même envisageable. A moins qu'elle ne recrute n'importe qui, ce qui n'était pas le cas, "Titi" avait une chance sur mille d'être accepté sur sa simple demande, disons une chance sur deux mille si justement il en faisait la demande lui-même. Numéro 9 acquiesça à sa dernière question, il en faisait parti, tout le monde le savait, c'était limite s'il y avait pas des pancartes avec leur tête dessus pour le clamer à toute l'école : "Mais je ne peux pas te 'recruter'". Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il n'en avait pas le pouvoir, à la limite il avait bien le droit d'avoir des élèves à son service - en quelque sorte - mais ça ne l'intéressait pas le moins du monde. Les méthodes de la Team Astria laissaient parfois à désirer.
Dans toute cette familiarité, notre Champion en était venu à être presque vulgaire, un léger ojigi fusa, accompagné de quelques mots ponctués d'un automatisme bien involontairement hypocrite, entre convenance et obligation de se présenter : "Yamada Kenji, enchanté.", il se releva, passant à autre chose, répondant à ses questions comme si ces brèves présentations avaient tout changé : "Il y a un distributeur au deuxième, juste au dessus de nous, il accompagna son indication d'un index pointé vers le plafond, sinon le réfectoire est au stricte opposé d'ici, presque dans l'autre bâtiment. Tu verras, d'ici deux jours tu seras comme chez toi et ton Solochi n'aura même plus besoin de mordiller ton pantalon.". Il lui sourit, ce qu'il disait était vrai, on s'habituait vite à cette école. Quant à savoir si c'était à cause de son organisation optimisée ou de son conditionnement, c'était une autre affaire. Mine de rien, Kenji venait d'apprendre quelque chose, les Solochi étaient donc tous aveugles ? C'était à la fois étonnant et triste. Le Champion s'accroupit presque à hauteur du Solochi, le regardant d'un air dubitatif, passer sa vie à mordre - que ce soit un pantalon ou toute autre chose - devait être d'un ennui, il hésita à le caresser pour finalement s'exclamer... : "Oh ! J'y pense !", il se retourna, attrapa son plateau d'une main avant de se relever pour présenter Morph' qui avait repris du tac-au-tac sa forme initiale : "Je te présente Morph'.", en y repensant presque tous les élèves avaient au moins un pokémon qui ne les quittait pas, c'était amusant. Heureusement que son premier pokémon n'avait pas été Graph', son Queulorior, pauvre école qui aurait dû repeindre tous ses murs... "Tu as l'air plutôt à l'aise pour quelqu'un qui vient d'arriver, l'école te plaît ?". A défaut d'avoir son nom, il pouvait toujours le tutoyer, c'était déjà ça de pris.

Si c'était naturel chez lui d'être à la fois formel et familier ? Oui. Il n'y voyait pas un défaut, ni même un problème, puisqu'en général, il savait reconnaître les gens un peu trop serrer sur les convenances sociales et celle qui n'étaient pas du genre à jeter la première caillasse à ce pauvre élève qu'il était. Cette faculté de mélanger avec maestria deux discours pourtant totalement opposé lui venait de ses jours plus jeunes, où encore timide, il appris non sans difficulté à parler à tout le monde. Et quand je dis à tout le monde, cela passait du cancre le plus malpoli à la madone de l'école suivie de ses groupies. C'est pourquoi il pouvait effectivement s'adresser à peu près à n'importe qui aujourd'hui et qu'il avait la - peut-être l'était-ce ? - fâcheuse tendance à mélanger les deux. Mais cela lui donnait un cachet unique. D'ailleurs, on n'observe pas un observateur sans que celui-ci ne le remarque pas et s'il ne souriait pas déjà, il aurait eu un léger sourire en remarquant qu'il fut rapidement analysé. Oui, il ne portait pas l'uniforme de l'école. Il en avait un, mais vu qu'il venait de quitter sa famille il y a peu près 20h, il n'avait pas eu le temps de mettre autre chose. D'ailleurs, ce soir il irait emménager dans son pavillon. Il était du genre à se créer son petit paradis dans l'endroit où il vivait, aussi ses écouteurs lui serait pratique pour éviter de réveiller ses voisins. Mais là où ça devenait marrant, c'était que plus il lisait la description des groupes de l'école, plus effectivement il se disait qu'il aurait pu atterrir partout sans que cela ne le surprenne outre-mesure. Même chez les Narcissus, quoi que avoir des gens trop sérieux ne lui aurait guère plus, il savait se comporter en haute-société et devait avouer qu'il aimait le luxe.

▬ Bonne question que vous soulevez-là. Je n'y ai jamais réfléchi. Dit-il en souriant, avant de rajouter : Mais je t'assure que tu le peux. Enfin, je ne vais pas t'y forcer.

Même si paradoxalement, il aimait les petits espaces clos qui pouvaient devenir son chez-lui. Peut-être était-il vraiment quelqu'un d'adaptable ? Les menthae étaient peut-être ceux avec qui il aurait le plus de mal à s'entendre. Il aimait le dur labeur - d'ailleurs, son travail d'étude sur les autres étaient toujours immense et ses notes sur les autres gens, précises - mais lui ne bossait pas pour être le meilleur ou pour briller. Il voulait juste que sa vie soit moins monotone et morne que possible, que la morosité ne s'installe pas. Que ce soit finement ou non, en ce moment, il s'amusait beaucoup. Le regard perplexe qu'avait fait son interlocuteur lors de ses questions sur la team Astria lui donnait envie de sourire à s'en décrocher la mâchoire. On aurait pu le croire idiot d'ailleurs, à sourire comme ça. Mais n'importe qui aurait pu se méfier de ce sourire. Mais pas encore. De toute façon, personne ne le voulait voir sérieux. Parce que pour réussir à lui faire perdre son sourire et donc son amusement, il fallait en général faire quelque chose d'assez grave pour que cela le gêne vraiment... Et en général, c'était nuire aux autres de façon un peu trop violente qui le gênait vraiment. Il aimait voir ses comparses heureux et n'aimait pas voir quelqu'un mépriser quelqu'un d'autre, surtout si la victime en souffrait. Altruisme ? Peut-être... Là encore, c'était naturel chez lui. Il fit une légère moue, amusée, quand son interlocuteur lui dit qu'il ne pouvait pas le recruter. Cela signifiait une chose. Qu'il allait pouvoir s'amuser encore plus ! Mais il allait devoir rester discret, le temps d'avoir une base de données complète sur ses camarades. Ensuite, il pourrait attirer l'attention sur lui. Sa moue avait été accompagné d'une légère protestation vocale digne d'un japonais moyen. Enfin, après s'être incliné légèrement, son interlocuteur se présenta. Il n'avait pas le choix que de faire de même. Cela le gênait un peu, mais bon. Tôt ou tard, il serait connu, qu'il le souhaite ou non.

▬ Yamada Kenji-san ... Je vois. Je suis Atios. Kamijō Atios. Dit-il en s'inclina de façon totalement poli et honnête, pour rendre la pareille à Kenji. Mais tu peux m'appeler Atios-kun, ou san, comme tu veux. Je t'appellerai Yamada-san, à moins que tu ne me proposes d'être moins poli, rien ne me gêne vraiment. Mais merci pour ces réponses. J'imagine qu'il va falloir que je devienne l'un des meilleurs de cette académie pour que tes amis s'intéresse à moi. Il fit une pause, son sourire étant à ce moment-là, juste magnifique. Oui, c'était inscrit dessus qu'il y arriverait. Mais cela ne dura qu'une seconde. Il reprit alors : Merci pour ces infos. Oui, je m'y ferai vite aussi je pense. Quant à lui, j'espère aussi, dit-il en caressant prudemment son pokémon qui fit signe de le mordre avant de renifler et de reconnaître la main de son dresseur. Le pokémon accepta les caresses avec joies. Un petit cri, il se mit sur ses pattes arrières, décrochant un sourire presque maternel au dresseur qui ne regardait plus son interlocuteur. Après tout, je n'ai pas envie de devoir me racheter un ensemble complet. Celui-ci est un cadeau de mon père.

Oui, ses relations avec son père n'étaient pas mauvaises. D'ailleurs, celui-ci avait été heureux de son choix de venir à Alcea Rosea et lui avait dit de profiter de sa jeunesse. Son interlocuteur lui parla alors de son pokémon. Atios fit mine d'aller le toucher, mais se ravisa. Oui, ce dernier ne devait pas le connaître, alors, il se contenta d'un petit "Enchanté Morph". C'était donc un métamorphe ? Il avait lu quelques bouquins dans l'avion avant de venir ici, histoire de pas non plus débarquer en touriste le plus total... Même si c'était quand même le cas, car il n'était pas réellement là pour étudier mais pour tuer le temps. À l'aise ? Oui... Il l'était sûrement. En fait, il n'avait aucun problème en ce qui concerne changer de lieu. Il n'avait pas d'importante relation avec sa famille, aucune véritable attache. Et puis, il avait choisi d'être là. Donc non, il ne pouvait pas regretter.

▬ Bien sûr que je suis à l'aise. J'ai choisi personnellement de venir ici, j'ai fait en sorte de venir ici. Je ne peux pas regretter ce que j'ai moi-même choisi. Et puis regarde, preuve que je m'intègre bien, j'ai rencontré quelqu'un de sympa et une fille un peu étrange, mais sympa et mimi en moins de cinq heures. Pour ce qui est de l'école .. Il regarda par la fenêtre le ciel bleu et conclut : Elle me plaît, au moins pour le moment. Ses élèves aussi. Peu importe de comment on peut décrire les quatre groupes en compétition, je pense pouvoir m'entendre avec chacun d'entre-eux même si je ferai de mon mieux pour que les Spirea gagnent les prix mensuels.

C'était donc naturel. Kenji n'avait pas mis longtemps à avoir sa réponse, politesse, familiarité et puis en fin de compte la politesse ça ne lui allait pas tant que ça à ce gars. On dit que la première impression est la bonne, voire qu'elle détermine ce que l'on va penser ou croire au sujet d'une personne ou d'une chose. Sans vraiment pouvoir mettre le doigt dessus, Numéro 9 était persuadé que le fait qu'il l'ait abordé avec ce "Yoh" l'avait contrait à ne pouvoir entendre de cette personne que e type de vocabulaire. En d'autres termes, il regrettait presque que Kamijō soit devenu poli. Il l'arrêta, gêné, les paumes de ses mains face à son interlocuteur comme poussant un matelas invisible entre eux deux : "Non non, Kenji-san sera parfait, désolé, un léger rire sans doute encore plus gêné que sa précédente action, c'est juste que tu m'as surpris.", Kenji n'était pas doué pour rattraper les bateaux qui coulent... Kamijō... L'espace de deux secondes il tenta de s'imaginer les kanjis qui pouvaient composer son prénom, ç'aurait été amusant qu'il s'écrive avec celui du papier et de la forme, c'en aurait presque fait un deuxième nom pour l'origami. Atios, origine étrangère, aucun kanjis, du moins pas directement attribuable. Mine de rien Kamijō l'intriguait, passant sa main derrière la tête dans une mimique embarrassée il tenta sa chance : "Pardonne ma question mais... tu l'écris comment ?". On dit que l'on sait beaucoup d'une personne en connaissant son groupe sanguin, c'est vrai, mais l'écriture d'un nom passe avant tout, la preuve en est, sur une carte de visite la lettre de vos globule rouge n'est pas marqué en gros souligné, en revanche votre nom est en plein milieu : donner un nom aux choses c'est les faire exister.
Pour celui de Kenji ce n'était pas vraiment difficile à deviner. Yamada, c'était sans doute l'un des plus répandu au Japon avec Suzuki et Tanaka, sans compté le fait que la firme Yamada s'affichait un peu partout dans le pays, montrant ses Kanjis aux Dieux eux-mêmes tant leurs tours semblaient hautes. Dans un sens c'était vexant de ne jamais avoir à subir cette question anodine. Il décida de répondre avant lui, donnant/donnant comme on dit, même s'il ne jugea pas nécessaire de lui expliquer les idéogrammes de son nom de famille : "Kenji s'écrit avec celui de la santé et de l'enfant.". En y repensant, il n'avait jamais posé cette question à quelqu'un d'autre dans cette école depuis qu'il y était - ou ne s'en souvenait pas. En tout cas il ne l'avait pas fait aux membres de la Team Astria, pour ainsi dire il s'en fichait royalement de savoir écrire leur nom, ce n'était pas comme si ça l'avait intéressé outre mesure.

Il le laissa répondre, acquiesçant d'un air très intéressé ses réponses. Il avait dit avoir faim, Kenji regarda d'un rapide coup d'œil son bentō, ça n'aurait pas été poli de lui demander de le terminer, même si au fond de lui quelque chose lui hurlait que ce gars s'en foutait comme de la dernière pluie qu'il y ait touché. Il lui fit signe d'attendre quelques secondes, fouilla dans son sac qui était à même le sol et en sorti deux onigiris dans du papier d'aluminium. Ca lui rappelait le train, Robyn, leur discussion, l'espace d'un instant il eut comme un pincement au cœur : allaient-ils un jour retrouver leur état de nuages comme ils aimaient se le dire sans jamais l'avoir fait ?... Il se releva, tout sourire de pouvoir aider quelqu'un et de ne pas terminer ce repas seul dans un couloir désert. Si Kamijō était arrivé dix minutes plus tard, nul doute qu'il n'aurait pas eu l'occasion de pouvoir accepter ces boules de riz. Il lui tendit, encore un peu chaude dû à leur emballage : "Ce n'est pas grand-chose, je sais, mais au moins tu ne mourras pas de faim, hein, Kamijō-san.", ça avait été presque un effort surhumain pour lui d'appeler ce géant par son prénom.

Son portable vibra, il l'ouvrit rapidement, regarda et le referma, sans même prendre la peine de s'excuser. Paradoxal quand on pense que la politesse régissait toute l'attitude de Kenji. Il lui donna l'onigiri, un grand sourire aux lèvres : "Nous sommes dans la même Maison, c'est marrant.". Marrant pourquoi ? Parce qu'il s'était trompé ou parce que finalement il partageait bien plus que ce qu'il avait pensé de prime à bord ? En tout cas Kenji était content, voire satisfait, d'apprendre que les Spiraea comptait un nouvel élève. Quant au fait qu'il essaye de rentrer dans la Team Astria, pourquoi pas, ça avait l'air d'être un mec bien, s'il ne devait que s'écouter il lui dirait de ne pas perdre son temps à rejoindre un groupe qui le trouverait trop utopiste ou fleur bleue mais peut-être qu'en pensant cela il ne faisait que faire miroiter sa propre image dans son interlocuteur.
Nouvelle vibration, dans un claquement singulier Kenji dégaine son portable. Il a soudain l'air assez surpris, air qu'il réprime d'un seul et unique coup. Ce qu'il venait de recevoir ? Eh bien ce qu'il avait demandé pardi : des informations sommaires sur l'individu en face de lui. C'était presque systématique chez lui, en apprendre sur les autres en dehors de ce qu'on lui disait. En fait, ce qu'il avait plus ou moins récupéré par mail était le dossier de Kamijō. "Merde", c'est ce qu'il s'est dit lorsqu'il a lu la réponse au champ "Domicile" : Céladopole. Comme lui, comme son père et sa stupide entreprise, lui qui ne voulait pas passer pour le fils à papa milliardaire il y avait de quoi flipper. Il se rassura, des Yamada il y en avait des tonnes, faire le rapprochement entre lui et la firme c'était aussi bidon que de penser qu'il avait un lien de parenté avec tous les Yamada de l'archipel.

Oh, une erreur qui était souvent faite avec le prénom d'Atios, c'était que celui-ci soit confondu avec son nom. Et çela avait été encore une fois le cas. C'était une des raisons pour lesquelles il donnait toujours uniquement son prénom ou un surnom, histoire d'éviter qu'on le confonde. Oui, Atios, dans un contexte japonais, pouvait faire penser à un nom venant d'un pays européen. Peu importe comment on peut expliquer son prénom, Atios n'aimait pas en parler. Ni de ses origines, car il n'était pas vraiment japonais. Mais cela ne l'empêchait pas de s'exprimer correctement. Il soupira. Dans cette école, il rencontrerait des tas de nationalité différente, il espérait qu'il n'ait pas à corriger l'erreur à chaque fois. La prochaine fois, il se présenterait sous son prénom. Là, il s'était obligé de donner son nom complet car, son interlocuteur avait fait de même. Atios. Il aimait bien son prénom. Il était peut-être unique au monde. Du moins, l'espérait-il. C'était un moyen de se dissocier un peu plus de chaque être humain sur cette vaste étendue de reliefs entre-coupée d'eau qu'était la Terre. Pour ce qui est du nom dont il avait hérité, l'écrire était là aussi compliqué. En fait, il connaissait deux écritures possibles de son nom de famille. Le premier ne signifiant rien. Le second étant réellement prétentieux et orgueilleux, au point que même lui qui n'avait pas réellement de mal à s'exprimer préférer passer sous silence la seconde signification de son nom. En fait, ce nom en lui-même pouvait être une sorte de passeport pour chez les Menthae & les Narcissus. Et un moyen de se faire chambrer par les Lychnis. Pourquoi ? Il allait lui faire la fleur de lui expliquer, encore une fois par soucis d'équité.

▬ Comment je l'écris ? Eh bien ... Il y a deux façons d'écrire mon nom et de l'interpréter. La première n'a pas véritablement de sens, mon japonais, notamment ma maîtrise des Kanji n'étant pas parfaite... Il réfléchit un instant avant de rajouter : je ne suis pas certain de la première mais, il s'écrit avec celui signifiant "au-dessus" et celui signifiant une "clause" ou "un article". La seconde, j'aime moins en parler, mais cela signifierait mot-à-mot Dieu & au-dessus... En interprétant, on en arrive à la formulation dont mon père est si fier. D'ailleurs, son entreprise utilise celle-ci.. Il pris une pause et soupira avant d'ajouter : "La personne supérieure à Dieu." Mais j'aimerais que tu gardes celle-là pour toi, je n'ai pas envie de passer pour un prétentieux.

Kenji... Son prénom comportait les caractères de l'enfant et de la santé... Il penserait à rajouter ça sur son registre un peu plus tard. Sa réponse semblait importante aux yeux de son interlocuteur, aussi, il n'aurait pas pu lui refuser de le faire entier. Au moins il avait été honnête. Comble de la gentillesse, Kenji lui tendit un onigiri après l'avoir sorti d'un papier alu. Atios lui fit un sourire sincère et amical, avant de lui répondre :

▬ Pas grand-chose ? J'ai pour l'habitude de voir le moindre don comme un cadeau très précieux, aussi ta gentillesse me touche beaucoup, Kenji-san. Réellement, merci beaucoup beaucoup. Dit-il en s'inclinant bien bas et en lui faisant un clin d'oeil. Oui, de la gratitude, il en pleuvait d'Atios. Un jour, t'aura qu'à passer à mon pavillon, je nous préparerai un petit quelque chose pour te remercier ! Par contre, il fallait qu'il clarifie la situation : Excuse-moi de ne pas avoir fait la remarque plus tôt, en fait, mon prénom est bel et bien Atios. J'ai pas mal de problèmes avec ça, car selon les cultures, les deux peuvent faire office de nom... Il sourit, le regard désolé avant de rajouter : Désolé de ne pas l'avoir dit plus tôt, mais bon ce n'est pas grave d'avoir fait l'erreur, tellement de gens l'ont fait dans ma ville natale. C'est pour ça que je préfère qu'on m'appelle Atios, sans rien de plus ou de moins, ou même "Titi", même si je préfère Atios.

Il mangea avec précaution en écoutant son interlocuteur. Donc Yamada Kenji était un Spirae. Kenji Yamada... Pourquoi quelque chose semblait vouloir se rappeler de ce nom et de faire le lien ? Il soupira, soudainement, sorti son portable et se mit à tapoter d'une main sur les moteurs de recherches. De toute façon, Kenji semblait occuper à être surpris par un message qu'il venait de recevoir... Kenji Yamada... Dans la ville de Céladopole, une des entreprises qu'il connaissait au travers son père, avait une tête de cadoizo stylisé ... Il lâcha :

▬ Non, quand même pas.... Dit-il en écarquillant les yeux.

Que faire ? Tenter de front ? Il zooma sur le fameux Cadoizo et le retourna vers lui et dit :

▬ Hum ... Cette image te dit quelque chose ? Mon père disait que "les Yamada sont à surveiller". Il pris une pause. Oui, il lui arrivait de manger à la même table que celui qu'il appelait "père". En fait, il était plus dans la position d'un neveu que d'un fils, ce qui était pas plus mal. Même s'il n'était pas son fils, il ne l'avait jamais agressé ou attaqué sur ce point. Il devait avoir de la chance, quelque part... La terre n'était pas peuplée que de con. Je suis le fils adoptif du dirigeant des entreprises Kamijō. Mais je ne suis pas son fils à proprement parler. Je le suis par remariage, en fait. Il rigola. Il avait du mal à exprimer la différence entre être le fils et être le fils adoptif, mais si Kenji Yamada était l'héritier des Yamada, alors cette phrase aurait tout son sens. Je n'hériterai pas de l'entreprise en tout cas. Ce n'est pas qu'il ne m'aime pas, mais il voudrait que ce soit une personne de son sang et je peux comprendre qu'il attends d'avoir un véritable fils plutôt que l'enfant d'un étranger. Je n'ai pas à me plaindre de lui en tout cas. Il sourit. Oui, il ne semblait pas du tout malheureux de sa situation, une situation que son interlocuteur lui envierait sûrement ... Mais ça, il ne pouvait pas encore le savoir. Certains étaient fiers d'avoir un héritage, d'autre voulait produire librement un héritage d'eux-même. Ce serait vraiment un miracle si je tombais sur le fils du PDG de l'entreprise Yamada hein ? Mais bon, cette école est pleine de bourges et même si j'en suis un sans réellement l'être, Oui, il avait une vie facilitée, son père lui donnait une "bourse" pour "qu'il profite de sa jeunesse", mais non, il ne serait jamais millionnaire. Ou alors, il allait devoir se battre pour ça et les affaires ne l'intéressaient pas. Tu pourrais être effectivement être cette personne. Dresseur à Alcea Rosea... Quoi qu'on en dise, les tests d'entrées sont particulièrement complexe. Ils veulent l'élite ici, même si j'en suis pas une. Ou alors, l'élite de ceux qui passent entre les mailles du filet en ricanant ... Il pouffa de rire à cause de sa propre blague et ajouta : elle est pas mal celle-là, je trouve. Enfin, sache une chose ... Peu importe qui tu es, tant que tu es quelqu'un de sympa, ça changera rien pour moi. Ici, tout le monde est sensé est en compétition, mais il ne faut pas oublier qu'avant d'être le fils de qui que ce soit, ou un dresseur talentueux ou non, on en reste pas moins des êtres humains ... Et je préfère juger les gens sur leur caractère et leurs actes que sur des a priori.

Phrase pleine de philosophie. Il rit et ajouta : Excuse-moi, je parle beaucoup, je me suis vite emporté et tu dois effectivement te ficher de tout ce que j'ai pu déblatérer ... Mais bon, c'est plus convivial de discuter en mangeant. D'ailleurs, encore merci pour cet Onigiri, je ferai en sorte qu'un jour, je te renvois l'ascenseur. L'onigiri avait été effectivement partiellement englouti. Les restes allèrent à Solochi qui goba la nourriture sans mordre son dresseur.

"Oh... fit-il, surpris de la réponse pour le moins étrange de Kamijō. Tes parents n'ont pas choisi de Kanji pour ton prénom ?". Kenji lui donna l'onigiri alors qu'Atios s'enquit de faire un ojigi pour le remercier, alors comme ça il n'était pas Japonais ? Etrange, il en avait toute les manières et pour ainsi dire Numéro 9 n'avait pas relevé le moindre accent jusque là, légèrement dans ses pensées, il acquiesça à la proposition de sa nouvelle connaissance, oui, pourquoi pas. De toute façon ça ne pouvait pas vraiment se refuser à présent. Théoriquement la révélation de celui qui était à présent feu Kamijō n'aurait pas dû affecter plus que ça Kenji, pourtant il en découla des yeux exorbités accompagné d'une sonorité comparable à celle d'un mouton : "éééh ?!". Surpris ? Oui, encore plus que tout à l'heure, pour tout dire, ce n'était pas le même effet de surprise, comme on dit : il y a surprise et 'surprise'... : "J'avais pensé à 'Dieu' et 'Relation' pour tes kanjis, Kamijō-san.", il les mima brièvement dans les airs, comme pour se les visualiser d'avantage côte à côte. Pourquoi continuer sur sa lancé ? Eh bien pour ne pas faire mine d'avoir fait une erreur, après tout ça se faisait plus que souvent d'appeler les personnes par leur nom de famille, même s'il était vrai que d'un seul coup ça devenait plus que formel comparé à ce qu'exigeait la situation.

Soudain, Atios retourna son portable pour lui montrer une image : celle de l'entreprise de son père. Quelque part ça avait été à prévoir, il s'était d'ailleurs étonné du nombre de gens qui faisaient semblant de ne rien savoir de la firme de son père. Si ça se trouve tout le monde parlait dans son dos, qui sait. Kenji regarda à peine l'écran, pour le moment il n'était pas décidé à déblatérer toute sa vie à quelqu'un qui, sommes toutes, le connaissait à peine. Qu'allait-il pensé ? Qu'il était trop coincé pour être familier à cause d'une éducation bourgeoise ? Ou justement qu'il perdait son temps dans une école, aussi prestigieuse soit-elle, au lieu de continuer le job de son père ? Sans doute qu'il ne craignait que cette discussion parte dans un sens qui n'allait pas dans le sien : "C'est l'entreprise Yamada, répondit-il sûr de lui, une de leur tour est à Céladopole." Il regarda de nouveau ce symbole tortionnaire, et dire qu'il avait faillit avoir ce Pokémon au lieu de Morph'. Ce n'aurait pas été un mal, si ça n'avait pas été l'emblème même de son bourreau... Kamijō, une entreprise avec ce nom ?... Si ça se trouve il en avait déjà vu les kanjis sans les lires de la bonne façon, après tout ces caractères faisaient souvent offices de logo. Définitivement ça ne lui disait rien, et plutôt mourir que d'envoyer un mail à son père lui demandant des informations sur cette fameuse ' Kamijō Corp' ou quoi que fût son nom : "Oui, un miracle..." décidément Kenji, tu ne sais mentir que pour Numéro 2, mentir pour toi t'as jamais su faire et vu ce que tu nous ponds là, tu n'y arriveras jamais.

"Non non, je t'en prie." Oui, non, oui, non, décide-toi : "Je suis effectivement un Yamada, mais c'est mon frère qui héritera de l'entreprise." On y arrive... : "J'ai jamais été très bon dans les affaires." Ou comment dire qu'on en a rien à foutre de l'entreprise de son paternel, façon japonaise, ça avait été classe, sans se mettre en position de victime - quoiqu'il y aurait eu de quoi - en un mot : presque parfait. D'accorde, ça faisait deux, m'enfin Kenji n'était pas à ça près : "Toutefois, je suis persuadé que chacun de nous est là grâce à ses compétences. Qu'elles aient été utilisées lors de l'examen, ou non." Autant dire que Kenji ne croyait pas à la nullité qu'avait laissée présumée Atios par ses quelques mots au sujet de la validation de son admission. N'importe qui n'entrait pas à Alcea Rosea, ça n'avait pas été grâce à son père qu'il avait décroché sa place, aussi, l'argent n'était pas ce qui participait le plus dans cette école. A la limite, l'admission était la même pour tout le monde. "A la limite" car il regroupait les élites, disons que dans le groupe des élites il n'y avait pas de sur-élites et ce même si beaucoup avaient tendance à croire que la Team Astria s'élevait au dessus du commun des élèves. Non, pour Kenji la Team Astria c'était le moyen de faire tourner l'école et de redorer un blason qui commençait à s'effriter.
"Pourquoi donc as-tu choisi Alcea Rosea ?". Puisqu'après tout il avait prétendu y être entré sur son bon vouloir. Sur commande peut-être ? Pouvait-on choisir d'entrer dans cette école sans y être invité ? Kenji n'en était pas certain, il y avait des zones d'ombres dans le règlement d'Alcea, et il ne pouvait pas toutes les connaître sur le bout des doigts. Ce qu'il savait en revanche c'était que toutes les personnes avec lesquelles il avait parlé jusqu'à présent n'avaient pas fait le premier pas vers l'école. Atios allait-il faire capoter toute ce petite monde en criant haut et fort que tout le monde pouvait y rentrer comme dans un moulin ? Non, ç'aurait été mentir : "J'y pense, tu es en quelle année ?". Au moins comme ça il allait savoir s'ils risquaient de se croiser plus souvent en cours, ce qui était selon Kenji plutôt une bonne chose. Malgré son air nonchalant et son attitude pour le moins excentrique de simplicité, il avait l'air d'un bosseur, ou en tout cas de quelqu'un ayant des facilités déconcertantes d'injustices pour ceux devant trimer pour arriver à leurs objectifs.

▬ Dieu et Relation ? Ahah, ça pourrait être une façon de le lire intéressante, oui. Et oui, mon prénom s'écrit en alphabet romain. Ma mère trouve que c'est pour en garder l'essence de sa provenance, moi ça ne me dérange pas de toute façon. Et mon avis, tu ne connaîtrais pas la source dont elle s'est inspirée.

Athos, l'un des trois mousquetaires était effectivement à l'origine de son prénom si particulier. Dans la réalité, cet homme n'avait rien de glorieux, mais c'était une référence à l'oeuvre d'Alexandre Dumas, Père. Un chevalier moderne ... L'était-il ? Digne de portée un prénom aussi lourd de sens, fusse-t-il fictif ? Il ne s'était jamais posé la question et ne cherchait a pas non plus à le confirmer. Ce serait aux autres de lui dire un jour. Pour le moment, il fallait découvrir Alcea Rosea et précédemment, leur conversation s'était portée vers les entreprises Yamada et la possible affiliation de celle-ci avec son interlocuteur qui s'était avéré être, comme prévu, un lien de filiation. Kenji Yamada était donc bien un des fils du PDG des entreprises portant le même nom. Le jeune homme aux yeux bleus avait eu du flair sur ce coup-là. Mais ça ne changeait rien. Au final, ils étaient tous humains.... Et le moment voulu, ils ne seraient que des humains face au destin, ils n'auraient aucun appui de leur entourage, ils seraient seuls en face à face avec celui-ci, ils tiendraient ou non, mais ils ne pourraient pas appeler à l'aide... Oui, un jour où l'autre, on finissait par se retrouver seul et à devoir se bouger de soi-même. La dernière fois que c'était arrivé, il avait failli faire une grave erreur...

La vengeance hein ? Il avait presque failli y succomber pour celle-ci, tuant ses sentiments pour se préparer à lutter à mort dans l'espoir de faire payer quelqu'un. Non, c'était loin. Il fallait mieux laisser ces souvenirs des parties les plus sombres de son caractère là où ils étaient.... Dans le passé. Il s'était demandé après coup s'il était sain d'esprit. S'il n'était pas dangereux. Mais il avait décroché de la vie de gang... Il avait accepté qu'on ne pouvait tout contrôler malgré tous les efforts. Le coupable avait payé ... Quant à lui, il avait beaucoup souffert de cette histoire qui resteraient dans l'ombre des uniques témoins muets, les ruelles le plus sombres de la métropole. Après ça, il avait de nouveau plongé dans l'ennui. Les dollars avaient été plutôt calme, aucun accident ne s'était reproduit après un message de sa part. Et finalement, il avait choisi de couper les ponts avec son gang, au moins temporairement pour partir à Alcea Rosea et retrouver une vie plus normale, moins ennuyeuse si possible. Profiter de sa jeunesse de façon moins dangereuse. Mais il se mit à repenser à ce qu'avait sous-entendu son interlocuteur. Pas bon en affaire ? Quelque chose lui disait que c'était plus une façon de dire qu'il voulait autre chose pour son futur et non pas la gérance d'une firme nationale. Mais après tout, pourquoi pas. Lui n'avait pas eu le choix ni la formation pour gérer l'entreprise de son "père", mais quand bien même, il ne savait pas s'il aurait été content d'un tel futur, avec ou sans la formation. La liberté de choisir son futur était quelque chose d'important. Mais il était aussi important de jauger ce que serait leur futur en rejetant de telles chances .. Enfin, cela valait plus pour Kenji. Lui, il n'avait pas le choix.

Alcea Rosea, une école pour élite ? Un niveau faiblissant ? Oh, il n'avait pas vu ses propres mots sous cet angle, mais oui, quelque part c'était effectivement possible d'y voir une critique. Il n'en savait rien. Il n'était pas venu là pour montrer son niveau ou pour y rencontrer des gens forts. C'était un des avantages de l'endroit, mais il avait seulement songé à tromper l'ennui dans sa vie par tous les moyens en commençant tardivement sa carrière de dresseur. Devenir le meilleur ? C'était amusant de travailler en ce sens. Cela l'occuperait. Il fallait bien un objectif sérieux pour être ici, mais lui, c'était de s'amuser et ce, de toutes les façons. De façon sérieuse ou pas d'ailleurs.

▬ Je suis en septième année. Pour ce qui est de mon admission, je n'ai pas trouvé ça difficile ni facile. J'ai fait le nécessaire pour rentrer, c'est tout. Ni plus, ni moins. Les tableaux d'honneurs ne sont pas pour moi de toute façon. Mais oui, une société nécessite de tout, séparer les forts des faibles n'est en général pas une bonne idée pour les deux parties, l'un perdant de vue l'autre, l'autre enviant l'un et encore, c'est une généralisation qui peut-être vue de façon plus complexe encore. Quant aux raisons qui m'ont poussée à venir ... Il sourit, malicieusement, son ton amusé : Les rumeurs sur la Team Astria y sont pour beaucoup et je pense que les autres chefs entendront bientôt parler de moi. S'ils sont tous comme moi, ils m'aimeront bien, mais quelque chose me dit que mon arrivée finira par créer des éclairs. Mis à part ça, je voulais tenter quelque chose de nouveau, m'amuser et me prêter au jeu de dresseur de pokémon. Et si je dois quelque chose à mon père, c'est de m'avoir lancé un défi de taille en me fournissant le pokémon le plus compliqué à faire évoluer que l'on ait découvert pour le moment. Être le meilleur pour être le meilleur ne m'intéresse pas vraiment, mais je suis dans une école de dressage, j'y suis renter aussi pour ça, donc je tenterais d'être le meilleur s'il le faut. Et puis, je pense qu'ici, certains ne respectent que ça. Il pris une pause... Il allait devoir réellement rattraper son retard. Sinon, il allait rester toujours dans le fond, alors qu'il voulait aller de l'avant : D'ailleurs, j'arrive juste avant un tournoi, je vais devoir me bouger, je viserai la première place et j'emmènerai mon équipe le plus loin que possible.

A quoi bon cherche ce que l'on ne peut pas trouver ? Certains sauteraient sur cette occasion pour crier dans l'oreille du passant le plus proche : "Qui ne tente rien n'a rien !". A cela Kenji répondrait que oui, mais non. Quitte à ne rien avoir, autant ne pas perdre son temps, le temps c'est de l'argent, alors d'un point de vue purement terre-à-terre, l'on peut dire que tenter l'impossible c'est perdre son temps, donc son argent et qui plus est, on aurait pu en profiter pour faire une activité plus intéressante. Vous l'aurez compris, Numéro 9 n'aime pas l'inutile.
En tout cas, il fut pour le moins surpris. Il était donc l'aîné de ce géant ? Enfin aîné, c'était vite dit, n'empêche qu'il était plus vieux que lui d'a peu près un an. Qui sait, peut-être qu'il était né en fin d'année, mais ça ce ne sont pas des questions qui se posent. En attendant, les paroles d'Atios ne cessaient d'intriguer Kenji. C'était amusant, il avait à la fois raison et tort. Mélanger la population, mettre tout le monde sur un même piédestal : utopie. C'était tout bonnement impossible, pourquoi ? Eh bien parce qu'à partir d'un moment où un groupe, quel qu'il soit, comporte trop de membres il se détruit de lui-même. Une ville atteint toujours son apogée avant de sombrer, il n'avait pas d'exemple en tête précisément, il le savait, voilà tout. Aujourd'hui la Team Astria était bien lotie, quelque part c'était rassurant de se dire que l'apogée n'avait pas été encore atteinte et que, du coup, il restait pas mal de temps à l'Organisation pour concrétiser ses projets. Séparer les fort des faibles, les riches des pauvres c'était comme séparer les bien portants et les malades dans un hôpital : on se voit, on se connaît, mais au final quelqu'un de saint ne reste pas dans un hôpital, à moins d'y être employé. La véritable séparation, une mise en quarantaine. Tout au plus on aurait pu parler d'assainissement, rien d'illégal, rien de dangereux, juste se battre pour un "monde meilleur", telle était la façon de voir de Kenji. Car s'il y a des forts dans leur pays, ils vaudront quelque chose aux yeux des autres, ils auront une voix, des représentants. Alors oui, cette école était élitiste, mais en y entrant on sait déjà que l'on fait parti d'une élite, Alcea Rosea ne faisait que vous donner un sous-groupe supplémentaire.

Kenji eut envie de rire. Les membres de la Team Astria, comme lui ? Hum... Certainement pas. Quoiqu'au final il ne les connaissait que très mal. Numéro 2, voilà le Dresseur qui ne cessait de le hanter, dans le bon sens du terme. Le Champion check son portable, fouille en quelques secondes ses derniers messages, Dieu sait qu'il y en a, non, aucune indication. Et si Numéro 2 prévoyait de jouer à ce petit jeu du tournoi ? Il l'aurait prévenu, non ? Il eut l'air assez perturbé, il avait juré d'avoir vu un message relatant cet évènement. Qu'importe. Il referma son portable dans un claquement singulier : "Oui, j'en ai entendu parler.". Que devait-il dire ? Qu'il n'y allait pas ? Ah la bonne blague, un champion d'arène qui ne participait même pas à un tournoi, c'était le comble de l'ironie. Ou alors tout le contraire, Môôsieur ne daignait pas affronter le bas peuple. Tout faux. Morph' ne se battait jamais contre les autres dresseurs, Kenji aimait à dire que c'était un pokémon de salon, en général les gens ne comprenaient pas l'entièreté de cette information. En vérité, Morph' servait à tout, sauf à l'arène. Alors non, ce n'était pas contradictoire de ne pas vouloir participer à ce tournoi, au contraire. Par contre, envoyer Morph' combattre pour des clopinettes alors qu'il ne faisait même pas de combats pour quelque chose d'aussi important que le badge de son arène, ça oui, ç'aurait été complètement con : "Personnellement, je préfère me concentrer sur les véritables matières.". Nul n'était sans savoir qu'il y avait des examens à la fin de l'année, en tant que Maître d'Arène, on eut pu s'attendre à ce que Kenji fasse l'impasse sur cette matière tant elle lui était familière. Encore une fois, tout faux.

Kenji allait peut-être devenir le seul élève que les tournois rebutaient. Qu'allait dire la foule ? Qu'allait crier les fans hystérique du Yamada ? Bah pas plus qu'aujourd'hui : rien. Ces gens là n'existaient pas, à la limite, Numéro 9 ne prenait même pas la peine de les imaginer tant cette idée lui paraissait grotesque. Il y a bien des gens qui l'apprécie, de là à ce qu'ils deviennent des fans, pas non plus. Dans une école comme Alcea c'est toujours plus ou moins difficile de se faire une place, l'assurance d'Atios faisait plaisir à voir, enfin quelqu'un de réellement motivé ! Ca manquait cruellement ces derniers temps. Soudain un éclair de lucidité, Kenji décroche de nouveau son portable, direction les messages archivés, Numéro 2 allait bel et bien participer, de ce qu'il y lisait son inscription s'était presque faite attendre, c'était tout Brian ça. Dans le lot il y avait aussi Robyn, son meilleur ami. Robyn contre Brian, il y avait comme un léger décalage de niveau... La fin de ce tournoi était toute vue selon le Yamada : ça se règlerait Team contre Team, ou alors il allait falloir penser à remplacer les perdants. Risquer sa place dans l'élite des Douze, c'était sans doute aussi un peu pour ça qu'il n'avait pas osé participer au tournoi, même si dans un sens ne pas se joindre aux festivités pouvait éveiller les soupçons : "Il y a beaucoup de participants cette année. Les mœurs changent, c'est bien de voir que les mentalités évoluent. Tu sais, jusqu'à il n'y a pas si longtemps que ça, les gens avaient peur de nous affronter... Je ne sais pas exactement pourquoi, peut-être peur de perdre leur place, d'être changé de groupe, de passer pour des sous-fifres, que l'on ne triche... Que sais-je encore. En tout cas, même si je n'ai pas le temps d'y participer, j'irai voir quelques matchs.", inutile de préciser que celui de Robyn et de Brian étaient en tête de liste, il irait sans doute aussi voir les autres membres de la Team, histoire de faire belle figure et de faire preuve de solidarité : "J'ai vu que tu t'étais inscris, c'est pas souvent que l'on voit un nom à la fois en kanji et katakana. Bonne chance en tout cas, fais de ton mieux.". Si au début il n'avait pas fait le rapprochement, la remarque quant à la provenance de son prénom lui avait fait deviner qu'il s'agissait bel et bien de lui, quoiqu'il n'était pas à l'abri de l'erreur, loin de là : "Tu as d'autres pokemons ?". Question anodine mais non moins pertinente, la plupart des dresseurs de l'école n'en avaient que deux, les règles du tournois, Kenji ne les connaissait pas, toutefois on pouvait s'attendre à la règle simple des trois pokemons, dans un sens il espérait qu'Atios en avait un autre pour l'épauler. S'il en avait deux, alors tant mieux pour lui, mais ici deux était vraiment le stricte minimum requis.

Les badges d'arènes, les examens finaux ... Pour être le meilleur, il y avait tant à faire, tant à faire et découvrir, tant de choses à savoir, tant de choses à montrer .... Tant de choses à enfermer et polir en soi pour garder espoir et continuer de se battre. Si on ajoutait à côté de ça qu'il voulait profiter de sa jeunesse, tout découvrir d'Alcea Rosea... Il avait tant à faire. Tout à faire même. La première étape sine qua non, devenir le meilleur sans être connu. Parce qu'une fois qu'on est le meilleur, c'était une sorte d'appel aux autres à nous défier. Et il ne peut y avoir qu'un roi dans une école. Et il comptait bien réclamer son trône, quitte à devoir se confronter à Astria & Mirage au passage. Mais pour le moment, il n'avait pas assez d'allié et il n'avait qu'un seul dragon pas évoluer ... Donc pour un dresseur spécialisé dans les dragons, un dracologue, c'était en gros, un novice. Il devait partir en quête d'autres de ces créatures pour pouvoir réussir à faire quelque chose au tournoi. Tôt ou tard, il devrait songer à combler la grosse faiblesse de son équipe... Les attaques de types glace. Mais en parlant de ça ... Il avait en face l'un des champions de cette école. Même s'il perdait, il fallait essayer de voir s'il pouvait lui réclamer un match. Gagner serait peut-être impossible, mais tout était bon. Défier l'impossible, défier le destin, c'était le seul moyen dans ce monde pour les gens d'exister. Une vie où tout est pré-calculer est une non-vie, après tout ... Parce que si tout est déjà décidé, à quoi bon se lever le matin ? Le monde tournerait dans l'éternité sans que quiconque puisse y faire quelque chose. Et pour Atios, un monde comme ceci ne mériterait que sa destruction... Lui qui luttait contre la morosité, c'était son crédo.

Il écouta avec attention les récits de Kenji concernant la peur qu'inspirait la Team Astria. Il se pencha en arrière, l'air amusé. Oui. Cela ne faisait que lui donner encore plus envie d'être le premier à tous les écrasés dans un match pokémon et de réclamer sa couronne ... Mais il fallait avouer que la disparition de la directrice originelle avait dû glacer les esprits et lancer les rumeurs les plus folles, elles-même provenant de petits bouts de vérités qui auraient filtrés çà et là ... Mais lui n'avait pas peur. Quand on désirait la vérité, le minimum était de se mouiller et de s'impliquer pour l'avoir. So let be it. Il serait, un jour, le meilleur. Il aurait besoin de l'aide de tous pour ça ... On ne peut arriver au bout de toutes les épreuves seuls.. Et il ne serait pas seul. Il pourrait compter sur les gens qui voudraient l'aider. Sur ses pokémons, ses plus fidèles alliés qui défendront son honneur dans les combats. Ils deviendraient son épée ... Et c'était à lui de les guider pour qu'elle puisse arracher la victoire. Il ne le savait pas encore, mais il rencontrerait des antithèses, des gens aux antipodes avec lui, il serait plus que le simple spectateur qu'il désirait être. Plus que tout, pour lui, agir se doit d'être fait de façon discrète. S'il devait sauver quelqu'un, il préférait ne pas en avoir le crédit. Être l'auteur lui suffisait, le percepteur des lauriers, largement moins. Prendre parti hein ? Ici, personne le faisait. Les élèves étaient effectivement neutre. Personne n'osait, de front, discuter de l'équilibre établi. Il étudierait celui-ci. Il préférerait préserver un statut-quo, mais pour le moment, il n'avait pas encore les dés, ses cartes n'étaient pas prête, il n'avait pas encore l'échiquier où placer son roi. Le roi bleu, qui entre les blancs et les noirs.

▬ Je ferai de mon mieux pour gagner. Et même si je perds ce tournoi, j'aurai tout les badges et je serai le meilleur, tôt ou tard. Tu devrais d'ailleurs dire à tes copains de la Team Astria de s'attendre un jour où l'autre à ma venue pour avoir les badges. En tout cas ... Tu voudrais être le premier à m'affronter ? Tu as toutes les chances de gagner, vu que je viens d'arriver... Mais c'est toi qui vois. Ce n'est pas un moyen de t'écraser, pour moi, il faut perdre pour pouvoir gagner dans le futur. C'est pour ça que je n'ai pas peur de te défier maintenant, le jour de mon arrivé.

Outre le fait que l'une de ses questions était passée à la trappe, Kenji ne pouvait pas lui rétorquer grand-chose. Un duel ? Là, tout de suite ? Jamais, c'était hors de question. Il regarda Morph', le questionnant des yeux, Graph', son Queulorior, bien que dans sa pokeball, bien au chaud, aurait eu aussi son mot à dire, mais Morph' avait en quelque sorte le premier rôle dans cette pièce. Et pour une fois, Kenji lui prêta ses sentiments : non Morph' ne voulait pas se battre, c'était ce qu'il en avait déduit, bien que pour un œil externe ce croisement de prunelles n'eut rien apporté à l'affaire. Lorsqu'il combattait, Kenji ne se reconnaissait pas. L'appel du devoir, dira-t-on. C'est un peu comme quand on fait l'amour, on est plus vraiment soi-même l'espace d'un instant, enfin, l'espace de l'instant. Certains regrettent même. Kenji ne voulait pas regretter. Solochi ? Il ne connaissait pas ce pokemon, encore moins la stratégie d'Atios, pourquoi prendre le risque ? Risque, il risquait quoi au juste ? Pas plus qu'au tournoi... Cependant au tournoi il n'y allait pas, et s'il avait pris cette décision ce n'était pas pour faire un combat dans la cour juste après. Kenji haussa les épaules, les paumes vers les ciels et les bras en aiguille façon 9h15 : "Si nous nous battons et que tu gagnes, non seulement tu n'auras pas mon badge, vu que ce n'est pas un combat reconnu, mais en plus j'aurais vu une partie de ta stratégie et nos pokémons seront blessés pour rien.". Il soupira légèrement. Non pas que la situation l'agaçait ou l'ennuyait, disons que ça le gênait de répondre avec autant de franchise, lui qui d'habitude y mettait les formes. Etonnamment, il lui parlait de façon plus familière, pas vraiment sans s'en rendre compte d'ailleurs : "T'affronter aurait été un honneur, si tous ces facteurs n'étaient pas entrés en jeu." Malheureusement ces facteurs étaient bels et bien là, affronter Atios maintenant ? Non. L'affronter plus tard ? Pourquoi pas. Il irait voir son match car, après réflexion, Kenji se dit qu'il s'agissait sans doute d'une provocation en ce but précis. Ce Kamijō avait-il donc tant besoin d'un public ou simplement l'envie irrépressible de se battre ? L'un dans l'autre toute la Team Astria allait se servir du tournoi comme base de donnée, rien n'était perdu, même si lui-même n'y participait pas. S'il allait en informer les autres membres ? Non, il n'en avait pas l'intention. Atios semblait plus que débrouillard, il trouverait bien un moyen de clamer haut et fort ses objectifs.

Il lui avait rappelé que c'était son premier jour comme pour appuyer sur sa propre confiance en lui-même. Décidément Atios était quelqu'un d'exceptionnel. Exceptionnel dans le sens excentrique, bizarre, amusant. N'y voyez pas là une critique, loin de là, au moins ça sortait de l'ordinaire et Kenji aimait naturellement ce genre de personne. Atios, ce portable, cette confiance en soi flagrante dès son arrivée. Ce mec en fait c'était lui, mais en brun. "Monsieur Yamada, qu'est ce que ça vous fait d'avoir un presque-clone ?", il aurait aimé qu'on lui posât cette question. Aimé au point d'en rester muet, car là-dessus il n'y avait rien à dire. Et s'il était comme lui, ce que présupposait Kenji presque pour s'amuser, eh bien Atios allait mettre son nez partout, en parlant de ça, il s'exposait comme étant un fouineur... "Je veux faire parti de la Team Astria." ; "Je veux t'affronter", si ce n'est pas être plus proche de ses adversaires pour mieux les connaître alors qu'est-ce que c'est au juste ? Vous l'aurez compris, sans doute que le Champion analysait un peu trop la situation. Dommage que Riley n'était pas là, au moins elle aurait pu confirmer par A+B ses hypothèses, au demeurant pas si farfelues que ça.
Prêter les pensées de Machiavel à un élève presque inconnu c'est bien beau mais ça vole pas haut. Diviser pour mieux régner, sans se soucier des dommages collatéraux, ce n'était pas pour Kenji. Comme les véritables clones, ils sont en tout point identiques mais ne peuvent penser pareil. Les neurones n'obéissent pas à la logique, pas plus que le cerveau. Jamais un clone ne pensera comme son double. Kenji ne pouvait pas faire dire ce qu'Atios n'avait même pas évoqué une seule seconde, sans doute qu'il voyait le mal partout. A trop être ami avec tout le monde on finit par se méfier sans s'en rendre compte, était-ce vraiment de la méfiance d'ailleurs ?

"Cela dit, ta détermination promet des matchs intéressants." Etait-ce sa façon de lui dire qu'il comptait bel et bien venir le voir, oui. Qu'il en soit ravie ou que ça le gêne, Kenji irait. Pour plusieurs raisons, dont un devoir que tout membre de la Team a et se doit donc de faire : surveiller les élèves. Les préfets étaient leurs yeux et leurs oreilles, parfois pourtant, il était nécessaire d'utiliser ses propres sens pour tirer au clair certains éléments : Atios en faisait parti. Il allait être un grand dresseur si ses ambitions rejoignaient la réalité, la Team Astria allait-elle l'autoriser à devenir ce dont il avait envie ? Car telle était la face cachée de cette Organisation, un contrôle minutieux, des réunions, des collectes d'informations... Pour déjouer les plans de Mirage il fallait bien ça et Kenji soupçonnait de plus en plus Atios d'en faire parti, et ça, contrairement à d'autres informations, il se devait de faire passer le mot. Pas de là à le surveiller, non, mais son nom serait connu, sans vraiment qu'il le sache son visage, pire, presque cette discussion entière allait le précéder en toute circonstance. Cette rencontre avait donné un bref aperçu de la personnalité de chacun : Kamijō Atios était de ceux qui se donnaient à fond, souvent pour un temps limité, pas toujours, et qui réussissaient tout ce qu'ils entreprenaient pendant cette période. Un adversaire qui allait s'annoncer coriace, Kenji le voyait bien s'entraîner non-stop juste avant le tournoi. Après tout le combat qu'il lui avait proposé n'avait eu nul autre objectif que celui-ci : "Je pense sincèrement que tu as toutes tes chances de gagner, Kamijō-san.". Il le pensait dur comme fer, même si dans un sens, il priait pour que Robyn ne se fasse pas écarter dès le premier match... Robyn contre Atios, sans vouloir offenser son ami, le combat était tout vu. Paradoxalement, il espérait que Numéro 2 n'ait a affronter aucun des deux, ni Robyn, ni Atios. De cette façon l'ascension fulgurante que promettait le Spiraea serait freiné par manque d'informations concernant les Champions, ou tout du moins il ne les auraient pas aussi facilement. Seul bémol, il doutait que Brian soit tout de nuance et de sous-entendus dans ce tournoi, il allait se donner à fond, comme à chaque fois.

▬ Un adversaire qui se soucie autant de soi que de celui-ci. Je t'aime définitivement bien. Et quelque part, je me douterais que tu refuserais ... Mais ce n'est pas grave. Et t'es quelqu'un de bien, je le pense vraiment.

Kenji Yamada. Il était très proche de ses pokémon... Du moins, l'hypothèse était-elle émise. Un simple regard avait suffi entre le dresseur et le pokémon pour qu'ils se comprennent et se refuse un match. Certes, cela jouait en la défaveur d'Atios, mais quelque part, cela le rassurait. Il aurait perdu. Selon toute logique du moins. Pour ce qui est de la stratégie, Atios n'en avait pas beaucoup pour le moment. Quand on débutait, cela n'avait que peu d'influence sur sa façon de voir les choses. Certes, il n'était pas idiot et connaissait toutes les règles élémentaires des combats de dresseur ... Mais il ne possédait qu'un seul pokémon dragon ce qui est... Il faut le dire, pour un dracologue, la base. Ce n'était pas comme s'il avait les moyens non plus de rapidement établir une véritable équipe de dragon.... Un honneur hein ? C'était une façon de lui dire qu'ils remettraient ça tôt ou tard. C'est sûr que vu sous cet angle, c'était peu avantageux. Est-ce que Kenji voulait le voir gagner contre lui ? Le voir remporter de façon officielle son badge ? C'est ce à quoi il pouvait attribuer cette sollicitude partagée. C'était agréable. Quelque part, cela rendait le match moins sérieux. Plus naturel. Moins important. Ce n'était pas comme si Kenji était prêt à tout pour ne pas perdre. Il avait peur que les chefs de la team Astria ne soient trop attachés à leurs badges et qu'ils le défendent au-delà d'un simple match. Enfin... Il aurait tout le temps de s'entraîner et de devenir le meilleur. Il avait un an, voir plus pour ça. Quelque part, il n'avait pas besoin de se presser...

Mais il était du genre à vouloir accélérer encore et encore, toujours plus, toujours plus loin. Que ce soit visible ou non, il était ainsi. Même dans les moments où il ne faisait que réfléchir, son but était encore d'avancer, toujours, encore et encore. Pour ça, il allait partout, étudier tout. Devenir un "roi" était une tâche au demeurant ardue, que ce soit de façon affichée ou non. Il fallait connaître les gens et se faire connaître, apprécier de tous tout en affichant sa supériorité sans pour autant l'imposer. Il recevrait des coups, mais serait fort. Ce qui le blesserait, il le garderait intact en lui comme moteur. Les gens avaient toujours besoin de quelqu'un de plus fort qu'eux, de même qu'ils avaient besoin de plus faible qu'eux... Mais l'histoire ne retient que ceux qui gagne. Ainsi, il allait effectivement se donner à fond pour décrocher la lune et voir au travers des étoiles... Il soupira. Son potentiel de combat, il le misait beaucoup sur son Solochi. Peut-être trop ? Il n'était pas à l'aise avec Natu et il semblerait que Natu ne soit pas à l'aise avec lui. Néanmoins, il savait qu'il pourrait compter sur lui le moment venu et que l'inverse était vrai.

▬ Ne t'inquiètes pas. Il lui fit un grand sourire. Je ferais de mon mieux pour être le numéro un... Et pour nul-autre personne que moi-même. Après tout, je suis ici pour devenir une élite en terme de dressage. J'espère te voir dans les spectateurs de mes matchs lors du tournoi. En tant qu'ami ou en tant que représentant des dirigeants de l'école, peu m'importe. Puisque le show que je compte mettre en oeuvre sera autant pour eux, que pour les autres. Il se retourna et se mit à s'avancer. Son Solochi leva les yeux vers Kenji et le fixa. Le dragon soupira avant de suivre son maitre qui commençait à partir. Le jeu à déjà commencer, après tout.

L'échiquier était déjà en train de prendre forme. Qu'était Kenji Yamda ? Une tour ? Un fou ? Un cavalier ? Il ne pouvait pas encore définir sa fonction sur le terrain de jeu ... Mais une chose était sûr. Atios était un roi. Gris ou bleu, à vous de voir. Il était sans aucune protection. Mais il était le genre de roi à pouvoir agir seul ...

Le refus de ce combat fit tinter la douce et néanmoins stridente mélodie d'Alcea Rosea. Les cours reprenaient, des pokémons sauvés par le gong de l'académie. Curieuse coïncidence, ça arrivait parfois, que quelque chose, peut-être le destin, qui sait, fasse en sorte qu'un évènement vous tire un jour d'une mauvaise passe tandis que le lendemain vous fasse trébucher. Ce chemin, ce destin, semé d'embuches c'était Alcea Rosea. Alors que la sonnerie se stoppa aussi vite qu'elle s'était déclenchée, Atios et Kenji continuèrent leur discussion, sans vraiment l'entendre. A mi-chemin entre une relation de Champion à Dresseur et celle de deux nouvelles connaissances, les deux Spiraea se dirent au revoir sans le dire. Kenji s'était contenté d'acquiescer, comme il le faisait toujours. Il n'était pas de ceux qui parlaient pour ne rien dire, tout du moins pas aujourd'hui, Atios et lui ne méritaient pas les bavardages habituels. Mais qu'entendait-il par "devenir le numéro un" ? Remplacer Katarina ? Devenir le leader de l'école ? Avoir les meilleurs notes partout ? Diriger Mirage ? Être "numéro un" passait par tellement d'étapes différentes que Kenji resta perplexe. Non pas qu'il ne croyait pas en les facultés d'Atios, au contraire, mais devenir "numéro un" - il ne cessait de se le répéter - il fallait n vouloir. Un détail lui échappait, nul-autre personnes que lui-même, pour Kenji ça ne voulait absolument rien dire. Cette notion lui était inconnu, la raison de l'existence du Yamada était les autres : d'abord son père, puis Robyn et maintenant Brian, sa liberté passait par un autre chemin. Devenir le meilleur pour soi-même, au final, ce n'était pas être le meilleur mais se persuader de l'être, non ? Un peu comme lui qui se persuadait d'être libre. Atios voulait devenir numéro un à sa manière, comme Numéro 9 tenait à sa liberté. Soit.
Il surveillerait Atios. Pas comme l'on surveille un ami exécutant une prouesse, ni comme quelqu'un souhaitant protéger une autre personne. Non. Il le surveillera pour voir ses progrès, son projet, ses objectifs, au final il espérait être là lors de l'apogée du règne d'Atios. Rappelez-vous, l'apogée précède la fin. Toutefois, il espérait une cérémonie grandiose, quelque chose à la hauteur de l'être que semblait être Kamijō, quelque chose qui lui ressemble. En imaginait la vue que l'on a depuis le haut de la montagne, on est souvent déçu des nuages qui recouvre les plaines. Parfois le meilleur emplacement pour voir les fleurs n'est pas en haut de arbre mais au milieu de l'herbe, au cœur des boutons de roses et des pensées : "Je serai là en tant que spectateur.". Ce qu'il voulait dire par là c'est qu'il ne serait ni en train de travailler, ni en train de s'émerveiller devant des actions anodines sous prétexte qu'ils se sont bien entendus l'espace de quelques dizaines de minutes dans les couloirs. Un spectateur, c'était à la fois si proche et si loin de l'étoile qu'il regarde, le mot parfait.

Sa décision était prise, il ne dirait rien aux autres à propos des pokémons d'Atios. Pourquoi aller crier sur tout les toits qu'il utilise un Solochi ? Bien que ce soit un pokémon plutôt rare - du moins c'est ce que verra Kenji dans un livre un peu plus tard - ce n'était peut-être pas la peine de se donner trop de mal pour le faire savoir. Il se baladait librement, c'était le problème des autres participants s'ils n'étaient pas assez malins pour parler un tant soit peu à leurs adversaires, ou même juste les regarder. Avouons-le, ce n'était pas comme si Atios se cachait, même s'il avait éludé avec brio la question concernant ses autres pokémons.

Atios tourna finalement les talons et s'élança dans les couloirs qu'on entendait peu à peu se remplir. Si celui qu'avait choisi Kenji avait été vide, ou presque, pendant toute l'heure du repas, il n'en restait pas moins très fréquenté lors des intercours. Des éclats de discussion volèrent dans les escaliers, s'égarant dans quelques oreilles inattentives à qui voulait bien écouter. Des histoires sans queues ni têtes, tirées de leur contexte sans aucune autre forme que celle que recevait le tympan, tel était le charme de l'écho des tunnels d'Alcea Rosea. Kamijō était un Spiraea, il lui avait clairement spécifier qu'il l'inviterait un jour. Kenji avait pensé à une politesse de plus, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'en fait Atios n'était peut-être pas poli au point de faire ce genre de 'piège'. Ils allaient donc se revoir, c'était certain. Kenji espérait qu'il ne s'agissait pas d'encore une relation cordiale entre élève, sa nouvelle rencontre avait donné un peu plus de remous à cette journée qui s'annonçait bien monotone, comme quoi il ne faut jamais désespérer.
Kenji pris son bentō, en vida le contenu restant dans une poubelle, ce qu'il gâchait était dérisoire, croyez-le bien et s'élança dans les escalier tout en prenant son sac, tandis que son métamorphe se transforma en porte clef et s'y agrippa. Kenji croisa pas mal de ses connaissances, un bref sourire en guise de bonjour, quelques mots échangés lors d'un rapide croisement de regard avant que le courant généré par les élèves ne les emporte. Ce n'était pas souvent que les étudiants à Alcea Rosea faisaient des pauses ou nouaient de profondes relations, et la compétition entre les Maisons y était pour beaucoup. Pourtant il restait des gens comme Kenji, comme Atios, qui ne comptaient que sur leurs idéaux. Atios serait numéro un, Kenji serait libre. C'était tout ce qu'ils pouvaient se souhaiter de mieux, pour le moment.