L'après-midi. C'était cool. Y faisait chaud. On trouvait un coin peinard, on s'installait, on pionçait. De toute façon en ce moment, soit il s'entraînait, soit il se reposait. Après les efforts, le réconfort. Tout ça pour cet ultimatum qu'était le tournoi. Il ne voulait pas perdre. Il voulait gagner. Il voulait aussi que le tournoi passe, que l'ambiance se fasse plus calme. Des rumeurs disaient que c'était un geste pour apaiser les tensions. De façon amusante, à défaut de les avoir apaisées, celles-ci avaient été détournées sur la victoire. Tous les élèves qui y participaient étaient devenus des boules nerfs qui ne visaient que ça. Quelque part ils avaient raison, mais avec ça, les premières rumeurs de conflit avaient germer et pas de fumée sans feu. Ouaip, l'ambiance sentait mauvais. C'est pour ça que ces derniers temps, il s'était concentré sur la préparation du tournoi. Il y avait fort à parier pour qu'il rencontre des dresseurs super chiant lors de celui-ci. Des dresseurs qui se mettraient sur sa route pour bloquer son accès au sommet. Il soupira intérieurement. Il n'y avait qu'une solution pour contrer ça. Toujours plus d'entraînement. Jusqu'à devenir le meilleur. Encore et toujours. Mais il l'avouait, cette routine commençait à sérieusement lui taper sur le goupillon. La jeunesse ne se résumait pas qu'à ça ! Atios s'était tellement occupé de préparer le tournoi qu'il se sentait plus comme un Menthae que comme un Spiraea en ce moment. Et là il était plutôt en train de faire le Lychnis. Quoi que. Il était allongé sur un banc, un bras dans le vide, à matter le ciel entre les branches d'arbres.

Solochi dormait au pied du banc avec Griknot. Quant à Natu bah ... Comme d'habitude, il était posé quelque part - dans notre cas présent, sur le torse de son dresseur - et il méditait en bougeant de temps en temps ses ailes façons sentai. Parfois il tournait la tête, fixait le soleil, lâchait un petit "Natuuu .. Oh ... Natu." avec un accent un peu épique, un peu hippie, un peu sur une autre planète. Bref, c'était Natu quoi. Le jeune homme en chemise blanche, pantalon de lin noir et chaussure de la même couleur, quant à lui, cherchait le sommeil. L'endroit était peu fréquenté l'après-midi, notamment parce que certains élèves plus sérieux se rendait aux cours, contrairement à lui. Il bailla un grand coup. Ses yeux du même bleu que le ciel s'humidifièrent lorsqu'il bailla légèrement trop fort et avec sa voix un peu pâteuse, il demanda à ses amis les pokémons : ▬ Bon alors, les potos, vous avez une envie particulière ? Envie d'aller faire un truc ou de manger un truc spécial ? Fais trop chaud et c'est long... Sale histoire..

Le tournoi approchait et la tension augmentait entre les élèves, qui s'observaient en chien de faïence comme s'ils allaient se sauter dessus à tout moment. C'était insupportable. Nayle s'était inscrite seulement parce qu'elle voulait s'amuser. Elle se moquait un peu de la victoire et même si elle savait qu'elle serait déçue si elle ne passait pas au moins le premier tour, elle s'en contenterait largement. Elle n'était pas une Narcissus qui voulait à tout prix la première place ! Loin de là : elle était bien moins présomptueuse. Cela étant dit, elle ne lésinait pas sur les efforts non plus, sans pour autant être au niveau des assidus Menthae. Elle travaillait beaucoup avec ses pokémons et souhaitait de plus en plus que ces derniers évoluent. Elle avait d'ailleurs obtenu une pierre feu quelques temps auparavant et elle l'avait coincée dans le pelage de son Caninos, afin que celui ci s'imprègne de ses « ondes ». Elle voulait un Arcanin, quoi ! C'était tellement classe ! Vous imaginez un chien, mesurant plus d'un mètre quatre-vingt-dix avec une crinière de feu ? Trop cool ! Elle pourrait s'en servir comme monture : ça ferait vraiment de l'effet.

Breff. Tout cela pour dire qu'à cette heure chaude de l'après-midi, Nayle était avec ses camarades en salle de classe, travaillant avec concentration sur la localisation des différents types dans le monde. C'était un sujet réellement intéressant et la fillette, qui avait très envie d'un nouveau pokémon à ajouter avec les trois qu'elle possédait déjà, réfléchissait à un type qu'elle pourrait ajouter dans son équipe. Elle avait déjà feu, sol et électricité. Elle n'aimait pas vraiment les insectes et les plantes, et excluait automatiquement la roche. C'était bien trop rude pour elle, même si les pokémons roches possédaient une bonne défense : ils ne possédaient généralement pas un super mental et ils n'étaient pas vraiment mignons. Pas du tout, même. Un Racaillou, par exemple, ne correspondait pas du tout à l'idéal esthétique de Nayle.

Alors que le professeur entamait le sujet sur comment attraper un pokémon en toute sécurité et sans trop de mal pour sa propre équipe, la pokéball de Cani' se mit à vibrer doucement à sa ceinture. Étonnée, celle-ci demanda à son instituteur si elle pouvait le faire sortir et s'exécuta une fois que ce dernier eut accepté. Son Caninos jaillit du petit contenant et aboyant joyeusement au centre de la salle et sous le regard admirateur des élèves, se mit à luire d'une lumière blanche éclatante. Un hurlement de joie sortit directement la gorge de Nayle et elle s'empressa de mettre ses mains devant sa bouche pour s'empêcher de crier plus fort. Elle se leva de sa chaise et se mit à sautiller dans tous les sens, observant avec attention la transformation de son pokémon préféré. Enfin ! Enfin il évoluait ! C'était totalement génial ! Elle riait et pleurait de joie en même temps, tellement son émotion était forte. Puis, suivant comme un exemple, ses deux autres pokéballs se mirent également à vibrer. Elle s'empressa de les faire sortir à son tour et bientôt, un Phanpy et un Zebibron surexcité trônaient au milieu de la salle, aux côtés du Cani-Arcanin. C'était vraiment trop dément.

Quelques minutes plus tard, tout était terminé. Phanpy était devenu Donphan, Zebibron Zeblitz et Caninos Arcanin. Tout ceci au beau milieu d'un cours : totalement fou. Pire que ça. Nayle n'avait même pas les mots pour décrire ce qu'elle ressentait. C'était ... Trop wahou ! Un grand sourire collé sur le visage (à la limite du béat et de l'idiot), la fillette demanda à quitter le cours pour laisser ses « nouveaux » pokémons s'épanouir. Le professeur accepta en souriant et en lui souhaitant bonne chance. A peine dehors, Arcanin se courba devant elle et saisissant l'occasion, elle sauta à califourchon sur son dos. Woow, c'était trop haut ! Sans avertissement, son pokémon partit au grand galop, suivi d'un Zeblitz euphorique et d'un Donphan .... toujours aussi maladroit. Elle s'accrocha du mieux qu'elle put à sa crinière, riant aux éclats : elle ne s'était jamais autant amusée depuis longtemps ! Sans s'en rendre compte, elle arriva aux pavillons Spiraea dans un barouf d'enfer. Un garçon somnolait sur un des bancs et elle se hâta de descendre de sa monture et s'inclina profondément devant le jeune homme.

« Oh, bonjour ! Je suis navrée de vous avoir dérangé ! »

Et elle semblait réellement confuse.

Quel bordel. On sentait que les cours de 14h étaient finis. Pas moyen de dormir tranquille dans cette école ! Les plus jeunes écoliers sortaient de classe en chahutant, en gueulant, en se chamaillant. Comme une putain de marmaille quoi. Et ça, c'était ultra-chiant. Il soupira et serra les dents. Le brouahaha de la mélopée finirait bien par s'éteindre, se dit-il. Mais soudain une magnifique bête vint soulever un nuage de poussière avec sur son dos une petite .... Outre la nuée de poussière dans la gueule, celle-ci lui mis un coup de tête dans le torse en s'inclinant trop bas, ce qui bien entendu le fit sursauter sur son banc, puisqu'il avait les yeux fermés. Imaginez la gueule d'Atios... Il se leva sur le sol en faisant partir la poussière et le sable qu'on venait de lui envoyer dans la gueule. Une veine bleu enflait dangereusement au niveau de sa tempe. Néanmoins, il fallait penser bouddha se dit-il. Penser comme un moine bouddhiste. Être aussi con et calme qu'une oie sauvage battant des ailes au milieu de la boue. Une prière aux saints, on pose l'ambiance cathédrale sur son mental, on se met devant l'autel, on joint les mains et on les tend au seigneur. On aspire à la sérénité. Calme Atios. Tu viens de te faire latter et moucheter par l'Arcanin d'une gamine, mais c'est pas sa faute, en plus elle s'excusait. Tu ne peux pas lui en vouloir. Regarde sa bouille, pour un peu elle te donnerait envie de lui faire un gros câlin en la portant six milieu au-dessus de terre. Elle était grande d'un mètre trente au bas mot. Peut-être un peu plus. Il avait vu tant de gens qu'il pouvait effectivement déterminer la taille des gens juste à l'oeil. Pas la précise, mais s'en approcher c'était de l'ordre du possible

Devinons son poids ensuite ! Et là, pas besoin de meilleures estimations qu'en la soulevant effectivement de terre. Elle se retrouva en position Jésus, loin au soleil. Nayle Turner, vous voilà au sommet d'Atios. Et vous pesez facilement environ 30 kilos. Même Solochi était plus lourd. La sensation d'être papa soulevant sa gamine ? Pas énorme. Pour un peu, la déception était telle que son cerveau déconnecté avait eu envie de crier banzaï et de la laisser tomber au sol. Mais c'eut était très vilain. Son subconscient voulait-il se venger ? Non, loin de là. Mais un peu quand même. C'est pourquoi il mit la jeune fille sur ses épaules et organisa un kidnapping en hurlant "NYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH" en courant en cercle à toute vitesse avec la gamine sur les épaules. Il la reposa soudainement au sol et la regarda alors, dubitativement. Il venait de réaliser un rêve un peu fou, rien de bien folichon, mais de courir avec une gamine sur les épaules en hurlant, il en avait eu cette envie si soudaine. Tester les effets de la gravité sur une cadette Spiraea (vu comment elle était fringuée en totalité en rouge et blanc, ça pouvait pas être autre chose sauf peut-être un drapeau du japon ...). Et là, vu qu'Atios avait craqué totalement, il s'assit sur le dos de son Solochi qui se retourna vers lui, le portant avec difficulté. Le spiraea le regardait d'un air de dire : "Vasy, toi aussi tu peux m'emmener courir partout autour de l'école en emmerdant les piétons sur les bancs !". Mais bien entendu, Solochi fit mine de le mordre, ce qui dégagea son dos assez rapidement.

Solochi viserait les testicules et une morsure de Solochi, c'est pas le genre de morsure de chat, c'est entre la pince de cisayox et le poids d'un tyrannocif. Et parce que la raison avait perdu Atios, ce dernier se retourna soudainement vers la jeune fille et s'écria en japoanis :
▬ Toi. Je te défie en combat de la ligue ! Trois contre trois, je sais pas pourquoi, mais tu m'as l'air plus doué que le prof des Menthae alors en garde. Et je ne te laisse pas le choix ! Solochi, tu connais la stratégie. Tu utilises ton arme secrète !

Et par là, il entendait bien une attaque draco-rage bien placée des familles qui venaient en général à bout de la plupart des menaces sans trop de problèmes. Mais bizarrement, il sentait que le ce ne serait peut-être pas une nouvelle victoire mais, une défaite qu'il aurait aujourd'hui.

Elle était vraiment embarrassée. De une, elle avait dérangé un jeune homme alors qu'il essayait de dormir et de deux, elle avait mal calculé son coup pour s'incliner puisqu'elle avait heurté son torse. Une triple idiote, voilà la seule chose qu'elle était à ce moment là. Dire qu'elle n'avait jamais failli jusqu'à ce jour là, voilà qu'elle venait de se rater superbement bien. Devant un garçon, en plus. C'était vraiment trop la honte. Ses joues prirent rapidement une teinte rouge et elle recula vivement, toujours la tête baissée. Fixant le sol, elle vit que l'adolescent se levait puisque deux pieds se posèrent sur la terre. Elle sentait le regard qu'il lui lançait mais elle n'osait relever la tête de peur de rencontrer deux iris meurtrières.

Puis, alors qu'elle pensait plutôt que sa vie touchait à sa fin pour l'affront qu'elle venait de faire, elle se sentit décoller. Littéralement. Ses pieds ne touchaient plus le sol et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se rendit compte que c'était l'adolescent qui la portait. Et il semblait plutôt fier de lui, d'ailleurs. Comme si la prendre dans ses bras relevait du miracle. Les yeux de la fillette s'écarquillèrent de stupeur et son corps se raidit sensiblement. Bon sang, mais qu'est-ce qui lui prenait ? Il avait fumé du Mystherbe ou quoi ? Il la déplaça alors sur ses épaules et courut sur un cercle imaginaire, criant comme un fou. Ce garçon est taré ! Et la seule chose à laquelle pensait Nayle, à cet instant était plutôt de cet ordre : « Je veux descendre ! Je veux descendre ! ». Malheureusement, elle ne pouvait gesticuler dans tous les sens, de peur de faire perdre l'équilibre à son perchoir : s'écraser au sol, très peu pour elle.

Il la reposa ensuite un peu brutalement sur le sol et elle recula précipitamment, légèrement traumatisée par ce séjour sur les épaules d'un garçon qu'elle venait de rencontrer pour la première fois de sa vie et qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Son regard était un peu hagard et elle se demandait si elle ne devait pas fuir en courant au lieu de rester ici. Elle n'eut cependant pas le temps de se questionner plus qu'il la regardait et lui criait.

▬ Toi. Je te défie en combat de la ligue ! Trois contre trois, je sais pas pourquoi, mais tu m'as l'air plus doué que le prof des Menthae alors en garde. Et je ne te laisse pas le choix ! Solochi, tu connais la stratégie. Tu utilises ton arme secrète !
« Je ...! Enfin, non ! Pas de combat ! Je ne te connais même pas ! » Elle soupira. « Dis moi au moins ton nom ! » Puis, comme elle n'avait de toute façon guère le choix et qu'elle ne voulait pas se montrer lâche, elle regarda son pokémon. « Bon, allons-y Arcanin ! »

Solochi ; lvl 32
85 PV
Attaque : 56
Défense : 46
Attaque spé. : 43
Défense spé. : 46
Vitesse : 39

Arcanin ; lvl 27
93 PV
Attaque : 72
Défense : 56
Attaque spé. : 67
Défense spé. : 56
Vitesse : 64

Spoiler:

Atios ne l'eut jamais cru. Mais qu'un jour, que son Xatu puisse lui fournir la victoire, il ne le concevait simplement pas. Comme quoi, jamais sous-estimer les disciples de Bob Marley. Non, sans blague. Atios avait eu l'avantage en tant que stratège. Ses pokémons auraient pu ne pas gagner pour une simple et unique bonne raison : les trois pokémons de Nayle Turner, bien qu'il ne le susse pas au début du match, étaient totalement évolués ... Ce qui signifiait une chose : ils étaient tous les trois des adultes. Solochi & Carmache étaient toujours en pleine croissance. Et même si Atios aimait son Xatu, on ne peut pas dire qu'il soit des plus ... Propice au combat. D'ailleurs, ce dernier semblait toujours ailleurs. Faut dire qu'avec tout ce qu'il s'enfilait par jour, le Spiraea se demandait honnêtement si le cerveau de son Xatu n'était pas en état de mort cérébrale la plupart du temps... Un fait qui n'était pas infirmer par l'attitude totalement ... Ralentie ? De ce dernier. Le combat avait débuté par un Switch logique : Solochi ne pouvait infliger énormément de dommages à cette Arcanin, contrairement à son Carmache qui avait appris un peu plus tôt que prévu à creuser des tunnels, ce qui surprendrait en théorie son adversaire. Si bien entendu, elle savait que les Carmaches qui savaient faire des tunnels étaient vers leurs phases de seconde évolutions. Ce qu'elle ne pouvait savoir en revanche, c'est que ce dernier venait d'évoluer depuis peu de temps. Après la première morsure enflammée du Arcanin, le Carmache fit un regard meurtrier à ce dernier. L'attaque tunnel qui parti ensuite fut mémorable, laissant la noble bête sur le carreau. Et la fureur de l'attaque avait été à la mesure de l'aura meurtrière du Carmache.

Une attaque Draco-rage vint clore l'affrontement, comme un coup de gong aurait pu le faire avec un concert. La fumée qui s'envola lors de l'explosion laissa une aura de silence lors de l'affrontement. Carmache s'avança vers l'Arcanin et rugit comme l'aurait fait un dinosaure triomphant. Mais le Donphan brava avec beaucoup de fierté contre le Carmache. Quel magnifique combat. L'adrénaline parcourait Atios. Le combat continua sur le même rythme en deux temps. Mais la première attaque tunnel n'était pas aussi forte qu'une Draco-rage. C'était une erreur. Une grave erreur. Il venait de concéder une partie du match. Il se mordit la lèvre. Seconde Draco-rage. Le combat était équilibré depuis son erreur. Carmache était KO. Solochi fut le suivant à rejoindre le combat. Qu'il remporta, forcément, le travail étant mâché par Carmache. Et ironiquement, le match vint donc à sa conclusion par Xatu qui arriva face à un Zeblitz plutôt fatigué, à la limite de l'inconscience. Le Xatu sorti le joint de son bec en laissant échapper un profond nuage de fumée ... Avant que ses yeux ne se couvrent de violet. Et que le Zéblitz tombe au sol, inconscient, suite à une attaque ténèbres. Et oui, ne pas sous-estimer la descendance de Bob Marley version Pokémon. Il a un regard de tombeur. Ce qui était triste pour Eric, c'était qu'une gamine de onze ans avait tenue plus longtemps que lui et avait réussi à lui rendre la tâche plus ardue. Car oui, il venait de remporter son match ! Epic win, comme diraient certains. Il se précipita vers la jeune demoiselle et lui serrer la main en lui disant :

▬ Je suis Atios. Un nouvel élève qui est arrivé il y a une semaine ou deux. Très beau combat. Bon, lui dis pas, mais tu t'es mieux débrouillée que le prof, Eric Leak. Désolé de t'avoir un peu violenter en te faisant tourner dans les airs, mais t'es juste TROP petite, c'est pour ça que voilà. J'ai craqué car t'es trop choupi. Bref, désolé.

Nayle n'était pas de ces dresseurs qui planifient leur stratégie des heures à l'avance et qui essaient de placer toutes les chances de leur côté, tout simplement parce qu'elle se fichait bien de perdre ou de gagner. Un combat n'était qu'un jeu, en fin de compte. Un jeu dans lequel but est de confronter à quelqu'un ses pokémons mais où l'amusement doit rester de prime. Elle, elle aimait voir les combats comme des entraînements amicaux avec une personne quelconque alors quand elle envoyait ses pokémons, elle ne réfléchissait pas trop et c'était souvent toujours dans le même ordre.

Alors quand elle avait vu ses pokémons se faire mettre KO les uns après les autres, elle n'avait pas été réellement surprise. Celui lui avait pourtant fait bien plus mal qu'elle ne l'aurait avoué et elle ressentait une pointe de culpabilité, pensant qu'elle ne s'était pas donnée assez de mal pour entraîner ses pokémons et que c'était ainsi sa faute s'ils perdaient. Pour un peu, elle se serait tapée la tête contre le sol en quête d'un pardon qu'elle ne méritait pas, puisqu'il n'y avait somme toute rien à pardonner.

Enfin breff. Tout ça pour dire qu'elle se prit une raclée monumentale qui resterait sûrement dans les anales. Et que, tétanisée derrière ses pokémons, Nayle ne pouvait que se contenter de murmurer ses attaques alors qu'elle voyait parfaitement que le garçon d'en face jubilait en la voyant perdre. C'en était humiliant ! Cependant, déterminée jusqu'au bout, la fillette ne pouvait déclarer forfait. Elle voulait aller jusqu'au bout de son rêve et si elle abandonnait aux premières difficultés, autant tout arrêter tout de suite. Et cela, jamais.

Puis arriva la fin. Les deux dresseurs avaient envoyé leurs trois pokémons mais moins résistants, ceux de Nayle avaient été défaits en premier. La fillette se précipita vers ses amis et enfouissant sa tête dans la fourrure d'Arcanin, elle lui fit un énorme câlin. Il était mal en point et ce n'était vraiment pas le seul. Elle le caressa gentiment sur la tête puis partit voir ses deux autres pokémons, couchés sur le sol et blessés. Le spectacle était désolant et elle était au bord des larmes : les combats, ce n'était décidément pas fait pour elle.

L'adolescent arriva alors vers elle en courant et lui serra la main sans qu'elle ait le temps d'esquisser un geste. Il semblait surexcité, comme si c'était la plus belle victoire de sa vie. Gagner contre une gamine de dix ans devait être exaltant, sûrement.

« Je suis Atios. Un nouvel élève qui est arrivé il y a une semaine ou deux. Très beau combat. Bon, lui dis pas, mais tu t'es mieux débrouillée que le prof, Eric Leak. Désolé de t'avoir un peu violenter en te faisant tourner dans les airs, mais t'es juste TROP petite, c'est pour ça que voilà. J'ai craqué car t'es trop choupi. Bref, désolé. »
« Je ... Euh, oui. Enchantée Atios. Moi c'est Nayle. » Ses yeux s'étaient écarquillés sous ce déluge de paroles. « Merci du compliment. Je ne dirai rien. » Une rougeur vint colorer ses joues. « Et je suis pas petite ! »

Ses sourcils froncés la rendaient d'autant plus adorable. Elle soupira et retourna voir ses pokémons, leur apportant le plus de réconfort possible. « Tu leur as fait trop mal ... »

Spoiler:

Elle s'appelait donc Nayle, cette douce enfant. Un joli petit minois, une bouille à vous faire tomber sous l'excès de moe power qui vous agressait les yeux. Oui, elle devrait se méfier, à produire autant d'onde moe, elle finirait par attirer Pedobear. Ou Pedorainbow. Ou même Pedorick. En fait, cette école était un putain de réservoir à pédophile ... Bien qu'il n'en connaisse que deux des trois appellations suscités plus haut. Oui, le narrateur brode car, il fait ce qu'il peut pour meubler son post. Et si vous lisez ça mais que vous n'êtes pas la destinataire de ce rp, je suis pris la main dans le sac alors qu'Atios a la main dans le sien. De quoi ? De sac. Pour sortir une sucette pour Nayle. Non, j'déconne. Elle péterait un câble. C'est pourquoi Atios alla voir les pokémons de cette dernière. Aussi massif que l'Arcanin ou presque, il fit un gros câlin au pokémon qu'il venait de dérouiller. Ce n'est pas parce qu'il était le dresseur adverse qu'il ne peut se permettre un peu d'affection qu'il - de toute façon - avec assez d'amertume - - s'interdisait envers les autres êtres humains. Le coeur était une faiblesse. Les sentiments étaient les soldats d'une guerre. Et quand ceux-ci ployaient, ils devenaient une faiblesse. D'où ce raisonnement qu'il doit se confiner dans la solitude. Qu'il ne peut faire confiance à personne pour être avec lui. Il les trahirait de toute façon tous un jour ou l'autre. Que ce soit volontaire ou non ... Même la petite Nayle pourrait peut-être un jour le regarder l'air réprobateur, en train de lui reprocher quelque chose. Cette crainte en lui hérissa son poil alors qu'il recula légèrement du Arcanin.

Sale histoire. Sale histoire. Sale histoire. Sale histoire. Il se releva de toute sa hauteur, se mettant totalement hors de portée de Nayle ou de qui que ce soit. C'était bien d'être grand quand on voulait être seul. Peu de gens pouvaient le voir sans lever le visage. Et si c'était lui qui regardait le ciel, plus personne ne pouvait le voir. Il était seul face à lui-même face au ciel bleu azuré. Et vu la couleur de ses yeux, c'était comme s'il se regardait dans un miroir géant. Il soupira en ne bougeant plus. Qu'allait-il faire désormais ? Il fit quelques pas vers chez lui, en silence avant d'ajouter en partant : ▬ Tu devrais les rappeler dans leurs pokéballs pour qu'ils se reposent.

Perplexe, Nayle regarda Atios faire un énorme câlin à son Arcanin et dubitative, se demanda ce qu'elle devait faire. Il faut avouer qu'il n'est pas très courant de voir un mec, habillé en costume relativement chic, étreindre un chien de feu géant. M'enfin. Tout est possible, n'est-ce pas ? Cela dit, elle ne comprenait pas tout à fait la façon de penser de l'adolescent, mais elle se voyait assez mal lui demander de s'expliquer. S'il voulait enlacer son pokémon, soit. Elle n'allait pas l'en empêcher, malgré la légère pointe de jalousie possessive qui lui serrait le coeur. Arcanin lui appartenait, à elle et à elle seule. Et elle se devait être l'unique personne à avoir le droit de câliner ses pokémons. Mais cela non plus, elle n'osait le dire.

Elle reporta son attention sur Atios qui fixait le ciel, comme un penseur qui s'oublie dans son propre esprit. Il semblait si lointain, si distant qu'on avait l'impression qu'il n'était pas tout à fait de cette Terre, comme une âme éthérée qui essaie de prendre forme l'espace d'un instant. Le soleil éclairait doucement son visage et immobile dans cette cour Spiraenne, il ressemblait à une statue de marbre, inexorablement immuable. Si Nayle avait été plus âgée, sûrement l'aurait-elle trouvé beau mais pour l'instant, elle ne pensait pas à cela.

« Tu devrais les rappeler dans leurs pokéballs pour qu'ils se reposent. »

Elle hocha silencieusement la tête, se reprochant brutalement de n'y avoir pas pensé plus tôt. Elle se précipita vers ses pokémons alors qu'Atios s'éloignait et les rappela un à un dans leurs pokéballs en les embrassant gentiment. Elle rangea ensuite les balls dans son sac et se relevant, elle vit Atios partir. Et dans son impulsivité caractéristique de sa personne, elle se précipita pour le rattraper. Elle attrapa la manche de sa veste afin de le retenir.

« Attends ... Attends ! »

Puis rougissant brusquement, elle se rendit compte de ce qu'elle était en train de faire. Réfléchir avant d'agir, hein ? Nayle ne connaissais pas, apparemment. Elle baissa les yeux et tout son corps criait la gêne qu'elle ressentait. Elle se mordilla la lèvre puis bravant l’embarras qui la pétrifiait, elle prit son courage à deux mains et releva la tête, fixant le jeune homme dans le blanc des yeux.

« Tu me portes en criant, tu me défies en duel, tu me dis ton nom et puis tu t'en vas. Tu trouves pas que c'est un peu abusé ? » Elle soupira doucement. « Pourquoi t'es aussi distant ? On dirait que tu vas pleurer à tout moment. C'est triste, je trouve. Pas toi ? Enfin. Voilà quoi. »

Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Et dure vérité que celle énoncée par la fillette à ce moment là ... Sa main retomba le long de son corps et elle recula d'un pas. Ses joues avaient repris leur couleur normale.

« Ah. Désolée ... »

Atios avait mis les mains dans ses poches et s'était déjà préparé à partir, le regard sur ses pieds. Ouaip, façon cow-boy. Poor lonesome cowboy, dude. Cette petite sieste l'ayant mis en appétit, il se sentait presque d'aller au gymnase, frapper le sac de sable. Ou un mur. Enfin, l'un faisait plus mal que l'autre mais ... Il ne songeait déjà plus à Nayle Turner. Juste à se passer les nerfs sur quelques choses. C'est en étant si proche d'apparence des autres, qu'il se rappelait combien c'était faux. Jamais, il ne serait dit qu'un jour, une enfant, pourrait voir à quel point il était distant des gens. Peut-être que les enfants pouvaient sentir la distance qu'on mettait entre soit et les autres, alors que les adolescents, grandissaient en perdant cette capacité. C'était peut-être même pour ça que Skye Tanner, la nouvelle préfète des Lychnis et sûrement sa seule véritable amie parmi la gente féminine (donc la meilleure ?) pourquoi elle avait pu autant ressentir cette distance. Une grande enfant, quelque part. Comme beaucoup des Lychnis. C'était inattendu d'entendre la voix fluette de la jeune fille courant après lui. Sur le coup, il ne s'y était pas attendu. Après, il réalisa qu'il avait été parti un peu vite. Ouaip, il n'avait pas trouvé de raison de rester planter à ne rien dire devant la jeune fille. La pression sur sa manche le força à relever ses yeux du sol et de ses pieds, l'air soudainement intrigué par cette force chétive, faible mais douce, qui l'empêchait de partir vers l'horizon de sa solitude réelle. Nonchalant, ses deux saphirs cyan se reportèrent sur la jeune fille qui faisait bien 50 centimètres de moins que lui. Les yeux marron de l'enfant croisèrent ceux du garçon qui était de bientôt sept ans sons ainé.

Il attendit la suite. Il ne savait pas pourquoi elle l'avait retenu. L'espace d'un instant, il cru qu'elle aussi, ne savait pas pourquoi. Elle regardait ses chaussures à boucles, dignes d'une poupée. Elle était rouge, gênée sûrement de l'élan de courage spontané qui l'avait empêché de partir. Elle alla même jusqu'à se mordiller la lèvres, dans une mimique purement enfantine de gêne tout à fait charmant. Finalement, elle lui fit face. Ce que la jeune demoiselle laissa échapper le pétrifia l'espace d'un instant. Un violent coup de froid traversa son échine, sous la forme d'un frisson. Elle avait visé si juste que c'en était effrayant. Mais il doutait que ce soit parce qu'elle était un de ces abrutis de génies Menthae. Non. C'était juste la pureté, la sincérité et la candeur d'une enfant qui compatissait en ressentant les idées noires d'un adulte qu'elle ne comprenait pas. Alors, Atios s'abaissa doucement au même niveau que la jeune fille, pour la regarder droit dans les yeux, de taille équivalente. Ce n'était pas pour la gronder, ou quoi que ce soit. Non, il ne pouvait se blâmer que lui-même de ne pas réussir à le cacher avec perfection. Il sourit, avec un sourire à la fois profondément triste et compatissant, mêlé à de la gratitude douce et chaleureuse, alors qu'il caressa les cheveux de la petite fille. Il n'avait sûrement jamais l'air prêt d'être autant à pleurer, mais il s'en fichait. Elle le savait déjà. Donc pas besoin de lui cacher. Sa main descendit sur la joue, comme un grand-frère regarderait sa petite-soeur si naïve.

▬ Alalah. Que faire, si une fille de onze ans peut lire à travers moi comme dans un livre ouvert quand même ma mère n'en est pas capable ? Tu verras qu'en grandissant ... Le monde n'est pas facile. Et que plus tu t'éloignes ta vision d'un point en dehors de ta condition d'être humain, plus tu verras qu'en en comparant avec les valeurs les plus basiques de toutes religions, ce monde est triste, les gens sont tristes et qu'il n'y a rien pour les gens qui sont trop gentils.

Combien de tragédie orchestré par le destin, les autres ? Combien de mort? Combien de boucherie? Combien de guerre ? Combien de cri ? Combien de larmes ? La souffrance de ce monde et sa beauté n'était pas quantifiable .. Seul l'humain répétait lentement la douce élégie de son funeste avenir. Il remit la fille sur ses épaules et se remit à avancer.

▬ Mais tu n'as pas besoin de voir ça. Pas encore. Tu n'as même pas besoin de regarder aussi loin que moi. Mon meilleur ami se contente de voir ce qu'il doit voir et il est sûrement plus heureux que moi... Dommage que sa petite-amie ne soit pas comme lui, j'imagine. C'est confortable, là où tu es ?

A quoi s'attendait-elle, au juste ? Elle ne savait pas vraiment. Elle avait juste senti la tristesse d'Atios et son cœur lui avait ordonné d'agir, de n'importe quelle façon. Son cœur d'enfant et sa sensibilité naïve l'avaient poussée à foncer, sans attendre. Sans réfléchir. Et alors ? Pour Nayle, laisser quelqu'un se noyer dans son propre mal, c'était comme une non-assistance à personne en danger. D'aucuns penseraient que les gens trop généreux font cela parce qu'ils ne veulent pas se sentir coupable par la suite, mais d'autres savent que s'ils agissent ainsi, c'est parce qu'ils sont bien trop gentils et compréhensifs.

Enfin breff. Tout cela pour dire que la fillette ne pouvait laisser Atios partir sans un mot, perdu dans ses pensées inaccessibles pour elle et même si ce qu'elle devait lui dire lui faisait mal, paradoxalement, c'était pour son bien, non ? Il se retourna face à elle et se baissant à son niveau, il passa une main dans ses cheveux. Elle le fixa dans le blanc des yeux, avec une intensité telle qu'on aurait pu croire qu'elle voyait directement dans son âme. C'était peut-être le cas, d'ailleurs. L'adolescent laissa glisser sa main et lui caressa doucement la joue alors qu'il lui répondait, sa voix teintée d'un insondable tristesse.

« Alalah. Que faire, si une fille de onze ans peut lire à travers moi comme dans un livre ouvert quand même ma mère n'en est pas capable ? (...) ce monde est triste, les gens sont tristes et qu'il n'y a rien pour les gens qui sont trop gentils. »

Impulsivement, Nayle se dégagea de la main d'Atios et vint l'enlacer, comme une sœur étreint son frère : tendrement et avec amour. En tant que fille unique, elle n'avait jamais pu faire quelque chose de la sorte mais c'était des choses qui viennent instinctivement, qui sont intrinsèques à l'homme en général. Et personne ne peut repousser sa nature même. Car ceux qui paraissent froids et distants ne sont que des gens en mal d'affection, c'était connu. Sans plus attendre, il la remit sur ses épaules et elle laissa échapper un cri de surprise, qui n'avait rien de très élégant mais qui était plutôt explicite.

« Mais tu n'as pas besoin de voir ça. Pas encore. (...) C'est confortable, là où tu es ? »
« Oui ... oui, ça va. Mais, où va-t-on ? » Elle réfléchit quelques minutes, attendant l'illumination. Qui finit par arriver. « Hééé, ça te dit d'aller au pont Aermo ? ça te changera les idées ! Tu y es déjà allé ? Non ? Si ? C'est trop bien ! J'y suis déjà allée trois fois et waaah. C'est toujours aussi beau ! Oh oui ! Allons-y ! » Et dans ses yeux, brillaient presque des étoiles d'enthousiasme.